Translate

jeudi 28 janvier 2016

Guidimakha : De l’esclavagisme à l’esclavagisme moderne

Les choses les plus cruelles que les maîtres avaient fait aux esclaves ont été de détruire la mémoire de ce qu’ils avaient avant leur contact et de les diviser en sous-groupes. Hérités souvent de leurs grand-parents comme tout autre bien, ces asservis avaient comme tâches, tous les travaux pénibles et durs et n’avaient jamais le temps de s’occuper de leurs femmes ou de l’éducation de leurs enfants.

Historiquement, après le décès de l'un d'entre eux, ses descendants s'étaient fait confisquer tous ses biens et dépourvus d'héritage. Livrés à eux même sans indemnité de licenciement,ces derniers représentent aujourd’hui la couche la plus pauvre, quant aux anciens maîtres détenteurs des richesses et d’une bonne éducation, ils ont mal aidé pour leurs insertions dans la vie active.

Cette conjonction de facteurs défavorables, près de cinquante ans après l’indépendance, explique les malheurs actuels de la seule couche qui voit augmenter le nombre de ses analphabètes.

Certains anciens maîtres continuent de profiter de cette situation honteuse et prennent des fillettes de leurs anciens esclaves pour des travaux domestiques et des activités commerciales (vente de l’eau glacée ou des bissâps devant les cours des écoles) à la place des leurs envoyées à l'école.

Ces filles domestiques surexploitées par certaines familles, ont comme "récompense" après des années de dur labeur, une valise dite de mariage qui est un ramassis des tissus bariolés et d'autres vêtements.

Les victimes choisies sont souvent des proies faciles, les fillettes issues des milieux défavorisés. Ceux ou celles qui se sont enrichis sur les dos de ces pauvres ou qui ont éduqué leurs enfants en foulant aux pieds l’éducation de ces innocentes, se le disent bien, ils n’inspirent aucun respect aux esclaves de la région.

Nous ne pouvons jamais obtenir notre liberté en faisant appel au sens moral de ces gens qui nous oppriment, nous devons nous battre jusqu’à l’obtention totale de nos droits. Nous devrons quitter cette peur enfantine qui fait qu’on est gêné dès qu’on est traité d’être esclave et défendre nos idées, qu’elles ressemblent ou non à celles de nos maîtres d’hier.

Nous devrons prendre en mains le destin de nos enfants en se sacrifiant pour leur éducation si nous voulons vraiment changer notre situation, cette dernière est notre seul moyen pour se débarrasser de cette situation.

Ce combat doit être mené d’une manière pacifique et dans le respect des droits des autres car certains d’entre eux se battent régulièrement d’une maniéré ou d’une autre avec nous pour la même cause.

L’état de son côté doit intégrer des opprimés dans ces structures de lutte contre l’esclavagisme et mettre en place des nouvelles lois qui condamnent avec détermination et fermeté ces pratiques criminelles pour qu’elles soient abolies dans leur totalité.
Youba CISSOKHO, Militant social


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire