Le 12 décembre 2014 ( http://unpo.org/article.php?id=17784)
Libérez Biram: l’UNPO accueille avec enthousiasme l’annonce de la
résolution du Parlement Européen sur les activistes et l’esclavage en Mauritanie,
alors qu’une délégation Haratin informe les députés européens.
La délégation Haratin, représentée par Baba Jiddou (à gauche) et Abidine
Merzough (à droite) lors d’un entretien avec le député européen Ramon Tremosa i
Balcells (ALDE, Espagne/Catalogne)
Les efforts de l’UNPO auprès des institutions de l’UE, au nom de Biram et
de ses compagnons activistes du mouvement abolitionniste IRA-Mauritanie qui
restent emprisonnés à ce jour, se sont avérés fructueux cette semaine lorsque
la Conférence des Présidents du Parlement Européen a confirmé qu’une résolution
urgente sur la Mauritanie – et en particulier sur le cas de Biram Dah Abeid –
sera soumise à un vote jeudi prochain, le 18 décembre, lors de la session
plénière à Strasbourg.
Cette information, exactement un mois après l’arrestation de Mr. Abeid et
ses collègues lors d’une manifestation pacifique dans la ville de Chgara, est
l’aboutissement de semaines de lobbying, qui ont aussi permis la soumission
d’une question parlementaire prioritaire par les députés européens
Charles Tannock et Mark Demesmaeker à Federica Mogherini, la Haute
Représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de
sécurité, ainsi qu’une campagne de l’UNPO qui a rassemblé les signatures de
nombreux députés européens.
Cette semaine, l’UNPO était censé accueillir Biram Dah Abeid pour
coordonner ses meetings avec plusieurs législateurs européens. En son absence
deux de ses associés, le président européen de l’IRA-Mauritanie Abidine Merzough et le coordinateur
européen du parti mauritanien contre l’esclavage (APP) Baba Jiddou, se sont
rendus à Bruxelles du 8 au 10 décembre afin de présenter les dernières
informations aux législateurs sur la situation de l’esclavage en Mauritanie,
ainsi que la répression récente de la société civile et des partis d’opposition
par le gouvernement mauritanien, en particulier contre le mouvement
abolitionniste. La délégation a rencontré de nombreux députés européens, des
fonctionnaires de la Commission et des organisations de la société civile, qui
se sont tous engagés à aider la cause abolitionniste. A l’occasion de leur
visite, l’IRA-Mauritanie en Belgique a organisé une manifestation réduite
devant le Parlement Européen appelant à la libération des activistes
emprisonnés.
Biram Dah Abeid, lauréat du Prix des Droits de l’Homme des Nations Unies
2013 et candidat aux élections présidentielles mauritaniennes en 2014, a été
arrêté ainsi que 7 autres activistes le 11 novembre 2014 lors d’une
manifestation pacifique en faveur de l’éradication de l’esclavage en
Mauritanie. Quelques jours avant et après cette date, les autorités
mauritaniennes ont arrêté 9 autres membres éminents du mouvement anti-esclavage
– menant à un total de 17 personnes emprisonnées – et ont fermé les bureaux de
l’IRA.
Mr. Abeid a été accuse d’incitation à la violence, de trouble a l’ordre
public, d’être membre d’une organisation non-enregistrée et d’outrage à un
représentant de l’autorité. Le 20 novembre 2014 il s’est présenté au tribunal,
qui lui a refusé la libération sous caution. Notre délégation a répété les
allégations que certains des activistes emprisonnés ont été soumis à la
torture.
Manifestants à l’extérieur du Parlement Européen, demandant la libération
des activistes anti-esclavage retenus à l’heure actuelle dans les prisons
mauritaniennes.
Tandis que la répression se poursuit, le Global Slavery Index a publié ses dernières conclusions il y a un mois, qui ont établi que la
Mauritanie avait la plus haute prévalence d’esclavage au monde
proportionnellement à sa population. Les esclaves en Mauritanie appartiennent à
la communauté Haratin (un membre de l’UNPO), aussi appelés « Maures
noirs », et qui représentent entre 40% et 60% de la population
mauritanienne. Mr. Merzough et Mr. Jiddou ont réaffirmé que même les esclaves
Haratin libérés demeuraient dépendants culturellement, économiquement et
psychologiquement de leurs anciens maîtres, et que l’approche du gouvernement
mauritanien à cette crise reste profondément inadéquate, donnant de fait la
priorité aux droits des esclavagistes sur ceux des esclaves actuels ou libérés.
La délégation a aussi insisté sur les conséquences géopolitiques
potentielles de l’inaction contre l’esclavage, alors que la marginalisation
basée sur la race et sur la caste – et même la déshumanisation – de la
population Haratin pourrait déstabiliser la Mauritanie, qui représente un Etat
d’Afrique du Nord et partenaire européen stratégique.
Personne – et en particulier nos partenaires Haratin – n’a le moindre doute
sur l’ampleur de la tâche que représente l’abolition de l’esclavage en
Mauritanie. Les élites dépendent de la subjugation raciale des Haratins pour
maintenir leur propre pouvoir social, politique et religieux, et l’esclavagisme
est bel et bien présent dans l’ensemble de
la classe politique et judiciaire – en d’autres termes, celle-là même qui
s’est engagée a mettre fin à cette pratique.
Toutefois, l’UNPO croit fermement que la pression du Parlement Européen,
ainsi que du Conseil Européen et du Service Européen pour l’Action Extérieure,
représentent un levier d’influence majeur. Notre priorité est la libération de
Biram Dah Abeid et de ses collègues – mais nous continuerons de soutenir nos
partenaires Haratin dans leur campagne pour une abolition complète et pérenne
de l’esclavage, et de travailler pour rassembler autant d’alliés que possible
dans la communauté internationale.
L’UE dispose de plusieurs instruments pour faire pression sur le
gouvernement mauritanien à travers des accords bilatéraux, dont le protocole
sur la pêche qui a récemment été renégocié, ainsi que des documents de politique
extérieure comme la stratégie de l’UE pour le Sahel. Nous croyons que les droits de l’homme – et
en particulier l’abolition de l’esclavage – doivent être au premier plan du
dialogue UE-Mauritanie.
Ainsi, nous nous réjouissons avec nos partenaires Haratin des questions
parlementaires prioritaires et de la résolution urgente à Strasbourg – mais
cela ne doit être que le commencement.
Source : http://unpo.org/article.php?id=17784
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