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dimanche 2 octobre 2016

GABON 2016 : LES PERMANENTES RENAISSANCES ET METAMORPHOSES DE « L’OGRE IMPERIALISTE »… ?



Émanant de « la métropole », les discours et autres déclamations sur la liberté, la paix, la démocratie, le respect des droits humains, sonnent encore, plus de cinquante six ans après les indépendances, comme des coups  de semonce des anciens colonisateurs à l’adresse des « leaders » des pays de leur « pré carré », lorsque ces derniers s’enhardissent de diversifier leur partenariat économique, commercial ou financier avec des puissances concurrentes ou alors, opèrent auprès des multinationales traditionnelles, des mesures fiscales de redressement.
Une guerre d’abord larvée et de proche en proche, ouverte se déclenche, relayée par une médiatisation d’évènements affectant « l’image du pays » et du « dirigeant qui en a  la charge »…
Janus biface ? 

L’invariant séculaire  de la politique africaine de la France a le visage de « Janus » dont la face apparente est le discours noble, inscrit dans la veine humaniste, et la face cachée, « sombre », de loin le fondement même du « lien qui unit l’Afrique à la France » : l’exploitation du Continent par les multinationales françaises munies de tous les droits et exemptées du devoir « de rendre compte ».
               Pour tout leader politique africain francophone, s’attaquer aux multinationales françaises, c’est « ipso facto » courir le risque de passer sous les « fourches caudines» d’offensives médiatiques médisantes, féroces voire déstabilisatrices.
Remettre en cause le « magister dixit » (le maître a dit)  de la France, ou se détourner de la « doxa » (l’orthodoxie) prédatrice des multinationales françaises, revient à s’attirer « les foudres » d’une campagne de dénigrement telle qu’il faudrait aux « dirigeants africains » téméraires qui s’y aventureraient « un trésor d’énergie et de temps » pour laver l’affront et l’opprobre causés par « des images absolument falsifiées » mais hélas « ingurgitées » par des populations « sociologiquement préparées » à prendre « pour monnaie comptant » les allégations émises par la « métropole ».
Effets de miroirs ou simples coïncidences ?
               Le jour même de la prise de pouvoir de Laurent Gbagbo, le 26 Octobre 2000, après qu’il fut déclaré vainqueur de l’élection présidentielle contre Robert  Guéï, « la découverte d’un charnier à la lisière de la forêt du banco », suite à un grossier montage, alimente la chronique de la presse internationale pendant toute la première année de mandat du nouvel élu ivoirien. Le Président ivoirien avait eu l’outrecuidance à l’entame de sa mandature, de s’attaquer à la fraude orchestrée par le groupe SACO-CHOCODI (Société Africaine du Cacao), filiale ivoirienne du géant suisse Barry Callebaut. La multinationale, leader mondial du chocolat, délestait le trésor ivoirien d’importants subsides dont il avait grand besoin alors que son chiffre  d’affaires était plusieurs fois supérieur au budget de la Côte d’Ivoire.
               Le 03 Avril 2001, le Groupe prend connaissance « d’un redressement fiscal de 400 milliards de francs CFA » opéré par les services de l’Inspection des Finances Ivoiriennes et couvrant les sommes dues au trésor ivoirien au titre d’une décennie de fraudes fiscales (1990-2000). De fait, le groupe SACO-CHOCODI déclarait sous grade les fèves de cacao de première qualité qu’il transformait en pâte, destinée à l’exportation auprès des filiales « chocolatières » du Leader mondial suisse, ceci après une décote fiscale qui ramenait de moitié, les taxes appliquées avec la complicité de quelques hauts cadres de la CAISTAB.
               De « tueur d’opposants » à la première année de son mandat, le Président Laurent GBAGBO passe pour « un esclavagiste d’enfants ». La presse impérialiste, conditionnée aux fins de sauvegarde des « chasses gardées », quelques jours seulement après le redressement infligé au groupe SACO, « accuse, via un rapport de l’ONU, le Président Ivoirien d’employer les enfants dans les plantations de cacao ».
               La Campagne d’une « rare férocité » suscitée par le géant du chocolat visait deux objectifs :
               1°) détourner l’attention de l’opinion suisse qui accepterait mal les pratiques mafieuses de l’un de ses fleurons économiques dans « un pauvre pays d’Afrique » ;
               2°) punir le Gouvernement ivoirien qui n’a pas cédé « aux pressions corruptives exercées sur lui pour faire tomber ce redressement » et dans le même temps, GBAGBO, pour avoir osé tenir tête à un des patrons du cacao du monde. Il se devait d’en payer le prix.
               Seize ans après, la comparution du Président Laurent GBAGBO se poursuit à la Cour Pénale Internationale pour des griefs non élucidés, mais dont nul ne se méprend qu’ils sont du « cacao ivoirien » en 2000, à « Klebert » en 2004 puis Markoussis, intimement liés à « la victoire du camp des fraudeurs » soutenus et financés par les multinationales cacaoyères ; les officines de la manipulation de l’information et de la communication ; les mafias au service  des « permanentes renaissances et métamorphoses de l’ogre impérialiste ».
Jeu des correspondances ou instrumentalisation de « l’information » ?
               Le 27 Août 2016, « Rebelotte… »
Pendant que le Gabon connaît la première élection présidentielle biométrique de « son aventure démocratique », le candidat de « la coalition des anciens barons » Jean PING, « s’autoproclame Président de la République du Gabon » alors que le décompte des voix est en cours dans les bureaux de vote du pays. L’officine en charge « d’incendier  les réseaux sociaux et la toile de procès-verbaux falsifiés» avait porté le coup... Il fallait juste attendre que prospère « le hold-up » sur les futurs résultats du scrutin…
