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lundi 4 octobre 2010

Récit de Aichetou , une vie d’esclave : travail sans salaire, châtiments corporels et traites sur mineurs












Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste en Mauritanie(IRA)







Récit de Aichetou , une vie d’esclave : travail sans salaire, châtiments corporels et traites sur mineurs, séparation forcée des parents et enfants et scolarité en péril



Jeudi 30 septembre 2010, nous, Biram Dah ABEID, président de Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste de Mauritanie(IRA-Mauritanie), avons reçu des renseignements de certains militants et sympathisants de notre organisation à Rosso (ville située à 200 km au sud de Nouakchott, capitale de la Mauritanie), qu’une jeune femme esclave du nom de Aichetou mint M’BARECK et ses deux filles, Moyna, 16 ans et Mabrouka, 10 ans, ont subies des châtiments sauvages, d’un maitres d’esclaves du nom de Yedali ould Veyjeh, l’homme chapote l’ensemble tribal des oulad Benioug, qualifié de violent et de méchant par nos sources.


Nos sources ont situé la demeure de Yedali et son clan, auxquels sont attachés, comme esclaves domestiques et par ascendance, Aichetou, et ses enfants, au PK 14, sur la route de Rosso. Nous demandions à nos amis d’expliquer aux victimes notre disponibilité à les assister pour se libérer de l’esclavage et qu’ils peuvent se mettre en contact avec nous à Nouakchott. Aichétou , très fragile et ayant peur des ses maitres n’a pas pu faire le pas de s’enfuir chercher l’assistance de IRA, mais à sa place, sa sœur Moyna, qui avait fuit ses maitres des années avant, arrive dans les bureaux de l’ IRA, à Nouakchott, le vendredi 01 octobre 2010. Elle sollicita notre assistance pour libérer sa sœur et ses enfants . Nous décidions de la faire accompagner par trois de nos cadres et militant, Issa ould Alioune, Moloud ould Bouby et Abdoul Ahad ould Bouthiah. Ils quittèrent Nouakchott vers 23h, arrivèrent tard dans la nuit au PK 14, ils trouvèrent la pauvre Aichetou, ses enfants et son mari, sous un hagard de fortune (demeures habituelle des esclaves domestiques chez les arabo-berbères) ; elle décida après concertation avec son mari d’accompagner sa sœur et notre mission suscitée, pour porter plainte contre ses maitres, et voilà ce qu’elle raconte :


Je m’appelle Aichétou Mint M’bareck, née en 1975 à Rach (localité du département de Rosso (Wilaya- région du Trarza). Mon père s’appelle M’bareck, esclave de la famille Ehel Veyjeh. Ma mère se nomme Salma Mint Bah Ould Abeid, esclave aussi des familles Ehel Veyjeh et Ehel Elhaj, tous deux de la tribu Oulad Bénioug, habitant à 13 km de la ville de Rosso.


J’ai une sœur qui s’appelle Moyna Mint M’bareck Ould Abeid. Nous ne partageons pas le même père. Elle est ma sœur ainée. Nous avons un frère qui s’appelle Boylil, plus âgé que nous. Il a fuit l’esclavage et nous a quitté depuis plusieurs années. Après le Sénégal, il s’est installé dans la localité de Chagara, à l’Est de Rosso. Il ne nous rend jamais visite, nos maitres continuent de dire qu’il est toujours esclave.



Nous avons un autre frère qui s’appelle Bah, plus jeune que moi, il a été affranchi par nos maitres, les Ehel Veyjeh , c’est l’ex député de Rosso et fonctionnaire au ministère de l’éducation national Mahand Baba Ould Moctar Ould Baba ( il est en même temps notabilité religieuse , guide spirituel dans le département) qui a rédigé son certificat d’affranchissement. Mon frère Bah avait demandé l’affranchissement parce que la fille qu’il a mariée est affranchie, il a été stigmatisé pour son statut d’esclave dans les milieux de cette dernière.

La maitresse de ma mère est mama Mint El Veyjeh, qui est mariée à M’bi Ould El Hadj, de la tribu des Oulad Kliva. Suivant la coutume, Mama Mint El Veyjeh amena chez ses parents, comme cadeau de mariage, ma mère Salma Mint Bah, chez ses beaux parents Ehel Haj. Lorsque mes frères et ma sœur et moi-même avons grandi, nos maitres nous ont partagés entre les deux familles, Ehel Mbi Ould El Hadj et Ehel Mohamed Ould Veyjeh.


Moi je suis restée chez Ehel Mbi Ould El Hadj, ma mère et ma sœur sont chez Mohamed Ould El Veyjeh. Ma sœur Moyna a pris la fuite de chez ses maitres en 1992. Elle s’est installée dans les bidonvilles de Nouakchott, lieu de refuge de la majorité des esclaves en fuite ou esclaves marrons.

Ma mère a continué de travailler comme esclave dans cette famille jusqu’à ce qu’elle est devenue aveugle. Après sa cécité, ses maitres l’ont affranchi et abandonné. Son fils Bah l’a récupéré et elle est chez lui à Rosso présentement.


Photo bourreau esclavagiste Yedali ould Veyjeh

Moi, Aichétou, j’ai sept enfants qui sont : Moyna (16 ans), Salma (14 ans), Mama (12 ans), Aminetou (10 ans), Mbi (08 ans) et Limam (1 an 5 mois). Je suis toujours esclave chez Ehel Mbi Ould El Hadj. Tous mes enfants sont avec moi et travaillent pour la famille de nos maitres et ne font pas l’école. Deux de mes enfants, Mbi (08 ans) travaille chez le fils de nos maitres Guorgui Ould El Hadj, un ex policier vivant maintenant à Nouadhibou ou il a emmené mon fils. Mabroucka (10 ans) travaille et vit avec l’un des membres de la famille de nos maitres Yedaly Ould Mohamed Ould El Veyjeh, habitant à 14 km de Rosso.

Nos maitres ne nous paient pas en contrepartie de notre travail, au contraire, il fut un temps ou c’était mon mari Bilal Ould M’boyrick qui travaillait pour nous nourrir et nourrir nos maitres. Je ne sais pas ce qui arrive à mes enfants qui ne vivent pas avec moi. Je sais quand même qu’ils travaillent pour leurs maitres et ne vont pas à l’école. Je sais aussi qu’ils subissent parfois des châtiments corporels. Par exemple Houda Oud Ethmane Ould El Hadj a violemment battu ma fille ainée(Moyna) avec une branche d’arbre.



Justement ma fille Moyna s’est mariée avec un certain Cheybani, elle a un enfant, âgé d’une année et quelques mois ; son époux qui s’appelle Mahmoud Cheybani, a voulu amener sa femme Moyna pour vivre avec elle ailleurs mais notre maitresse Aminétou Mint El Hadj, une femme infirme, vivant à 13 km de Rosso a refusé. Et depuis lors Cheybani est allé se remarier et vivre à Mederdra.

Ma fille Mabroucka qui vit toujours et travaille chez Yedaly Ould Mohamed Ould Veyjeh, a subi une brulure très grave, elle est maintenant très malade car devant subir une opération chirurgicale selon les dires de mes maitres. Moyna, ma fille est gravement blessée à l’œil. Elle a été frappée par notre maitre Yedaly Ould Mohamed Ould Veyjeh qui la punissait parce que l’une des sœurs de ce dernier, Feylihi, s’est plaint chez lui en disant que Moyna ne la respecte pas comme il se doit. Yedaly, le plus méchant de nos maitres est un homme sans pitié, violent. Après la blessure de Moyna, nous avons voulu quitter nos maitres, nous avons même tenter d’aller nous plaindre à la police mais nos maitres, aidés par leurs voisins, ont retenu et caché ma fille, Moyna, qui est blessée et dont je voulais exhiber la blessure à la police, mais tous les voisins ont soutenu mes maitres, il ont dit que c’est ignoble et immoral que je porte plainte contre nos maitres . J’ai laissé tomber sans être convaincue mais, désespérée.

Maintenant que j’ai le soutien, étant libérée des pressions de mes maitres et leurs voisins, je porte plainte contre les membres des deux familles(Ehel Veyjeh et Ehel Mbi) qui m’ont réduit , soumis à l’esclavage, mes enfants et moi. Je porte plainte contre ces gens, particulièrement Yedali ould Veyjeh, Feylihi ,Mama, Daoud e Guorgui, pour le travail auquel nous avons étaient forcés mes enfants et moi depuis toutes ses années, les châtiments corporels, ainsi que la mise en péril de ma scolarité , celle de mes enfants ; je réclame une réquisition médicale pour que des médecins examinent mes enfants pour mesurer l’ampleur des sévices physiques et corporels qu’ils ont subis, en particuliers les coups et blessures que Yedali a commis contre ma fille Moyna et les brulures très graves que la famille de ce dernier a commis sur ma fillette Mabrouka qui travaille chez eux comme esclave.

La mission de IRA-Mauritanie, dirigée par Biram Dah ABEID, a saisi hier matin le Wali (gouverneur de la région de Rosso) ; ce dernier a confier au commissaire de police de la ville de diligenter une enquête ; cette enquête commença par l’arrestation de deux des présumés coupables des crimes esclavagistes, en l’occurrence, Yedali ould Veyjeh et sa sœur Feyliha ; les deux accusés avouèrent aux policiers pendants leurs auditions de ce jour 03 octobre 2010, que Aichetou et ses enfans : Moyna 19 ans (avec son bébé de 1 ans et demi), Mabrouka, 15 ans, Tayvour ou Mbi, 12 ans, Salma, 8 ans, Mama, 5 ans, Aminetou, 4 ans, Limam, une année et demi , sont leurs esclaves par ascendance , qu’ils travaillaient pour eux sans salaire, et qu’ils étaient leurs tuteurs…



Aichetou récupéra ses enfants, par l’aide de la police et l’assistance de L’IRA ; l’enquête est en cours , après l’audition des enfants qui se déroulera le mardi 05 octobre avec la présence d’un avocat délégué par IRA et SOS.ESCLAVES à Rosso pour cette fin. Aichetou maintient sa plainte devant les autorités de Rosso pour demander que justice soit faite concernant sa mise en esclavage avec ses enfants, les châtiments corporels qu’ils ont subi depuis leurs naissances et dont les traces sont encore visibles.


IRA- Mauritanie sortira un communiqué détaillé de cette affaire après la fin de l’enquête et après la précision de l’orientation que les pouvoirs politique et judiciaire vont imprimer à ce cas grave et avéré d’esclavage.

1 commentaire:

  1. Des cas avérés d'esclavage et le pays en compte des centaines de milier et en silence par ignorence et manque de soutien par les pressions du milieu etc... Bon courage et longue vie aux hommes et aux femmes qui ont le courage et la force de lutter effectivement contre ces pratiques d'un autre temps.

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