Initiative pour la Résurgence du mouvement
Abolitionniste (IRA)
& SOS ESCLAVES
MAURITANIE : PRESSIONS POUR CONTRAINDRE UNE VICTIME
D’ESCALAVAGE A RETIRER SA PLAINTE
L'Initiative pour la Résurgence du mouvement
Abolitionniste (IRA), la première informée de ce cas avéré, avec la section
locale de SOS-Esclaves, organisait depuis le 9 septembre 2013, un sit-in devant
la gendarmerie de Boutilimit. Le rassemblement avait, pour objet,
l'accompagnement et l'appui de la plainte déposée par la jeune esclave Noura
Bint Aheimed contre la famille Ely Ould Emhaymed, résident à la localité d'Ajouer,
pour la réparation de 14 ans d'exploitation, de maltraitance et de privation
d’accès à l'école. Parallèlement, les gendarmes ont déclaré poursuivre les recherches
pour retouver les quatre filles de la
famille d’Ehl Ely Ould Emhaymed, nommément visées par la requête de la
plaigante. Ces efforts prétendus demeuraient sans résultat, il convient de le
souligner, d’emblée.
- Le contexte
Dans un nouveau rebondissement du dossier, la
victime a approché les responsables d'Ira, la nuit du jeudi 12 au vendredi 13
septembre, pour leur déclarer qu'elle subit d'énormes pressions de la part de
son entourage familial visant à l'amener à retirer sa plainte et qu'en
conséquence, elle ne souhaite plus rester parmi eux. Il semble, aussi, que les
autorités locales ne montrent plus assez d'empressement à retrouver les
fugitives présumées, pourtant coupables de crime d'esclavage ; au contraire, elles voudraient accorder du temps
à la famille esclavagiste (Cheikh et Omar) pour convaincre la plaigante de se
dédire.
Par ailleurs, il y a lieu de préciser que la
jeune esclave Noura Bint Aheimed, accompagnée du Président d'Ira M. Biram Dah ABEID, a été reçue par l’ancien
Ministre de la Justice Monsieur Abidine
Ould El Kheir, le jeudi 12 septembre. La victime a réitéré ses griefs contre la
famille esclavagiste, devant le Ministre. Ce dernier lui a formellement promis de
faire engager une action contre l'ensemble des personnes incriminées et de
diligenter une enquête dans ce sens. M. Ould El Kheïr, à l’occasion de cette
entrevue, assura que deux membres de la famille incriminée sont
déjà aux arrêts. Or, nos vérifications infirment l’arrestation des concernés.
Il semble que le Hakem et le Commandant
de la gendarmerie de Boutilimit ont ignoré les instructions … D’autre part, la
victime a mandaté un avocat qui s'apprête à porter l’ affaire devant le
tribunal.
- Les acteurs
Cheikh Ould Sidi Ould
Ely ould Mhaymed, hommes d’affaires maure, notable de la collectivité tribale
Oulad Damane et son frère Amar, l’une des personnalités locales du parti Union pour la république (Upr),
dirigé par le président mauritanien Mohamed Ould Abdel, Aziz ont herité, avec
leurs soeurs Aicha, Vatma, Miha et Deida et leur frère Mohamdi, de l’esclave
Noura ; la mère de cette dernière, Oum Rvada, est l'esclave de leurs
ascendants; Cheikh l'ainé, a arraché Noura à sa mère dès l'age de 4 ans pour la
mettre au service de son épouse, Ami Mint Ahmeddou, ainsi que des autres foyers
des fils et des filles Ehl Mhaymed; toutefois, Noura passe la plus part de sont
temps dans la famille de Cheikh et de sa femme Ami; Noura a toujours subi des
châtiments corporels de la part de ses maîtres ; en janvier 2011, une
cousine proche d’eux, Madame Oumouloumnine Mint Bakar Vall, fonctionnaire à la
Banque centrale de Mauritanie (Bcm), sous le coup d'une plainte d'Ira-Mauritanie,
se retrouve en prison pour une affaire similaire ; devant ce fait inédit
dans le pays, les maîtres de Noura - Cheikh en personne - décident d'aller aux
services de l'etat-civil, pour y établir un faux document selon quoi la victime
naquit en 1974. Par cette fraude, ils souhaitaient prévenir une éventuelle
accusation, la mème qui visait Mint Bakar Vall, c'est-à-dire, « exploitation
de mineurs », passible d’une peine de cinq à quinze années de prison en vertu de la loi
sur la protection pénale de l’enfance.
- Le camouflage
Le
Commandant de brigade de la gendarmerie de Boutilimit, Ahmed
Ould Ghalla, s'est
chargé d'intimider Noura lorsqu'elle a porté plainte pour pratiques esclavagistes
et chatiments corporels; précisions-le
l’officier de police judiciare, désigné pour recevoir les requêtes en justice et
d'enquêter est un maure, d'extraction esclavagiste ; il a reçu Cheikh Ould
Sidi Ould Mhaymed et son frère Amar, le candidat-maire du parti présidentiel
dans la localité d'Ajouer, ainsi qu'un autre cousin à eux, fonctionnaire au
ministère des finances de Mauritanie, dénommé Ould Khairy Ould Mboukhoukha;
l'officier de police judicaire s’est entretenu avec eux, en privé, avant de convoquer
le père de Noura Aheimed, qui a retiré la plainte de sa fille sous les
pressions de la gendarmerie et des présumés esclavagistes; Noura, ainsi chassée
des locaux de la gendarmerie par le responsable de l'enquète , est allée
chercher les coordonnées téléphoniques du Président de l’Ira qu'elle a pu
joindre ; Birame Dah Abeid est arivé, à Boutilimit, pour assister la
victime et en réintroduire la plainte, ce qui a été fait, depuis le 9 septembre.
Toutes
les autorités impliquées dans l’affaire, du Ministre de la justice en passant
par le gouverneur de la région, le préfet du département ainsi que les officiers
gendarmes chargés de l’enquête, affirment que les membres de la famille, objet
de la plainte, sont en fugitifs et qu’ils seront poursuivis - en plus des
acusations pour esclavages et tortures - du chef d'inculpation de délit de
fuite.
- L’épilogue prévisible
Or, ce
jour 23 septembre 2013, Elkhalil
Ould Ahmedou, Procureur
de la république en intérim au tribunal de Rosso – chef-lieu de la région du
Trarza, nous informe qu'il ne retient aucune poursuite contre ces personnes.
- Notre position
Nos
sollicitons le soutien des mauritaniens et des étrangers, amis de la lutte et
épris d’équité, pour que la régle de l’impunité ne prévale, encore, dans le cas
de Noura Bint Aheimed.
IRA-Mauritanie
et Sos.Esclaves poursuivrons le sit-in de protestation pacifique qu’elles
avaient entamé depuis le déclanchement
de cette affaire dans la ville de Boutilimit.
Nous comptons
aussi élargir les rassemblements de protestations civiques autour de l’affaire
Noura en ce sens que nous ciblerons d’autres lieux de protestations à
Nouakchott, la capitale, notamment les places jouxtant les sièges des sociétés
et lieux de travail des présumés esclavagistes.
Nouakchott,
le 25 septembre 2013
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