Pétition pour la libération des prisonniers d’opinion en
Mauritanie # halte à l’arbitraire
Oumoulkhairy
BA Mauritanie
Depuis le 30 juin 2016 des militants des organisations de droit de
l’homme ont été enlevés séquestrés torturés durant une douzaine de jours sans
mandat ; puis emprisonnés. Ces détenus sont des prisonniers d’opinion.
Certains écroués uniquement pour avoir fait un usage pacifique de leur droit à
la liberté d’expression, de réunion et d’association, d’avoir exprimé leur
opinion anti-esclavagiste, d’autres d’avoir résisté physiquement face à une
situation insupportable de délogement de population sur leurs lieux de vie
occupés depuis plus de deux décennies.
Des formations politiques et celles de la société civile se sont
unies pour dénoncer cette énième violation de nos droits perpétrée par le
régime actuel. Elles se sont mobilisées contre les injustices et ont fait bloc
pour exiger la libération des prisonniers d’opinion. Un procès est fixé au 3 août 2016,
il est donc urgent pour nous citoyens d’agir pour réaffirmer notre attachement
à la dignité humaine et défendre notre liberté. Vous aussi vous pouvez changer
les règles et arrêter cette épidémie de racisme d’état et d’exclusion.
Par votre signature, vous appelez à la
libération immédiate et sans conditions des militants de IRA, du M25 et de
Mani-Chari-Gasoil arrêtés et détenus depuis le 30 juin 2016.
Au terme de deux années d’emprisonnement pour délit d’opinion et quelques jours après leur libération, Brahim Bilal et lui, Birame Dah Abeid, s’exprimait, le 11 juin 2016, sur la chaine de télévision privée 2STV, qui émet, sur le câble, depuis son siège, à Dakar.
La transcription du propos permet de mesurer à quel degré de maturité et
d’affinement conceptuel parvient le discours de l’Initiative de
résurgence du mouvement abolitionniste (Ira) et des organisations
affiliées, dans le cadre du mouvement de revendication citoyenne en Mauritanie.
La concision, la clarté et le soin des mots d’ordre tranchent d’avec la
période pionnière, quelquefois qualifiée de cacophonique, voire de
populisme outrancier.
Même s’il ne renie les slogans du début ni ne confesse les facilités oratoires d’hier, Birame Dah Abeid aborde
les perspectives de l’engagement, avec davantage d’ambition : avatar
inédit de ce qui ressemble à une dynamique autocritique pour une action
améliorée, il écarte le recours au geste solitaire, puis ouvre la voie à
une alliance avec les forces du changement mais, toujours, sur la base
d’un projet de refondation du pays.
Pourtant et sans doute à cause d’un tel recentrage, la presse et les relais d’opinion des services de renseignements de Mauritanie,
se sont employés, assez vite, à présenter l’entretien, comme une énième
provocation : en quelques jours, la rumeur enflait d’un mot d’ordre de Birame où il appellerait l’Afrique subsaharienne à envahir le pays, pour y porter secours aux noirs opprimés.
Le trouble s’est insinué dans l’IRA et parmi les organisations amies, au point, parfois, d’occasionner un étalage de divergences. Manifestement, Birame Dah Abeid
gêne le système, quand il endosse la stature du rassembleur et
l’arrange bien, tant que son attitude et ses mots se prêtent à une
interprétation de nature à susciter et entretenir la discorde raciale.
Or, à la faveur de la rencontre rapportée en verbatim, le leader de l’IRA lève
le voile sur les raisons de sa première candidature à l’élection
présidentielle, explique le conditionnement de la communauté des anciens
esclavagistes par le pouvoir du moment ; en même temps, il met, ce
dernier, en garde contre le piège de la solidarité mécanique avec la
caste des prédateurs prétoriens sous uniforme de civil. Enfin, il tend
la main de l’union sacrée, pour une Mauritanie de la paix par la seule thérapie de la justice.
« Sans équité, semble réitérer Birame, à ses compatriotes, nous ne sommes frères et ne le deviendront jamais ».
Le nouveau Birame Dah Abeid, symptôme incarné d’une
perfection dans la lutte, jette, ici, les jalons d’un parcours à
réinventer où chaque mauritanien trouvera l’opportunité de concourir,
sur la base du contrat citoyen : « mêmes droits pour tous », ainsi pourrait s’intituler l’interview.
Cheikh Aïdara
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Retranscription de l’interview de Biram le 11 juin 2016 à « ça me dit mag » 2STV Sénégal
2STV Sénégal : Vous
avez vu ces images qui parlent d’elles-mêmes, des images très claires de
l’accueil qui a été réservé à Biram Dah Abeid qui est de l’Initiative
de Résurgence du mouvement Abolitionniste en Mauritanie. Je rappelle
qu’il est un célèbre militant anti-esclavagiste, un célèbre défenseur
des droits de l’homme, dix-neuf mois de détention et lors de la dernière
présidentielle, il est sorti deuxième derrière Abdel Aziz, l’actuel
président de la Mauritanie. D’abord, merci de nous accorder cet
entretien : vous avez choisi de venir ici au Sénégal pour nous accorder
cet entretien. Merci pour cet honneur tout d’abord, mais quelles étaient
les raisons de votre détention ?
