Lundi
27 octobre 2014, le juge d’instruction du sixième cabinet du tribunal de
Nouakchott, Issa ould Mohamed, délivre trois mandats de dépôt à la prison de
Dar Naim, près de la capitale Nouakchott, contre les militants, membres
d’IRA-Mauritanie : l’Imam Brahim Jiddou, Yacoub Inalla et Baba Traoré.
Les
trois membres de l’organisation abolitionniste et de défense des droits
humains, IRA, sont issus de la communauté noire servile, les Hratin,
majoritaires dans le pays mais opprimés et marginalisés.
Le
juge, arabo-berbère, comme l’officier de police judiciaire ,Ahmed Baba
ould Ahmed Youa et le Procureur de la République, Moulaye Ely ould Moulaye Ely,
ont agi, par solidarité avec le mufti de Mauritanie, Ahmedou Lemrabot
Habibourahman, célèbre pour ses fatwas sexistes, ses positions esclavagistes
tranchées, son antisémitisme assumé, son intolérance envers les autres
religions et ses appels au meurtre récurrents contre le courant abolitionniste.
Par
sa naissance, et non point sa culture ou son utilité sociale, l’homme se
trouve, depuis des années, au sommet de l’autorité religieuse en
Mauritanie ; il s’est senti blessé, dans sa dignité de noble, par le fait,
qu’une personne d’origine servile, en l’occurrence Brahim Jiddou , osât lui
apporter la contradiction et le démentît, en public, devant les ouailles
rassemblées lors de la prière du vendredi.
Ahmed
Lemrabot Habibourahman déclarait, devant les fidèles que toute entente,
communion ou sympathie avec les infidèles, juifs et chrétiens, est une
apostasie, une infamie ; quand les impies juifs et chrétiens octroient des
distinctions, des médailles ou des prix à des personnes de religion musulmane,
celles-ci assument alors la forfaiture ultime et l’apostasie, deux situations
dangereuses pour l’Islam et l’unité du pays ; il poursuit, en substance,
microphone, répercuté par les hauts parleurs de la Grande mosquée de
Nouakchott : « au sein de nous il y une bande de personnes que les
juifs ont primées par l’intermédiaire d’ongs ou d’organismes internationaux qui
sont à la solde du judaïsme ; ces personnes méritent la mort, selon la loi
de Dieu et l’Etat a trop ajourné la sanction que Dieu a prévu, pour ce genre de
criminels, dans sa loi. »
Le
démenti adressé au mufti par l’imam Brahim Ould Jiddou, a immédiatement suscité
une tentative de lynchage, du susdit, par les nervis de la mosquée ;
n’était l’interposition de fidèles Hratin et de certains militants venus
s’acquitter de leur devoir cultuel en ce 24 octobre 2014, notre camarade
aurait succombé à une copieuse molestation. Le soir même, la police politique
Mauritanienne (Direction de la Sûreté de l’Etat D.S.E ), arrête Brahim Jiddou et
plusieurs autres militants d’IRA ; le 27 octobre, ils sont déférés devant
la Parquet, dans le palais de justice de Nouakchott, placé, dès les premières
heures de la matinée, sous haute surveillance policière.
Le
Procureur de Nouakchott et le juge d’instruction ont inculpé les jeunes
militants anti-esclavagistes des délits et crimes suivants :
« perturbation de la prière, incitation à la haine et à la rébellion et
agression contre les forces de l’ordre ». Quant au mufti, auteur d’injures
racistes et d’appels explicites à tuer dans la veine de la rhétorique de Daesh
et de Boko Haram, il ne fait l’objet d’aucune poursuite.
D’autre
part, les militants d’IRA, dès l’annonce de la nouvelle, organisent une marche
pacifique pour protester dans les rues de Nouakchott et face au palais de
justice. La police, présente en grand nombre, charge et utilise, avec
abondance, les bombes à gaz lacrymogènes et les matraques ; plusieurs
personnes se sont évanouies, sous l’effet d’une répression gratuite et
disproportionnée.
Parmi
les blessés, nous comptons :
-Madame Fatimetou
Memmed
-Madame Raya Yatma
-Monsieur
Jemal Mbareck
Les
organes de presse - exceptés un ou deux journaux sur papier, quelques rares
sites électroniques - dont la totalité des radios ou télévisions que l’Etat ou
les groupes dominants qualifient de « privés », ont magnifié la
position et l’attitude, du mufti, de la police et des juges ; beaucoup,
parmi ces média, émettent et amplifient le veut que l’Etat sévisse, le plus
durement possible, contre les membre d’IRA ; selon eux, la remise en cause
de la sacralité du mufti requiert un châtiment exemplaire.
Pour
notre part, nous lançons un appel aux justes, en Mauritanie et ailleurs, de se
mobiliser pour défendre les détenus de l’honneur, les détenus de la dignité,
les détenus du courage et de la liberté d’expression, les détenus du défi
devant l’omnipotence et l’arrogance de l’Etat et des groupes dominants
esclavagistes ; nous convoquons la conscience intègre, face au silence et
à la connivence du monde libre, des africain et des musulmans, envers le
dernier Etat du monde à tolérer et encourager l’esclavage et sanctionner ses
contempteurs.
Nous
lançons un appel à tous les militants et sympathisants d’IRA de continuer et
d’élargir, une mobilisation intense et soutenue, dans toutes les villes de
Mauritanie ; à tous, nous disons : « votre place de femme ou
d’homme digne et libre, est en prison, avec les martyrs de l’émancipation et
toujours dans le respect de notre credo, qui est la LIGNE DE L’ACTION
PACIFIQUE ».
Biram Dah ABEID
Dakar,
le 28 octobre 2014
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