Tout
le monde se demande souvent pourquoi la stratification de la société soninké
reste inchangeable. Mon hypothèse d’apprenti Anthropologue est que l’organisation sociale en milieu
soninké conditionne les comportements héréditaires et patronymiques. En effet,
cette influence est spécialement marquée dans la vallée du fleuve Sénégal,
particulièrement dans le milieu soninké, où il existe une hiérarchisation ou
une division des castes. L’organisation sociale dans le milieu soninké peut
s’analyser suivant deux lignes principales, d’une part une stratification
horizontale en castes définies par des critères de professions ou de conditions
de vie, d’autre part, par un système formaté à base de parenté lié à la génétique,
c’est-à-dire du père au fils, comme le droit de successions. Cependant, cette
communauté/ethnie est cloisonnée de la
hiérarchie sociale : on nait noble, griot, forgeron ou esclave. Toute la
fabrication de cette communauté/ethnie soninké est basée sur les diverses strates apparemment désunies en
castes. Leur rapport et mode de vie, leur façon de vivre et leur organisation
sociale et culturelle, depuis la nuit du temps sont calqués sur cette
différenciation, avec une échelle sur laquelle le groupe A et le groupe B, la
seule chose qui les lie, c’est le modèle de vie traditionnel (Ladanous) pas plus que ça. Par ailleurs, au niveau du village Soninké,
tous les groupements sociaux se retrouvent d’une façon inégalement caractérisée
comme tels : au ménage correspond la case, à un certain type de groupement
familial correspond la concession ; de même qu’il existe plus ou moins
séparés des quartiers, esclaves, nobles, d’artisans…
La typologie des Castes ou la
hiérarchisation de la communauté soninké :
Les
critères permettant de définir les castes sont classiques : chaque
individu de par sa naissance même appartient à telle ou telle caste qui est
celle dont fait déjà partie son père. Le mariage se fait à l’intérieur de la
caste. Cette endogamie de caste ne comporte que quelque exception entre
certaines castes d’artisans ; l’appartenance à une caste est liée
traditionnellement à une certaine spécialisation professionnelle dont la caste
a un quasi-monopole (par exemple le travail de métaux, travail de cuir…). En
effet, dans la communauté soninké,
l’élevage et l’agriculture ne sont pas
des activités castées, c’est-à-dire qu’elles sont pratiquées par tous, quelle
que soit la caste. Les castes peuvent être classées suivant leur hiérarchie au
sein de la société soninké. Nous nous essayons de les résumer en trois grandes
catégories sans revenir sur les détails.
1-
En premier lieu, sans contestation
possible viennent les Horos
(singulier horé) qui forment une
sorte de caste noble, composée en principe par les lettrés et les propagateurs
de l’islam(les Imams). Cette caste est composée des (Debegoumous, Modinous, Mangous…), qui se marie entre eux et détient tout le pouvoir décisionnaire du
village quel qu’il soit dans la région de Guidimakha, sans associer les autres
sages et les autres honorabilités des autres castes du village ; elle
règne sans partage depuis la fin de l’empire du Ghana, vers le 10 et 11ème
siècle. Elle était la classe dominante pendant très longtemps en termes de
savoir et de richesses. A l’ère
d’aujourd’hui, les tendances ont changé, on trouve dans chaque caste des
savants religieux, des intellectuels modernes et des grands patrons. Mais
l’ordre établi depuis des siècles reste toujours plus ou moins inchangé. Le
changement est en cours avec l’arrivée de la nouvelle génération consciente et
sage, mais aussi avec l’évolution de la société, car le monde est devenu un
village planétaire. Oui, certaines mentalités commencent à bouger dans tous les côtés.
2-
Ensuite, viennent les castes
proprement artisanales (les Gnakhamalanous),
singulier Gnakhamala, que moi,
je préfère les regrouper dans la même
enseigne : Ce sont les forgerons, griots, les pécheurs, les tisserands et les
bijoutiers ; spécialisés dans le travail des métaux, du coton, du cuir, de
la musique, du pirogue, du bois…Cette caste se marie aussi entre eux, selon la
tradition soninké. En quelque sorte la caste Gnakhamalamous, est plus proche de la première caste horos. Les gnakhamalanous, sont souvent
considérés comme des portes paroles de la première caste. Et, exceptionnellement
ils se marient avec eux, mais avec un très grand embarras et dans certaines
circonstances de la vie communautaire. Traditionnellement, dans le milieu
soninké, les Gnakhamalanous, sont
aussi appelés des agents diplomatiques,
qui sont censés de régler les conflits amiablement au sein de la communauté
soninké grâce à leur monopole du verbe soninké. Mais avec l’évolution de la
société, cette fonction est désormais pratiquée par n’importe quelle personne douée
des raisons, des sagesses et des qualités humaines. Cette caste, si j’ose dire
est le trait d’union entre la caste horos et celle des Komos.
