A Monsieur le Secrétaire Général de
l'Organisation des Nations Unies
Cette lettre
a pour objet de vous instruire d'un aspect des conditions des droits de l'Homme
en Mauritanie, celui lié à l'esclavage et à la répression des organisations de
lutte contre l'esclavage.
En 2013,
votre organisation, l'ONU, a décerné à Monsieur Biram Dah Adeid le
prestigieux Prix des Droits de l'Homme, prix qui distingue les "personnes
ou associations qui ont accompli un travail remarquable pour protéger ou
promouvoir les droits de l'homme". Le lauréat du prix de votre
organisation, Biram Dah Abeid, président de « IRA-Mauritanie », et
son adjoint, Brahim Ould Bilal, croupissent en prison depuis plus de 17
mois (le 11 novembre 2014). Ces militants des droits de l'homme sont incarcérés
pour avoir dénoncé, pacifiquement, les pratiques de l'esclavage en Mauritanie
et particulièrement l’esclavage foncier.
Les
militants de notre organisation, IRA, à l'instar de nombre d'autres organisations
de défense des droits de l'homme, sont quotidiennement victimes de la
répression et des exactions du gouvernement mauritanien. Pas plus tard que la
semaine dernière (lundi 29 février 2016), nos militants ont été sauvagement
agressés par la police mauritanienne alors qu'ils ne faisaient qu'exercer leur
droit constitutionnel à manifester pacifiquement.
Monsieur le
Secrétaire Général, vous rendez visite à un pays où sévit l'esclavage par
ascendance, celui par lequel l'enfant naît esclave parce que sa mère est
esclave alors que pour vous et votre Organisation, mais aussi pour le monde
civilisé : "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en
droits".
Nous vous
écrivons, Monsieur le Secrétaire Général, pour vous demander d'intervenir :
1- pour demander au gouvernement
mauritanien de cesser de réprimer des militants des droits de l'homme;
2- pour demander au gouvernement
mauritanien de libérer le lauréat du Prix 2013 des Droits de l'Homme de l'ONU
ainsi que son adjoint. Ces deux prisonniers d'opinion ont introduit un
recours auprès de la Cour Suprême qui n'a jamais été programmé;
3- pour que l'esclavage soit réellement
aboli en Mauritanie et pour que ses victimes que sont les Hratin bénéficient
d'un programme de rattrapage économique et social soutenu;
4- pour que la loi criminalisant
l'esclavage et les pratiques esclavagistes soit réellement appliquée et ses
contrevenants réellement punis sans que l'administration n’interfère en leur
faveur;
5- pour que l'esclavage foncier, celui
par lequel les maîtres d'esclaves se transmettent, de génération en génération,
des terres que les esclaves sont les seuls à mettre en friche et travailler,
soit définitivement aboli. C'est en dénonçant, pacifiquement, cet esclavage,
que Biram Dah Abeid et Brahim Ould Bilal ont été arrêtés et condamnés à deux
ans de prison ferme.
Vous
souhaitant un bon séjour en Mauritanie, nous vous prions, Monsieur le
Secrétaire Général, d'accepter l'expression de notre profond respect.
Nouakchott le 04 mars 2016
Au nom Bureau Exécutif d'IRA-Mauritanie
La Commission de Communication
To Mr Ban
Ki-moon, Secretary-General of the United Nations Organisation
Nouakchott,
4 March 2016
Dear Mr Secretary-General
We are writing to draw to your attention the human
rights situation in Mauritania,
and in particular to the continued existence of slavery and to the repression
of organisations fighting to end it.
In 2013 your organisation, the UNO, awarded the
prestigious Human Rights Prize, which aims to ‘honour and commend people and
organisations which have made an outstanding contribution to the promotion and
protection of human rights’, to Mr Biram Dah Abeid.
Since 11 November 2014 – that is, for over 16 months –
the prize-winner, Mr Biram Dah Abeid, president of the anti-slavery
organisation IRA Mauritania, has been languishing in prison, along with his
deputy, Brahim Ould Bilal. These human rights activists are in prison for
having denounced, peacefully, the practices of slavery in Mauritania, in
particular land slavery.
The activists of our organisation, IRA, as well as
those of a number of other organisations for the defence of human rights, are
victims of the repression and the exactions of the Mauritanian government on a
daily basis. As recently as last week, on Monday 29 February 2016, our
activists were savagely attacked by the Mauritanian police for doing nothing
more than exercising their constitutional right to peaceful demonstration.
Mr Secretary-General, you are visiting a country where
slavery by birth, under which a child is born a slave because its mother is a
slave, still holds sway, even though for you and for your organisation, but
also for the whole civilised world, “All human beings are born free and equal
in dignity and rights.”
We therefore write to you, Mr Secretary-General, to
request you to intervene
1 to ask
the Mauritanian government to end its repression of human rights activists;
2 to ask
the Mauritanian government to free the 2013 winner of the UNO Human Rights
Prize, and his deputy, who have both appealed to the Supreme Court without
obtaining a date for their hearing;
3 to
secure the real and effective abolition of slavery in Mauritania and the
institution of a programme that will allow its main victims, the Hratin, to
catch up economically and socially;
4 to
ensure that the law criminalising slavery and related practices is effectively
applied and that offenders receive real punishment, without the administration
intervening on their behalf;
5 to
ensure that land-based slavery, under which slave-‘owners’ pass on from
generation to generation lands which slaves, and slaves alone, clear and work,
is definitively abolished. It was their peaceful denunciation of this type of
slavery that led to the arrest of Biram Dah Abeid et Brahim Ould Bilal and to
their sentencing to terms of imprisonment.
Mr Secretary-General, we wish you an agreeable visit
to Mauritania.
Yours sincerely
The Communication Committee of the Executive Bureau, IRA-Mauritania
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