Le titre est évocateur en ce sens que la technicité
épistémologique de la pensée se trouve dans le rétroviseur du champ politique.
L’actualité politique mauritanienne de ces derniers jours est marquée par un
événement politique bouleversant et agaçant de la part de ceux à qui l’acte
politique d'un des leurs qu’il considérait comme l’incarnation des principes et
des idéaux de justice est un acte humiliant et dégradant démontrant par
l’incapacité des leaders de la cause noire en Mauritanie à mener le combat jusqu’au
bout, pour l’intégrité et le respect de la dignité du peuple.
Cependant, cet homme tant décrié par ses propres frères est un
éminent épistémologue, est le seul docteur en épistémologie dont les enseignements
méthodologiques et la pensée philosophique ont formé de bels esprits.
Aujourd’hui, de par la méthode heuristique de cet enseignant humble aussi calme
et limpide que l’eau, aussi posé qu’à l’image de la mécanique épistémologique
du champ de la pensée rayonnante des disciplines scientifiques, dont la douceur
de la voie ne peut être captée que par ceux qui sont mordus par la rigueur et
l’orthodoxie de l’enseignement philosophique.
Vous avez compris sans aucun doute que cet homme n’est autre que le
professeur et maître de conférences M. Diallo Alpha, docteur en épistémologie
et membre fondateur du parti politique AJDMR qu’il vient de quitter pour se
rallier au camp de la majorité présidentielle.
Loin de faire "l’avocat du diable", en tant que disciple
du professeur Diallo Alpha, dont le silence qu’il incarne ne peut être compris
que par un initié, je viens tout simplement de bonne foi, essayer de contribuer
à la clarification du débat en toute modestie, pour éviter un cataclysme au
sein de notre peuple, vu le dégoût et l’agacement que ce dernier (le peuple)
ressent auprès de ceux qui étaient censés incarner la lutte pour l’égalité
entre tous les Mauritaniens.
Son acte politique qui a suscité un tollé chez les
Négro-mauritaniens, à qui on ne comprend les réactions tant par la violence de
l’acte politique du professeur que l’on surnomme dans la langue Pulaar
"Maayo so hééwi degnaat", il me semble que les eaux tranquilles du
fleuve dans lequel vague l’esprit de cet illustre épistémologue comme dans le fleuve
du Nil Kemite au temps du Noun primordial, le temps des pharaons, vient d’être
secoué par un coup violent réveillant en lui tous les dragons que le fleuve
regorge, qui l’agite profondément.
Et cela m’a conduit à méditer et sortir de mes gongs pour éclore
les petites analyses qui ne cessaient de tourner en boucle dans ma tête et dont
les échos murmuraient finement et intelligemment dans mes oreilles.
J’ai saisi cette occasion pour dévoiler ma vision du champ
politique mauritanien. C’est dans ce cadre que nous allons d’abord faire une
analyse approfondie de la réalité critique de la politique mauritanienne sur
tous ses aspects idéologiques.
Partant des concepts fondamentaux de la naissance de
l’Etat-Nation, je suis à mesure de dire que la Mauritanie ne s’est pas encore
dotée d’un État ni d’un drapeau. Ce que l'on voit n’est que de la poudre aux
yeux vu que le pays repose sur des khaima et des tribus de la communauté
dominante, ignorant et excluant progressivement l’autre partie du pays,
reléguant le sud dans la pauvreté et la misère.
Les problèmes politiques en Mauritanie sont purement raciaux et ne
datent pas de l’avènement des événements de 1989, mais bel et bien de l’époque
coloniale. C’est le colon qui est le premier responsable du chaos politique qui
règne en Mauritanie en excluant les populations negro-mauritaniennes du legs du
pouvoir politique, considérant ces derniers comme des redoutables combattants
de la liberté qui, une fois au pouvoir, réclameront une indépendance digne de
ce nom en tant qu'hommes libres et dignes.
Partant dans l’optique du blanc et du noir dans la pensée raciste
occidentale à l’époque, les Maures héritèrent du legs du pouvoir politique
colonial. C’est ainsi que le feu premier Président Mokhtar Ould Daddah a
orienté le pays dans le nationalisme arabe, d’où le début du système
d’arabisation à outrance.
C’est ainsi que n’acquit le nationalisme arabe basé sur des
idéologies racistes et négationnistes, cherchant à dénégrifier le pays par
toutes les voies imaginables possibles. Les idéologies chauvines des bassistes
et des nasséristes constituent des preuves irréfutables pour parler dans le
jargon épistémologique, car c’est de ça qu’il s’agit dans cet article.
Résumant le processus des idées racistes et incendiaires des
chauvins, le système ségrégationniste et négationniste battra son plein avec
l’arrivée du colonel Taya qui est l’auteur d’un génocide sur les populations
negro-mauritaniens durant les années de braise.
