L'esclavage en Mauritanie:une esquisse de débat
Notre péché originel n'est pas celui issu de cannan fils de cham mais d'avoir vendu les nôtres à notre propre détriment en nous étripant au bénéfice des autres races. L'homme noir doit être réhabilité et pour ça nous devons revisiter notre histoire, l'assumer en tirer les conséquences et nous appuyer la dessus pour notre réhabilitation. Nous devons cultiver une estime de nous même non au détriment d'autrui mais pour le respect de soi même dont dépendra le respect réclamé à l'autre. Pour abonder dans le sens du débat je vous livre en partage de lecture la conclusion de Tidiane Diakité sur "LA TRAITE DES NOIRS et ses acteurs africains". Je vous laisse méditer. Début de citation Le Portugal fut la première nation qui ouvrit la porte du marché aux esclaves africains destinés à l'exportation vers l'Europe puis l'Amérique. II fut, avec l'Espagne, la dernière nation à refermer, sous la pression anglaise puis internationale, l'entrée des ports d'Afrique, d'Europe et d'Amérique aux navires négriers, ce qui sonna le glas de quatre siècles et demi de commerce d'esc1aves africains à travers l'Atlantique. Pourquoi les Noirs et pourquoi si longtemps ? Jadis, des chrétiens européens furent réduits en esclavage par des musulmans parce que jugés «infidèles». Durant la même période, des musulmans furent réduits en esclavage par des Européens chrétiens parce que « mécréants ». Le Nouveau Testament interdit de réduire des chrétiens en esclavage comme le Coran interdit de réduire des musulmans en esclavage, tandis que l'Ancien Testament ordonne de libérer ceux qui seraient hébreux à la septième année, l’année sabbatique. Tous ces interdits ne furent pas respectés au cours des siècles, loin de là. Mais si des Noirs furent réduits en esclavage par les Arabes musulmans et par les Européens chrétiens parce que descendant mythiques de Cham et sans religion (du Livre), donc païens, des Africains animistes réduisirent eux aussi d'autres Africains animistes en esc1avage. Sans toutefois tenter de se justifier par leurs croyances religieuses. La traite atlantique aurait-elle atteint cette dimension si l'attitude de la papauté aux XVI" et XVII" siècles avait été aussi ferme à l'égard de la traite des Noirs qu'elle l'a été au sujet de l'assujettissement des Indiens d'Amérique, le phénomène ayant été initié et soutenu par des nations catholiques d'Europe ? Si la traite fut incontestablement un crime contre l'humanité parmi les plus odieux, cette «barbarie jusqu'alors inconnue dans l'histoire de la barbarie », ses criminels sont à rechercher en Europe et en Afrique. Mais on ne peut s'exonérer de cette question fondamentale : comment des Africains noirs ont-ils pu, à une telle échelle et pendant si longtemps, vendre des Noirs africains ? Pour Voltaire« il est surprenant de voir des hommes vendre leur liberté, leur vie, leurs concitoyens aussi tout étourdiment que font ces malheureux noirs. » Sans la participation active et intéressée des Africains eux-mêmes, la traite atlantique n'aurait eu ni l'importance ni la durée qu'on lui connait. La seule nuance à apporter est que les sources écrites qui décrivent les pratiques, l'attitude et les logiques des acteurs africains, rois et intermédiaires divers, proviennent quasi exclusivement d'auteurs européens : récits de voyages, rapports et mémoires de capitaines et marchands négriers, de directeurs de forts ou de missionnaires religieux. Ce défaut de documents écrits émanant de rois ou de chefs africains porte quelque préjudice à l'évaluation globale et définitive de la dimension africaine du phénomène, dans la me sure où de tels témoignages auraient pu servir de contrepoint permettant de mieux cerner les vrais mobiles de l'action de ces protagonistes autochtones. Cependant le nombre considérable, la persistance, de même que la concordance des témoignages étalés sur la très longue durée accréditent le rôle des Africains non dans le déclenchement, mais dans la persistance et la gravite du phénomène, même si force est de reconnaitre que