Les Enjeux Politiques
et Economiques de l’Afrique Géopolitique et Conflits internes : Colloque
international des chercheurs africains (octobre 2014) en marge de l’ouverture à Niamey du colloque international sur l'urbanisme en
Afrique
Intervention du Docteur Sao
Ousmane
Introduction
Les enjeux politiques et
économiques
Pour ne pas conclure
Introduction
De
1960-1990, la Guerre froide ne permit pas à l’Afrique d’entrer pleinement dans
les indépendances, car elle fut diviser en deux blocs ou zones d’influences à
l’intérieur desquels ou desquelles les jeunes Etats n’eurent quasiment aucune
autonomie.
En effet au
lendemain des indépendances, le continent africain a connu des crises liées à
la question de la définition de l’Etat, l’incontrôlable essor démographique, l’échec
économique et commercial, à l’impuissance des organisations panafricaines et à
l’apparition de nouvelles formes de conflictualité. Leur interprétation fut
régulièrement faussée en raison des poids des idéologies alors dominantes. Cette remarque met
clairement en évidence les problèmes politiques qui se posèrent à l’Afrique
indépendante et qui étaient suspendus à la définition de l’Etat. Cependant
construire ce dernier alors que les frontières ne correspondant pas le plus
souvent à aucune réalité historique et ethnique (1).
L’Afrique qu’on disait mal partie, bloquée ou refusant le
développement, est-elle entrain de perdre tous «les tisserands de sa natte »
comme le disait Joseph Ki Zerbo au continent africain ? Devons-nous reconnaître
avec Amadou Hampathé Ba qui disait à propos de la mémoire des anciens
dépositaires de l’histoire des sociétés africaines, que toutes les
bibliothèques africaines sont éteintes ou difficilement renouvelables ? Dans la
réalité de tous les jours, l’Afrique est meurtrie (conflit ethnique, corruption
avérée, sécheresses, maladie, déforestation, famines) et exclue de la
mondialisation (économie attardée, mal gouvernée, technologie peu avancée,
analphabétisme généralisé, agriculture peu compétitive, etc.). Toutes ces
contraintes mettent en jeu deux types de sociétés : les sociétés avancées,
industrielles et les sociétés non avancées parmi lesquelles notre continent occupe
une place « d’inquiétudes questionneuses ». Ceci nous obligerait à nous
regarder nous-mêmes, avant de regarder les autres, à nous culpabiliser avant de
culpabiliser les autres, à nous sortir de nous-mêmes pour nous concilier avec
nous mêmes, à nous réapprendre ce qui nous a rendu dans le passé grand et
prestigieux, enfin à comprendre notre déchéance, à l’assumer et à renouveler
nos énergies. Nous devons aujourd’hui, apprendre à négocier les changements
nécessaires, les virages imposés tout en demeurant nous-mêmes.
Notre
réflexion est liée à ces évolutions, décrire et d’analyser Les enjeux politiques et économiques en partant de l’époque des
indépendances en espérant que cette contribution apportera quelques
précisions pour le règlement des problèmes en Afrique
Les enjeux politiques et économiques
A l’époque
de l’indépendance, le continent africain était un monde de basse pression
démographique, situation qui fut bouleversée en profondeur au XX e
siècle (2) : d’abord par la colonisation et son maillage médical, puis par
l’amélioration des conditions d’hygiène et les campagnes de vaccination.
Aujourd’hui l’accroissement de la population est tel qu’il gomme les effets du
développement et annonce de graves crises alimentaires.
A partir des
années 1980, l’Afrique connue de nouveaux conflits souvent sous formes de
résurgences d’anciennes oppositions ethniques mises entre parenthèses durant la
période coloniale, puis artificiellement gommée durant la période de la guerre
froide. Depuis 1980, l’ethnisme est aussi de retour, partout l’Afrique des
peuples est revenue en force, se réveillant d’un sommeil artificiel qui avait
interrompu le déroulé de sa longue histoire. Avec un nouveau cependant :
les espaces sont désormais bornés par un maillage frontalier emprisonnant les
peuples et leur interdisant tout développement territorial, toute expansion
L’origine de
ces conflits n’est pas économique, même si cette explication permet de donner
des clés immédiatement compréhensibles par le grand public. En effet les
éléments déclencheurs de ces affrontements ne furent ni la misère, ni le surpeuplement,
ni même les compétitions pour les matières premières. Les deux premiers
éléments purent certes ponctuellement les favoriser ou les prolonger, tandis
que les troisièmes purent permettre leur durée.
Depuis la
fin de la guerre froide, une des grandes nouveautés est que l’Afrique conduit
elle-même ses propres guerres. Certes elle achète toujours ailleurs le matériel
pour les faire ; mais sauf cas particuliers limités à certains secteurs de
haute technologie, ce sont les africains qui font ces guerres avec un armement a
dominant individuel fait d’utilisation et d’entretien avec des moyens de
transports rustiques, le tout étant financé par les ressources locales qui sont
pillées (3).
Depuis la
création de l’UA, plusieurs autres crises sont apparues et d’autres conflits
ont éclaté ou se sont étendus que l’organisation n’a su ni prévenir ni régler.
A telle enseigne qu’au mois de janvier 2008, une commission présidée par le nigérian,
Adejeji et formé de 13 « sages » diplomates, économistes, juristes et
spécialistes dans divers domaines a remis un rapport d’audit accablant sur le
fonctionnement de l’organisation de l’UA, les dérives, l’inefficacité et la
gabegie de cette organisation au terme de 5 années d’existence (Audit of the
African Union, janvier 2008, 274 pages).
