Initiative
pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA)
Fatma Jemal,
détenue pour lutte contre le racisme et l'exclusion
Le
Procureur de la République près le tribunal de Nouakchott a transféré, jeudi 6
février 2014, Madame Fatma Jemal Mint Achour à la prison pour femmes (
Moughataa de Sebkha, Nouakchott) sous le chef d'inculpation "d'agression contre un agent de police en
cours d'exercice de son métier", un chef d'inculpation dont use et
abuse la justice mauritanienne inféodée au groupe des esclavagistes parmi la
communauté des Maures contre les militants pacifistes d'IRA. Auparavant, le
Préfet de Arafat avait introduit une plainte contre l'accusée et contacté
lui-même le Procureur sans même prendre la peine d'entendre Madame Mint Achour
qui fut agressée par l'agent de police.
Nous
tenons ici, pour édifier l'opinion sur la réalité des faits, à relater le
déroulement des actes qui ont mené à cette situation rocambolesque. Le mercredi
5 février 2014 aux environs de 12 heures, Fatma Jemal, adjointe au président
d'IRA au niveau de la Moughataa de Arafat, remarquait la présence d'un couple
formé d'un monsieur, habillé en civil, accompagné d'une dame qui sillonnaient
le quartier et enregistraient les nécessiteux en vue d'une distribution future
de "l'aumône et de la viande de l'Etat saoudien". La militante d'IRA
remarquait, cependant, que les visiteurs n'enregistraient que les familles
"Bidhane"! C'est alors qu'elle décida de les interpeller, en sa
qualité de défenseur des droits de l'homme, pour leur exprimer son indignation
devant leur attitude sélective: "comment
se fait-il, leur demanda-t-elle, que
vous toquiez aux portes de maisons, visiblement vides, alors que vous avez
plein de nécessiteux, sans maison et qui n'attendent que d'être enregistrés?".
Pour toute réponse, le monsieur en civil lui répliqua: "Ici c'est un quartier à problèmes, ce sont
tous des esclaves ignares et ils ne méritent rien de notre part".
C'est alors que la militante exigea des excuses pour les propos injurieux à
l'encontre de la communauté des Hratine particulièrement visée ces derniers
temps par les segments esclavagistes de l'Etat ethnique. Elle demanda aussi au
"recenseur" d'enregistrer les familles pauvres indépendamment de la
couleur de leur peau et notamment l'une des familles particulièrement indigente
composée de malades et d'orphelins. Mais, là encore, en guise de réponse,
l'homme traita la responsable d'IRA de "maudite petite esclave" et, joignant la parole à l'acte, se
jeta sur elle pour la rouer de coups
obligeant la militante à se défendre.
Quelques
minutes après le départ des deux individus, les habitants du quartier furent
surpris de voir Fatma trainée au Commissariat de police. C'est alors que les
jeunes d'IRA ont décidé de se rendre au Commissariat pour exprimer leur soutien
à leur camarade. Mais là aussi, ce fut la répression qui les accueillait, se
soldant par des blessures subies par le militant Ehmednah Ould Ethmane. Le
lendemain, avec une diligence inhabituelle pour l'Administration, le dossier
fut transmis au Procureur qui décida de déférer Fatma à la prison et faire ainsi
d'elle la première détenue politique d'IRA pour défense des victimes du racisme
et de l'exclusion.
Cet
événement, nouveau dans sa forme, mais très courant dans son essence, est
symptomatique des méthodes de ciblage par les esclavagistes maures visant à
châtier les militants et militantes d'IRA pour le soutien que ces derniers
apportent à la cause des damnés de la terre et victimes des agissements d'une
poignée raciste de préfets, de gouverneurs et de commissaires de police décidés
à précipiter le pays vers une guerre civile dont les prémices ont
malheureusement commencer à poindre à l'horizon.
Nous
rappelons ici que le Président de la section d'IRA à Arafat, Monsieur Dah Ould
Boushab, croupit, lui aussi, depuis plusieurs semaines en prison pour avoir
apporté de l’aide à une pauvre dame qui fut dépossédée de son lopin de terre au
profit d'une parente de l'un des Généraux maures. Aujourd'hui, il est rejoint
en prison par son adjointe, Fatma Jemal, pour des raisons bien similaires.
Les
cas de ces deux militants d'IRA témoignent, si besoin en était, du calvaire
qu'endurent les Hratine au sein des deux Moughataa de Arafat et Toujounine. Ils
témoignent aussi du degré d'influence et de la mainmise des forces
réactionnaires, obscurantistes et ségrégationnistes sur les rouages de l'Etat
et leur capacité à détourner les moyens de l'Administration pour régler leurs
comptes et défendre leurs intérêts. En effet, Fatma Jemal n'aurait jamais été
inquiétée de la sorte si elle n'était responsable d'IRA.
L'Initiative
pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA), tout en réfutant en bloc
les accusations mensongères formulées à l’encontre de Madame Fatma Jemal,
demande:
1-
que cette dernière soit relaxée sans retard ni conditions et dédommagée du
préjudice moral et matériel qu'elle et sa famille ont subi à la suite de cette
agression sauvage orchestrée par le Préfet et ses sbires;
2-
l'ouverture d'une enquête pour violation des droits de l'homme à Arafat et
Toujounine plus particulièrement. Il est, en effet, clair que la cohabitation
entre communautés, dans ces quartiers, est gravement menacée par le favoritisme
systématique des autorités au profit d'une communauté particulière : lors
de chaque litige, les gagnants sont toujours les mêmes et ce sont toujours les
militants d'IRA qui se retrouvent en prison;
3-
l'intervention des organisations de défense des droits de l'homme et des
institutions nationales et internationales pour protéger les citoyens noirs de
Mauritanie contre le racisme d'Etat notamment au sein du "Port de
l'Amitié", des "Bidonvilles", des "Marchés" et des
"Zones tampons";
4-
à l'ensemble des organisations gouvernementales et non gouvernementales
d'exprimer leur soutien aux deux prisonniers d'opinion que sont Fatma Jemal
Mint Achour et Dah Ould Boushab.
Le
Bureau Exécutif
Nouakchott le 08 février 2014
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