Émanant de « la métropole », les discours
et autres déclamations sur la liberté, la paix, la démocratie, le respect des
droits humains, sonnent encore, plus de cinquante six ans après les
indépendances, comme des coups de
semonce des anciens colonisateurs à l’adresse des « leaders » des pays de leur « pré carré », lorsque ces derniers s’enhardissent de
diversifier leur partenariat économique, commercial ou financier avec des
puissances concurrentes ou alors, opèrent auprès des multinationales
traditionnelles, des mesures fiscales de redressement.
Une guerre d’abord larvée et de proche en proche, ouverte se
déclenche, relayée par une médiatisation d’évènements affectant « l’image du pays » et du « dirigeant qui en a la
charge »…
Janus biface ?
L’invariant séculaire de la politique africaine de la France
a le visage de « Janus »
dont la face apparente est le discours noble, inscrit dans la veine humaniste,
et la face cachée, « sombre »,
de loin le fondement même du « lien
qui unit l’Afrique à la France » : l’exploitation du Continent par
les multinationales françaises munies de tous les droits et exemptées du devoir
« de rendre compte ».
Pour tout
leader politique africain francophone, s’attaquer aux multinationales
françaises, c’est « ipso facto »
courir le risque de passer sous les « fourches
caudines» d’offensives médiatiques médisantes, féroces voire
déstabilisatrices.
Remettre en cause le « magister dixit » (le maître a dit)
de la France, ou se détourner de la « doxa » (l’orthodoxie)
prédatrice des multinationales françaises, revient à s’attirer « les foudres » d’une campagne de
dénigrement telle qu’il faudrait aux « dirigeants africains »
téméraires qui s’y aventureraient « un
trésor d’énergie et de temps » pour laver l’affront et l’opprobre
causés par « des images absolument falsifiées » mais hélas « ingurgitées » par des
populations « sociologiquement préparées » à prendre « pour monnaie comptant » les
allégations émises par la « métropole ».
Effets de miroirs ou simples coïncidences ?
Le jour même
de la prise de pouvoir de Laurent Gbagbo, le 26 Octobre 2000, après qu’il fut
déclaré vainqueur de l’élection présidentielle contre Robert Guéï, « la
découverte d’un charnier à la lisière de la forêt du banco », suite à
un grossier montage, alimente la chronique de la presse internationale pendant
toute la première année de mandat du nouvel élu ivoirien. Le Président ivoirien
avait eu l’outrecuidance à l’entame de sa mandature, de s’attaquer à
la fraude orchestrée par le groupe SACO-CHOCODI (Société Africaine du Cacao),
filiale ivoirienne du géant suisse Barry Callebaut. La multinationale, leader
mondial du chocolat, délestait le trésor ivoirien d’importants subsides dont il
avait grand besoin alors que son chiffre d’affaires était plusieurs fois supérieur au budget
de la Côte d’Ivoire.
Le 03 Avril
2001, le Groupe prend connaissance « d’un
redressement fiscal de 400 milliards de francs CFA » opéré par les
services de l’Inspection des Finances Ivoiriennes et couvrant les sommes dues
au trésor ivoirien au titre d’une décennie de fraudes fiscales (1990-2000). De
fait, le groupe SACO-CHOCODI déclarait sous grade les fèves de cacao de
première qualité qu’il transformait en pâte, destinée à l’exportation auprès
des filiales « chocolatières » du Leader mondial suisse, ceci après
une décote fiscale qui ramenait de moitié, les taxes appliquées avec la
complicité de quelques hauts cadres de la CAISTAB.
De « tueur d’opposants » à la
première année de son mandat, le Président Laurent GBAGBO passe pour « un esclavagiste d’enfants ».
La presse impérialiste, conditionnée aux fins de sauvegarde des « chasses gardées », quelques jours
seulement après le redressement infligé au groupe SACO, « accuse, via un rapport de l’ONU, le Président Ivoirien
d’employer les enfants dans les plantations de cacao ».
La Campagne
d’une « rare férocité »
suscitée par le géant du chocolat visait deux objectifs :
1°) détourner
l’attention de l’opinion suisse qui accepterait mal les pratiques mafieuses de
l’un de ses fleurons économiques dans « un
pauvre pays d’Afrique » ;
2°) punir le
Gouvernement ivoirien qui n’a pas cédé « aux pressions corruptives exercées sur lui pour faire tomber ce
redressement » et dans le même temps, GBAGBO, pour avoir osé tenir
tête à un des patrons du cacao du monde. Il se devait d’en payer le prix.
Seize ans
après, la comparution du Président Laurent GBAGBO se poursuit à la Cour Pénale
Internationale pour des griefs non élucidés, mais dont nul ne se méprend qu’ils
sont du « cacao ivoirien »
en 2000, à « Klebert » en 2004
puis Markoussis, intimement liés à « la
victoire du camp des fraudeurs » soutenus et financés par les multinationales
cacaoyères ; les officines de la manipulation de l’information et de la
communication ; les mafias au service
des « permanentes
renaissances et métamorphoses de l’ogre impérialiste ».
Jeu des correspondances ou instrumentalisation de « l’information » ?
Le 27 Août
2016, « Rebelotte… »
Pendant que le Gabon connaît la première élection présidentielle
biométrique de « son aventure
démocratique », le candidat de « la
coalition des anciens barons » Jean PING, « s’autoproclame Président de la République du Gabon »
alors que le décompte des voix est en cours dans les bureaux de vote du pays. L’officine en charge « d’incendier les réseaux sociaux et la toile de
procès-verbaux falsifiés» avait porté le coup... Il fallait juste attendre
que prospère « le hold-up » sur les futurs résultats du scrutin…
Erreur monumentale. En prévision des répercussions désastreuses
qu’une telle atteinte au verdict des urnes pourrait orchestrer, l’Etat gabonais
prend ses responsabilités en suspendant « les réseaux sociaux »… Les
cris d’orfraie s’élèvent, indexent
« la dictature », supputent
la fraude, exhibent les « faux »
ou vrais procès-verbaux.