L’Afrique
restera probablement la proie des crises récurrentes même si l’on décèle
quelques signes de progrès et de reformes dans l’ensemble du continent en
particulier au sud. Dans nombre de régions, la dégradation de l’environnement
risque de s’aggraver, notamment à cause de la pénurie d’eau, de la
surexploitation des terres et d’une urbanisation galopante déséquilibrée sans
parler des questions de cohabitation entre les différentes composantes
ethniques des pays.
En dépit de
taux de fertilité élevée alimentant une croissance démographique explosive,
l’espérance de vie risque de rester faible en raison de la pauvreté et du
déficit des structures sanitaires. La plupart des économies resteront dominés
par le secteur primaire et les matières premières demeureront les principales
sources d’exportations vers les marchés mondiaux. Si certains Etats sont
susceptibles de connaitre une forte
croissance, le continent dans son ensemble va continuer de décliner par rapport
a l’Asie et l’Amérique du Sud. La fuite des cerveaux pénalisera la formation
d’élites, politiques, économiques et culturelles et amoindrira les chances des
pays africains de mettre en œuvre les reformes économiques et politiques
nécessaires à leur développement. Dans un certains nombre d’Etats, une mauvaise
gouvernance et des conflits ethniques pourront saper l’autorité chancelante de
l’Etat et entrainer son éventuelle dissolution. Dans d’autres cas, c’est la
façon même dont certains Etats forts exercent le pouvoir qui déclenchera
l’instabilité intérieure er les conflits (4).
Le fait que
des pans entiers du continent africain risquent de s’enfoncer dans la pauvreté
et les conflits ne menacera peut-être pas directement l’équilibre mondial mais
aura sans aucun doute des répercussions sur les conditions générales de
sécurité (5). La délinquance de certains Etats peut créer des zones de non
droit où se multiplient les milices, les organisations criminelles et les
organisations terroristes. En matière d’immigration, les tendances devraient
rester stables mais pourraient connaitre de soudaines variations et des pics
imprévisibles (6). Sur un autre plan, la crédibilité de l’Afrique dans la
promotion de la bonne gouvernance et de l’intégration pourrait être gravement
remise en cause si les processus de reformes devait échouer dans cette région.
Pour ne pas conclure
Afin de
saisir la chance du développement, l’Afrique devrait s’adapter au nouveau
contexte mondial car notre monde dans les années à venir sera vraisemblablement
plus interdépendant, plus complexe et plus instable. Il est par conséquent
d’autant plus vital que les Etats membres choisissent la voie de la coopération
et de l’intégration, qu’ils parviennent à s’exprimer d’une seule voix et tenir
le même discours dans les affaires internationales (7). Le débat en cours sur
la reforme des politiques et les institutions africaines doit être examiné a la
lumière des futurs défis que l’Afrique devra relever, et non uniquement à
l’aune des controverses passées. Il ne fait de doute que la gestion d’une union
élargie et appelée a s’agrandir d’avantage est complexe et exige un effort
intellectuel et un capital politique intenses. Mais les véritables enjeux de prospérité
et de stabilité de l’Afrique se situent au delà de ses frontières : ils
impliquent le règlement des tensions géopolitique dans les zones avoisinantes
et la prise en prise en compte des nouveaux acteurs mondiaux dans la politique
et l’économie internationale (8-9). En d’autres termes, le débat sur les reforme
de l’Afrique devrait aller de pair avec une réflexion stratégique sur les
valeurs internes et le règlement des conflits ethniques qui minent le continent,
les intérêts et les objectifs de l’Afrique dans les affaires internationales.
En envisagent avec méthode son propre avenir et sa position dans le monde
l’Afrique sera mieux armer pour se reformer elle même et aider à forger un
monde meilleur et plus sûr.
Amadou Hampâté Bâ est un écrivain et ethnologue malien né à Bandiagara (Mali) en 1901 et mort le 15 mai 1991 à Abidjan (Côte d’Ivoire).
Joseph Ki-Zerbo est un historien et homme
politique burkinabè né le 21 juin 1922 à Toma (Haute-Volta, aujourd’hui Burkina Faso) et décédé le 4 décembre 2006 à Ouagadougou.
Sources
(1) Négrologie: Pourquoi l'Afrique
meurt Poche – 6 juin 2012 de Stephen Smith
(2) Aspects de la civilisation
africaine Poche – 2000 de Amadou Hampate Ba (Auteur)
(3) Africains, levons-nous ! Poche 23
septembre 2010 de Patrice Lumumba (Auteur), Jules Ferry (Auteur), Sékou Touré (Auteur)
(4) Codes noirs : De l'esclavage aux
abolitions Poche – 4 mai 2006de André Castaldo (Auteur), Christiane Taubira (Préface)
(5) Et si l'Afrique refusait le
développement? Broché – 3 mai 2000de Axelle Kabou (Auteur)
(6) L'aide
fatale : Les ravages d'une aide inutile et de nouvelles solutions pour l'Afrique Broché – 16 septembre 2009 de Dambisa Moyo (Auteur), André Zavriew (Traduction)
(7) Le Temps de l'Afrique Poche – 1
septembre 2011 de Jean-Michel Severino (Auteur), Olivier Ray (Auteur)
(8) Comprendre l'Actualité Géopolitique et Relations
Internationales Broché 17 décembre 2013 de Michel Nazet (Auteur), Jean-François Segard (Illustrations)
(9) La Mondialisation Nouvelles Dynamiques Géopolitiques
et Géoéconomiques Broché 18 juin 2013 de Pierre Dallenne (Auteur), Frédéric Buchy (Auteur)
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