L’esclavage en Mauritanie débattu à Genève
Le discours de la présidente de la CNDH n’a convaincu qu’elle-même
Pour la énième fois, la Mauritanie, à travers sa Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), a tenté de convaincre la communauté internationale sur sa réelle volonté de combattre l’esclavage. Cependant, et au risque de se contredire, les autorités au pouvoir nient et reconnaissent cependant en même temps l’existence du phénomène qu’elles circonscrivent sous sa forme résiduelle, tout en faisant état de sa persistance dans les pratiques. C’est ce que l’adage populaire appelle «ekhtil moulana bil lehchich». Comment comprendre en effet qu’au niveau officiel, l’esclavage est déclarée inexistant et vouloir convaincre l’opinion publique nationale et internationale que l’on s’engage quand même à le combattre. Soit l’esclavage n’existe pas, comme le soutient l’Etat mauritanien dans la bouche de ses plus hauts représentants, auquel cas, il faudrait être franc avec les partenaires internationaux en leur faisant comprendre clairement que la Mauritanie ne peut pas lutter contre un mal inexistant, et refuser ainsi les fonds prélevés sur le compte des contribuables européens et américains, ou reconnaître franchement l’existence du phénomène et s’engager courageusement à le combattre. La duplicité des partenaires internationaux qui acceptent ce double langage est aussi condamnable, car des millions de dollars et d’euros sont chaque année versés pour une cause non reconnue sur le plan officiel par l’Etat bénéficiaire.
Pour la énième fois, la Mauritanie, à travers sa Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), a tenté de convaincre la communauté internationale sur sa réelle volonté de combattre l’esclavage. Cependant, et au risque de se contredire, les autorités au pouvoir nient et reconnaissent cependant en même temps l’existence du phénomène qu’elles circonscrivent sous sa forme résiduelle, tout en faisant état de sa persistance dans les pratiques. C’est ce que l’adage populaire appelle «ekhtil moulana bil lehchich». Comment comprendre en effet qu’au niveau officiel, l’esclavage est déclarée inexistant et vouloir convaincre l’opinion publique nationale et internationale que l’on s’engage quand même à le combattre. Soit l’esclavage n’existe pas, comme le soutient l’Etat mauritanien dans la bouche de ses plus hauts représentants, auquel cas, il faudrait être franc avec les partenaires internationaux en leur faisant comprendre clairement que la Mauritanie ne peut pas lutter contre un mal inexistant, et refuser ainsi les fonds prélevés sur le compte des contribuables européens et américains, ou reconnaître franchement l’existence du phénomène et s’engager courageusement à le combattre. La duplicité des partenaires internationaux qui acceptent ce double langage est aussi condamnable, car des millions de dollars et d’euros sont chaque année versés pour une cause non reconnue sur le plan officiel par l’Etat bénéficiaire.
C’est sur cette gymnastique que la présidente de la CNDH a une fois de plus entraîné les membres du Conseil des droits de l’Homme réunis à Genève, le 8 septembre 2014. Dans le discours qu’elle a prononcé devant le Conseil, la président du CNDH n’a ainsi apporté rien de nouveau, sinon reprendre un refrain déjà mille fois rabâché sur un bilan institutionnel qui n’a jamais été qu’une belle vitrine destinée à la consommation extérieure. D’abord, elle parle d’un problème «amplifié» qui existerait «dans de nombreux pays» et «dans toutes les communautés» comme si cela devait servir de prétexte à la Mauritanie pour continuer à cautionner l’asservissement de milliers de ses citoyens. Puis pêle-mêle, elle fait défiler des lois et des mesures prises, celle de 1981, celle de 2007 et de 2013, pour bien montrer que la Mauritanie est bien décidée à lutter contre l’esclavage, sans se rendre compte que la multiplicité des lois pour combattre un phénomène social est le meilleur signe d’une mauvaise volonté. Elle cite par la suite l’Agence Tadamoun, dont la mission première exclut d’ailleurs toute idée de lutte contre l’esclavage, car orientée seulement vers les séquelles. Ainsi, seules les communautés affranchies, vivant dans des hameaux ou des bidonvilles entrent dans sa ligne de compétence, les esclaves vivant sous le joug des maîtres en étant écartés. Elle cite par la suite la création spécifique d’une juridiction spéciale chargée des crimes d’esclavage, en oubliant de préciser que cette juridiction n’existe encore que sur du papier, car sans magistrats nommé ni siège. Et la présidente de la CNDH de formuler une série de recommandations où ne figure pas la principale revendication des organisations nationales des droits de l’homme actives dans ce domaine, à savoir leur acceptation comme partie civile, capable d’ester en justice et d’aider les victimes devant les tribunaux. Cela, ni la CNDH ni l’Etat mauritanien ne le souhaiterait car ils préfèrent laisser les victimes, analphabètes et abruties par des années de servitudes, être livrées à elles-mêmes, face à un appareil judiciaire rompu au déni d’esclavage et à l’impunité des maîtres.
Dans toutes ces recommandations, pas une seule fois la présidente de la CNDH n’a parlé des «victimes de l’esclavage». Dès lors, il est légitime de demander ce que les membres du Conseil des droits de l’homme de Genève étaient venus écouter. Si l’esclavage n’existe pas en Mauritanie, autant boucler ce dossier et épargner l’opinion publique d’un tel étalage d’hypocrisie.
Pire, la présidente de la CNDH se risque même à des contre-vérités, en soutenant que son organisation offre l’assistance judiciaire aux victimes. Qu’elle cite un seul cas ! Pas plus que ses conseillers n’ont jamais donné accès à la moindre information juridique à un quelconque esclave porteur de plainte, ni que la moindre alerte n’ait été lancée aux autorités par la CNDH en cas d’allégation… !
Bref, la CNDH n’est jamais apparu en tant que structure protectrice des droits de l’homme dans tous les cas d’esclavage portés par les organisations de la société civile devant les juridictions. Elle a toujours par contre joué à la diabolisation de ces organisations et œuvré pour faire capoter leur lutte. En effet, au lieu de travailler en étroite collaboration avec les ONGs actives dans le domaine de la lutte contre l’esclavage, comme IRA, SOS Esclaves ou l’AFCF, la CNDH s’est toujours entourée d’ONGs cartables récupérées par les Renseignements généraux, et qui luttent contre les vrais abolitionnistes pour consolider la thèse du pouvoir sur l’inexistence du phénomène.
Comble d’ironie, la présidente de la CNDH qui dit que l’esclavage n’existe pas, avoue cependant que «26 cas de pratiques esclavagistes ont fait l’objet d’un traitement judiciaire alors que d’autres restent encore pendants devant les juridictions». L’honnêteté devait au moins pousser la présidente de la CNDH à reconnaître devant les délégués qui l’écoutaient à Genève que la CNDH ,n’a été à la source d’aucun des 26 cas découverts, qu’elle n’a jamais fourni la moindre assistance aux victimes, et que parmi ces 26 cas, seul un seul maître esclavagiste a été condamné à une peine de 2 ans, alors qu’il exploitait depuis leur tendre enfance, deux petits esclaves. Tous les autres cas, ont été classés par la justice sans suite, alors que les preuves qui accablaient leurs auteurs étaient du béton.
Mais en jouant sa partition devant plusieurs délégués et rapporteurs du Conseil des droits de l’homme de Genève, la présidente de la CNDH ignorait certainement qu’elle était la seule dans l’assistance à croire à ce qu’elle disait.
Cheikh Aïdara
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