La Mauritanie traverse
une crise multiforme qui touche tous les secteurs de la vie nationale et qui
est marquée notamment par un repli identitaire jamais égalé et une tension
sociale et économique qui se cristallise autour du conflit opposant
travailleurs et direction générale de la SNIM, première entreprise du pays.
C’est donc dans ce contexte particulièrement tendu que la classe politique
envisage d’aller vers un dialogue en vue de décrisper l’atmosphère ambiante.
Mais si l’idée d’engager
un dialogue pour dépasser les crispations qui freinent la marche en avant du
pays est à saluer, il importe de s’entendre sur la forme et le contenu à donner
à ce dialogue. En effet, si l’ambition des assises à venir est de sortir la
Mauritanie de l’ornière, il importe que l’on discute des problèmes structurels
du pays, au premier rang desquels se trouvent les questions de la cohabitation
entre les différentes composantes nationales, de la répartition équitable du
pouvoir et des richesses, de l’éradication de l’esclavage, de l’officialisation
de toutes les langues nationales, etc.
Un dialogue se limitant
au conjoncturel et à la seule gestion des élections et de l’alternance au
pouvoir serait un dialogue tronqué et ne réglerait en rien les problèmes de
fond de notre pays. Aussi, les assises en vue se doivent-elles d’être
véritablement inclusives, c'est-à-dire qu’elles doivent impliquer toutes les
forces vives de la nation (partis politiques, société civile, etc.). Cela
suppose donc la libération des prisonniers d’opinion que sont les militants des
droits de l’homme, injustement condamnés, Biram Dah Abeid, Président de IRA
Mauritanie, récipiendaire du prix des Nations Unies 2013 pour les droits de
l’homme, Brahim Ould Bilal son Vice Président, Diby Sow, Président de Kawtal
ngam Ƴellitaare et les autres militants antiesclavagistes détenus à Nouakchott
Tout dialogue qui ne
prendrait pas en compte ces considérations et qui n’inclurait pas toutes les
forces vives de la Nation ne serait qu’une fuite en avant dans la volonté de
pérenniser le système raciste et esclavagiste qui régit la vie nationale. C’est
seulement à ce prix que nous sauverons la Mauritanie des dangers d’implosion
qui la guettent dont le dernier exemple en date est l’apologie publique du
crime de génocide contre la communauté noire pendant les années de braise de
l’histoire nationale (1986 – 1991), apologie proférée par Sidi Ould Dahi,
ancien sénateur et proche du Président Mohamed Ould Abdel Aziz.
Nouakchott, le 04 mars
2014
Pour le Bureau Exécutif,
Le Président
Alassane DIA
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