Après dix
jours d’attente, le Président Mohamed Ould Abdel Aziz et son Premier ministre
ont dévoilé la composition de leur gouvernement. Plusieurs anciens ministres,
notamment ceux de souveraineté ont été reconduits sans surprise. Six femmes
sont entrées au gouvernement. Onze nouvelles nominations. Les traditionnels
dosages par voie de tribu, de région, de communauté ont été pris en compte. La
griffe de personnalités puissantes civiles et militaires sont clairement
visibles à travers certaines promotions. Finalement, la révolution attendue n’a
pas eu lieu. Le PM a promis un gouvernement de compétences. Voilà. Le Président
tenait à associer les formations politiques qui soutiennent son programme en
tant que majorité présidentielle consolidée. Voici. Deux formations y sont
entrées : Karama et UDP. Six Négro Africains occupent paritairement (Deux
Halpular, deux Peulhs, deux Soninkés) les portefeuilles du ministère secrétaire
général de la Présidence, des finances, de l’éducation nationale, du
secrétariat général du gouvernement, des Mauritaniens de l’étranger et
l'environnement. Les Ouolofs sont totalement absents de cette équipe
gouvernementale. Sur les 26 strapontins, les Maures (Blancs et Noirs)
c'est-à-dire les Beydhanes et les Harratines qui constituent la majorité de la
population disposent de 20 postes ministériels avec 17 pour les Beydhanes et 3
pour les Harratines. C’est juste un constat. Pas plus. Rien à voir avec cette
histoire de partition de la grande communauté Arabe ou Arabo berbère ou
Beydhanes comme aiment à l’appeler les uns ou les autres. L’essentiel ici est
de démontrer la fausseté des professions de foi maintes fois ressassées par ces
décideurs malhonnêtes et leurs thuriféraires qui ne ratent aucune occasion de
verser des larmes de crocodile sur l’unité nationale menacée chaque fois que
des citoyens consciencieux réclament justice et équité dans l’accession aux
hautes fonctions de l’Etat. Ce n’est pas une occasion de réveiller les démons
de la division en ceci ou en cela. Mais la realpolitik impose néanmoins
certaines remarques. Il faut bien que la formation d’un gouvernement réponde à
un certain nombre de critères. Représentativité populaire, compétence,
moralité, allégeance aux gouvernants et autres qualités prédisposant à occuper
une haute fonction nationale. Dans leur communauté Beydhane, les Harratines ne
peuvent pas faire moins de la moitié de ce groupe. Si l’argument de
l’incompétence se justifiait au début des années 80 et même un peu après,
personne ne peut plus aujourd’hui se prévaloir de cela étant entendu qu’il est
difficile de citer un domaine dans lequel les cadres de cette composante ne
sont pas légion. Nonobstant ceux qui sont de l’APP, d’El Wiam ou même d’IRA
«innommables », les Harratines de l’UPR sont les plus grands applaudisseurs,
les plus grands laudateurs et les plus grands glorificateurs au point de friser
l’exagération et l’excès. Normalement, la parité devrait prévaloir entre les
deux groupes d’une même communauté. Autrement, la composition du nouveau
gouvernement semble confirmer les propos prêtés au PM selon lesquels les
Harratines constituent une minorité. Les trois portefeuilles (habitat,
enseignement supérieur, énergie) qui leur ont été donnés constituent un
véritable recul sur le plan de la participation de cette importante frange
nationale à la gestion de la chose nationale. Or, l’émancipation effective de
cette composante sociale passe par son implication réelle dans les affaires
publiques proportionnellement à son poids démographique et aux qualités
humaines, professionnelles et intellectuelles de ses cadres. Pour cela, il faut
une grande dose de courage, de vision et de responsabilité. Certaines forces
rétrogrades, négationnistes et féodales s’y opposeront sur la base étriquée et
totalement fausse de volonté de certains de partager le pays. Mais la témérité,
le civisme et l’intérêt de la Mauritanie résident dans la capacité de leur
faire comprendre que le pays appartient à tous ses fils sur la base des seuls
critères de compétence, de formation et de moralité. Toutes les autres
considérations ne sont plus d’actualité et ne sont plus acceptables. J’entends
déjà des voix décompter les postes. Assemblée Nationale. Conseil Economique et
Social. Conseil Constitutionnel. Effectivement. Mais le recul est net. Il ne
s’agit pas de partager un gâteau. Certes. Mais la politique de l’attelage des
Djinns (côté plein, côté vide) n’est pas juste. Beaucoup de choses se racontent
autour cette histoire du partage de responsabilités nationales. Dans
l’administration civile et au sein des corps constitués. Certaines
organisations proches de certains milieux dénoncent parfois à juste titre, mais
avec une certaine surenchère voire même exagération cette situation. Elles vont
même jusqu’à en faire une menace de l’unité nationale. Ce qui n’est pas
totalement faux. L’injustice, l’exclusion et la marginalisation peuvent mener
aux dérapages les plus pires et les plus dramatiques. Continuellement, surtout
pendant cette dernière période, les autorités nationales donnent par leurs
agissements maladroits des arguments aux nageurs en eaux troubles de tout bord.
La désignation des membres du dernier gouvernement en est une preuve éloquente.
Sneiba.
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