Loin de me donner la prétention audacieuse de jauger le contenu
hautement intellectuel et édifiant des contributions de Ould Beibacar(les
haratines, les oubliés de la république) et Ould Elmokhtar (le problème
haratine n’est plus un problème d’esclavage) ; encore moins de cerner ou
d’évaluer le combat ô combien noble et
enrichissant de leçons de mes doyens
d’âge, référentiel de lutte pour la
génération montante du refus, s’il vous
plait prêtez moi cette modeste et succincte
contribution.
Revenant de la Mauritanie fertile, confins sud (Dakhle et Réwe)
commune de Tékane, terre générationnelle des mes ancêtres, jadis connue par sa
résistance contre les razzieurs venus du nord, elle est de surcroit devenue un lieu de refuge pour le
fugitifs fuyants la braise de l’esclavage des hommes enturbannés à barbes
bleues. Ces bleds (entre autres : Guew, Lwassa, Dioule, Djemtir, Kervat Izmane
Binte, Mheybe) que Paul Marty au début du siècle passé décrivait avec
émotion et passion, dans ses notes sur les terres Ouladaïdiennes ; sont désormais une propriété de réserve foncière de l’Etat. Ces bleds pleurent la souffrance de
l’expropriation forcée.
Ces jours ci cette zone vit
la clémence hivernale, l’abondance laitière des vaches authentiques et la surabondance
des espèces de poissons des eaux froides. C’est dans cet environnement
inspirateur que j’ai suivi avec intérêt sur
ma connexion portable le débat sur les haratines, bref.
Même si, comme dit l’adage hassanophone : « lijbar
cheway, may yinhargou eydih », traduction littérale « celui qui a un grilleur, ne se brule
pas les mains », rôle pleinement assumé et joué avec brio par Mohamed Salem ould Elmokhtar dit chedad à qui j’ôte mon turban en plus du chapeau, là
je me limiterai tout en me nuançant de prés avec Amar ould Beibacar à un constat : La
lutte haratine et la récolte amère.
Nuance de propos
Concernant les cadres
haratine réussis, nonobstant leur compétence et leur loyauté sont
souvent marginalisés et ceux parmi eux qui ne versent pas dans le reniement et
le déni des souffrances de ses cousins de race sont systématiquement étiquetés
à défaut de ne pas être accusés et emprisonnés comme le fut le Docteur Sidi Fall sortant des
prestigieuses universités américaines mort après 5ans de prison à Rosso, cheikh ould
Mowloud et Ahmed ould Khatri, ou forcé à l’exil cas du diplomate Docteur Mohamed Yahye Ould Ciré, .
Pour Mohamed Ould Sidi Yahye, la dimension illicite de l’esclavage
mauritanien est de tout temps occultée de
ses prêches, qui font mobilisées beaucoup de Hratin, et fréquemment il étaye son argumentaire par certains
passages des interprétations kliliennes, dousoukhiennes, hatabiennes et ibnou
achiriennes dont il est parmi les premiers à prendre la défensive l’ors de l’incinération d’alerte symbolique
d’avril 2012, effectuaient par certains
militants des droits de l’homme .
Souvent tous ses adeptes initiés
deviennent nonchalants, fatalistes, soumis, indifférents à la vie d’ici bas et
aux injustices subies, perdent la confiance de soi et pour soi, plutôt enthousiasmés par le suivisme aveugle
de leur guide par conséquents ils deviennent des acteurs effacés du bouleversement de
l’ordre social établit, n’est il pas là une énigme ? En tout cas çà, mérite une réflexion.
L’école, quelle
école ? Celle-ci au lieu qu’elle soit un vecteur de brassage culturel et
linguistique où se diluent tous les nivellements sociaux, désormais suit les
moyens économiques d’où la ghettoïsation des enfants hratins dans des écoles
publiques désuètes, conséquence logique de leur absence dans les grandes écoles
(mines, génie civil, communication, excellences), des grands instituts (iset,
iscae) de la faculté de médecine et de l’Ena.
Constat : La lutte haratine et la récolte amère.
La période (d’Elhor, SOS
esclaves, Ahme, Ira, au mouvement civique Manifeste Hratin) dans l’histoire des
haratine est l’une des plus acerbes que
la Mauritanie ait connue et qu’elle connait encore. Dans cet intervalle
temporel l’homme hartani est toujours considéré comme un sous-homme maintenu
dans le lot de souffrance, de détresse et d’exclusion, sa communauté (haratine) nombreuse et laborieuse
ploie inlassablement sous le poids hideux de la marginalisation avec ses
corolaires ignorance et pauvreté ce qui tout de même l’incitera un jour à créer
une dynamique scientifique afin de relever la tête pour remettre en cause le mépris
et la violence systématique qui l’humilient ce qui anéantira certainement le régime
des privilèges du segment dominant, bâtit sur la supériorité et l’exclusion.
En effet, la condescendance et le mépris à l’égard du hartani ont
toujours été et le demeurent aujourd’hui comme mode de vie et signe de marque
du dominant.
Et comme aimait à le dire MARX : « pour transformer une
situation, il ne suffit pas d’une critique purement théorique, il faut une
activité pratique révolutionnaire, qui modifie tant la conscience que
l’être. C’est uniquement par une pratique révolutionnaire que l’homme
transforme la réalité environnante et se
transforme soi-même ».
Alioune Ould Youssouf dit Maham
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