3-
Au niveau le plus bas de la
pyramide sociale soninké, on trouve les esclaves, les Komos (singulier Komé). Traditionnellement,
ce sont de serviteurs, attachés chacun à un maitre bien déterminé et qui sont
transmis par héritage absolument comme les biens meubles, les troupeaux et les
champs. Ces esclaves, sont transmis de père maitre au fils sans condition. Cette
caste est le dernier échelon de l’échelle sociale soninké, caractérisé par son
patronyme, son travail de servitude auprès de leur maitre. Les esclaves, à leur
tour sont condamnés de se marier entre eux et généralement on les retrouve tous
regrouper dans un quartier (comokani)
au sein du village. Jadis, l’esclaves ou descendant d’esclave n’avait pas droit
à la parole aux réunions du village encore moins pas un mot seul pour la
gestion des affaires communautaires. Ils sont fixés à leur statut Komé, quelle que soit leur intelligence,
leur sagesse et leur honorabilité. Ils sont nés komos et vont mourir komos,
selon la philosophie soninké. Ce sont d’exécuteurs des ordres venants de la
première caste. Par ailleurs, encore une fois, avec l’émancipation de la
société et l’arrivée d’une nouvelle génération (descendants d’esclaves)
efficiente, les choses changent lentement mais surement. Mais pas une chose aisée
de changer les mentalités dans un milieu comme celui de soninkara. Une
communauté communautariste et inegalitaire.
En
effet, cette hiérarchie sociale soninké,
on la retrouve chez toutes les communautés humaines, en Europe en Asie, aux Etats-Unis et en Afrique. En
revanche, en occident ce modèle de société est complément révolu, car non
seulement c’est une violation de droits humains, mais aussi c’est un
système qui freine
le progrès humain. Il a fallu attendre la révolution française de 1789,
pour passer la monarchie à la République. Avec la déclaration française de
droits de l’homme et du citoyen de 1789 et la déclaration universelle de droits
de l’homme du 10 décembre 1945, les citoyens sont tous nés égaux en droit et en
devoir. En effet, cette stratification sociale est certainement présente dans
la société africaine et presque dans toutes les communautés. Par exemple chez
les toucouleurs, en premier lieu viennent les torobés (Torodo), ensuite les
rimbés (Dimo) ainsi de suite. Chez la société maure, viennent en premier lieu,
les guerriers, ensuite les marabouts, ensuite les tributaires etc…
Cependant, dans la société soninké, ce
formatage de mentalités est lié
automatiquement au patronyme de chacun de ses membres. C’est un phénomène génétique, c’est-à-dire héréditaire
(du père au fils…). Les Soninkos sont
tous de musulmans à ma connaissance, jusqu’à nos jours je n’ai pas encore
rencontré un soninké juif ou chrétien. Ils prient tous pour le même Dieu
(Allah), ils partagent le même livre saint (Coran) et le même prophète (Mohamed
PSL). Mais ils interdisent le mariage
entre eux pour des raisons sordides, patronymiques et des
positions sociales rétrogradées qui sont contraire au Coran et aux préceptes
religieux. Dieu n’a-t-il pas dit dans le Coran : « Vous êtes tous crées à partir de Adam ;
et Adam a été créé à partir de la terre. Le meilleur d’entre vous, est celui ou
celle qui craint de plus en Allah ». En revanche, les Soninkos, eux,
ils restent figer dans leur code culturel, qui est contraire au livre saint
d’Allah et la Sunna du Prophète Mohamed en termes de l’union entre deux
musulmans, entre autres. Le caractère féodal de cette société, très hiérarchisée
ne fait aucun doute. Parmi les chefs qui commandent, certains, très turbulents,
cherchent à gagner ou à conserver une hégémonie sur les autres. L’Homme est
socialement une invention, il est ce
qu’il mange, ce qu’il voit et ce qu’il croit. On ne peut pas en vouloir à l’Homme d’être Homme.
Ce faisant,
Hobbes disait que : « L’homme
est un loup pour l’homme ». Tout pouvoir humain est établi en faveur
de ceux qui gouvernent. Donc l’espèce humaine est divisée en troupeaux de
bétail dont chacun a son chef qui le garde pour le dévorer. Le système des
castes est un frein pour l’unité de la communauté, il faut le dire haut et fort.
Il est le moteur de division entre les peuples d’une même
nation, d’une même communauté et d’une même ethnie. C’est un frein/obstacle
pour le développement économique et
social de cette communauté. Ce système met en cause tout progrès social et humain des
êtres vivant en société. Nous proposons à cette belle communauté de revenir à
la raison. La raison d’Allah (Coran) et de Mouhammed (Souna). Il faut que cette
communauté matérialise la Sahadaa et
pratique la science religieuse comme le prophète l’a déjà faite. Et qu’elle
arrête de mettre partout en avant les mauvaises coutumes et traditions qui sont
contraires à l’islam. Dernier point très important, c’est de miser beaucoup
plus sur l’éducation, surtout l’éducation et rien que l’éducation de nos
enfants. Du coté médical, il faudrait, une seule et
unique prescription de la part d’un médecin
pour toutes les castes afin de pouvoir diagnostiquer la pathologie. A quand le changement social en milieu soninké du 21ème
siècle ? Et quel serait la première invention de cette communauté soninké
? Un Aphone 11 ? Un
satellite ? Ou encore un véhicule volant ?
BA
– Boubou
Doctorant
- chercheur à Paris
Membre
de l’Association Française de l’Histoire du Droit à Paris (AFHD)
Fondateur
de l’association AECJRM en France
Militant
de droits humains
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