L’ennemi de la démocratie est le nôtre
Un mot de solidarité avec la France
Les 7, 8 et 9 janvier 2015, à peine
célébré le Nouvel An, le peuple de France, dont les révolutions sociales et la
liberté d’esprit parlent au « genre humain », subissait trois attaques consécutives, dans sa capitale
Paris. Parmi les victimes innocentes, l’on retiendra, surtout, la tuerie des
journalistes de l’hebdomadaire satirique Charlie
Hebdo, symbole d’une violence dirigée, sans ambiguïté possible, contre
l’autonomie intellectuelle de la personne qui est le fondement de l’Etat de droit.
Dans notre pays et sous des formes
spécifiques, le même agresseur veille et s’active à l’intimidation croissante
de la société, avant de lui infliger le sort du Mali depuis 2011, une théocratie qui
impose la terreur, où la
diversité culturelle, la pensée individuelle et la joie deviennent des crimes à
éradiquer. Chaque jour, dans nos rues et sur les
réseaux sociaux s’élèvent, avec ostentation, les appels au meurtre
contre les militants des droits humains et se dissémine la culture de la haine,
sans susciter la moindre réaction du gouvernement encore moins de l’appareil
judiciaire.
Partout sur terre, l’Islam et les musulmans
se retrouvent bafoués, chosifiés, sommés de rejoindre le camp de la barbarie,
sous peine d’excommunication, voire d’élimination physique. L’ultime religion
monothéiste, synthèse de l’histoire confessionnelle, vecteur d’une civilisation
de progrès et d’une tradition de tolérance, vieilles de plusieurs siècles, est
désormais l’otage des assassins.
Contre ceux-ci, quand ils sévissent en
France, chez nous et ailleurs dans le monde, nous sommes venus exprimer, la
solidarité avec les familles des victimes, leur tenir notre part de compassion
islamique et, d’abord, rappeler le devoir de résistance à ce nouveau nihilisme,
par les moyens de la raison et de l’éthique universaliste. Il s’agit, plus que
jamais, d’une bataille des idées, qui sollicite les mots et le courage de les
dire.
Aussi, réclamons-nous, en Mauritanie,
l’abolition de la peine de mort, des peines attentatoires à l’intégrité du
corps et la dépénalisation, totale, des délits d’opinion et de
conscience ; dans l’immédiat, nous demandons, au gouvernement, la
libération et la protection des personnes poursuivies pour leurs idées, ainsi
qu’une réponse - juste et honnête- aux revendications d’égalité et de
réparation, contre l’impunité, l’insécurité, la
violence, le racisme, l’esclavage et le système de castes.
Nous renouvelons, ici, notre hommage à la
grandeur de la démocratie en France lorsqu’elle respecte ses valeurs, malgré la
circonstance tragique et refuse, alors, de se rabaisser au niveau
de l’obscurantisme.
Nouakchott, le 13 janvier 2015
Organisations signataires :
Forum des
Organisations Nationales des Droits Humains (FONADH)
- liste des organisations membres du Fonadh
Association des
Femmes Chefs de familles (AFCF),
Association
Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH),
Association
Mauritanienne pour la Promotion de la Langue et de la Culture SOONINKE
(AMPLCS),
Association pour la Promotion de la Langue
Wolof en RIM
Association pour la Renaissance du Pulaar en
RIM (ARPRIM),
Association pour le
Renforcement de la Démocratie et de l’Education Citoyenne (ARDEC),
Comité de Solidarité avec les Victimes des
Violations des Droits Humains en Mauritanie(CSVVDHM),
Groupes d’Etudes et de Recherches sur le
Démocratie et le Développement Economique et Social (GERRDES),
Ligue Africaine des
Droits de l’Homme (Section Mauritanie),
Ligue Mauritanienne des Droits de l’homme
(LMDH),
Regroupement des Victimes des Evénements de
1989- 1991 (REVE),
Collectif des Veuves,
Collectif des Rescapés Militaires
SOS – Esclaves.
Association d’Appui
au Développement à la Base des Communautés,
Association pour le
Développent Intègre de l’Enfant
Initiative de
Résurgence du mouvement Abolitionniste de Mauritanie (IRA)
Conscience et
Résistance (CR)
El Hor
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