C’est ainsi que le système militaire se mettra en place après
avoir arraché le pouvoir des mains d’un grand d'Ould Haidalla qui avait une
dimension de la foi religieuse très profonde et qui était sur un très bon
processus d’unir les Mauritaniens en s’attachant à des valeurs humaines sacrées
qui priment sur les appartenances raciales et ethniques. Avec lui, la
Mauritanie a failli se doter d’une Nation forte et emblématique reconnaissant
tous les enfants du pays.
La dictature de Taya, mis en place un système corroboré dans la
corruption, le détournement des deniers publics, terrorisait la population
négro-africaine par la brutalité de la police et abrutissant quelques officiers
nègres ce qu’on appelle "les nègres de service".
De 1984 à nos jours, la Mauritanie baigne dans un système
monstrueux dirigé par des hommes assoiffés de pouvoir, démunis de valeurs
humaines, dépourvus de tout respect en vers les citoyens, pavant dans le pays
comme des hors-la loi. Et entre eux, il n’y a que des criminels et des
corrompus que la justice appellera bientôt à comparaître.
L’acte du professeur analysé sous cet angle, c’est-à-dire sous
l’angle de la lutte contre un système qui au-delà de son aspect raciste et
esclavagiste, vu que c’est devenu un clan de dignitaire corrompu et un cercle
de criminels, est condamnable à tous les niveaux. Cependant entre l’acte du
professeur et le système il y a eu un laps de temps qu’il faudra bien analyser
pour pouvoir appréhender l’aspect épistémologique de la pensée politique du
professeur.
En effet, le système commença à connaître ses premières heures de
tremblement politique quand ils commencèrent à devenir infréquentables à
chercher un bouc émissaire ou jeter à la pâture l’un parmi eux pour masquer les
atrocités qu’ils ont commises et la barbarie dont ils ont fait preuve. Comme
entre des cow-boys dans un film de western chacun cherchant à se blanchir, ils
n’hésitèrent pas à se débarrasser du premier responsable du génocide contre la
population noire, Maouya Ould Sidi Ahmed Taya.
C’est durant cette instabilité du système que l’un des derniers
cadets du système qui était cet enfant négligeant du système apprenait
techniquement et tactiquement les rouages du système. Ce dernier n’hésitera pas
à se démarquer du chaos de par son courage et de sa témérité. Ce cadet du
système se nomme Mohamed Ould Abdel Aziz, l’actuel Président du pays sans
Nation.
Certes ce dernier a déstabilisé un bon processus de réconciliation
nationale entamé par Sidi Ould Abdellahi, le processus de rapatriement des
déportés noirs dans le pays et qui était animé d’une volonté politique et d’une
bonne foi de construire une unité nationale forte, il a lui aussi su à sa
manière se démarquer du système qui l’a conçu mais qu’il poignarda dans le dos.
Loin de blanchir qui que ça soit dans le système de Taya à Aziz,
je ne fais que décrire des faits par une vision objective en saisissant la
mécanicité opératoire épistémologique dans l’œil du politique.
En effet, Aziz s’est de manière factuelle désolidarisé du système,
tout en signalant qu’il est essentiellement lié au système par la pensée idéologique
nationaliste. Comme le professeur Diallo Alpha l’a clairement souligné dans son
article de ralliement à la majorité présidentielle, Aziz s’est montré ferme
contre les intouchables qui se croyaient hors-la loi et contre quelques
technocrates corrompus.
Il a également affiché une volonté ferme à recadrer le pays, en
redistribuant quelques des miettes aux pauvres à travers les boutiques de
charité, à qui je me demande si ceux qui sont censés en bénéficier en profitent
vu le caractère "gazraoide" dans lequel le Mauritanien est habitué.
Il a bouté le vieux compagnon de Taya à savoir Ely Ould Mohamed Vall qui est un
des monstres du système. Sous cet-angle, on pourrait dire qu’Aziz est plus ou
moins un dissident contre le système même s’il est constitué du système de A à
Z.
Vu sous cet-angle, l’acte du professeur de ralliement à l’UPR
n’est pas un crime contre la population négro-africaine, ni une trahison des
idéaux pour lesquels il s’est battu durant toute sa jeunesse, mais un
ralliement de coalition pour essayer d’aider à celui qui veut incarner une
Mauritanie juste et prospère, débarrassée de toute idéologie raciste et
ségrégationniste.
Seulement, nous disons à notre
cher professeur que ce bel idéal de reconstruction n’aura aucun sens tant que
les bourreaux des événements de 1989 ne seront pas jugés et que les
responsabilités de chacun soient définies et connus, de Maouya au cadet Mohamed
Ould Abdel Aziz lui-même, et bannir du cercle politique tous ces fachos
racistes et barbus allergiques à la race Kemite, la première race qui dompté la
nature et posé les bases des premières civilisations humaines (cf. Cheikh Anta
Diop "Nation Nègre et Culture").