la traite atlantique eut ses majors, mais aussi ses intermittents, ses figurants sans grade au statut improbable et ses « malgré eux ». Quoiqu'il en soit, 1'« abolition» et 1'« abolitionnisme » sont avant tout le fait des Européens voulant proscrire un phénomène vieux de quatre siècles et demi et qu'ils avaient eux-mêmes initié. Par sa durée exceptionnelle, la traite atlantique eut des effets multiples. Si l'on ne peut avec exactitude en évaluer l'ampleur sur les plans économique, social, psychologique et démographique, deux effets du trafic négrier restent cependant immédiatement perceptibles, palpables et quotidiens et ils n'auraient pu être sans cette participation active des rois et chefs africains. Le premier de ces effets, né de ce climat trouble fait de désordre, de méfiance et de terreur au quotidien se résume dans la fragmentation extrême des peuples et des consciences (sans doute ancienne en Afrique, mais accentuée par la traite), dans une déstabilisation et une insécurité profondes imprimées dans l'âme africaine, se traduisant par la peur ; la peur de l'autre, du voisin, du Blanc. Phénomène amplifié plus tard par la colonisation qui signifia pour l'Africain une perte totale de repères, le tout culminant dans un sentiment d'infériorité vis-à-vis de l'Européen, du Blanc d'une manière générale. Le second effet est aussi permanent que pernicieux : la dégradation durable de l'image de l'Africain et du Noir en général, devenu au fil des ans cet être singulier, mi-animal, mi-objet, vendu à la criée, par paquets, ou sur les marches au milieu des chevaux et des bibelots. L'expression « traite négrière» ou « trafic négrier» en est la vivante démonstration car les rois africains n'étaient pas plus estimes des Européens que leurs sujets qu'ils leur vendaient. Ils furent par conséquent victimes des mêmes préjugés, d'où la dénomination si expressive de « roitelets nègres » associée à « traite négrière. » Cette dévaluation morale finira par rejaillir sur l'Afrique entière et constituer un des multiples rémanents de la traite. Cela ne s'arrêta pas avec la fin officielle du trafic esclavagiste qui portait en germes tous les préjugés antinoirs Du XV" au XVIe siècle, les rois africains étaient considérés comme des païens dont il fallait arracher les sujets malheureux au paganisme diabolique pour les élever aux lumières salvatrices du christianisme. Ces souverains ainsi que ceux qu'ils vendaient n'étaient pas encore perçus comme des « sous-hommes ». Mais à partir du XVIIe siècle et jusqu'à la fin du XVIIIe siècle qui marqua l'apogée de la traite atlantique, le monde entier, et l'Europe en particulier, fut imprégné du spectacle insolite et des réalités de la traite sur les côtes d'Afrique : des Noirs donnant la chasse à d'autres Noirs pour les vendre aux Blancs sous le patronage de rois qui n'étaient plus désormais que roitelets nègres sanguinaires, expressions inconnues du Moyen Age au XVIe siècle. Entre le XVIe et le XVIIe siècle, l'image des souverains africains s'était tachée de l'empreinte esclavagiste qui recouvrit tout le continent. Cette image devenue ainsi celle de l'Africain en général fut en partie à l'origine de la négrophobie et des thèses racistes pseudo scientifiques du XIXe siècle en Europe et aux Etats-Unis. Les théories sur l'inégalité des races et l'infériorité de la « race» noire ne pouvaient trouver meilleur terreau pour s'épanouir. La conséquence la plus désastreuse et la plus handicapante de la traite, pour 1'Afrique d'aujourd'hui, n'est pas tant la ponction démographique d'hier que la plaie non cicatrisée. Les effets de la traite ne sont pas seulement matériels, ils sont aussi culturels et psychologiques. Son impact peut encore être pris en compte dans réévaluation de l'Afrique contemporaine, mais sans victimisation pérenne stérilisante. On ne peut vivre éternellement sous le poids du passé. En réalité, parmi les nombreux sous-produits du commerce des esclaves et de la participation active des Africains à ce trafic, se trouve ce qu'il conviendrait de qualifier de « culture de