Si les autorités mauritaniennes ont vite accusé le
mouvement IRA et ses membres d’être à l’origine des violences qui ont émaillé
le déguerpissement des habitants du squat sis à l’hôpital Bouamatou, la cellule
de communication du mouvement IRA accuse elle directement les Renseignements
généraux mauritaniens (RG) d’être derrière ces graves incidents. Les
observateurs trouvent que les autorités administratives de Nouakchott sont
allés vite en besogne en s’immisçant dans un dossier pendant devant la justice
et en désignant publiquement des coupables sensés pourtant être innocents
jusqu’à ce qu’une cour régulièrement constituée ne se prononce sur leur cas,
comme le stipule la Constitution mauritanienne.
De violents heurts ont opposé le 29 juin 2016 un
groupe d’individus masqués à une force de police venue exécuter un ordre de
déguerpissement de quelques familles qui squattaient depuis des années un
terrain privé. Un car de la police a été brûlé durant l’incident et plusieurs
autres véhicules appartement à des particuliers ont été également endommagés.
Dans la foulée, plusieurs policiers ont été pris à parti par les manifestants
armés de pierres et d’armes blanches, selon le témoignage des policiers dont
certains éléments ont été grièvement blessés. Vingt-quatre heures après cet
évènement, la police a procédé à l’arrestation de plusieurs dirigeants et
membres du mouvement IRA (Initiative de résurgence du mouvement
abolitionniste).
La version des autorités
Selon la version officielle, un terrain appartement à un homme d’affaires a été squatté par des centaines de familles de la communauté harratine, il y a de cela plusieurs décennies. Ce terrain était destiné à un complexe hôtelier. Le projet n’a jamais eu lieu, et le propriétaire a finalement morcelé ce vaste espace situé en face de l’hôpital Bouamatou qu’il aurait vendu en lopins de terres. Soucieux de présenter une image moins reluisante de la Mauritanie à quelques encablures d’un Sommet arabe extraordinaire, les autorités auraient décidé de faire déguerpir les familles installées. Un deal aurait ainsi été conclu aux termes duquel les habitants seront déplacés vers une zone périphérique de Nouakchott en contrepartie de lopins de terre qui leur seront attribués plus une compensation financière symbolique. Un montant de six millions d’ouguiiyas aurait été remis à des représentants des familles. Seulement, il semble qu’une partie d’entre elles n’étaient pas au courant au deal et n’a reçu ni compensation ni lopin de terre. Une autre version soutient que toutes les familles recensées dans le squat ont bénéficié des mêmes égards.
Le 29 juin, le préfet du Ksar accompagné de techniciens et d’éléments de la police est accueilli par une foule de jeunes en colère. Une violente altercation s’en était suivie au bout duquel des policiers auraient été pourchassés, bastonnés, blessé. Un car de police fut incendié et des véhicules privé endommagés.
Le lendemain, la police arrête le 3ème vice-président d’IRA, Diop Amadou Tijane à son domicile qui sera perquisitionné et ses ordinateurs emportés. Six autres éléments du mouvement seront également appréhendés chez eux. Le 1er juillet, c’est au tour de Balla Touré, Secrétaire aux affaires extérieures d’IRA, d’être arrêté.
Dans son JT de 20h 30 ; la télévision publique accorda une grande tranche à l’évènement, fait parler les populations et le Wali de Nouakchott-Ouest. Ce dernier accuse sans ambages le mouvement IRA d’être à l’origine des évènements. Il précise que Diop Amadou Tijane Ballé Touré et les autres responsables d’IRA avaient mené la fronde et qu’ils ont été arrêtés sur les lieux.
Le même jour, les autorités administratives procédèrent au transfert des familles au quartier Dubaï situé à l’entrée de la commune de Toujounine, sur la route de l’Espoir. Quelques 429 familles sont concernées par le déguerpissement-relogement.
Les détenus d’IRA ont été conduits dans des destinations inconnues. Ainsi, le pouvoir mauritanien se trouve de nouveau confronté au mouvement IRA un mois après la libération de ces deux leaders, Birame Dah Abeid et Brahim Bilal Ramadan, respectivement président et vice-président de cette association qui œuvre dans la lutte contre l’esclavage et le racisme. Au moment des faits, les deux leaders précités étaient en tournée aux USA où le Département d’Etat venait de leur décerner le Heroes Award pour leur combat. Auparavant, le mouvement avait reçu à Boston le Prix Lawson James 2016.
