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mercredi 12 février 2014

Luttes citoyennes en Mauritanie Biram Dah Abeid, La voix des esclaves Oubliés.



Fils d’un esclave affranchi, Biram Dah Abeid se bat pour abolir l’esclavage dans son pays, la Mauritanie. Un pays où, malgré un cadre législatif contraignant, cette pratique n’a pas cessé. Récit d’un militant obstiné qui a connu l’opprobre et la prison.
L’opprobre et la prison.
Carrure de charpentier et gueule de lutteur, Biram Dah Abeid est un colosse. D’ailleurs il ne parle pas, il martèle, le regard planté dans les yeux de son interlocuteur.
Mais lorsqu’il raconte l’histoire de sa famille, il se fait menu et volubile comme un griot, sans se départir de sa voix de stentor. C’est que son histoire n’est pas facile à raconter. Il y est question d’« un village bambara en Mauritanie, dont les habitants furent réduits en esclavage. Un jour, une fille vendue à un Arabo-Berbère est enceinte, tandis que son maître tombe très malade. Les marabouts, que le maître a consultés pour hâter sa guérison, lui conseillent de poser un geste généreux. Il décide alors d’affranchir l’enfant que portait sa jeune esclave. Ce fœtus était libre avant de naître. C’était mon père, venu au monde en 1922. »
En principe aboli depuis 30 ans et criminalisé en 2007, l’esclavage reste une réalité bel et bien ancrée dans la société mauritanienne. Situé à l’ouest du Sahel, ce pays compte aujourd’hui 3,5 millions d’habitants : Blancs, Noirs et esclaves noirs des Blancs. Et plus précisément d’Arabo-Berbères (20 %), de Négro-Mauritaniens –Peuls, Soninkés, Bambaras, Wolofs – jamais asservis et qui pratiquent encore leur propre langue (30 %) et d’Harratines (50 %), ces Africains noirs dont les ancêtres réduits en esclavage ont adopté la langue de leurs maîtres arabo-berbères. Une grosse moitié de ces Harratines ont été affranchis au fil du temps, les autres ayant été en principe libérés dans le cadre de l’ordonnance d’abolition de 1981.
En principe, car leur joug se prolonge encore aujourd’hui. Analphabètes, sans qualification, ni famille, ni réseaux sociaux, les esclaves restent confinés au foyer de leur maître, le seul qu’ils n’aient jamais connu. D’autant que la société mauritanienne n’est pas prête à leur faire de la place, tellement ils sont nombreux, un cinquième de la population, et tellement l’existence et la légitimité de l’esclavage reste profondément imprimés dans les esprits. « Mon père s’est marié à une esclave du pays qui lui a donné deux enfants, puis il est allé faire du commerce au Sénégal, l’eldorado de l’Afrique de l’époque, poursuit Biram.
« L’ordonnance d’affranchissement a poussé les maîtres à rappeler leurs esclaves pour gonfler leurs indemnités »
Un jour, il a voulu faire venir sa famille. Mais il n’a pas pu. Sa femme restait la propriété de son maître sans que mon père puisse rien y faire. Même chose pour ses enfants car la condition d’esclave se transmet par la mère. Mon père s’est donc remarié avec une femme libre, avec qui il a eu six filles, puis en 1965, un garçon. C’était moi. Mon père a souffert de l’esclavage, il m’a éduqué pour le combattre et je lui ai promis d’y consacrer ma vie. »
La vie de Biram Dah Abeid sera d’abord celle d’un enfant libre, mais discriminé. Il étudie à l’école de Rosso, une ville située au sud de la Mauritanie, à la frontière du Sénégal, puis tente de faire l’université à Nouakchott, la capitale, où il échoue, faute d’argent et de soutien de ses professeurs. L’esclavage est alors aboli depuis une dizaine d’années. Une disposition qui a fait, selon lui, empirer la situation. « Quelques années auparavant, de grandes sécheresses avaient décimé les troupeaux et ravagé les champs, explique-t-il.
Les maîtres n’ayant plus de travail à confier à leurs esclaves, ils ont été nombreux à s’en séparer, n’en gardant qu’une poignée pour s’occuper du ménage. C’est comme cela que de gros bidonvilles sont apparus autour des centres urbains. L’ordonnance d’affranchissement de 1981 prévoyait de dédommager les maîtres, ce qui les a poussés à rappeler leurs esclaves pour gonfler leurs indemnités. »
Biram Dah Abeid décroche alors un emploi de greffier dans un tribunal de Nouakchott. Un travail subalterne (« le juge à tous les droits », dit-il), mais un travail intellectuel qui lui permet de se faire des relations sociales et politiques. Il rejoint ensuite SOS-Esclaves, l’organisation abolitionniste de référence.
