Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA)
Le traitement de l’esclavage
foncier par la justice : la plus grande menace pour l’unité nationale
A l’instar de ses prédécesseurs, le régime mauritanien actuel
continue à se complaire dans le déni des pratiques esclavagistes et l’entrave
délibérée de l’application des lois incriminant ces dernières. Au même moment,
les victimes de ces pratiques continuent à défiler dans les bureaux de
l’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA) pour demander
aide et assistance dans leur combat inégal avec un appareil judiciaire acquis
d’avance à la cause esclavagiste. L’histoire de Monsieur Brahim Ould Blal (74
ans) est emblématique d’une telle situation.
Il y a quelques jours, Ould Blal, ressortissant du lieu dit
Azkeylem (Moughataa de Mounguel, Région de Gorgol), se présentait dans les
bureaux d’IRA exhibant un acte judiciaire qui lui intimait l’ordre de quitter
la terre agricole qui l’avait vu naître et que son père, son grand-père et son
arrière grand-père avaient viabilisée au fil des générations. L’acte de justice
ramenait la propriété d’une telle terre au sieur Taleb Ould Mohamed Ould Sidi, supposé
maître de la famille de Ould Blal et s’appuyait, dans ses attendus, sur l’un
des principes de la jurisprudence traditionnelle encore en cours en Mauritanie
selon lequel « le bien de l’esclave revient à son maître ».
Brahim Ould Blal précise qu’à la mort de son père, Ahmed Abei Ould
Bekke, les biens de ce dernier englobant vaches, caprins et terres agricoles
furent répartis entre les membres de la famille de ses maîtres à savoir les
« Ehel sid’Ahmed Ould Charghi ». « Aujourd’hui,
c’est le descendant de cette même famille, Taleb Ould Mohamed Ould Sid’Ahmed
Echarghi », ajoute Ould Blal, « qui
réclame et obtient la propriété d’une terre que nous avons pétrie de nos
propres mains de génération en génération ». Ould Blal précise que le
juge n’avait même pas pris la peine de consigner sa version des faits alors
qu’il ordonna la suspension de toutes activités dans la terre en litige sur le
simple témoignage de la partie adverse
et cela sans aucuns égards au fait qu’elle constitue la seule source de pitance
à plusieurs familles. Le vieillard voit
là une preuve manifeste de la partialité de la justice en faveur des
esclavagistes.
Ould Blal rapporte que Monsieur Taleb Ould Mohamed Ould Sidi
n’avait pas hésité à le menacer de mort par arme à feu et avait pris l’habitude
de l’insulter et de le traiter de tous les noms, y compris devant les autorités
et ce malgré la très grande différence d’âge entre les deux hommes. Cette
humiliation récurrente fut redoublée, dit Ould Blal, par le mépris dont il fut
victime de la part des agents de l’Administration et notamment ceux de
l’appareil judiciaire.
La victime exhorte les hommes et femmes de bonne volonté pour
l’aider à récupérer sa terre, seule source de ses revenus et qui est mise en
jachère depuis deux ans par une décision inique basée sur un principe
anachronique qui voudrait que « le bien de l’esclave revient à son
maître ». « Alors, affirme
Ould Blal, que la partie adverse ne
possède aucune preuve de la propriété de la terre, moi je peux produire des
dizaines de témoins qui pourraient affirmer que j’ai toujours travaillé cette
terre et que mes parents et les parents de ces derniers l’ont toujours
travaillée tout le long des deux siècles derniers ».
L’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA),
tout tirant encore une fois la sonnette d’alarme :
Attire l’attention sur le danger que constitue l’entêtement de
l’Administration et notamment la Justice à se ranger du côté des esclavagistes
en leur offrant des échappatoires et en les confortant dans une impunité qui
devient de moins en moins tenable ;
Réclame la mise en place d’une solution juste et durable à cette
question d’esclavage foncier dont Monsieur Ould Blal est le symbole. Une telle
situation constitue une menace réelle et permanente qui pèse sur l’unité nationale et la stabilité
du pays.
La commission de communication Nouakchott le 3 septembre 2014
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