HOMMAGE A Zacharie Noah, L’AFRICAIN
La nouvelle du
décès de Zacharie NOAH survenu le Dimanche 08 Janvier 2017 à quatre heures du
matin, a semé l’émoi, la désolation et la consternation auprès de ceux qui, de
près ou de loin, l’ont connu.
Sportif de la
première heure pour avoir été, à l’orée des « indépendances Africaine »,
joueur de haut niveau de l’équipe de Football de Sédan et vainqueur en 1961 de
la coupe de France, le défunt que j’ai eu l’agréable faveur de fréquenter,
s’est laissé découvrir sous « les
feux de la rampe » par le biais de son fils Yannick NOAH, célèbre
vainqueur de Roland Garros, il y a trente-quatre ans. Yannick NOAH sera à son
tour, le père de Joachim NOAH, basketteur de renom au sein de la NBA
(Championnat professionnel de basket-ball américain), légitimant s’il en était
besoin, le dicton : « bon sang n’a jamais su mentir. »
Au-delà de sa descendance
faite de sportifs célèbres, le souvenir que je garde des échanges avec
« Tonton Zach» est celle d’un homme profondément attaché aux
traditions africaines, à « la famille Etoudi » telle qu’il se
plaisait de la désigner ; celle d’un « amoureux du terroir » soucieux de
la dignité de « l’homme noir », attentif à l’évolution de l’image
d’une Afrique fière et victorieuse, admirateur de Nelson Mandela, président
Sud-Africain de la période Postapartheid dont ’il conservait jalousement
l’album-photos de la rencontre, en compagnie de son fils Yannick NOAH.
Michel Eyquem de Montaigne à la
suite de Lucrèce, poète Latin de l’Antiquité, écrivait fort à propos :
« La
vie est une course de relai où les hommes se passent le témoin. »
Bon vivant,
affable, hospitalier et doté d’une vivacité d’esprit autant que d’une subtile
intelligence qui confinait à la sagesse, Zacharie NOAH a traversé les
générations de ses fils, petits-fils et arrières-petits-fils avec ce franc
parler, cette «flexibilité empathique », cette générosité d’écoute, cette
humeur festive dont seuls sont capables ceux qui savent célébrer « l’instant ».
Bien qu’il
affectionnait une moue d’indifférence lorsqu’on lui servait le titre de Patriarche Etoudi, la lueur qui illuminait son visage
pendant qu’il répliquait : « Patriarche
de quoi même ? », montre à suffisance que, sous les dehors
« a-quoi-bontistes», Zacharie NOAH était fondamentalement ancré dans les « valeurs du terroir »
qu’il célébrait en même temps qu’il ne cessait de m’asséner : « on est jamais aussi bien que chez
soi. »
Il laisse à sa
postérité, une manière de philosophie typiquement Africaine « du vivre ensemble dans le souvenir
de là d’où l’ on vient» ; et à la postérité camerounaise, le combat
permanent et courageux qui veut qu’ « on
ne peut pas empêcher les oiseaux du malheur de tournoyer au-dessus de nos
têtes, mais il est impératif de ne pas permettre qu’ils fassent
leurs nids dans nos cheveux. »
Ce combat, autant
qu’il m’est permis de remonter dans le souvenir des entretiens avec
« Tonton Zach », est celui qui l’a animé jusqu’à sa
soixante-dix-neuvième année d’existence.
C’est aussi
l’héritage qu’il laisse au moment où il quitte l’existence, entouré des siens,
un peu comme pour leur « passer le
témoin… »
Yaoundé le 15 janv.
2017
Guy
Samuel NYOUMSI
Vice-president
du CRAN
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