Comme
à son habitude, le régime autiste de Mohamed Ould Abdel Aziz a fixé
unilatéralement la date de l’élection présidentielle au 21 juin 2014. Au-delà
du fait qu’elle exacerbe la crise politique dans laquelle est plongé le pays
depuis quelques années, cette décision vient confirmer le peu de cas que le
régime fait de la composante noire de ce pays. En effet, l’élection
présidentielle à venir, tout comme les
élections législatives et municipales de la fin de l’année dernière, repose sur
un fichier électoral émanant de l’enrôlement raciste et discriminatoire
vis-à-vis des Noirs, tant décrié depuis son lancement en 2011.
Sous
le prétexte de doter le pays d’un état-civil biométrique fiable, c’est à une
vraie épuration ethnico-raciale que se livre l’Agence Nationale du Registre des
Populations et des Titres Sécurisés (ANRPTS) dont le patron n’a de comptes à
rendre qu’au Président de la République. Le refus d’enrôler les rapatriés
mauritaniens du Sénégal, dont seuls 8000 sur un nombre total d’un peu plus de
24000 ont réussi à s’inscrire, les rejets quotidiens de milliers de citoyens
pour des motifs fallacieux et l’obstruction systématique à l’enrôlement de la
diaspora noire en Europe constituent aujourd’hui les exemples les plus
illustratifs du caractère raciste et discriminatoire de ces opérations. La
privation de l’état-civil est aussi une réalité pour une grande masse des
Haratines, en particulier ceux qui vivent encore sous le joug de l’esclavage et
dont la filiation pose problèmes. Dans le même temps, les sahraouis, les
touaregs et autres arabes du Mali sont enrôlés à tours de bras par simple affinité
épidermique.
Mais
le régime ne se contente pas simplement d’exclure les Noirs, il exclut
également tous les pauvres du droit de vote. Ceux parmi ces derniers qui ont la
chance de se faire enrôler sur les registres de l’état-civil en restent
pourtant exclus par celui-là-même qui s’est autoproclamé Président des pauvres,
par le prix dissuasif, pour un père de
famille nombreuse, dont il faut s’acquitter pour pouvoir jouir de sa carte
d’identité et en faire bénéficier l’ensemble de la famille..
Touche
pas à ma nationalité considère qu’il n’y a point de démocratie sans la
reconnaissance préalable de la citoyenneté pleine et entière de l’ensemble des
filles et fils du pays au-delà de leurs appartenances raciale, ethnique,
tribale ou sociale. Il n’y aura point de légitimité pour un président issu
d’une élection basée sur un fichier électoral raciste et discriminatoire. Par
conséquent, Touche pas à ma nationalité ne se sent nullement concerné par cette
mascarade en vue qui n’a d’autre objectif que d’entériner le génocide
biométrique initié par le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz.
Nous
en appelons à la responsabilité de tous et en premier lieu à celle de la classe
politique, au régime en place accroché à son pouvoir comme à l’opposition qui
n’a d’autre objectif que de l’en déloger, et nous rappelons qu’au-delà des
querelles pour le contrôle du pouvoir il y a l’intérêt suprême de la Mauritanie
qui est en jeu, celui de sa survie.
Nous
interpellons l’opposition boycottiste pour une réelle prise en charge des
problèmes nationaux et pour la destruction du système raciste et esclavagiste
qui régit la vie de notre pays depuis l’indépendance et qu’elle ne remet pas
fondamentalement en cause. Il ne suffit pas de crier au boycott, il faut agir
pour que ce système soit à jamais banni. Autrement, il n’y aura point de salut
pour ce pays qui nous est cher.
Fait à Nouakchott le 01 juin 2014
Pour le Bureau Exécutif,
Le Président,
Alassane
DIA
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