Le célèbre mouvement haratine El Hor a célébré, dans la ferveur, jeudi soir, à El Mina, près du carrefour Boudah ses 36 ans. Ce devait être le 5 mars, mais pour des raisons de sécurité, les autorités ont préféré refuser l’autorisation.
A cette occasion, le mouvement a battu le rappel de ses troupes. Militants et sympathisants sont venus de tous les quartiers de la capitale.
Ainsi, on notait la présence du président du parti El Moustaqbel, Mohamed Ould Borboss, de Samory Ould Beye, vice président dudit parti et chef de file du Mouvement El Hor et secrétaire général de la confédération libre des travailleurs de Mauritanie (CLTM) du capitaine Breika Ould M’Bareck, le vice président d’IRA et d’un représentant de Tawassoul et de nombreux cadres, militants et sympathisants, des femmes et des jeunes…
Sur les banderoles déployées, on pouvait lire, entre autre, « non à la marginalisation des Haratine »
Prenant la parole, Samory Ould Beye a remercié l’assistance d’avoir répondu massivement à l’appel de leur Mouvement. Il s’est ensuite appesanti sur la marginalisation dont sont victimes des Haratines, considérés comme des « citoyens de second rang par le système Beidane ». Il a salué l’action et la mémoire et le courage de ceux qui ont créé et fait prospérer le mouvement jusqu’à cette génération.
Pour Ould Beye, la composante Haratine est privée de tout pour s’épanouir : éducation, santé, logement, terre, fonctions, ressources économiques… ils n’ont pas d’avenir dans un pays qu'ils sont les premiers à habiter, un pays où une seule composante minoritaire s’est accaparée de tout: « Nous devons nous lever tous ensemble pour crier à la face de cette Mauritanie et du monde pour dire ça suffit, notre patience à des limites, nous ne pouvons pas continuer à souffrir de cette marginalisation»
Poursuivant son propos. Samory Ould Beye, largement applaudi, a fait observer que seuls les Haratine peuvent conquérir leurs droits de citoyens respectés et respectables, faire cesser leur souffrance par leur combat, un combat qui doit, précise-t-il être mené pacifiquement. Car pour le leader d’El Hor, les actions menées par le système en place (loi de 1981, celle de 2007, l’Agence Tadaamoun, la cours péciale pour crimes de l’esclavage, la feuille de route sur les mesures prises...) pour soi disant lutter en vue d’améliorer les conditions des descendants d’esclaves n’est que de la poudre aux yeux, il nous nargue même, ce système.
A l'heure du bilan qu’avons-nous gagné, nous les premiers concernés? s’est interrogé le président du conseil national de Moustaqbel.
« Nous ne sommes contre personne, seulement, nous voulons et exigeons même qu’on nous respecte, qu’on dispose de nos droits comme les autres citoyens du pays.» L’un de ces droits, estime le leader du Mouvement El Hor, est d’être considéré comme une composante à part entière, celle de Haratine. C’est pourquoi Ould Beye demande la révision de la Constitution actuelle du pays pour y mentionner que les Haratine sont une composante au même titre que les Peul, les Soninké, les Oulof et les Beidane.»
Terminant son propos, Samory Ould Beye a regretté que certains membres fondateurs aient fini par abdiquer devant l’argent et le confort. Une déclaration décrivant les crises multiformes que traverse le pays a été lue à l’assistance : crise politique, crise économique, montée du chômage, grève des dockers exploités. « Pendant que les dockers haratines triment, d’autres dorment à l’ombre », estime-t-il. L’assistance a suivi jusqu’à tard dans la soirée un sketch traitant des conditions serviles d’esclaves, chants et danses, le rap…
Créé le 5 mars 1978, par un groupe de 12 membres, le Mouvement El Hor lutte pour l’amélioration et l’épanouissement des esclaves et haratines du pays.
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