Les autorités
mauritaniennes embastillent les défenseurs des droits de l'homme et consacrent les théoriciens de l’esclavage
Cheikh
Ould Vall, militant d'IRA-Mauritanie et membre de son Comité de la Paix,
sera libéré ce lundi 25 août 2014, après avoir purgé une peine de six (6) mois
d’emprisonnement. Ce militant, durant sa vie carcérale, a été victime de toutes
sortes de sévices.
Pour
rappel, son arrestation et son emprisonnement sont consécutifs au fait qu’il
était allé assister sa mère Khadijetou Mint Bah victime d'expropriation
foncière de la part du Hakem et du Juge du département de Mbout, Wilaya du
Gorgol (avec Kaédi comme capitale régionale), et ce au profit d'une personne influente
connue pour son penchant esclavagiste.
Ainsi,
le militant Cheikh Vall a subi 6 mois de
calvaire pour son refus de l’esclavage, alors qu’au même moment les tenants du
pouvoir récompensent le sieur Ahmed Ould Ehil Daoud en le nommant ministre des
affaires islamiques et l'enseignement originel.
A
IRA, grande a été notre surprise, ce « Faqih esclavagiste » ayant été limogé en
2012 , suite à une émission qu'il avait animée sur les ondes de la radio
nationale, et au cours de laquelle il enseignait la jurisprudence sur la vente
des esclaves, les conditions et les traits physiques indésirables d'un esclave
en vente. Nous n'avons pas non plus oublié les fatwas rendues par ce singulier
individu ainsi que ses appels à la liquidation physique du président d’IRA, en
août 2012, suite à l'incinération symbolique des livres de l'esclavage. Ces
fatwa, à l'époque, jetaient l'huile sur le feu et appelaient même, de façon à
peine voilée, à la guerre civile.
L’intervention
à l’époque de ce personnage était pour le moins inopportune pour plus d'une
raison, d’autant qu'il est inadmissible de légiférer au 21ème siècle
sur la vente de personnes ; et ce, sur les ondes même d'une radio dite
nationale, quand bien même, au demeurant, elle appartient à un système qui nie
l’existence de l'esclavage en Mauritanie. Cette sortie, comme son actuelle
consécration comme ministre en charge des affaires islamiques, vient démentir
le discours officiel et confirmer, une fois de plus, que nous sommes une
contrée d’esclavage où les lois de la République ne sont pas faites pour être
appliquées et où les conventions internationales ratifiées par la Mauritanie
sont allègrement foulées au pied par des individus qui appellent, sans vergogne
et sans se cacher, à la guerre civile…
A-t-on
besoin de rappeler l’histoire de la jeune esclave de Nouadhibou pour confirmer
cette hypocrisie du système qui nous gouverne ? Sur cette affaire, Mr
Mohamed Ould Bilal était entré en contact avec la Coordination d’IRA à
Nouadhibou pour l'aider à récupérer son épouse, Fatma Mint Mohamed Ould
Lekweiri, retenue en esclavage par la dame Zeina Mint Babe, de passage dans
cette ville.
La
coordination de IRA à Nouadhibou avait informé les autorités et plaidé pour
l’application de la loi 048/2007 incriminant l'esclavage. Cette coordination
avait aussi organisé un sit-in auquel ont participé beaucoup de ses militants
devant le commissariat de police qui continue à trainer les pieds dans le
traitement de ce triste dossier.
Pire,
la police, faisant fi de la loi, avait arrêté, pendant plusieurs heures, la
victime (la femme de Ould Bilal). Quant à la coupable - qui est, apparemment,
au-dessus de la loi - elle avait été entendue pendant quelques minutes et était
repartie alors même qu’elle était accusée d’un crime contre l’humanité, qu’elle
reconnaît d’ailleurs.
IRA
– Mauritanie :
1- se joint à Cheikh
Vall pour compatir avec son calvaire carcéral et salut son courage et son
dévouement pour la cause et se félicite de sa libération, demande aux
organisations nationales et aux organismes internationaux de défense des droits
humains d'assister ces deux autres défenseurs des droits humains Hanena Ould
Mbeirik et Boubacar Ould Yatma, détenus d'opinion, qui croupissent en prison
pour leur refus de l’esclavage et le racisme d'etat;
2-
exige
la libération sans délai ni conditions des deux militants abolitionnistes, réitérant que
ni la prison, ni l'intimidation ne viendront à bout de la détermination d'IRA,
de ses militants et de sa direction à accompagner, soutenir et épauler les
opprimés et autres damnés de la terre. Le refus de l'Administration à légaliser
IRA et l'autorisation quasi-automatique accordée à ses transfuges n'y
changeront rien;
3
exprime
sa grande déception et son indignation pour la nomination du faux faqih Ahmed
Ould Ehil Daoud alors qu’il a déclaré sur les ondes de la radio nationale son
hostilité à l'égard des Hratin et son attachement au droit à l'esclavage ;
4
prend
à témoin l'opinion nationale et internationale de la volonté du pouvoir
mauritanien de soutenir les esclavagistes, contre vents et marées, et la
fausseté de ses allégations et discours dans les forums des droits de l'homme,
dans lesquels il tente, urbi et orbi, à faire passer désespérément, la
Mauritanie comme un champion de la lutte contre l'esclavage et ses corollaires.
À travers la nomination de ce sulfureux faqih, le pouvoir ne fait pas que
confirmer son soutien aux esclavagistes mais il donne surtout sa bénédiction,
sa suprême onction et son encouragement à ceux qui appellent au meurtre et au
génocide des Hratin ;
5
rappelle à l’opnion nationale et
internationale les méthodes anciennes-nouvelles de l’administration
mauritanienne relatives au traitement des dossiers en lien avec l’esclavage
bien que la constitution stipule que c’est un crime contre l’humanité. Apparemment, les lois mauritaniennes ont été
élaborées pour « la consommation externe ». La réalité est que le
régime défend l’esclavage et les esclavagistes . Ainsi, les lois se retrouvent
vidées de tout leur sens dissuasif.
Nouakchott, le 25 Aout 2014
La Commission de
Communication
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