Les RG ont tout manigancé
«La mise en scène est tout simplement grotesque » affirme Hamady Lahbouss, conseiller du président Birame Dah Abeid et responsable de la communication du mouvement IRA. Selon lui, ni Diop Amadou Tijane, ni Balla Touré, ni aucun des membres d’IRA arrêtés ne se trouvaient sur les lieux où s’étaient déroulés les incidents du Ksar. Ainsi, le mouvement IRA voit dans les évènements passés la main des RG pour mater l’organisation, agacé qu’elles sont par la cérémonie de remise du Prix des héros contre l’esclavage et la traite que le Secrétaire d’Etat américain aux Affaires étrangères, John Kerry a remis personnellement à Birame Dah Abeid et Brahim Bilal Ramadan.
«Le mouvement IRA, et les autorités mauritaniennes le savent plus que quiconque, n’a jamais agi avec violence et les incidents qui se sont déroulés au Ksar ne portent nullement sa signature » a précisé Hamady. Selon lui, les hommes enturbannés qui étaient à l’origine des graves évènements du Ksar sont des multirécidivistes à la solde des RG. «Rappelez-vous de la manifestation des jeunes du M 25 février lorsqu’ils se sont vus en 2012 confrontés à des bandits utilisés par ces mêmes services de l’Etat » a-t-il ajouté.
Selon les responsables d’IRA, le pouvoir mauritanien a utilisé ces malfaiteurs pour s’en prendre de nouveau à IRA. La tournée de Birame Dah Abeid à Dakar et ses interventions dans les médias sénégalais, n’ont pas été au goût du régime en place. «La colère des autorités a été exacerbée par les trophées que le mouvement vient d’obtenir aux Etats-Unis à quelques jours d’intervalle. D’abord le Prix Lawson James 2016 pour le combat non-violent décerné par le Centre international sur la résolution Non-violente des conflits à Boston, et ensuite, le Prix des Héros contre l’esclavage et la traite délivré par le gouvernement américain à Birame Dah Abeid et Brahim Bilal Ramadan ».
Hamady a également relevé la contradiction flagrante contenue dans le déclaration télévisée du Wali de Nouakchott-Ouest qui a attesté que les personnes arrêtées l’ont été sur les lieux, alors que tout le monde sait qu’ils ont été cueillis un par un dans leur domicile. «Pourquoi la police n’a pas arrêté les gens qui étaient à l’origine des violences sur les lieux où elles se sont produites ? » s’est-il demandé. Selon lui, la volonté du pouvoir d’en découdre avec IRA est claire, soulignant que les évènements du Ksar n’étaient qu’un scénario mal ficelé dont les victimes sont malheureusement de pauvres policiers.
Beaucoup au sein du mouvement trouvent que le jeu des autorités est si grotesque qu’elles ont dévoilé leur intention en accusant directement IRA avant même que la moindre enquête ait été diligentée pour situer les responsabilités. «L’accusation publique du Wali de Nouakchott-Ouest contre IRA porte en elle-même les dessous de cette scabreuse affaire » a noté Ould Lehbouss. Selon lui, il n’appartient pas à l’administration de juger qui est coupable ou non, mais à la justice, or celle-ci ne s’est pas encore prononcé sur le dossier, a-t-il fait remarquer.
Birame Dah Abeid, son épouse ainsi que Brahim Bilal Ramadan et Dado Kane doivent regagner Nouakchott d’ici le 3 juillet selon les sources du mouvement. Les observateurs s’attendent à ce qu’ils soient arrêtés dès leur arrivée à l’aéroport international Oum Tounsy.
Source: http://aidara.mondoblog.org/2016/07/02/evenement-ksar-rg-ont-utilise-malfaiteurs-tremper-ira/
Images de violences policières sur des manifestants-manifestantes pacifistes.
Les doigts cassés
Bras cassé, se sont deux sœurs membres IRA-Mauritanie
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