Biram Dah Abeid : les raisons de ma détention sont la panique du régime
qui se reproduit depuis 1978, un régime d’officiers issus de la même
communauté, d’officiers réfractaires à toute idée de démocratie, à toute
idée de cohabitation entre les différentes communautés mauritaniennes, à
savoir les Haratine, les Pulaars, les Soninkés, les Wolofs, les
Bambaras et les Arabo-Berbères, un groupe d’officiers qui se relaient au
pouvoir depuis 1978, qui a fondé une ferme, une vache à traire qui
s’appelle la République Islamique de Mauritanie, au détriment de tous
les Mauritaniens et qui ont usé de la violence indicible, du despotisme,
de la répression, du musellement, et ont aussi usé d’un machiavélisme
de division des différentes communautés qui ont adopté fait et cause
pour un groupe de féodaux esclavagistes qui a fondé son mode de vie sur
l’esclavage. Ils ont aussi adopté une gouvernance raciste qui cible et
exclut depuis des décennies les noirs de ce pays. Ils ont aussi
commencé, avec le dernier d’entre eux, le général Mohamed Ould Abdel
Aziz, à mettre au ban de la vie politique, au ban de la gestion du pays,
même les cadres, les personnalités, les hommes politiques, les hommes
d’affaire de la communauté arabo-berbère qui n’ont pas accepté de se
souscrire à une n-ième reproduction d’un système clientéliste, d’un
système anti-démocratique que Ould Abdel Aziz voudrait pérenniser ici en
Mauritanie. Le fait que Biram Dah Abeid et IRA-Mauritanie, mon
organisation, ont pu démontrer sur le terrain intérieur, au sein de la
lutte dans les rues, sur la scène politique, sur la scène des droits de
l’homme, et si dans la diplomatie internationale, notre capacité à
défier le pouvoir et à marquer des points importants sur lui et
d’attirer la sympathie des populations mauritaniennes, l’adhésion des
populations mauritaniennes et la sympathie de la communauté
internationale démocratique, de la communauté des droits de l’homme
internationale. Ceci est notre crime et c’est pourquoi nous étions
emprisonnés.
2STV Sénégal : quand
vous parlez de racisme, le tableau que vous dessinez là est un tableau
qui est très sombre, il faut le reconnaître. Quelles sont les
manifestations de cette forme de racisme dont vous parlez ?
Biram Dah Abeid : le groupe gabegiste qui dirige la Mauritanie depuis
1978 et qui se relaie au pouvoir est un groupe qui a déjà endeuillé,
saigné les Mauritaniens : ils sont responsables d’une tentative de
génocide qui a ciblé les populations noires de la Mauritanie, surtout la
communauté peule.
2STV Sénégal : dans quelle période ?
Biram Dah Abeid : entre 1986 et 1992 : sur ces années, s’est échelonné une tentative d’épuration ethnique
2STV Sénégal : qu’est-ce qui s’est passé concrètement ?
Biram Dah Abeid : elle a été soldée par des déportations massives de
populations noires de Mauritanie par dizaines de milliers au Sénégal et
au Mali, des Mauritaniens de souche, des Mauritaniens autochtones. Les
cadres mauritaniens, les cultivateurs mauritaniens, les enseignants
mauritaniens, les médecins mauritaniens, les infirmières mauritaniennes,
les banquiers mauritaniens, les administrateurs mauritaniens ont été
pris pour cible par l’Etat qui a mis en branle son administration, ses
différents corps sécuritaires, ses services de renseignement et qui ont
fait jeter hors de leur pays des dizaines de milliers de Mauritaniens
pour le seul crime d’être un Mauritanien Pulaar, un Mauritanien Soninké,
un Mauritanien Peul ou un Mauritanien Bambara. Ensuite, il y a eu
radiation massive de ces catégories de Mauritaniens de la fonction
publique : il y a eu une chasse aux sorcières. La fonction publique a
été pratiquement nettoyée ou quasi nettoyée de tous les cadres
haalpulaars, soninkés, wolofs ou bambaras ; il y a eu aussi des
emprisonnements massifs par milliers, des gens ont été arrêtés pour seul
délit d’être noir mauritanien, ils ont été emprisonnés et des centaines
parmi eux ont été passés par les armes dans des exécutions
extra-judiciaires dans le cadre de cette épuration ethnique et le point
d’orgue de cette épuration ethnique a eu lieu le 28 novembre 1990 dans
la garnison de Inal lorsque un groupe d’officiers qui sont là,
maintenant actionnaires, prépondérants dans le régime actuel de Mohamed
Ould Abdel Aziz.
2STV Sénégal : quelle place occupent-ils ?
Biram Dah Abeid : ils sont tous présents. Lui-même Ould Abdel Aziz était
le bras droit de Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya, le dictateur de l’époque
: il était son bras droit. Et il y a son directeur général de la
sécurité et plusieurs autres officiers.
2STV Sénégal : qu’est-ce qui s’est passé ce 28 septembre ?
Biram Dah Abeid : le 28 novembre, c’est le jour anniversaire de
l’indépendance de la Mauritanie et les officiers racistes qui dirigent
la Mauritanie et qui sont dans le cadre d’une épuration ethnique contre
les noirs, surtout l’élément peul, ont choisi 28, comme 28 novembre, 28
personnes, 28 officiers, sous-officiers et soldats mauritaniens, de
l’ethnie peule mauritanienne et qui les ont pendus en guise de
sacrifice.
2STV Sénégal : 28 personnes ?
Biram Dah Abeid : 28 personnes pendues le même jour en guise de
sacrifice pour la fête de l’indépendance de la Mauritanie, le 28
novembre 1990.
2STV Sénégal : mais ce que vous dites là est grave !
Biram Dah Abeid : c’est ce qui a existé !
2STV Sénégal : et personne n’a été au courant ?
Biram Dah Abeid : mais depuis que IRA est née, on a mené une campagne de
sensibilisation sur le plan national et international contre cet oubli,
contre ce silence coupable, contre cette omertà et nous avons dirigé
une caravane que j’ai moi-même dirigé le 28 novembre 2011 jusqu’à la
garnison d’Inal avec les veuves, les orphelins de centaines de
militaires négro-mauritaniens tués, sacrifiés pour les dieux du racisme.
J’ai dirigé cette caravane qui a prié sur la fosse commune où reposent
ces martyrs
2STV Sénégal : la fosse commune se trouve où ?
Biram Dah Abeid : elle se trouve à 450 km au nord de Nouakchott dans la
garnison d’Inal. Il y a d’autres fosses communes qui jalonnent le
territoire mauritanien parce que le carnage et le massacre du 28
novembre à Inal n’est que le carnage le plus symbolique, mais il y a eu
des massacres un peu partout et 616 militaires négro-mauritaniens ont
péri dans le cadre de cette épuration ethnique.
2STV Sénégal : mais
pour votre détention, on vous a reproché d’avoir brûlé le Coran,
d’apostasie : qu’est-ce qui s’est réellement passé ?
Biram Dah Abeid : mais c’est faux !
2STV Sénégal : qu’est-ce qui s’est passé ?
Biram Dah Abeid : ce qui s’est passé, c’est ce que j’ai décliné le jour
où j’ai, d’une manière volontaire, publique et symbolique, incinéré
devant 800 personnes, devant des journalistes étrangers, devant des
journalistes mauritaniens, le Code noir, le code d’esclavage en vigueur
toujours en Mauritanie
2STV Sénégal : c'est-à-dire ? qu’est-ce que c’est que le Code noir ?
Biram Dah Abeid : c’est un code d’esclavage qui est édicté depuis les
siècles passés. Dans les sociétés esclavagistes d’Afrique du nord, c’est
un code qui décrète l’inégalité entre les différentes races et même
c’est un code qui décrète l’inégalité entre genres humains, c’est un
code qui décrète que le synonyme d’esclave est le noir : l’homme noir
est synonyme d’esclave et ces livres autorisent les esclavagistes en
Mauritanie à castrer les esclaves, à violer leurs esclaves, à vendre les
esclaves
2STV Sénégal : ça existe jusqu’à présent en Mauritanie ?
Biram Dah Abeid : ce sont les livres qui sont étudiés, qui sont
enseignés dans les écoles de formation des magistrats, les écoles de
formation des officiers de police, les écoles de formation des imams,
les écoles de formation des érudits et ce sont des codes qui sont inclus
dans le Code Pénal mauritanien. Ces codes noirs que j’ai incinérés sont
la principale source de loi en Mauritanie. Ils sont considérés par la
Constitution mauritanienne comme la seule source valable de loi en
République Islamique de Mauritanie. Ces codes sont considérés en
Mauritanie comme la seule interprétation valable de la religion
musulmane et c’est ce code qui endeuille la majorité, qui a endeuillé de
manière multiséculaire la majorité de la population mauritanienne, plus
de la moitié de la population mauritanienne qui sont les Haratine, ceux
que vous appelez ici les Maures noirs qui sont des esclaves, qui ont
pour origine la ponction que les conquérants arabo-berbères faisaient
au sein des ethnies noires autochtones mauritaniennes. Et ils
réduisaient, conformément à leur mode de vie, ces noirs en esclavage :
un esclavage domestique, un esclavage agricole, un esclavage sexuel qui
perdurent jusqu’à nos jours
2STV Sénégal : autrement dit, en Mauritanie jusqu’à présent on peut trouver des esclaves ?
Biram Dah Abeid : jusqu’à maintenant, 20% de la population mauritanienne
sont des esclaves sur lesquels s’exercent tous les droits de propriété
de la part de leur maître qui exerce un droit de vie et de mort : ils
travaillent sans repos, sans salaire, ils n’ont pas la liberté de se
marier, ils n’ont pas la liberté de voyager, ils ne détiennent pas de
papier d’état civil
2STV Sénégal : en Mauritanie ?
