L’enrôlement, une activité administrative particulièrement sensible, en ce qu’elle signifie l’accès à la citoyenneté. Sans enrôlement, pas de pièces d’état-civil et
ce
poids, décisif dans la vie des gens et de la cité, devrait impliquer
une gestion particulièrement transparente et incontestable de ses
procédures. On en est loin, en Mauritanie. Pour preuve, l’autocratie de
Mrabih Ould El Wely, le tout puissant directeur de l’agence chargée de
sa conduite. Un véritable Etat dans l’Etat. Se prévalant de l’amitié et
du cousinage d’Ould Abdel Aziz – des références qui dispensent, en dépit
des déclarations contraires du Président, des plus élémentaires
contrôles citoyens – le gaillard fait la pluie et le beau temps, édicte
les règles et les lois à sa convenance, convoque les chefs de corps et
tutti quanti.
Il vient, tout
dernièrement, de décider, unilatéralement, de ne délivrer des passeports
diplomatiques aux nouveaux députés que lorsque les anciens auront remis
les leurs, alors que, selon une règle non écrite, ceux-ci pouvaient
garder leurs documents de voyage jusqu’à expiration. Plus intrigant
encore, la composition du conseil d’administration qu’il a mis en place
pour « son » agence. Présidé, de façon tout-à-fait honorifique, par un
conseiller du président, Ahmed Ould Bah, celui-ci comprend le chef
d’état-major des armées, les chefs d’état-major de la gendarmerie et de
la Garde, le directeur général de la Sûreté nationale et le directeur
général du Groupement pour la sécurité des routes. Lors de sa réunion,
la semaine passée, Mrabih a monopolisé, tel un Président de Soviet
suprême,quatre heures d’horloge,
dissertant, en long, en large et en travers, sur le rôle de l’agence,
son importance pour la sécurité du pays. Nos étoilés l’ont écouté
religieusement, avant de se retirer. On se pose, tout de même, quelques
questions : pourquoi du si « lourd », pour une agence dont le rôle
devait se limiter à enrôler ? Dirigée par un simple citoyen, qui ne
peut, évidemment pas, se prévaloir de tels appuis, aurait-elle autant de
pouvoirs ? Doit-on subodorer, sous cet étalage, une vaste entreprise de
flicage de la population ? La représentation de divers services
administratifs, en ce conseil, est compréhensible ; mais pas forcément
ceux qui y siègent actuellement. Par contre, l’absence d’un collège de
citoyens totalement indépendants du pouvoir est, elle, totalement
incompréhensible ; douteuse, même ; et, au moment où l’on reparle
d’élection transparente et consensuelle, il serait fort judicieux de
commencer par (re)mettre à l’heure cette direction de l’enrôlement, qui
en est le fondement.
Ben Abdallah
SourceURL:http://www.lecalame.info/actualites/item/2144-agence-charg%C3%A9e-de-l%E2%80%99enr%C3%B4lement-un-etat-dans-l%E2%80%99etat
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