Translate

mardi 11 février 2014

L'Editorial de la Nouvelle Expression : Et si Ould Boilil s’excusait !



 L'Editorial de la Nouvelle Expression : Et si Ould Boilil s’excusait !
Félicitations à Mohamed Ould Boilil. Il est, désormais, le président de l’Assemblée Nationale. Mohamed Ould Boilil était venu, il y a seulement quelques mois, à l’hémicycle comme Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation.

Mais Ould Boilil est surtout connu pour avoir été l’auteur d’une négation impardonnable. En effet, répondant à un député sur le problème des Mauritaniens réfugiés au Mali, l’actuel ex-ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation et désormais président de la Chambre Basse du Parlement, avait nié l’existence de ces pauvres hères : « La Mauritanie n’a expulsé aucun citoyen vers le Mali », avait-il clamé.

L’honorable député et Président de l’Assemble Nationale était catégorique dans ses propos ; catégorique alors que la réalité des déportés et réfugiés mauritaniens au Mali est pourtant une évidence qui crève les yeux.

Et depuis, ni lui, ni aucun autre responsable du régime n’a daigné revenir sur ce mensonge d’Etat ; mensonge assez gros pour les interpeller, afin que ce discours de mépris et de chauvinisme d’une autre époque cesse. Il faut donc s’inquiéter que l’auteur de cette insulte contre la cohésion nationale soit aujourd’hui Président de l’une des plus importantes institutions du pays. Il est certain, quand même, que ce sont des propos de ce genre qui contribuent à faire de la Mauritanie un pays qui va mal.

Avec des responsables de cet acabit et leur philosophie atrophiée du vivre ensemble, que peut-on attendre ? Il y a deux ans, j’écrivais ces lignes à l’occasion de « la sortie » de Mohamed Ould Boilil : « Le ridicule et la honte comportementale ; on s’y plait ; c’est notre moi : l’inadmissible admis comme mode d’emploi, de conduite ou de vie. Le mensonge comme règle ou un art de vivre. Un art qui gouverne notre intelligence ou vision pour verser dans le sectarisme et la cécité du commun communautaire.

C’est cette façon de faire qui grippe la Mauritanie, qui la fait souffrir. Ce pauvre pays qui nous a tout donné et que nous continuons de mutiler jusqu’aux fondamentaux. Un demi siècle d’existence dans la culture de l’incivisme et de la navigation à vue.

Alors, il faut repenser ce sempiternel projet de pays dans ses attributs et ses fondamentaux pour les devoirs et droits des citoyens. Ces hommes et femmes qui peuplent cette zone géographique qu’est la Mauritanie ont besoin d’être éduqués à l’école du civisme.

Une école de la promotion et de la vulgarisation des règles de vie en communauté, les règles de l’honnêteté, de l’humanisme ; de partage et de l’acceptation de l’autre dans sa différence. L’école du bannissement de l’opprobre, du mensonge et de l’individualisme narcissique.

Dans l’invention de cette nouvelle Mauritanie, on optera pour une journée de civisme, de partage et de la connaissance de l’autre. Durant cette journée, on nettoiera ensemble nos rues, on mangera ensemble et on se contera notre histoire récente, même celle des atrocités. On chantera « Je jure de ne plus mentir, de ne plus tricher, de ne plus voler, de ne plus trahir. Je donne ma vie à la Mauritanie et à son unité ».

On l’inscrira dans notre loi fondamentale et servira comme règle d’enquête de moralité à toute personne désirant briguer un poste électif, en premier lieu le fauteuil présidentiel. Et cette règle s’appliquera tout au long du mandat électif ; son manquement conduira à l’éviction du fauteur.

La Mauritanie ainsi repensée nous évitera de continuer à être les damnés de cette partie de la planète. Et on méritera la Mauritanie : l’Afrique en miniature » Et si on essayé ! La Mauritanie, dans son ensemble, a besoin, plus que jamais, d’un Etat-nation où le ridicule sera banni ; où la réécriture de l’histoire ne sera pas tronquée.

Un Etat-nation où la vérité, reflet de notre miroir collectif, demeura un devoir, une évidence, une responsabilité citoyenne qui nous concerne tous… Monsieur le ministre de l’Intérieur, premier flic du pays, est aujourd’hui président de l’Assemblée.Qu’il demande pardon au peuple mauritanien et aux compatriotes qui croupissent dans les camps de fortune au Mali et vivent les affres de l’asile depuis plus de 20 ans.

Ces compatriotes ont besoin que ce président de l’Assemblée sache que personne ne doit remettre en cause les fondements de notre Mauritanie, son histoire, ses terres, sa culture et sa civilisation.Cette Mauritanie-là, Monsieur Ould Boilil, est insécable. Continuer donc à refuser à un seul de ses citoyens sa mauritanité relève d’une absurdité inexcusable dont les auteurs répondront inéluctablement demain devant notre Créateur.

Président Ould Boilil, refuser d’affronter cette honteuse histoire de nous-mêmes est très grave. Cette page noire de notre pays, même si elle est l’effet d’une politique, d’un système, d’une époque, ne peut être niée ni escamotée…Nous nous souvenons que les malheurs du Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi avaient eu pour origine son désir de résoudre, pour de bon, ces délicates questions qui ont marqué malheureusement l’histoire de notre pays.

A l’époque, l’un des députés frondeurs (communément appelés « le bataillon parlementaire »), Ould Zamel, avait soutenu devant l’Assemblée Nationale que le retour des déportés n’est pas opportun et qu’il constitue un précédent dangereux qui est de nature à bouleverser la situation démographique du pays.

Ce député est aujourd’hui l’un des responsables de cette Auguste Assemblée, comme vous Mr Ould Boilil, parce que votre parti, l’UPR, l’a voulu. Monsieur Ould Boilil, Mr le Président de l’Assemblée Nationale, regrettez vous vos propos ?

Sinon, sachez qu’avec vos promotions, vous et l’autre député négationniste, l’UPR n’a fait rien de moins que de gifler le peuple mauritanien.L’homme Boïlil qui a parlé et défendu des contrevérités sur la réalité des déportés mauritaniens au Mali ne peut et ne doit pas vous ressembler ; surtout dans vos fonctions actuelles.

C.S.M

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire