Photo d’illustration
Béchir Ould Khalifadevait célébrer son mariage avec Fatma Mint El Herim Ould Hassan le 7 juillet 2011. Mais ce jour là il était convoqué avec des membres de sa famille au tribunal régional de Rosso. La belle famille aussi était là et l’objectif était de casser l’union consacrée une semaine auparavant, le 1er juillet.
Son représentant, Mohamed Ould El Am, relate les faits.
‘Nous avons contacté M. El Herim Ould Hassan il y environ un an pour demander la main de sa fille pour le jeune instituteur Béchir Ould Khalifa. Le père de la fille entouré de ses proches dont sa sœur Minetou Mint Hassan nous a bien reçus. Le père de la jeune fille nous a même dit qu’il connaissait les parents de Béchir. Par la suite nous sommes allés voir El Herim pour fixer la date du mariage. La belle famille était prête à célébrer l’union sur le champ mais nous avons préféré attendre les grandes vacances, d’autant plus que Fatma Mint El Herim Ould Hassan est élève au collège de Rosso.
Le 1er juillet, l’union a été consacrée en présence du père de la fille (voir fac simile ci-joint) et il était convenu que la célébration du mariage ait lieu la semaine suivante. Mais à notre grande surprise il est venu le 6 juillet nous apporter une convocation au tribunal. C’est ainsi que le lendemain 7 juillet, nous nous sommes rendus au tribunal où nous avons d’abord rencontré un greffier. Nous avons été reçus après par le procureur. M. El Herim Ould Hassan a expliqué qu’il voulait dissoudre le mariage parce qu’il ne savait pas si le jeune à qui il avait accordé la main de sa fille ‘était chrif, Znaga ou … ou….’ ‘ou esclave’ complétera Béchir à qui le procureur dira qu’il n’avait pas la parole. El Herim a aussi expliqué qu’il avait subi des pressions et que le responsable de leur tribu, M Banoune Ould Eminou avait menacé de bruler le quartier où réside le jeune marié si le mariage n’était pas annulé. Certains proches de El Herim Ould Hassan ont même prétendu que ce dernier très souvent malade et ne jouissait pas de toutes ses facultés de sorte qu’il n’était pas habilité à marier sa fille. Le procureur a rappelé au père de la jeune fille quelques versets de Coran faisant état de l’égalité entre tous les hommes avant de demander aux deux parties de trouver un terrain d’entente. Béchir Ould Khalifa, le jeune marié a expliqué que si sa belle famille était venue le voir directement pour lui faire part de ses préoccupations, il aurait pu comprendre et éventuellement accéder à sa demande. Mais comme l’affaire est portée au niveau de la justice, alors que la justice suive son cours. Le procureur a demandé aux deux parties de se présenter devant le juge le dimanche 10 juillet. Il avait suggéré aussi au jeune marié de ne pas tenter d’emmener la jeune mariée dans la nuit du 7 juillet comme initialement prévu. La fille qui était au tribunal a été interrogée. Elle aurait dit qu’elle aimait son tout nouveau mari et qu’elle ne souhaitait pas la dissolution du mariage.
La situation est plutôt délicate. Il semble que les parents de la fille ne veulent plus du mariage parce que ce serait une mésalliance pour eux. Le problème est que ce n’est pas facile de trancher dans cette histoire. La loi 2007/48 en son article 9 punit quiconque ‘empêche de se marier, une femme prétendue esclave contre son gré’ mais elle ne parle pas de ceux qui empêche un homme (prétendu esclave ou de classe inférieure) de se marier… Dans tous les cas on est semble-t-il en face d’un cas de discrimination qui ne dit pas son nom.
Pour l’heure la famille de Béchir Ould Khalifa s’en remet à la justice et lance un appel à toutes les organisations qui luttent pour les droits de l’homme.
RJTCD
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