Biram Dah Abeid : en Mauritanie ! et ils sont sujets à des châtiments, à
des mutilations et en Mauritanie il y a l’impunité totale pour les
criminels d’esclavage, les lignages esclavagistes, les familles
esclavagistes, les féodaux qui continuent à pratiquer l’esclavage, ils
bénéficient de l’impunité totale parce qu’ils constituent la seule
source de légitimation du pouvoir des militaires et de Mohamed Ould
Abdel Aziz, un pouvoir qui, bien qu’illégitime du point de vue
démocratique, trouve sa légitimation à travers le soutien que lui
donnent ces féodaux, ces grands électeurs chefs tribaux, érudits,
érudits entre guillemets, érudits religieux qui pratiquent encore
l’esclavage
2STV Sénégal : ce n’était donc pas le Coran ? c’était pas le Coran ?
Biram Dah Abeid : ce que j’ai brulé, ce n’est pas le Coran, j’ai brulé
ces livres pour dégager aux yeux des Mauritaniens et des
non-Mauritaniens une réalité qui met le Coran, qui enlève au Coran son
caractère humaniste. Ces livres enlèvent au Coran son caractère
humaniste, son caractère égalitaire, son caractère sacré, son caractère
divin qui ordonne et qui commande la dignité humaine, le respect de la
vie humaine, le respect de la personne humaine, qui commande la justice,
qui commande l’égalité, qui commande la liberté, qui commande d’adorer
un seul Dieu, qui commande la fraternité entre tous les hommes,
abstraction faite de la race, de l’ethnie, de la couleur de la peau. Et
moi, j’ai incinéré ces livres pour défendre ma religion l’Islam, pour
défendre mon livre saint le Coran, car les livres que j’ai incinérés ne
sont pas des livres saints : ce sont des codes noirs, des codes
esclavagistes confectionnés par des hommes pour des desseins diaboliques
2STV Sénégal : mais le
chef d’inculpation qui était retenu contre vous menait tout droit à la
guillotine, je veux dire à la peine de mort. Concrètement, ce que l’on a
remarqué, par rapport à ça, on a vu que, quelque part, dans ce dossier
qui était bizarre, rapidement, il y a eu un revirement spectaculaire
avec votre libération
Biram Dah Abeid : oui, lorsque j’ai incinéré les livres esclavagistes,
le Code noir, le Code d’esclavage mauritanien, le Chef de l’Etat
mauritanien a enclenché une machine de propagande, d’appel au meurtre
contre moi, qui a eu pour vecteur les imams, les érudits, les officiers
de renseignements, les différents administrateurs du commandement qui
ont enclenché des manifestations suscitées par l’Etat et des slogans
suscités par l’Etat, suscités par les services de renseignements,
suscités par le Chef de l’Etat lui-même qui a dirigé le premier de ces
meetings, appelant à mon meurtre, mais la réaction de la communauté des
justes en Mauritanie, de la communauté des esclaves et des anciens
esclaves en Mauritanie, les Haratine et des différentes communautés
noires mais aussi de tous les éclairés parmi la communauté
arabo-berbère, leur réaction a été rapide et conséquente : il y a eu des
manifestations dans les rues, une opposition à ma pendaison, une
opposition
2STV Sénégal : c’était la peine de mort !
Biram Dah Abeid : oui, une opposition à l’appel à la peine de mort que
le gouvernement mauritanien a décrété dans un Conseil des Ministres, le 4
mai 2012 et décrété aussi par les propos du Chef de l’Etat le 28 avril
2012
2STV Sénégal : le Président de la République lui-même ?
Biram Dah Abeid : le Président de la République, devant une foule de ses
clients esclavagistes et une foule de personnes manipulées par ses
services de renseignements, a déclaré que Biram doit aller à la
guillotine, que Biram doit aller à la pendaison, mais la réaction de la
population mauritanienne a été très claire, très nette et elle a aussi
été suivie de la réaction de la communauté internationale des droits de
l’homme et le gouvernement mauritanien a été obligé de reculer
2STV Sénégal : Nous
allons revenir sur ça. Je rappelle que nous recevons Biram Dah Abeid,
qui est de l’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste en
Mauritanie, IRA, et que c’est un célèbre militant anti-esclavagiste, un
célèbre défenseur des droits de l’homme qui a fait 19 mois de détention
par rapport à ses revendications. C’est qu’en ce moment, vous bénéficiez
d’un soutien assez extraordinaire, parce que les Etats-Unis, j’ai lu
même un article du journal Le Monde qui se souciaient de votre
détention. Vous avez eu beaucoup d’appuis sur le plan international :
qu’est-ce qui l’explique ?
Biram Dah Abeid : ce qui explique l’appui que je peux avoir sur le plan
international, c’est que, depuis la naissance de IRA, contrairement à
mes prédécesseurs, aux mouvements qui nous ont précédés, IRA-Mauritanie a
opté pour une nouvelle démarche militante, très pacifiste,
non-violente, mais axée sur le refus de tout tabou, donc la subversion
des tabous
2STV Sénégal : ce qui est extraordinaire dans ce que vous me dites, 20% d’esclaves ?
Biram Dah Abeid : 20% d’esclaves domestiques sont toujours soumis à un esclavage domestique inhumain en Mauritanie
2STV Sénégal : et les différents problèmes que rencontrent souvent les étrangers ?
