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jeudi 5 septembre 2013

Diagana Mamadou Youssouf : « C’est le 25 novembre 1995 que l’AVOMM a été créée par moi-même avec quatre de mes amis et anciens militaires….»





Boolumbal.org : Ces dernières années, quelques fissures sont apparues dans la relation stable des associations. Comment vivez-vous ce phénomène ?

Diagana Mamadou Youssouf: Plus qu'un phénomène, c'est une consternation! Vivre la désunion, la dispersion de nos moyens face aux injustices et à l'arbitraire que nous avons connus me semble naturellement absurde, incompréhensible voire révoltante. Je n'ai nullement l'intention de polémiquer à travers votre question mais je suis soucieux de vous apporter un éclairage. Faut-il alors revenir sur l’historique de nos associations de droits de l’homme en Europe et plus particulièrement celles de la France?

C’est le 25 novembre 1995 que l’AVOMM a été créée par moi-même avec quatre de mes amis et anciens militaires ici présents en Europe, afin de pouvoir concentrer nos moyens et nos efforts contre l’impunité et venir en aides aux veuves et orphelins de militaires. Elle a eu donc à accueillir tous ces anciens militaires et contribuer à l’acquisition de leurs statuts de réfugiés politiques, ce qui n'est pas faux car ils le sont véritablement. En Août 2000, une mésentente d’une très grande ampleur est apparue en son sein. Lors de l’acquisition du statut de réfugié du colonel Baby Housseynou, il nous a été reproché tout en indexant notre direction d’avoir joué un rôle important en ce sens. Alors, pour préserver mon honneur en tant Secrétaire général, j’ai démissionné du bureau, puis suivi par trois de mes amis de combat dont Feu Dia Ousmane, paix à son âme! Choqués par cette accusation gratuite qui n'a aucun fondement, nous avons vite créé officiellement le 03 octobre 2000 l’OCVIDH, et nous avons continué à travailler en parallèle sans aucune animosité malgré que le divorce fût très dur voire invraisemblable. Fort donc de cette expérience à la fois amère et périlleuse, je pensais à mon humble avis et conviction personnelle que c’était fini et que plus jamais ces genres de situation ne pouvaient nous arriver et c’est d’ailleurs cette analyse qui m’a conduit à insérer dans nos statuts et règlement intérieur la présidence tournante entre les quatre membres fondateurs de l’OCVIDH, pour pouvoir éviter toutes infiltrations du pouvoir de Taya, que nous soupçonnons sur notre division précitée. Pourquoi vivons-nous encore une autre division? C'est simple à expliquer: toute association est régie par des statuts et règlement intérieurs, elle est régulée par un bureau exécutif et ses décisions importantes sont décidées très souvent par un bureau et validées par une assemblée générale surtout quand il s’agit d’une assemblée de victimes, d'où la question de génocide, de tortures et autres violations des droits les habitent.
Alors on ne peut faire d’impasse sous quelque motif que ce soit pour aller parler au nom d’une ONG sans mandat ni de son bureau ni de son assemblée de victimes. On ne pouvait donc absolument jamais accepter de vendre l’OCVIDH à la démagogie d'un dirigeant ni sa manière de vouloir saborder le règlement dudit passif humanitaire. Je pense que l’histoire nous donne totalement raison sur cette question et les langues commencent à se délier. La sagesse aurait prévalu si une concertation avait eu lieu auparavant. L’emballement, la précipitation, les coups bas et les campagnes de dénigrement dont j'ai été victime tout cela pour revenir à la case départ sont désastreuses et honteuses pour la communauté Noire. Sachons que les ONG que nous avons créées ne nous appartiennent plus. Elles appartiennent à toutes les victimes et à tous ceux qui nous aiment et nous soutiennent mauritaniens et autres nationalités. Comment je vis ce "phénomène"? Je le vis très mal, en tant que militant de droits de l’homme et victime. Je le vis très mal surtout venant des amis que j’ai côtoyés et avec qui j'ai partagé beaucoup d'intimités et entendre nos enfants nous poser des questions de savoir où se trouve untel ou untel est une situation embarrassante et intenable. Hélas « l’histoire d’une vie c’est l’histoire d’un échec » tant que la roue de l’histoire continuera à rouler, nous nous croiserons inéluctablement et d’ailleurs c’est chose faite puisque le général Abdel Aziz a fini par rouler tout le monde dans sa farine et il ne restera qu’à nous, malheureusement, de chercher à recoller les morceaux et c’est dommage pour la cause que nous défendons depuis belle lurette.
Ce problème que j’évoque sur l’OCVIDH est malheureusement le même à la CAMME, voire dans différents mouvements et partis politiques, c’est dire que la politique de diviser pour mieux régner du général et avant lui d'autres a bien marché partout.
Il ne reste qu’à nous d’ouvrir un nouveau pan du combat et comprendre les enjeux nationaux, pour éviter ainsi des aventures peu productives pour la communauté des victimes et la Mauritanie dans son ensemble. Comme on dit"mieux vaut tard que jamais"
Je ne finirai pas ce sujet sans m'incliner devant la mémoire de nos frères et amis que sont Murtudo JOOP, Saidu KÂNE et Usman JAH, qui nous ont quittés en nous laissant dans nos divisions inutiles. Qu’avons-nous alors à la place du cœur ?

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