Communiqué
de Presse
La chambre correctionnelle de la Cour d’appel d’Aleg – récemment érigée, presque pour la
circonstance -, a rendu, le 20/08/2015,
un arrêt par lequel elle a confirmé le jugement du tribunal régional
de Rosso condamnant, sur le fondement de
l’article 193 du Code Pénal, nos clients Biram Ould Dah Oud Abeid, Brahim Ould Bilal
Ould Ramdhan et Dhibi Sow pour rébellion et l’atteinte à l’autorité publique. Cet arrêt a été qualifié de
définitif et de contradictoire bien que ni les prévenus, ni leurs avocats n’eussent
comparu devant cette juridiction.
Le lendemain, 21/8/2015, Monsieur le Procureur General prés la
Cour Suprême a, pour sa part, organisé
un point de presse pour indiquer que
« la Cour d’appel d’Aleg a
confirmé le jugement du premier degré rendu par le tribunal de Rosso
dans cette affaire » tout en
ajoutant que les « prévenus avaient été condamnés en première
instance pour rassemblement, incitation au rassemblement, rébellion, résistance
à la force publique et offense à celle – ci dans l’exercice de ses fonctions,
usage de la violence et voies de fait envers les représentants de la force
publique dans l’exercice de sa mission que ces infractions ont été
commises dans le cadre d’une association non autorisée et que ces
faits sont prévus et punis par les articles 101,102, 103,104,105, 191,
193,194,et 204 du Code pénal et de l’article 8 de la loi 64/98 sur les
associations ».
Agissant sur instruction de ses clients, le Collectif
de Défense des prévenus entreprendra l’ultime voie de recours encore ouverte
contre l’arrêt de la Cour d’Appel d’Aleg : le pourvoi en cassation devant
la Cour Suprême.
A cette occasion, il tient à constater, avec appréhension, les violations
graves de la loi qui ont émaillé cette procédure :
le juge d’instruction a instruit le dossier à charge seulement et non à charge et à
décharge, et donc dans une célérité particulièrement suspecte
le jugement du tribunal de Rosso n’ a point reflété le débat judiciaire
qui s’est fait lors de l’examen du dossier en audience publique; le
tribunal a fait recours à une qualification
des faits que la loi et singulièrement l’article 193 du code pénal visé
par le juge dans sa décision ne
prévoient point « l’atteinte à l’autorité publique »
les prévenus ont été, aussitôt le jugement de Rosso
rendu, transférés à une maison d’arrêt, celle d’Aleg, ne relevant point du ressort de la Cour
d’appel de Nouakchott, seule compétente pour le juger, au regard du droit
procédural mauritanien
la Cour suprême a, après coup, couvert
cette atteinte grave au droit de chaque prévenu à être jugé par son
juge naturel, en soustrayant par une décision juridictionnelle formelle, le
dossier de la Cour d’Appel de Nouakchott à celle d’Aleg.
La Cour d’Appel d’Aleg a rendu sa décision en une
journée dans des conditions plutôt rocambolesques.
Le procureur général ne semble prêter aucune considération au contenu des
décisions judiciaires rendues dans cette affaire. Pour lui l’accusation portée
contre les prévenus et les décisions rendues à leur encontre ne peuvent être
qu’à l’identique ; le détail technique du droit est dépourvu de tout
intérêt.
Le collectif ne peut que regretter
l’instrumentalisation de la justice, à ses différents échelons, dans un dossier dont l’issue aurait dû, pour des considérations
multiples, relever du seul droit et notamment de celui des prévenus à un procès
juste et équitable.
Il entreprendra sereinement son ministère d’avocat devant
la Cour Suprême avec l’espoir de l’entendre dire le droit, loin des impératifs politiques ponctuels qui
sont inconciliables avec l’exigence d’une justice indépendante, crédible et
digne de confiance aux yeux du citoyen mauritanien , des amis et partenaires de notre pays
./.
Nouakchott, le 02/9/2015
Le collectif
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