Cependant, venons-en aux raisons qui ont amené cet éminent
mécanicien de la pensée à surprendre tout le monde en se ralliant à l’UPR. Ici,
je vais dire des choses qui vont choquer ceux dont les esprits ne sont pas
disposés à entendre la vérité, car dit-on que la vérité c’est comme de l’eau
froide qui ne fait mal qu’à la dent malade… Je vous demande gracieusement de
soigner vos dents pour pouvoir boire l’eau froide qui jaillira de l’encre de ma
plume qui ne fait que cracher la vérité toute crue.
L’acte du professeur exprime un ras-le-bol contre le mépris du
peuple mauritanien qui n’a pas une culture de reconnaissance ni une culture de
respect à ceux qui dédient leur vie au savoir pour éclairer le destin de tout
un peuple et de tout un pays, hormis la classe maraboutique et les gros bonnets
qui se font respecter et choyés par leur argent. Diallo Alpha, à l'image de
Cheikh Saad Bouh Camara, Sall Amadou, Sow Abdoulaye, Ould Yassa, Bâ Mamadou
Kalidou, Dia Alassane, sont de ceux que j’appelle les lumières mal servies chez
les siens.
Cet homme que l’on décrie est pourtant l'un des premiers à créer
le parti AJDMR pour la défense de la cause des populations noires du pays et de
l’égalité entre tous les citoyens de toute race et de toute appartenance
communautaire. Cependant c'est pourquoi il luttait est mort dans le parti
depuis des lustres.
Son silence dans ses faits et gestes est un silence qui observe et
voit les choses venir de loin mais par modestie et par humilité, il accepte
avec philosophie et prends toujours le bon coté des choses avec un air de
quelqu’un qui a compris le déroulement des choses et répond par un simple
sourire, tout en restant ferme dans la rigueur de la pensée.
Comment des hommes qui se disent incarner la justice l’équité et
l’égalité en privilégiant l’humain d'abord avant son appartenance quel qu’il
soit, peuvent-ils tomber dans des logiques identitaires d’appartenance sordides
qui appartiennent à un autre passé. Partant du principe que parmi les
Haalpulaar’en conservateurs membres du parti de l’AJDMR dont les ténors qui
n’arrivent pas à dépasser leurs ego ni les logiques de mérite par naissance, je
conclus que les idéaux du parti se sont écroués par terre. Aucun mouvement
Haalpulaar’en quel qu’il soit ne réussira si dans leur représentation du monde
il y a un N°1 et un N°2. Je m’explique tant que ces derniers sont prédéterminés
par la logique de caste nourrissant leurs ego, rien de ce qu’ils feront ne
seront élevés au rang des justes. Ils pourront soulever tout un peuple mais
leur effort s’écrouleront comme un château de carte car basée sur des idées
rétrogrades et absurdes.
Un professeur d’un grand mérite qui s’est battu durant une
vingtaine d’années pour une cause juste, il n’a eu en retour que mépris et
dédain de la part de ceux à qui il initia à la cause politique. Ceux-ci
témoignent le manque de travail personnel à éduquer le cœur à n’aimer que la
justice et à vivre conformément au bien et à bannir les querelles personnelles,
des intérêts égoïstes, à entériner des calculs et des tactiques politiciennes,
qui ne produisent que des hommes médiocres avec des âmes tordues et errantes
dans le mensonge et l’impie.
Comment des hommes qui affichent de l’extérieur une bonne volonté
d’unir la nation sur des fondements démocratiques, et qui font le contraire
dans leurs choix. Quand des hommes avides de pouvoir de cette envergure
dirigent le peuple, ne nous étonnons pas que l’on soit un petit peuple miséreux
devant des hommes riches des biens mal acquis.
Diallo Alpha mérite une grande reconnaissance académique pour son
savoir et ses qualités d’un grand homme, qu’il incarna au sein de l’université
et pour son combat au sein de l’AJDMR, un combat noble et juste.
Il s’est battu pour l’intégration et le respect des droits de ceux
qui sont exclus par la machine dictatoriale tayayiste raciste, et au-delà de
tout pour son abnégation à former des hommes équilibrés et dotés de
savoir-faire pour une nation juste et prospère au nom de l’ensemble des
différentes communautés qui composent la Mauritanie, à travers le prisme de
l’épistémologie, la mécanique de la pensée, capable de construire un cheminement
politique cohérent dans la quête d’une Nation. Une nation forte basée sur des
idéaux pour lesquelles beaucoup d’Hommes y ont laissé leur vie, à l’image de
Abraham Lincoln, Martin Luther King, de Malcom X, de Thomas Sankara pour ne pas
oublier notre grand-père Nelson Mandela que nous appelons affectueusement
Madiba.
Dia
Abdoulaye
Etudiant-chercheur
en anthropologie à l’Institut européen du mangement en collaboration avec
l’Université panafricaine Per Ankh !
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