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lundi 20 mars 2017

Déclaration : Au Guidimakha, les autorités favorisent l’apologie de l’esclavage

Sous la pression continue des mouvements abolitionnistes et de la communauté internationale qui exige de l’Etat l’abolition définitive de l’esclavage en Mauritanie, les autorités mauritaniennes ont décrété le 6 mars « journée nationale dédiée à la lutte contre les séquelles de l’esclavage ».

Elles poussent le cynisme plus loin en organisant à travers le pays une campagne de sensibilisation sur la question au moment où elles ne ratent aucune occasion de traiter les abolitionnistes de « marchants de misère » mais surtout de réprimer dans le sang la moindre manifestation pacifique et de mettre en prison les militants abolitionnistes.

Cette attitude des autorités au sommet de l’Etat dicte aux autorités administratives et judiciaires mais aussi aux responsables des forces de police et de gendarmerie régionaux des comportements tendant à saborder le travail des abolitionnistes.

En effet, lors d’une assemblée villageoise à Coumba Ndaw (Moughataa de Ghabou) au Guidimakha, Mr Ali Traore a provoqué une grande bagarre en prononçant des propos outranciers et provocateurs à l’égard d’un vieillard, faisant ouvertement l’apologie de l’esclavage.

Comme il est de coutume, une médiation locale a eu raison des colères jusqu’à ce que sous la pression et l’encouragement d’un groupe de féodaux, Mr Ali Traore décida de porter l’affaire devant la brigade de gendarmerie de Ghabou faisant convoquer le vieillard qu’il avait pourtant agressé verbalement.

Cette affaire s’est davantage compliquée avec l’intervention du Ministre de l’Environnement Mr Amedy Camara qui, par téléphone, a fait pression sur les protagonistes et a cherché à influencer le chef de brigade de gendarmerie.

Le Ministre s’est même vanté au Maire adjoint de la Commune de Ghabou Mr Housseinou Diallo que « tout le monde gagnerait à conserver son statut car lui ministre, par le passé, a fait des prises en charge médicales à certains de leur village parce que ceux-là sont bel-et-bien ses esclaves ». Face à tant de confusion et de malveillance, le Chef de brigade de la gendarmerie a décidé transférer le dossier au tribunal de Sélibaby.

IRA – Mauritanie, attachée au respect des Droits humains et solidaire de l’Association Mauritanienne pour l’Eradication de l’Esclavage et ses Séquelles (AMEES) :

- Appelle les autorités mauritaniennes à se départir du mensonge par le double langage sur la question de l’esclavage,

- Rend les autorités mauritaniennes responsables de la situation de tension qui prévaut en ce moment au village de Coumba Ndaw et exige d’elles des mesures sévères contre ceux qui font l’apologie de l’esclavage avant que l’irréparable ne se produise,

- Rassure les communautés villageoises victimes des agissements rétrogrades des groupes féodaux de son soutien indéfectible mais aussi des combines à relents esclavagistes des autorités.

Nouakchott, le 20 mars 2017
La Commission de communication

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