28 novembre jour de deuil pour
une grosse partie des noirs Mauritaniens certes mais comment sécheront ils les
larmes des victimes ? J’ai toujours dit, nous avons été en grande partie responsable du prolongement de
nos malheurs malgré que certains crieront encore et encore, M. Diko est un anti-machin, ceci, cela. Depuis 1989, rien
n’a été sérieusement fait pour mettre
l’état Mauritanien dos au mur, l’obligeant à prendre à bras le corps les
dossiers des exécutions sommaires de soldats et civils dans les années 1987, 1989 à 1992 voire ceux qui ont précédé ces dates. Une
seule plainte sérieuse de l’intérieur du pays jusqu’à l’extérieur malgré que
tout le monde se plaint d’avoir été victime. Cette plainte qui a conduit à
l’interpellation et jugement du
capitaine Ely Ould Dah, elle fut introduite par feu Dia Ousmane paix à son âme
et Diagana Mamadou Youssouf dit Ibnou. On
est victime oui certes, certains pensent rien qu’avec le slogan «des victimes »,
justice doit passer sans mener la moindre démarche ni quoique ça soit. C’est bien là notre b-a-ba, la source du
prolongement de nos malheurs actuellement. Il faudra rappeler aussi l’ignorance de certaines familles avec le
forcing de ces esclaves nègres politiques
au service de la terreur, ils
ont réussi à pousser les familles des
victimes à prendre de l’argent à la place de juger les bourreaux de leurs
proches disparus. Dans ce cas précis,
que doit-on faire ? Les familles ont bien obtenu de l’argent, signées des
documents au niveau de l’administration qu’elles renoncent même à toute possibilité
de poursuites des auteurs de crimes,
dramatique situation n’est-ce pas ? Certains problèmes viennent aussi de
ces ainés qui se prennent comme des
hyper actifs-leaders incontournables à vie ; qui sèment plus
l’éloignement, la séparation
communautaire avec leurs faux problèmes identitaires que d’avoir défendu les
victimes civiles et militaires sérieusement. Quand on vit dans un état de
droit, les problèmes identitaires deviennent secondaires, c’est ma conception
d’une nation. Vous savez, un jour, j’ai
été très frappé par un ton très orgueilleux
d’un accusateur inégalé avec lequel un jeune s’adresse à ma personne en
me disant : « M. Diko, tais toi, tu n’as rien à dire ici, en 89 se
sont les haratine et maures blancs qui ont tués les haalpoular ». Si fier d’une telle grave accusation sans remord, on comprend bien que personne
n’a assez expliqué à se pauvre jeune qu’on
a égaré avec ces histoires communautaires depuis sa naissance ; c’était l’état Mauritanien qui tuait,
déportait ces propres
compatriotes ; donc forcément
responsable des tueries non les
communautés qu’il accuse sans réfléchir. Les communautés n’y sont pour rien à
mon avis ; et je ne cesserai de me
poser la question que pouvait faire d’ailleurs les communautés à cette époque contre
une politique d’épuration ethnique ? Vous voyez comment nos ainés ont aidé
inconsciemment cet état raciste Mauritanien à diviser, éloigner plus les
populations les unes des autres ? S’ils avaient pris le devant de la scène
très tôt pour expliquer à tout le monde que c’était l’état Mauritanien qui est
responsable non les communautés, on n’en serait pas là où nous en sommes
actuellement. Nous sommes au stade où aucune communauté ne veut entendre parler
de l’autre, c’est cas même assez grave non ? Nos ainés ont joué et perdu sur
les cartes identitaires, communautaires sur lesquelles ils avaient déployé
d’énormes efforts ; ils avaient tout misé en donnant l’occasion à cet
’état policier raciste, esclavagiste, tribaliste,
féodal de diviser la population pour mieux régner sans partage, qui paraît aux
yeux du monde aujourd’hui comme puissant et stable.
Je m’incline devant la mémoire
des victimes civiles et militaires des années 1987, 1989 à 1992 et de ceux qui ont précédé ces horribles dates
en les rendant un vibrant hommage d’adieu. Ils ont embrassé la mort d’une façon
atroce mais ils seront toujours là parmi nous tant que justice n’a pas été
rendu.
Diko Hanoune
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