Biram Dah Abeid : oui, en Mauritanie, je suis très choqué que le pouvoir
en Mauritanie, par lâcheté, le pouvoir qui domine en Mauritanie, a pris
la communauté maure pour bouclier, ce qui est très désastreux à long
terme, d’un point de vue politique, quand toute une communauté est prise
pour bouclier. Pour une poignée de dirigeants qui, au fond, ne se
soucient pas de l’intérêt de cette communauté, ils l’ont prise pour
bouclier et ils veulent lui dire : « il y a ici le péril de Biram, il y a
ici le péril de IRA, il y a le péril des Haratine, il y a le péril des
noirs. » C’est pourquoi tous les noirs en Mauritanie, même les
étrangers, les Ouest-Africains, les Sénégalais, les Gambiens, les
Maliens, les Ivoiriens, les Ghanéens sont considérés comme un péril en
Mauritanie. C’est pourquoi il y a le contrôle de faciès en Mauritanie
qui ne vise que les noirs et qui englobe les noirs de Mauritanie qui
sont les habitants autochtones de la Mauritanie. Il y a une oppression,
il y a un harcèlement continu et être noir en Mauritanie, ça relève
maintenant d’un parcours de combattant, ça relève de la galère parce que
les contrôles que subissent même les noirs ouest-africains, c’est,
disent-ils, pour essayer de préserver notre pays, notre priorité arabe
de l’invasion des noirs qui nous entourent
2STV Sénégal : vous, vous n’êtes pas accepté par le monde arabe ?
Biram Dah Abeid : bien sûr que même la minorité arabo-berbère, que le
pouvoir militaire voudrait privilégier dans son traitement pour essayer
de continuer à la dresser ethniquement contre les autres ethnies, autres
ethnies avec lesquelles les Maures ont vécu depuis la nuit des temps
dans la symbiose, dans l’entente, que ce soit les Peuls, les Soninkés,
les Wolofs, les Bambaras ou que ce soit même les Haratine qui ont
toujours cohabité même sur une seule concession familiale, avec les
Maures, les Arabo-Berbères. Maintenant le pouvoir veut insuffler aux
Maures, et il a réussi à insuffler aux Maures que les Haratine
représentent un danger, un péril et que les Toucouleurs représentent un
danger, un péril, que les Wolofs, les Bambaras, les Soninkés
représentent une invasion, un péril et que, au-delà de tout ça, les
noirs de la sous-région, que soit les Gambiens, les Sénégalais, les
Maliens représentent un péril. Et c’est ça, l’état d’esprit dans lequel
la communauté maure est conditionnée : la peur de Biram Dah Abeid, la
peur de IRA-Mauritanie, mon organisation, la peur de tous les noirs
mauritaniens, la peur aussi des noirs de la sous-région, des états de la
sous-région
2STV Sénégal : mais il y a d’autres responsables qu’on a connus, qui sont noirs, les Ould Boulkheir Messaoud, d’autres
Biram Dah Abeid : oui
2STV Sénégal : … qui sont dans le champ politique mais qui soutiennent Aziz
Biram Dah Abeid : oui, il y a toujours des faire-valoir dans chaque
communauté de victimes, il y a des faire-valoir même parmi les Maures,
il y a des faire-valoir parmi les Haratine que les militaires détiennent
pour les faire-valoir parmi les Maures, parmi les Haratine, parmi les
Pulaars, parmi les Soninkés, parmi les Wolofs, mais ça ne veut pas dire
que les Maures, les Arabo-Berbères sont bien traités, donc il y a des
faire-valoir parmi eux au pouvoir et s’il y a des faire-valoir parmi les
Haratine qui sont avec le pouvoir, qui collaborent avec le pouvoir, ça
ne veut pas dire que les Haratine sont bien traités et la même chose est
valable pour les Pulars, pour les Soninkés, tous les autres, pour les
Wolofs, les Bambaras
2STV Sénégal : mais
Biram, ce qui est extraordinaire, c’est que vous bénéficiez de soutiens
de puissances étrangères, apparemment, on n’a pas vu en Afrique des
personnes étrangères vous apporter leur soutien par rapport à votre
combat
Biram Dah Abeid : oui, c’est ce que j’ai toujours dénoncé, ce qui m’a
toujours sidéré, c’est le silence des Africains. Quand nous sommes
harcelés, nous, en tant que mouvement non-violent, un mouvement adossé
sur le droit, sur la légalité nationale et la légalité internationale,
sur le droit mauritanien et sur le droit international, nous sommes un
mouvement panafricaniste, nous sommes un mouvement de droits de l’homme,
nous sommes un mouvement qui défend une cause juste et quand nous
sommes inquiétés, nous sommes harcelés, nous sommes emprisonnés, nous
sommes interdits, le Congrès américain apporte son soutien, le
gouvernement américain apporte son soutien
2STV Sénégal : l’Union Européenne
Biram Dah Abeid : l’Union Européenne apporte son soutien, tous les pays occidentaux, la France, l’Allemagne
2STV Sénégal : vous avez beaucoup de soutiens dans ce combat
Biram Dah Abeid : oui, nous sommes l’organisation la plus primée de la
sous-région ouest-africaine, la plus primée de la région maghrébine,
deux régions sur lesquelles la Mauritanie est à cheval, et je suis la
personne la plus primée de ces deux sous-régions par les distinctions
internationales et toutes les organisations non-gouvernementales
internationales nous ont soutenus dans tous nos combats, dans toutes les
péripéties des luttes, d’emprisonnements que nous avons eus en
Mauritanie, mais aucun état africain ne nous soutient. Je dénonce ici,
je dénonce cette solidarité continentale, cette solidarité religieuse,
cette solidarité confessionnelle, cette solidarité tiers-mondiste. Avec
un gouvernement arabe, avec un gouvernement africain qui implante
l’apartheid en Afrique de l’Ouest comme le gouvernement mauritanien qui
bénéficie de l’omerta de la part de la communauté africaine, des états
africains, des organisations africaines, des personnalités africaines.