Cependant, son rêve de faire des études ne l’a pas quitté. Après dix ans de travail, une petite épargne accumulée lui permet de s’installer à Dakar au Sénégal, loin des ségrégations qui frappent les Harratines. Durant six ans, il y fait de nombreuses études, se plongeant dans l’histoire, la sociologie et le droit à l’Université Cheikh- Anta-Diop. A son retour en 2006, bardé de diplômes, Biram Dah Abeid trouve une Mauritanie transfigurée par le grand virage démocratique qu’elle vient d’amorcer. L’année suivante, des élections libres portent un président élu à la tête du pays, le parlement durcit la loi d’abolition en criminalisant l’esclavage et plusieurs institutions publiques sont créées pour accompagner la démocratisation du pays. Il rejoint l’une d’elles, comme conseiller de la Commission nationale des droits de l’homme. A 42 ans, il accède ainsi à la plus haute fonction pour parler d’abolitionnisme. Une consécration qui n’aura qu’un temps. L’année suivante, un coup d’Etat balaye le président élu. « L’armée s’inquiétait de voir le nouveau régime s’attaquer réellement au problème de l’esclavage », analyse-t-il. Et Biram est tout simplement limogée. Une première. « Je suis le seul opposant politique à avoir été radié de l’administration. » L’ex-conseiller du président continue à militer à SOS-Esclaves où il a acquis une certaine aura. Mais il trouve ce cercle d’intellectuels trop étroit, réservé à une élite qui négocie avec le pouvoir sans le bousculer ni obtenir d’avancées. Le combat abolitionniste touche la moitié de la population. Et pour Biram, il lui faut un grand mouvement populaire, avec meetings, manifestations et coups d’éclat. Surtout des coups d’éclat.
Avec quelques amis, il crée en 2008 l’IRA (Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste), qui compte aujourd’hui 3000 militants déclarés et rassemble des milliers de sympathisants. Sa première action publique a été de commémorer la mémoire de28 Noirs égorgés sans raison en 1988 par des militaires, une action qui vaudra à Biram Dah Abeid ses trois premiers mois de prison pour trouble à l’ordre public.
Sa détermination ne fléchit cependant pas. L’année suivante, il projette de renouveler son hommage aux 28 victimes, cette fois sur le lieu même de leur exécution dans le camp militaire d’Inal, à 450 kilomètres de la capitale. Une petite caravane de véhicules mettra deux jours pour rejoindre le camp, ralenti par d’innombrables barrages militaires et plusieurs manœuvres d’intimidation…
Ce fils d’esclave affranchi parle haut et fort, connaît du monde
et marque des points. En juin de l’année dernière, il franchit un nouveau cap, peut-être le dernier, qui peut le mettre au ban de la société. Il dénonce alors les fondements de l’esclavagisme en
Mauritanie. « Les imams sont les premiers actionnaires de l’esclavage.
« Comment justifier qu’un musulman puisse faire d’un autre musulman sa propriété, le mutiler, le violer, le vendre, le tuer ? »
Ce sont eux qui le légitiment et le sacralisent avec les livres. Il faut lever ce tabou. » Durant une manifestation à Nouakchott,
Biram Dah Abeid a donc brûlé un code noir, livre sacré qui justifie l’esclavage. « Ce geste, je l’ai payé cher, j’ai été accusé d’apostasie, de renier ma foi, alors que je suis un musulman fidèle qui revendique un islam égalitaire. » Est ce renié sa foi que de prendre des distances par rapport à des textes écrits aux IXe et XIVe siècle par des penseurs issus d’une société esclavagiste ? « La première source de la loi, c’est le Coran, et celui-ci interdit à tous les musulmans de faire couler le sang d’autres musulmans, de prendre leurs biens et de bafouer leur dignité. Comment alors justifier qu’un musulman puisse faire d’un autre musulman sa propriété, le mutiler, le violer, le vendre, le tuer ? C’est une contradiction flagrante avec la parole d’autorité. »
Le militant obstiné est alors envoyé en prison pour six mois, avant d’être remis en liberté provisoire. Ce qui ne l’empêche pas de voyager. « Les autorités me laissent sortir sans problème dans l’espoir
que je ne rentre pas. » En mai dernier, il était en Irlande pour recevoir le prix du défenseur des droits de l’homme en danger de
l’ONG irlandaise Front Line Defenders. En octobre, il défendait, au
Parlement européen, la cause de ses camarades de combat. « Trois militants sont actuellement en prison et des dizaines d’autres en liberté malgré une condamnation, les tribunaux émettent des sentences sans les rendre exécutoires. C’est de l’intimidation, mais ça ne marche pas. Nous sommes toujours là. ET moi, je rentre poursuivre la lutte au pays. »
Jean-François Pollet
Janvier & février 2014

1 commentaire:

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