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lundi 16 septembre 2013

Démission de Yacoub Ould Saleck d’IRA: «Pas de politique de deux poids deux mesures»



«Pas de politique de deux poids deux mesures»
J’ai appris avec surprise la démission du grand militant, membre du Bureau exécutif, porte-parole du parti Radical pour une Action Globale (RAG) et représentant à Boutilimit de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), Yacoub Ould Saleck. Cette démission m’a d’autant plus surpris que je venais de passer avec lui le week-end à Boutilimit et mesuré son degré d’engagement dans le cas de la jeune esclave Noura pour lequel un sit-in ininterrompu des militants du mouvement se poursuit pour la septième journée consécutive devant la Compagnie de gendarmerie de Boutilimit. Dans sa lettre de démission que j’ai parcourue avec beaucoup d’intérêt, Yacoub Ould Saleck s’insurge contre l’accusation portée par IRA contre Mohamed Lemine Ould Balla Chérif et sa sœur à propos d’un gosse de 8 ans que le mouvement considère victime de leurs pratiques esclavagistes. Yacoub Ould Saleck affirme pour sa part qu’il s’agit d’un cas humanitaire, l’enfant orphelin ayant été recueilli par la famille et qu’il serait entouré de tous les égards par ces bienfaiteurs. Pour n’avoir pas été suivi dans son raisonnablement consistant à épargner la famille en question contre toute poursuite, Yacoub Ould Saleck considère ce refus d’IRA comme un mépris et une sorte de non considération à son égard. Dans sa lettre, il a même parlé de «Protection» qu’il aurait accordé à la famille Balla et que ses amis d’IRA, en l’occurrence le président Birame Ould Dah, ne lui aurait pas accordée.
Dans un entretien téléphonique que j’ai eu à ce sujet avec le président Birame Ould Dah Ould Abeid pour confirmer l’information, il m’a expliqué avoir pris acte de la démission de Yacoub Ould Saleck, considérant toutefois que le cas du gosse est bel et bien un cas d’esclavage que Yacoub voudrait bien voir étouffer à cause de ses liens personnels avec la famille en question. Et de souligner qu’en matière de droits de l’homme, en particulier la lutte contre l’esclavage, il n’y a pas de politique de deux poids deux mesures. Autrement dit, que lui Birame, il restera intransigeant dans ce cadre et ne permettra à personne, même s’il devait rester seul dans son combat, que des militants ou cadres d’IRA puissent jouer avec la lutte que le mouvement mène, en acceptant que des sanctions soient prises contre certaines personnes et que d’autres, les amis, les parents ou les connaissances soient épargnées pour des considérations personnelles. Birame Ould Dah Ould Abeid a confirmé que contrairement à la déclaration de Yacoub Ould Saleck, le cas du jeune Mohamed Ould Avia est bel et bien un cas avéré d’esclavage. Selon lui, les enquêtes menées dans ce cadre l’ont confirmé et qu’il en détient toutes les preuves. Si cela n’était pas le cas, a-t-il argumenté, les autorités de Boutilimit n’auraient jamais accepté de recevoir la plainte déposée contre Mohamed Lemine Ould Balla et sa sœur, de les placer aux arrêts et de remettre l’enfant à sa tante.
Pour ce qui est de Noura Mint Ahmeid, victime de pratiques esclavagistes et de maltraitance pendant 15 ans aux mains de ses maîtres, sa plainte déposée à la Compagnie de gendarmerie de Boutilimit reste sans suite. Les femmes objets des poursuites jouiraient de la protection des autorités, m’a révélé Birame Ould Dah Ould Abeid. Selon lui, des informations lui sont parvenues selon lesquelles les femmes en question ont été acheminées à Nouakchott et sommées de se cacher et de ne pas fréquenter les lieux où elles sont connues. Quant aux hommes, dont le candidat de l’UPR pour la mairie d’Ajouer pointés par la plainte, ils se promèneraient librement chez eux sans inquiétude, selon Birame qui dit constater une fois de plus, le refus des autorités mauritaniennes à appliquer la loi de 2007 criminalisant les pratiques esclavagistes. «Certains maîtres esclavagistes échappent à toute poursuite judiciaire, se sentant ainsi au dessus des lois et les autorités font tout pour leur épargner toute forme de poursuites » a-t-il conclu.
Source : Cheikh Aïdara via Facebook

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