Convenons-en :
il est « irresponsable »
voire « criminel » de se
servir du cyberespace gabonais pour contrefaire les résultats d’un scrutin,
alors que les décomptes courent dans les bureaux de vote… ».
L’arrestation
du maître d’œuvre de « la tricherie
électorale sur la toile », ne démontre-t-elle pas à suffisance que « le camp des fraudeurs est bien celui
qui crie à la fraude » et au « déni
de droit » de la Cour Constitutionnelle ?
Si l’on ne
peut empêcher « les tendances »
à être connues dans les « réseaux
sociaux », il est pour le moins, « malséant »
de les manipuler au motif que « la Tour
de Pise ne penche que du côté du pouvoir ».
Transformer en
« lapalissade » un fait
architectural en image destinée à assener « des
pétitions de principe » est en soi, une « prouesse de l’imagination » louable. S’en servir pour
asseoir une « contrevérité
ponctuelle » et l’ériger dans le
même temps en « vérité
générale » s’appelle « la
mauvaise foi ». Pourquoi ?
Décryptons
ensemble le jeu des correspondances sur la base de l’assertion qui veut que « les exemples vivants sont d’un autre
pouvoir ».
Qui avait
grand intérêt à ce que les saccages, pillages, vols, incendies soient perpétrés
au point d’entraîner des pertes en vies humaines ? N’est-ce pas le camp de
ceux qui, jusqu’à ce jour, n’ont eu de cesse d’appeler à « la
déstabilisation » du Gabon ?
Ce camp a en
effet intérêt à faire oublier «ses malversations ».
Le spectacle des violences, la promesse de « l’ingouvernabilité »,
la défiance vis-à-vis des Institutions, la profération «d’informations tant grossières que mensongères » participent
du principe de « crédibilisation de
la désinformation » qui veut que : « Plus c’est gros, plus on y croit ».
Observons en passant que « la Presse donneuse de leçons »
reprend insidieusement toutes les allégations « du camp des fraudeurs qui crient à la fraude » sans en
référer au « camp d’en face »
dont elle doute de « l’honnêteté »
et de « la probité ».
Aussi, a-t-on pu suivre dans les
chaînes de télévision et lire dans une certaine
presse « les annonces
fracassantes » du candidat malheureux de l’opposition, sur « l’existence d’un charnier à la cité de la
démocratie » ; entendez : « le mal élu est un tueur d’opposants… », « le bilan de cinquante à cent
personnes exécutées par des mercenaires encagoulés » ;
traduction : « le réélu, passible de crime contre l’humanité, mérite
la comparution devant la Cour Pénale Internationale… » ; et
pêle-mêle : « le bombardement
du QG, les arrestations arbitraires », séquestrations, la traque de
ses partisans » ; Clin d’œil clair à la Communauté Internationale, au
Conseil de sécurité, à « l’intervention
militaire punitive de qui on sait…»
Des prétextes
dont s’est servi la Communauté dite internationale et particulièrement la
France pour installer ADO. Il en faudra sans doute plus au candidat malheureux
du scrutin présidentiel 2016 au Gabon, pour en découdre avec « l’empêcheur de tourner en rond »
ayant « déglingué » « le
système » qui, depuis Léon M’BA, a admis Paris comme capitale du
Gabon.
En tant que Vice-président
du CRAN chargé de l’Afrique et des Affaires Internationales, j’en appelle les
gabonais à la vigilance et à la plus grande retenue. Je souhaite qu’ils se
souviennent des 52% de gabonais qui ont choisi de ne choisir ni Jean PING, ni
Ali BONGO ONDIMBA.
C’est de cette
majorité silencieuse qui espère un Gabon réconcilié avec lui-même, un Gabon
prospère, doté d’institutions fortes transcendant les égos des politiques à la
solde des multinationales et des intérêts contraires à son émancipation, à son
bien-être que les africains en général, et les Gabonais en particulier doivent
tirer les leçons du scrutin présidentiel 2016 au Gabon.
Nul n’a le
droit, pour quelque raison que ce soit, d’occulter, ignorer le message des gabonais
qui, à hauteur de 52% ont dit ne plus
« croire en la politique ». Ces derniers n’ont qu’un seul bien :
le Gabon.
Il me souvient
que lors de son dernier séjour en terre camerounaise, le Président François
Hollande a été interpellé par le Président camerounais en ces termes : « Entre amis, il faut être
sincères ».
Dans des
circonstances qui laissent préfigurer au Gabon une contestation de l’opposition
calquée sur la transposition des modèles Ivoirien et Burkinabé, je suis d’avis
que la France, en toute sincérité, et au-delà des intérêts qui soutendent sa
politique africaine, marque les esprits des Gabonais en préférant à la
confrontation stérile, le retour de l’apaisement, du dialogue et de la concorde
sociale, seuls en mesure de préserver les intérêts communs des peuples et
l’amitié entre les nations.
Guy
Samuel NYOUMSI
Président de Solidarité
Africaine de France
Vice-président du Conseil Représentatif des
Associations Noires de France (CRAN),
Chargé des Relations avec l’Afrique et des Affaires
Internationales
Contact : gsnyoumsi@gmail.com
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