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jeudi 30 décembre 2010

Biram et ses amis Quand la police de Taya saboteOuld Abdel Aziz


http://www.cridem.org/media/photos/camara_seydi_moussa.JPG


 «Je rends grâce à ALLAH de m’avoir donné l’occasion
de verser mon sang pour la cause de l’esclavage» déclare Biram Dah Abeid. «Agression contre la police, administration d’une organisation
non reconnue et rassemblement non autorisé » : ce sont là les
chefs d’accusations retenus contre les militants anti-esclavagistes
déférés devant le procureur, ce dimanche 19 décembre
2010. Des chefs d’accusations qualifiés « de flagrant délit ».
Les militants des droits humains, Biram Dah Abeid, Balla Touré
et ses amis sont déposés à la prison civile de Nouakchott pour
avoir cherché à libérer deux fillettes du joug de l’esclavage.
Qu’est devenue la présumée esclavagiste ? Et les enfants
mineurs détenus en esclavage ?
IRA, FLERE et la gendarmerie en passant par la police d’Arafat
: que s’est-il passé réellement ? Quelle époque sommes-nous ?
Les nostalgiques de Taya ont-ils toujours pignon sur rue ou
serait-ce juste un début de bégaiement de l’histoire, un bégaiement
qui va vite s’estomper ?
6militants des droits humains comparaitront demain mercredi 29
décembre 2010 (à moins que l’audience ne soit reportée, une fois
de plus) devant la cour correctionnelle pour des chefs d’accusation
qualifiés de flagrant délit. Biram Dah Abeid et ses amis, pour avoir
dénoncé un présumé cas d’esclavage, sont tombés dans le jeu de la police
et croupissent depuis dimanche 19 décembre 2010 à la prison civile
de Nouakchott. Des militants des droits de l’homme qui vont être défendus
par un collectif de 37 avocats, un déferlement des hommes et
femmes en robes noires qui nous rappelle une triste époque, celle du
régime de Maouya Ould Sid’Ahmed Taya. Une période où les militants
des droits de l’homme et les opposants politiques de son régime étaient
emprisonnés... Tout a commencé, le mardi 13 décembre, quand Biram
et ses amis ont saisi le préfet de d’Arafat pour ce qu’ils considèrent
comme un cas d’esclavage. La police, sur ordre du préfet, devrait se
rendre sur le lieu pour constater le fait et agir en conséquence comme
le veut la loi. Pour ce faire les militants anti-esclavagistes ont exigé leur
présence durant la procédure policière. Chose difficilement acceptée par
la police. Accompagnée des militants, la police s’est rendue à la maison
de la présumée esclavagiste. Elle trouva sur le lieu des militants munis
de banderoles dénonçant ce fait. De retour au commissariat (vers 13h),
la police refusa que les présumées esclaves soient assistées par le groupe
des militants des droits humains. Une police déjà excitée voire
excédée par l’attroupement trouvé devant la présumée esclavagiste.
Devant l’insistance du groupe des militants anti-esclavagistes soutenant
que les présumées victimes sont mineures, la police est sortie de ses
gongs pour réprimer. Biram a été particulièrement visé et bien tabassé.
Il a été atteint à la tête et au genou. Toute la figure ensanglantée et malgré
l’insistance de ses codétenus, le commissaire refusa de le laisser partir
se soigner. C’est seulement entre 1 heure et 2 h du matin, après que
Biram ait refusé de rejoindre la commission chargée de l’interrogatoire
tant qu’il n’est pas soigné, que le commissaire fera venir un infirmier
pour s’occuper de lui. Le président d’IRA et du FLERE dira : «Je rends
grâce à ALLAH de m’avoir donné l’occasion de verser mon sang pour la
cause de l’esclavage» et d’ajouter « Chers camarades, notre liberté doit
être tributaire de l’incarcération de cette femme qui fait travailler ces
enfants mineures en esclavage ». La dame en question a été placée
sous contrôle judiciaire pour avoir fait travailler des mineures.
Déférés devant le Parquet le mercredi 15 décembre, Biram et ses amis
ont été confiés aux bons soins de la Brigade Mixte de Gendarmerie de
Nouakchott, la police ayant été jugée comme juge et partie. Malheureusement,
le dimanche 19 décembre 2010 après enquête menée par
les gendarmes, les charges ne changent pas. Et, en définitive, pour avoir
dénoncé un cas d’injustice et cédé à la provocation de la police, des militants
des droits de l’homme sont partis en prison. Et ce, comme au
temps de Taya. Un épisode qui s’apparente à un discrédit de la volonté
du Président des pauvres par une police qui ne veut décidément pas se
départir des méthodes d’une triste époque qui devait être révolue. Une
grande partie de notre police reste nostalgique du régime de Taya, et
pour fêter le 26ème anniversaire de l’arrivée de Taya au pouvoir
(12/12/84), ce 13 décembre fut l’occasion à ne pas rater. Le peuple pensait
que ce temps était devenu de l’histoire mais la dure réalité des
choses vient de nous montrer le contraire.

Seydi Moussa Camara

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