Mais nous sommes des êtres humains, nous, en Mauritanie, nous souffrons
comme souffraient les Africains du Sud sous l’apartheid afrikaner, sous
l’apartheid blanc. Je me demande pourquoi notre souffrance n’est pas
prise en compte, prise en considération parce que nos bourreaux sont
musulmans, sont africains, sont arabes, sont du tiers-monde. Je dénonce
ce « deux poids, deux mesures ». Il y a une diaspora noire dans le monde
arabe qui souffre, qui est invisible. Il faut que les africanistes, il
faut que les africains épris de la liberté, de la dignité, des personnes
d’ascendance africaine puissent s’associer, des noirs au Maroc, des
noirs en Algérie, des noirs en Tunisie, des noirs en Irak, des noirs aux
Emirats, des noirs en Syrie. Ce sont des populations nombreuses,
invisibles, chosifiées qui n’ont pas de soutien
2STV Sénégal : est-ce qu’en prison, vous n’avez pas été approché par le pouvoir ?
Biram Dah Abeid : bien sûr que le pouvoir a enclenché ses procédures
habituelles par lesquelles il a pu recycler tous les opposants qui se
sont déclarés avant moi, qui a pu recycler tous les mouvements qui se
sont opposés au racisme, à l’esclavage avant moi, avant IRA. Mais notre
mouvement est un mouvement d’une véritable résistance, est un mouvement
qui a pris en compte les erreurs du militantisme passé des Mauritaniens,
des mouvements militants qui nous ont précédés, des militants qui nous
ont précédés. Donc pour nous il n’y a pas de compromis, pas de
compromission avec le régime esclavagiste, raciste, gabégiste,
anti-démocratique mauritanien, tant qu’il n’a pas accepté l’idée de se
saborder, l’idée de se déconstruire
2STV Sénégal :
qu’est-ce qui vous a poussé à être candidat à une élection
présidentielle, la dernière d’ailleurs ? vous êtes arrivé deuxième,
c’était la grosse surprise
Biram Dah Abeid : à la dernière élection présidentielle de 2014, je sortais de prison
2STV Sénégal : encore ?
Biram Dah Abeid : oui, je sortais de prison suite à l’incinération des
livres esclavagistes et j’étais pris en tenaille par le pouvoir et
l’opposition au pouvoir qui se sont tous retrouvés dans un même camp, le
camp des livres, le camp de l’esclavage, le camp du racisme, le camp du
silence sur les forfaits de l’esclavage, le camp du silence sur les
forfaits du racisme et j’ai été obligé d’assumer mon rôle de pourfendeur
des deux têtes du système esclavagiste, qu’il soit l’opposition ou le
pouvoir, les deux têtes du serpent. J’ai assumé ce rôle et je n’avais
aucun engagement avec l’opposition qui demandait la peine de mort contre
moi à cette époque et qui incriminait le pouvoir pour dire que le
pouvoir n’est pas allé jusqu’au bout pour me mettre à mort. Je sais
bien, je ne remercie aucunement le pouvoir, je ne dois rien au pouvoir :
le pouvoir a reculé devant ma mise à mort, devant la pression populaire
et la pression internationale. Donc, je devais jouer le jeu des
populations, le jeu de IRA, le jeu de Biram : les populations qui sont
indépendantes des deux têtes du système en Mauritanie, la compétition
entre cette opposition et le pouvoir, c’est une compétition au sein du
même système, ce n’est pas une opposition, c’est une opposition au sein
du système, pas une opposition en dehors du système et contre le
système. C’est pourquoi je me suis porté candidat pour plusieurs raisons
dont les deux plus simples sont que le gouvernement et les différents
compartiments de l’opposition m’ont taxé d’apostat, d’ennemi de l’Islam
et la constitution mauritanienne stipule que toute personne qui n’est
pas musulmane n’est pas habilitée à diriger la République Islamique de
Mauritanie, constitutionnellement parlant. C’était un défi : j’ai
présenté ma candidature parce que je m’adressais aux populations et le
Conseil Constitutionnel qui est l’instance la plus haute, la plus haute
juridiction de Mauritanie, a accepté ma candidature et a décrété, a
décidé
2STV Sénégal : mais avec le boycott de l’opposition, c’était facile !
Biram Dah Abeid : oui
2STV Sénégal : Aziz avait besoin d’un challenger ?
Biram Dah Abeid : je reviens à ça. Le Conseil Constitutionnel a déclaré
que Biram Dah Abeid a tous les éléments constitutifs qui font de lui le
président de la République Islamique de Mauritanie. Donc, l’accusation
d’apostat est tombée à l’eau et c’était pour moi une preuve à montrer
aux populations, à la communauté internationale, que ce gouvernement est
incohérent, que ce pouvoir est incohérent, et aussi, c’était pour moi
une occasion de parler directement dans les médias mauritaniens qui
m’ont toujours été interdits et qui me sont interdits maintenant depuis
la fin de la campagne présidentielle de 2014. J’ai pu parler pendant 15
jours aux populations mauritaniennes pour déconstruire les idées reçues
dont le gouvernement a fait, à travers ses médias, la propagande, que
les autorités, le camp féodal, le camp esclavagiste, le camp des
racistes ont fait. C’était pour moi une occasion de déconstruire et de
proposer aux populations mauritaniennes le vrai Biram, le vrai visage de
Biram, le vrai visage de IRA, le vrai discours de Biram et le vrai
discours de IRA
2STV Sénégal : d’autre
part, vous dites que, quelque part, on peut vous suspecter d’avoir fait
le jeu de Aziz, parce que l’opposition avait boycotté
Biram Dah Abeid : oui, ce n’est pas facile de convaincre les gens qu’une
personne dont l’organisation est interdite depuis toujours, depuis sa
naissance, dont le parti politique est interdit depuis sa naissance,
quelqu’un qui séjourne chaque année ou chaque deux ans en prison pendant
plusieurs mois
2STV Sénégal : peut battre un président
Biram Dah Abeid : on ne peut pas le suspecter de réussir à convaincre
les gens, que cette personne est suspecte de collaboration ; je pense
que ça, c’est l’arme des impuissants, l’arme des faibles, l’arme de ceux
qui n’ont pas pu porter le défi aux militaires, au pouvoir, à la
dictature que nous, que moi et IRA, nous avons porté. C’est facile de
nous accuser, mais je pense que la suite des choses a pu édifier plus
d’un sur le fait que ces accusations sont des accusations de personnes
impuissantes qui n’ont pas de poids
2STV Sénégal : au-delà
de l’aspect de la gestion des ethnies, est-ce qu’on ne peut pas, à la
limite, avec votre discours très engagé, avec les mots dont vous parlez,
éprouver une certaine crainte que, une fois que vous êtes candidat, que
vous êtes arrivé au pouvoir, il y aurait une sorte de revanche ?
Biram Dah Abeid : les Maures, les Arabo-Berbères n’éprouvent pas une
crainte dans mon discours, ils éprouvent une crainte à cause de la
propagande que leur insuffle le pouvoir qui désinforme, qui détient tous
les moyens d’information, tous les médias, les mosquées et utilise les
médias publics et privés qui sont sous la coupe du gouvernement, les
mosquées, toutes les réunions publiques pour diaboliser Biram Dah Abeid,
pour diaboliser son discours, pour diaboliser IRA. Je vous ai dit au
début que le gouvernement, par l’entretien de la peur de Biram, de la
part de IRA, de la peur des noirs, du péril noir que le gouvernement
entretient chez les Maures, chez les élites maures et, de ce fait, il
les prend en otages, il les prend en bouclier pour les défendre. Mais au
fond, Mohamed Ould Abdel Aziz ne défend pas les Maures, parce que les
Maures ne sont pas en danger et lui n’est pas la meilleure personne
indiquée pour les défendre, ni ses compagnons et prédécesseurs parmi les
militaires gabégistes et racistes qui n’ont que trop détruit le tissu
social en Mauritanie, l’unité nationale en Mauritanie, l’entente et la
cohabitation en Mauritanie. Donc, nous nous opposons à chaque fois que
nous en avons l’occasion à ce discours qui entretient la peur chez les
Maures par notre vrai discours. Nous sommes là et Biram est là, IRA est
là pour tirer la sonnette d’alarme, pour empêcher la déflagration, la
confrontation ethnique dont les militaires entretiennent tous les
condiments, toutes les causes, toutes les sources. Nous sommes là pour
désamorcer la bombe, nous sommes là pour ramener les Arabo-Berbères dans
leur ancienne cohabitation, historique et multiséculaire avec toutes
les ethnies noires, dans le cadre des échanges du savoir islamique, dans
le cadre des échanges commerciaux, dans le cadre des relations
politiques, culturelles, matrimoniales, des relations économiques. Nous
sommes là pour corriger les torts historiques, corriger les
anachronismes historiques que sont l’esclavage qui a lieu depuis la nuit
des temps et qui perdure par la faute de l’Etat mauritanien dirigé par
des gens qui n’ont pas la conscience nécessaire, la volonté nécessaire,
le souci de régler les problèmes historiques de la Mauritanie
2STV Sénégal : est-ce
que vous pensez que Aziz ne va pas faire un tripatouillage au niveau de
la constitution pour solliciter un troisième mandat ?
