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lundi 2 octobre 2017

Corruption en Mauritanie : L’évaporation des ressources gangrène toute perspective de développement

Corruption en Mauritanie : L’évaporation des ressources gangrène toute perspective de développement
Sherpa publie un nouveau rapport sur la corruption en Mauritanie : « Un gigantesque système d’évaporation »

(Dakar, le 29 septembre 2017) – Dans un nouveau rapport, l’ONG de lutte contre les crimes économiques Sherpa épingle la corruption endémique en Mauritanie, facteur d’aggravation de la crise sociale et obstacle au développement du pays.

En mars 2013, Sherpa avait déjà adressé un rapport similaire aux bailleurs institutionnels de la Mauritanie, mais depuis la situation s’est nettement dégradée et Sherpa n’a d’autre option que de tirer à nouveau la sonnette d’alarme. Les spoliations en faveur du clan présidentiel continuent à un rythme soutenu alors que le pays traverse une période particulièrement difficile depuis la chute des prix des minerais de fer.

« Il y a aujourd’hui suffisamment de raisons de penser que les financements massifs des bailleurs institutionnels vers la Mauritanie alimentent un vaste système de corruption et de prédation et participent ainsi à un gigantesque gaspillage des ressources publiques », a déclaré William Bourdon, président de Sherpa.

Deuxième producteur du continent africain en minerais de fer, riche en gisements d’or, de cuivre et en réserves halieutiques, la Mauritanie s’apprête à commercialiser en 2021 les hydrocarbures. Malgré ce fort potentiel économique et une petite population de 4 millions d’habitants, la Mauritanie figure parmi les pays en développement dits les « moins avancés » et selon le FMI « occupe une place décevante sur les indices de corruption ».

« La Mauritanie, avec son fantastique potentiel en matières premières, est aujourd’hui le terreau parfait pour tous les receleurs et autres délinquants en col blanc qui peuvent y bénéficier en toute tranquillité d’une totale impunité en matière de crimes financiers », a ajouté William Bourdon.

Les scandales politico-financiers, la mal gouvernance et une mauvaise gestion des ressources plombent l’économie du pays. Le rapport de Sherpa dresse plusieurs exemples de passations douteuses de marchés publics comme la construction du nouvel aéroport confiée à une société sans expérience en construction et dirigée par des proches du chef de l’Etat, la construction de la centrale électrique de Nouakchott par le candidat le plus onéreux de l’appel d’offres, etc.

Sherpa rappelle en outre que des enquêtes ont été déclenchées aux Etats-Unis et au Canada concernant des allégations de corruption visant la mine d’or de Tasiast exploitée par la société canadienne Kinross Gold Corporation.

Des contrats conclus entre des entreprises étrangères et des sociétés mauritaniennes détenues par des personnes politiquement exposées sont également soupçonnés d’être entachés de faits de corruption par Sherpa. C’est notamment le cas de contrats passés avec la société Maurilog, dirigée par Mohamed Abdellahi Ould Yaha, ancien secrétaire d’Etat à l’investissement et proche du président Mohamed Ould Abdel Aziz. Inexistante en 2013, elle est depuis devenue la partenaire logistique privilégiée de Kinross, Total, Kosmos Energy, etc.

Sherpa questionne aussi les raisons qui ont poussé les autorités mauritaniennes à conclure un contrat léonin de pêche avec l’entreprise chinoise Poly Hondone, liée en réalité à Poly Technologies, une société connue pour vente illégale d’armes chinoises à l’étranger.

Les bailleurs ne peuvent plus être les témoins passifs de cette grave régression. Sherpa appelle les bailleurs institutionnels à obtenir des autorités mauritaniennes des engagements fermes pour mettre un terme à ces dérives sérieuses et pour que les enquêtes nécessaires soient diligentées. Les bailleurs ont la responsabilité de s’assurer, avec leur force de persuasion et le conditionnement de leur aide, que leurs fonds ne sont pas utilisés pour alimenter ce gigantesque système d’évaporation.

Avant sa publication, le rapport a été envoyé aux bailleurs dont : le FMI, la Banque mondiale, le FADES, la BAD, l’AFD, la Commission européenne, l’USAID, etc.


Contact presse :
Sherpa: William Bourdon, président : + 33 1 42 21 33 25


1 commentaire:

  1. Dans les pays dictatoriaux la majorité des dirigeants pensent qu'après eux c'est le déluge alors que c'est faux et ils se trompent énormément. Est ce que vous savez pourquoi il n'y a pas de justice indépendante dans les pays Arabes ou les pays Africains ? Parce que s'il y'en avait une les dirigeants seraient les premiers à être jugés pour crimes économiques et les prisons ne suffiraient pas voilà la véritable raison !

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