On croyait
la période d’exception finie et que la Mauritanie s’était résolument engagée
sur la voie de la démocratie et de l’Etat de droit depuis le coup d’Etat de
2005 qui avait mis fin à vingt et une année de dictature tayenne. Depuis le 29
juin 2016, le pays vit sous la terreur du non droit. Une véritable dérive
autoritaire s’est installée avec la séquestration de plus d’une vingtaine de
militants de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) et de
plus de quarante jeunes citoyens issus des familles déguerpies du squatte sis à
l’hôpital Bouamatou de Nouakchott.
Sans mandat
d’arrêt ni de perquisition, ces citoyens ont été enlevés de leur domicile et
conduits vers des destinations inconnues, leurs maisons ont été fouillées de
fond en comble et leurs matériels emportés. Depuis, personne ne sait où est-ce
qu’ils ont été séquestrés. Aucun avocat ni aucun membre de leur famille n’est
entré en contact avec eux en violation flagrante des lois de la République et
des conventions internationales ratifiées par la Mauritanie. Aujourd’hui, tout
celui qui critique la situation actuelle est passible de disparition forcée et
rares sont ceux qui osent lever la voix.
Pour
l’instant, les organisations des droits de l’homme en Mauritanie gardent un
silence coupable face à l’émergence d’un Etat martial qui ne respecte ni ses
institutions ni sa Constitution, ni ses lois. Cette situation doit cesser et le
droit doit être respecté. Si les personnes arrêtées sont incriminées, elles
devaient être présentées à un juge dans les délais de garde-à-vue légaux et les
charges retenues contre elles devaient leur être notifiées. Elles auraient dû
bénéficier de l’assistance d’avocats et leurs familles informées de leur lieu
de détention.
Cette
situation de non-droit est d’autant plus inquiétante que personne ne sera
désormais à l’abri de ce genre de traitement illégal dans un pays qui se dit
respectueux du droit national et international. Personne ne sera plus épargné
par la dérive qui s’est déclenchée et il est du devoir de tous les citoyens de
la dénoncer car nul ne sait à quand son tour.
Par Cheikh
Aïdara
Lire également sur ce lien la liste des personnes
arrêtées:,
IRA-Mauritanie:
Note d’information numéro 4
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