traite. » II s'agit d'un abandon de soi devant les produits matériels en provenance de 1'Occident et de la tentation du gain facile et rapide par des moyens condamnables. La principale caractéristique de la traite atlantique, au-delà de l'aspect humain ou humanitaire, fut inégalité et contraste : inégalité des profits et contraste des effets. Les rapports qui lièrent les Européens aux Africains durant ces cinq siècles furent des rapports dis- symétriques. . Les Africains commencèrent par donner aux Européens de la poudre d'or contre de la poudre de fusil, puis des hommes contre des armes pour se combattre et se détruire, afin de fournir encore plus d'hommes pour avoir plus d'armes ... Ce faisant, ils devinrent les pyromanes de leur propre destin. Les Européens allumèrent 1'incendie, mais les Africains alimentèrent le feu. Si les XVIIe et XVIIIe siècles sont considérés comme les siècles obscurs de l'Afrique, ceux qui suivirent ne furent pas plus lumineux. A la traite devait succéder la colonisation qui eut, parmi ses mobiles évoqués, l'extinction du brasier allumé sur les cotes africaines depuis le XV" siècle. Etant incapables d'arriver eux-mêmes à bout du sinistre par leurs propres moyens, les Africains ne pouvaient par conséquent, en aucune manière, résister à la pénétration coloniale dont ils avaient préparé le terrain. Ils ne pouvaient résister ni militairement, ni techniquement, ni même passivement. La résurgence en Afrique, principalement en ces lieux de sinistre mémoire de la traite atlantique de jadis, d'une nouvelle forme d'esclavage dont les enfants sont les victimes est une preuve de la permanence de cette « culture de traite ». La décontamination des esprits ne fut pas programmée après l'abolition officielle du trafic des esclaves. Une telle « désinfection mentale » reste à faire car les germes de la traite sont encore vivants sur le continent africain. Du temps de 1'apogée du trafic négrier à nos jours, le niveau technique et technologique de l'Afrique n'a pas varié comparativement à celui des pays occidentaux, hier acheteurs d'esc1aves. La colonisation, qui succéda à la traite, n'a pas œuvré pour combler ce vide. L'écart est encore plus grand aujourd'hui. L'Occident avec ses techniques et sa science produit encore plus et plus facilement de choses qui, toutes, tentent les Africains, lesquels n'ont pas les moyens de les produire eux-mêmes ou ne s'en donnent pas les moyens. Ils restent par conséquent dépendants dans ce début de XXIe siècle, comme naguère, des produits européens et du mirage de l'Occident. La « mentalité de traite », est donc cette autre plaie de l'Afrique contemporaine qui doit requérir l'attention de la communauté internationale et mobiliser la conscience des Africains eux-mêmes. Cette mobilisation permettrait de toucher aux racines profondes de l'un des obstacles majeurs à l'évolution de leur continent. Ce n'est certainement pas le procès des acteurs européens de 1a traite des Noirs, demandé par certains, qui ferait progresser l'Afrique, bien au contraire, car rien ne sert de gémir sur les fers du passé, sur 1a mémoire de 1a traite et de la colonisation. Et si, aujourd'hui, des chefs d'Etats africains réclament une indemnisation financière de la part des Européens pour cause de traite atlantique, il serait juste qu'ils exigent aussi réparation auprès des descendants de tous les rois et chefs africains qui, naguère, ont fait 1a promotion du commerce des esclaves pour en tirer de considérables profits. Ils feraient preuve ainsi d'une salutaire pédagogie pour leurs peuples. Si la traite des Noirs a constitué un phénomène unique dans l'histoire, le comportement des Africains entre eux, durant toute la période où ce trafic d'êtres humains s'est pratiqué, est aussi d'une terrifiante singularité. Fin de citation Assumons nôtre histoire et avançons. Cette abomination et ces conséquences sur l’homme noir quelque soit son statut, l’enrayer de la planète doit être un impératif. A nous d’y prendre conscience. Djibril BA |
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