Je viens de lire l’article du Pr Lo Gourmo
,en réponse à une interview du Président Biram ould Dah ould Abeyd –Président
d’IRA-Mauritanie, candidat déclaré aux présidentielles 2014.Sans rentrer dans
les débats de querelles politiciennes , je me suis posé la question à savoir
est ce moi qui n’ai pas bien suivi les débats de l’atelier sur les défis
nationaux que présidait le Pr Gourmo Lo ,lors des assises du Forum National de
la Démocratie et de l’Unité ,ou bien est ce que c’est Mr le Professeur qui a
rédigé son rapport selon sa sensibilité en faisant fi de la teneur des débats
et encore des observations apportées sur ce rapport à la lecture en plénière
,qu’il a eu même le privilège de lire la version française. Et surtout qu’il
est à noter que ce rapport n’ a pas été restitué à l’assemblée de l’atelier .
Hormis la composition hétéroclite des
participants, et la diversité des opinions qui ont ponctué les discussions de
cet atelier, une convergence se dessinait sur la nécessité que la Mauritanie
aborde les questions fondamentales qui ont malmené son unité nationale et sa
cohésion sociale ,à savoir la question de la discrimination raciale et
l’esclavage ,qui confinent des couches importantes de la population dans le
déni de citoyenneté et celui d’humanité. Sur ces questions des militants de la
société civile et politique ont eu le courage d’affirmer leurs positions
clairement par le diagnostic de ces fléaux et de formuler des recommandations
aussi importantes que pertinentes pour les perspectives.
A cet effet Mr Lo Gourmo, je pense que le
rapport que vous continuez à défendre ne reflète nullement la synthèse des
contributions des militants des organisations comme CSVVDH, Afrique
Renaissance, TPMN, COVIRE, COVICM, qui sont bien intéressées sur la question de
la discrimination raciale, que, certains mouvements politiques qualifient la «
question nationale »,dont les violations génocidaires dans les années
d’exception entre 1986 à 1991 sont nommées par le concept inapproprié de «
Passif Humanitaire » .Il est souligné dans les interventions de ces derniers
sans pour autant être exhaustif , ce qui suit :
1. l’inquiétude devant le refus de diagnostic
juste et impartial par l’Etat de Mauritanie du génocide perpétré à l’encontre
de la communauté noire de Mauritanie,
2. l’hypothèque de l’expérience inachevée
d’une Mauritanie unitaire qui doit susciter une réflexion vers le fédéralisme
ou la séparation,
3. la fragilité par le non respect de la
diversité culturelle et linguistique qui devait être une force,
4. la discrimination durant les jugements des
activistes des FLAM en 1986(condamnés à quatre et cinq ans de prisons ferme
,bannis de nationalité pour délits de réunions non autorisées )-puis des
militaires négro mauritaniens en 1987 (accusés d’atteinte à la sûreté de
l’Etat- jugés de flagrant délit pour un chef d’accusation de dévastation des
populations ,alors que l’action n’a pas connu un début d’exécution
,condamnation trois peines de mort et des peines de travaux forcés à perpétuité
…) ,ceci par rapport à ceux du mouvement Ba’ath (cadres militaires et civils
arrêtés en juillet 1987, accusés d’intelligence avec une puissance étrangère
‘’IRAK’’,émargeant des salaires et émoluments de cette puissance ,condamnés à
six mois de sursis et récidivistes en février 1988 pour être condamnés à deux
et trois ans de prisons, embastillés à Tichitt, en faveur de la remise de peine
d’une année aux prisonniers politiques le 12 Décembre 1989 ,sont libérés pour
satisfaire l’injonction du Leader Irakien ‘’Sadam Hussein , tuteur Baath , pour
appuyer les va-t-en guerre mauritaniens devant la soit disante menace
Sénégalaise des évènements cause des déportations et génocide des noirs
mauritaniens, ainsi Mohamed Breydellil de la prison est nommé conseiller à la
Présidence ). A ajouter à ce sinistre décor , sans pour autant souhaiter la
mise à mort des téméraires cavaliers du changement qui ont fragilisé le pouvoir
dictatorial de Taya en 2003-2004 dont le jugement a été suspendu un an pour
bénéficier du moratoire sur la peine de mort.
5. Le récit émouvant de l’orphelin sur les
circonstances de la disparition de son père en 1987 et des témoignages des
participants sur les exécutions injustes (assassinats) des trois officiers, le
06 Décembre 1987
6. Les irrégularités des paiements des
personnels des forces armées et des sécurité, martyrs et rescapés. La non
implication de ces derniers dans le traitement de leurs dossiers ,la non
réhabilitation dans leurs fonctions ou réinsertion digne,etc.
7. les expropriations foncières de la vallée
qui sont en phase d’achèvement et de légitimation par la décision du
gouvernement de Mohamed ould Abdel Aziz ,qui a effacé la dette de 11 milliards
d’ouguiya des agriculteurs dont les seuls bénéficiaires sont les seuls hommes
d’affaires « spéculateurs fonciers », au détriment des paysans bons payeurs qui
ne détiennent que 900 millions de cette dette .En plus les facilités qui sont
en train d’être accordées pour l’octroi des titres fonciers aux périmètres
ruraux est une menace forte des agrobusiness nationaux et étrangers de
parachever ces expropriations forcées.. Dans tout cela , la loi foncière est
utilisée comme paravent pour justifier les attributions de ce qui est appelée
indirass(terres mortes ) qui n’existe que dans la vallée du fleuve ,et hors
aucun puits ne peut être construit dans le désert sans l’autorisation du chef
de tribu « propriétaire ».
Sans renter dans votre polémique contre Biram
, Mr Lo Gourmo ces questions qui ont été bien discutées durant notre forum ne
sont elles pas importantes pour trouver une petite place dans notre rapport ?
Qui voulons-nous ménager en faisant abstraction de tout cela ? Avons – nous
peur de dire la vérité pour un certain passé, même si peu glorieux ?
Pouvons-nous avoir confiance à ces cadres que nous sommes, en se rappelant du
combat de UFD et UFD/EN qui a défendu becs et ongles ces discriminations durant
le règne de Taya , et que les mêmes leaders en 2005 ont défendu de ne pas
regarder sur les rétroviseurs ?
Quelle caution pourrons-nous avoir devant
ceux qui traitaient les victimes de tarzans, qui ont une place d’honneur parmi
nous, et les ex ministres et dignitaires qui ont biaisé le retour des déportés
en 2008, puis ont eu peur de trancher en Novembre 2007, sur la structure de
gestion du Passif Humanitaire durant les Journées Nationales de Concertation et
de Mobilisation pour le retour des Déportés et le règlement du Passif
Humanitaire ? Ces présumés auteurs de crimes économiques, politiques et de
sang, seront-ils auto- amnistiés avant de connaître la vérité ?
Mr le Professeur pour que notre
accompagnement soit serein, j’ai besoin des réponses sur ces questions. Je suis
bien conscient que la ligne de démarcation entre progressistes/réactionnaires,
ne se situe pas au niveau opposition/pouvoir, les clivages sont encore internes.
Mais nous avons besoin d’un peu plus de lucidité et de courage pour fonder un
destin commun.
Nouakchott, le 13 Mars 2014
Lt/er Mamadou Kane, victime de 1987 –militant
des droits humains Tel : 46414071
Mamadou Kane
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