El Hussein Dieng, SG de l’IRA-Mauritanie sur le verdict prononcé contre ses camarades :
"Nous ne le reconnaissons pas parce qu’il ne relate réellement pas les faits qui se sont produits à Arafat".
La justice vient de condamner à une peine de 6 mois de prison ferme et 500.000 UM d’amende contre Birame Ould Dah Ould Abeid Président de l’IRA-Mauritanie et Maouloud Ould Boubou et une peine de 6 mois avec sursis plus une amende de 100.000 UM pour Dah Ould Boushab, Ali Ould M’Bareck, Cheikh Ould Abidine et Balla Touré.
Le secrétaire général de l’Ira-Mauritanie El Hussein Dieng s’est aussitôt prononcé sur cette décision de justice. Entretien.
Cridem : Le verdict est tombé. Birame Ould Dah Ould Abeid et ses amis ont été condamnés par la justice à une peine de 6 mois de prison ferme. Quel est votre jugement ?
El Hussein Dieng : Ce verdict, nous ne le reconnaissons pas parce qu’il ne relate réellement pas les faits qui se sont produits à Arafat. Il y’a eu une autre approche qui a été faite par les autorités en charge de la justice qui voulaient, coûte que coûte, en découdre avec Birame Ould Dah.
Ce que nous avons pu comprendre, c’est que les droits de l’Homme et la démocratie marchent carrément à reculons en Mauritanie. Et c’est regrettable pour un pays qui a vraiment envie d’avancer. Nous restons fermes sur nos principes. Pour nous, ce qu’on appelle les droits de l’Homme ne sont pas négociables, c’est un terrain sur lequel nous sommes très clairs. Nous allons faire un appel et on verra la suite.
Cridem : Maintenant que Birame Ould Dah et ses amis sont emprisonnés, quelle suite allez-vous donnez à votre combat contre l’esclavage ?
El Hussein Dieng : Il y’a une chose que les gens doivent comprendre et c’est extrêmement important : un problème, lorsqu’il existe dans un pays, on ne doit pas le nier mais on doit avoir le courage de l’affronter avec une volonté politique réelle et trouver des solutions par rapport à ça. Nos amis sont victimes de cette situation.
Nous savons en ce qui concerne l’esclavage que les Harratines, les Négro-mauritaniens comme les Beidhanes ont une partition extrêmement importante pour ce combat afin de mettre un terme à ce problème d’esclavage.
Il y’a des gens qui pratiquent l’esclavage à l’intérieur du pays. Ceux-là ont envie que cette pratique perdure parce que c’est leurs intérêts. Nous avons toujours proposé par rapport à la question de l’esclavage de mettre en place une commission indépendante chargée exclusivement de cette question. Tous les esclaves doivent être libérés.
Le député de Tawassoul Jémil Ould Mansour a eu l’occasion de dire publiquement au Parlement que l’esclavage existe encore en Mauritanie. Mais, il faudrait que les gens aient le courage de l’affronter et cela est valable également pour les autres problèmes qui sont liés à l’exclusion, à l’état foncier, à l’injustice, à l’Etat civil qui est train de se poser avec acuité…
Cridem : Vous avez adressé des lettres à des chancelleries occidentales, africaines et arabes accréditées en Mauritanie de même que mis à contribution certains partis politiques et Ongs. Mais, cela n’a pas pesé sur la balance. Est-ce que votre lutte n’est pas déjà perdue d’avance ?
El Hussein Dieng : La condamnation de Birame nous confirme qu’il a toujours gêné dans ce pays de par son discours. Mais, ce discours est vrai et partagé même au niveau des sphères de l’Etat. Nous rencontrons des autorités nuit et jour qui disent que ce que dit Birame est effectivement vrai. A la place de l’Etat, nous aurions pris ce qu’il y’a d’essentiel dans son discours et essayer de l’étudier, d’en faire vraiment un programme pour les populations.
C’est ce que le gouvernement devait faire. Nous considérons tout simplement que Birame est parti en voyage. Parce qu’il nous a habitués à cela. Qu’il va revenir très bientôt et très fort. Le jour où il sortira, ce jour-là, on organisera un grand meeting à Nouakchott pour montrer que la bataille n’est pas perdue.
Cridem : Quelle est l’invitation que vous adressez aux pouvoirs publics ?
El Hussein Dieng : L’esclavage existe bel et bien en Mauritanie. Mohamed Ould Abdel Aziz et son gouvernement doivent prendre ce problème par les deux mains et de l’aborder courageusement. Mohamed Ould Abdel Aziz a été élu pour ça. Nous déplorons le fait que certains partis politiques ne se soient pas prononcés sur cette situation comme Adil ou l’Upr qui a mis en place une commission des droits de l’Homme qui n’a rien fait dans ce sens.
Nous aurions aimé que le Président de la République installe une commission indépendante chargée exclusivement de lutter contre l’esclavage et ses séquelles. Birame Ould Dah n’est pas contre les intérêts de la Mauritanie. Nous déplorons le silence des oulémas qui sont en grande partie complices de la situation dans laquelle nous sommes. Nous sommes en train de vivre la cherté des prix.
Dans les mosquées, dans les khotbas, au lieu qu’on évoque les problèmes des populations, on évoque des problèmes antérieurs, qui nous dépassent, qu’on ne vit même pas en Mauritanie. Le Président de la République avait proposé de réformer la justice. Mais, un pays, il faut qu’il soit stable pour le développer. Mais, jusqu’à présent, on n’a pas vu ces réformes judiciaires qu’il avait promises.
Propos recueillis par Babacar Baye Ndiaye
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