Erreur monumentale. En prévision des répercussions désastreuses qu’une telle atteinte au verdict des urnes pourrait orchestrer, l’Etat gabonais prend ses responsabilités en  suspendant « les réseaux sociaux »… Les cris d’orfraie s’élèvent, indexent « la dictature », supputent  la fraude, exhibent les « faux » ou vrais procès-verbaux.
               Convenons-en : il est « irresponsable » voire « criminel » de se servir du cyberespace gabonais pour contrefaire les résultats d’un scrutin, alors que les décomptes courent dans les bureaux de vote… ».
               L’arrestation du maître d’œuvre de « la tricherie électorale sur la toile », ne démontre-t-elle pas à suffisance que « le camp des fraudeurs est bien celui qui crie à la fraude » et au « déni de droit » de la Cour Constitutionnelle ?
               Si l’on ne peut empêcher « les tendances » à être connues dans les « réseaux sociaux », il est pour le moins, « malséant » de les manipuler au motif que « la Tour de Pise ne penche que du côté du pouvoir ».
               Transformer en « lapalissade » un fait architectural en image destinée à assener « des pétitions de principe » est en soi, une « prouesse de l’imagination » louable. S’en servir pour asseoir une « contrevérité ponctuelle » et l’ériger dans le même temps en « vérité générale » s’appelle « la mauvaise foi ». Pourquoi ?
               Décryptons ensemble le jeu des correspondances sur la base de l’assertion qui veut que « les exemples vivants sont d’un autre pouvoir ».
               Qui avait grand intérêt à ce que les saccages, pillages, vols, incendies soient perpétrés au point d’entraîner des pertes en vies humaines ? N’est-ce pas le camp de ceux qui, jusqu’à ce jour, n’ont eu de cesse d’appeler à « la déstabilisation » du Gabon ?
               Ce camp a en effet intérêt à faire oublier «ses malversations ». Le spectacle des violences, la promesse de « l’ingouvernabilité », la défiance vis-à-vis des Institutions, la profération «d’informations tant grossières que mensongères » participent du principe de « crédibilisation de la désinformation » qui veut que : « Plus c’est gros, plus on y croit ».
               Observons en passant que « la Presse donneuse de leçons » reprend insidieusement toutes les allégations « du camp des fraudeurs qui crient à la fraude » sans en référer au « camp d’en face » dont elle doute de « l’honnêteté » et de « la probité ».
               Aussi, a-t-on pu suivre dans les chaînes de télévision et lire dans une certaine presse « les annonces fracassantes » du candidat malheureux de l’opposition, sur « l’existence d’un charnier à la cité de la démocratie » ;  entendez : « le mal élu est un tueur d’opposants… », « le bilan de cinquante à cent personnes exécutées par des mercenaires encagoulés » ; traduction : « le réélu, passible de crime contre l’humanité, mérite la comparution devant la Cour Pénale Internationale… » ; et pêle-mêle : « le bombardement du QG, les arrestations arbitraires »,  séquestrations, la traque de ses partisans » ; Clin d’œil clair à la Communauté Internationale, au Conseil de sécurité, à « l’intervention militaire punitive de qui on sait…»
               Des prétextes dont s’est servi la Communauté dite internationale et particulièrement la France pour installer ADO. Il en faudra sans doute plus au candidat malheureux du scrutin présidentiel 2016 au Gabon, pour en découdre avec « l’empêcheur de tourner en rond » ayant « déglingué » « le système » qui, depuis Léon M’BA, a admis Paris comme capitale du Gabon.
               En tant que Vice-président du CRAN chargé de l’Afrique et des Affaires Internationales, j’en appelle les gabonais à la vigilance et à la plus grande retenue. Je souhaite qu’ils se souviennent des 52% de gabonais qui ont choisi de ne choisir ni Jean PING, ni Ali BONGO ONDIMBA.
               C’est de cette majorité silencieuse qui espère un Gabon réconcilié avec lui-même, un Gabon prospère, doté d’institutions fortes transcendant les égos des politiques à la solde des multinationales et des intérêts contraires à son émancipation, à son bien-être que les africains en général, et les Gabonais en particulier doivent tirer les leçons du scrutin présidentiel 2016 au Gabon.
               Nul n’a le droit, pour quelque raison que ce soit,  d’occulter, ignorer le message des gabonais qui, à hauteur de 52% ont dit ne plus « croire en la politique ». Ces derniers n’ont qu’un seul bien : le Gabon.
               Il me souvient que lors de son dernier séjour en terre camerounaise, le Président François Hollande a été interpellé par le Président camerounais en ces termes : « Entre amis, il faut être sincères ».
               Dans des circonstances qui laissent préfigurer au Gabon une contestation de l’opposition calquée sur la transposition des modèles Ivoirien et Burkinabé, je suis d’avis que la France, en toute sincérité, et au-delà des intérêts qui soutendent sa politique africaine, marque les esprits des Gabonais en préférant à la confrontation stérile, le retour de l’apaisement, du dialogue et de la concorde sociale, seuls en mesure de préserver les intérêts communs des peuples et l’amitié entre les nations.
                                                        
                                                      Guy Samuel NYOUMSI
​                                            Président de Solidarité Africaine de France​
Vice-président du Conseil Représentatif des Associations Noires de France (CRAN),
Chargé des Relations avec l’Afrique et des Affaires Internationales
Contact : gsnyoumsi@gmail.com

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