Mauritanie : L’union sacrée spontanée des opposants, notre histoire bégaie.

La marche des mauritaniens  rapatriés du Sénégal, de Houdhaye à Nouakchott a été un déclic  pour notre opposition sur au moins un point, le rétablissement de ces milliers  de rapatriés dans leur droit élémentaire à la vie à la citoyenneté et à des réparations à la hauteur des dégâts et biens spoliés  pendant les années de braise.

Tous les partis politiques, les organisations de défense de droit de l’homme, la société civile dans leur immense majorité ont soutenu et se sont affichés certes pour des raisons politiques électoralistes ou humanistes à côté de nos compatriotes  marcheurs pour protester  et faire connaitre les difficultés de leurs problèmes aux plus hautes autorités de l’état, qui pourtant  étaient , signataires en  2007 d’un accord tripartite entre le Sénégal , le haut-commissariat aux réfugiés (HCR) et la Mauritanie sur les conditions d’accueil et de réintégration de ces  hommes , femmes et enfants  en errance internationale.Ces textes sont restés dans les oubliettes.

Depuis les déportations du mois d’Avril  1989, on avait assisté véritablement à un drame humanitaire, d’abord dans les camps  au Sénégal ou l’éducation, l’hygiène, la santé et la nourriture  faisaient défaut, ces hommes ont gardé leur dignité et leur calme malgré l’indifférence des états, de la communauté internationale et l’oubli de beaucoup de nos compatriotes , qui sérieusement sans le montrer ou le dire , approuver la politique de purification ethnique du colonel Maouya Ould Sid’Ahmed  Taya. Seules certaines organisations dont l’organisation contre les violations des droits de l’homme en Mauritanie (OCVIDH), le mouvement politique  les FLAM , l’AVOMM, certains partis politiques représentés en Europe et d’autres ONG avaient notamment en France dans les années 1990 jusqu’ à nos jours intensifié et multiplié les dénonciations à travers les conférences, les rencontres internationales et les manifestations pour décrier ce génocide que beaucoup à l’intérieur y compris le colonel Taya niaient l’existence. Il aurait fallu l’arrivée d’un président démocratiquement élu, en l’occurrence Sidi Ould Cheikh Abdallahi en juin 2007,pour la reconnaissance par l’état de la réalité de ces déportations ,de ces tueries extrajudiciaires, de ces viols, de ces dépossessions , de ces violences inouïes  et de toutes ces  violations graves des droits de l’homme dans notre pays. Il faut "rendre à César,ce que  lui appartient".. Chapeau à Sidi Ould Cheikh Abdallahi.

Ainsi ce geste fort était à saluer, malheureusement de nombreuses oppositions, de nombreuses forces obscures tapies dans l’ombre comme cela  a été dit initialement   ,ne voulait d’un retour organisé des déportés Mauritaniens, encore moins leur réintégration dans tous leurs droits et c’est d’ailleurs pourquoi toutes ces lenteurs, toutes ces inhumanités et toutes ces tracasseries administratives  et humiliations , ou des hommes et des femmes avec enfants sont finalement  jetés sous des tentes en pleine brousse, sans eau, sans soins et sans éducation ou toute autre assistance digne de ce nom pour tout simplement les réduire à néant. Quelle bêtise humaine!

Malheureusement, les auteurs de ces  crimes odieux et de ces violences à l’endroit de nos compatriotes sont encore là dans des hautes responsabilités de l’état et sont protégés par le général  Mohamed Ould Abdel Aziz qui d’ailleurs les gratifie de promotions et de privilège de tout genre. N'est -il pas souhaitable qu'ils rendent compte de leur forfaiture ? La Mauritanie doit enfin pouvoir  s'inscrire dans la liste des pays de droit et c’est urgent...

Aujourd’hui  04 Mai 2014, nous nous réjouissons d’une union sacrée  autour de l’accueil des marcheurs rapatriés vers la capitale. Est-ce, un coup de poker pour nos hommes politiques ? Est-ce une vraie adhésion à une cause noble que notre association l’organisation contre les violations des Droits Humains en Mauritanie (OCVIDH) a combattue  pendant ces longues années ? Quoi qu’il en soit quelque chose  a Changé dans ce pays. Ceux qui se permettaient de traiter toute dénonciation d’extrémisme, de racisme, de communautarisme, ou d’éthnicisme, se précipitent tous à  la porte de Nouakchott pour accueillir, ceux qu’ils avaient traités d’étrangers ou de quel autre nom d’oiseaux. Le gras d'une Mauritanie unie a sonné et notre histoire bégaie mais dans le bon sens.

En terre d’Islam, il serait souhaitable, pour des causes humanitaires que l’union sacrée soit observée, que la politique politicienne soit  bannie et que les idéologies importées soient complètement annihilées et que cette Mauritanie Arc en ciel découverte en si peu de temps, Ce 29 Avril lors de la marche du 1^er Anniversaire du manifeste des Hratin à Nouakchott et celle d’aujourd’hui 04 Mai des rapatriés du Sénégal se pérennise et devienne du pain béni pour notre Mauritanie de demain.Que  de bonnes occasions ratées par le passé pour cette solidarité mais disons tout simplement mieux vaut tard que jamais et accrochons nous à ce nouveau destin.

Franchement, quel que soit  vos motivations et quel que soit les raisons fondamentales qui ont suscité autant de liesse, d’affections, d’attention et de bousculade vers nos compatriotes en détresse. Il faut  au moins saluer cette union sacrée. Saluons cette Mauritanie multiculturelle,métissée  et disons tous non à l'oubli.

Faut-t-il  lié cela au récent parfum de l’élection présidentielle de juin 2014 ? L’humanitaire est une affaire de tous  et c’est au quotidien, au jour le jour qu’il faut agir.

C’est en cela, que je salue cet élan patriotique même si que je refuse  d’être naïf et que j'observe toujours la vigilance dans l'esprit constructif.

Ibnou Diagana

Pour le site de l’OCVIDH

www.ocvidh.org