Biram Dah Abeid : bien sûr qu’il s’achemine vers ce dangereux exercice
2STV Sénégal : je rappelle que la constitution est bloquée à deux mandats
Biram Dah Abeid : la constitution bloque Aziz à deux mandats, donc il
est obligé de se retirer au bout de son deuxième mandat qui se termine
en 2019, mais lui est en train de faire des manœuvres pour rempiler pour
un troisième mandat en tripatouillant la constitution. C’est pourquoi
je lance un appel à tous les hommes politiques mauritaniens, à toutes
les Mauritaniennes et tous les Mauritaniens épris de justice, tous les
partis politiques mauritaniens, toutes les ONG en Mauritanie, tous les
hommes politiques mauritaniens, quelles que soient leur ethnie, leur
race, leur origine, leur orientation politique. Je leur tends la main,
moi, Biram Dah Abeid au nom de mon organisation, IRA-Mauritanie et au
nom de mon parti, le parti radical pour une action globale, le PRAG, je
leur lance un appel pour une union sacrée de tous les mauritaniens pour
barrer la route, de manière déterminée et déterminante et de manière
pacifique, à Mohamed Ould Abdel Aziz et à sa clientèle pour qu’ils ne
réitèrent pas en Mauritanie le scénario burundais qui a endeuillé le
Burundi et qui a enflammé les tensions au Burundi et qui a fait perdre
des centaines de vies humaines, des centaines de départs de personnes
déplacées
2STV Sénégal : Biram,
votre mouvement n’est pas reconnu, votre parti politique n’est pas
reconnu, comment allez-vous poursuivre votre combat ?
Biram Dah Abeid : On poursuit notre combat par le soutien indéfectible
et large, que vous avez vu dans votre reportage, des populations
mauritaniennes. Nous sommes l’organisation la plus puissante en
Mauritanie, l’organisation politique et des droits de l’homme la plus
puissante. Nous avons la plus puissante capacité à mobiliser, nous
sommes l’organisation qui a le plus essaimé à l’intérieur du pays qui
détient toutes ces cellules, ces sections sur l’étendue du territoire
mauritanien, qui détient des sections dans beaucoup de pays, comme le
Sénégal, la France, la Belgique, l’Allemagne, l’Italie, les Etats-Unis
et beaucoup d’autres pays pour ne citer que ceux-là. C’est une
organisation qui est aussi bien intégrée dans le système diplomatique
international parce que les responsables onusiens, les responsables des
organisations sous régionales ou des organisations internationales ou
les diplomates des puissances démocratiques quand ils viennent en
Mauritanie, ils rendent visite au Chef de l’Etat mauritanien, celui qui
représente l’Etat, mais aussi, rendent visite à Biram Dah Abeid,
président de IRA. Donc nous sommes, diplomatiquement une organisation
2STV Sénégal : très reconnue
Biram Dah Abeid : oui, très bien organisée en réseaux, très puissante et
nous sommes à l’intérieur une organisation populaire très bien soutenue
et qui peut lever des populations dans le cadre de ses activités
2STV Sénégal : Très bien ! Alors, quel serait votre dernier message ?
Biram Dah Abeid : mon dernier message doit être adressé en deux temps,
aux Mauritaniens et aux Africains. Je lance un appel à tous les
Mauritaniens et leur dis que je leur tends la main, à tous les partis
politiques mauritaniens, à tous les partis d’opposition, surtout
l’opposition radicale, qui n’acceptent pas le tripatouillage de la
constitution, qui n’acceptent pas de s’assujettir au diktat de Mohamed
Ould Abdel Aziz. Je tends la main aussi à toutes les personnes qui sont
au sein du pouvoir, dans les arcanes, dans les rouages du pouvoir, même
dans les hauts rouages du pouvoir, mais qui reconnaissent la légitimité
de ma lutte, de la lutte de mon organisation et je leur dis qu’un jour,
on va collaborer et que je suis prêt à collaborer avec eux pour faire la
transition en Mauritanie, pacifique, mais sûre vers une vraie
démocratie, vers une alternance pacifique, vers un vrai état de droit où
toutes les Mauritaniennes et tous les Mauritaniens, quelle que soit
leur ethnie ou leur origine, trouvent leur compte, trouvent leur
dignité, trouvent leur nationalité pleine et entière, contrairement à
maintenant où beaucoup de noirs mauritaniens souffrent du fait qu’on
leur a retiré leur nationalité ou sur le point de leur retirer leur
nationalité. Je lance un appel aussi à la communauté africaine pour lui
dire de s’impliquer dans la lutte contre le racisme, l’esclavage et les
violations des droits de l’homme en Mauritanie, comme elle s’est
impliquée dans la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, car toutes
les apartheids se valent, toutes les oppressions se valent, toutes les
injustices se valent. Je vous remercie
2STV Sénégal : Merci
beaucoup Biram d’être venu sur notre plateau pour nous ouvrir votre cœur
par rapport à ce qui se passe en Mauritanie. Comme je vous l’avais dit,
dans votre émission « ça me dit mag », on essaie de faire bouger les
choses véritablement dans le bon sens, pour le respect des droits de
l’homme, pour la démocratie, pour la justice. C’est pour cela que nous
avons eu l’immense plaisir d’avoir accueilli sur ce plateau Biram Dah
Abeid.