Suite à la
publication de mon texte sur Facebook et sur quelques sites mauritaniens,
plusieurs personnes se sont approchées de moi en pensant me « consoler » pour
me dire « Tu n’as pas à te chercher ; tu es une « bidhaniye », les « bidhanes »
forment un ensemble culturel, les haratines en font partie tout comme les «
malmin », les « igawn », les « zwaye » » ou encore « tu es une arabe noire ». Ma langue maternelle est certes le hassaniya, j’aime la
culture maure et la culture arabe en général et je me sens chanceuse d’y avoir
baignée mais cela ne fait pas de moi une « bidhaniye » ni une arabe. Je trouve
hypocrite de la part de mes compatriotes de venir me dire que je suis une
mauresque comme les autres, arrêtons de nous voiler la face chers mauritaniens,
arrêtons cette hypocrisie qui ne nous mènera nulle part. Un hartani restera un
hartani et un bidhani restera un bidhani. Mais cela n’empêche pas qu’on puisse
s’aimer et vivre ensemble en paix. La différence est une richesse. S’il y a une
chose que je déteste, c’est bien l’assimilation. Les haratines n’ont pas à
s’assimiler ni aux Maures, ni aux Wolof, Haal Pular ou Soninké. Nous avons
notre propre histoire qui est différente et aujourd’hui nous faisons face à des
défis qui sont les nôtres. Je répète ce que j’ai dit dans un statut précédent :
Je suis Hartaniye, donc négresse et descendante d’esclaves et je suis fière
d’être mauritanienne, je me battrai pour une Mauritanie meilleure, une qui
reconnaisse ce que chaque peuple a apporté à la civilisation mauritanienne.
Malgré ce que mes grands-parents ont subi, je sais faire la part des choses et
je me rends bien compte du contexte qui a prévalu. Mes grands-parents ont été
kidnappés, vendus, achetés, battus, insulté et ont perdu jusqu’à l’utilisation
de leur propre langue. Ils ont même perdu leurs racines : je ne sais pas d’où
je viens exactement. Mais j’ai appris que ce n’était pas important, qu’il me
suffisait d’être juste comme ma mère pour être dans la continuité du temps. Ce
qui m’importe, c’est mon présent et le futur de mes enfants ; le passé de mes
ancêtres je l’ai déjà pleuré parce que j’ai pu voir les séquelles que leur
condition avait laissé dans le langage qui leur avait été adressé. Aujourd’hui,
les Haratines sont une population nombreuse marginalisée mais qui continue à
croire en Dieu. En tant que Hartaniye, je n’ai aucune rancune envers les Maures
blancs, donc les anciens maitres de mes ancêtres, j’ai su pardonner. Je suis
mauritanienne de fait et de droit comme tous les Haratines qui n’ont pas
demandé à être là. Maintenant qu’ils le sont, ils le sont entier et pas à
moitié. J’ai habité 8 ans en France où j’ai obtenu un doctorat. Pour en arriver
là, je me suis battu et je n’ai pas utilisé mon statut d’ancienne esclave pour
jouir d’une carte de séjour plus simple à acquérir, je n’ai pas sali mon pays
ni diminué les miens aux yeux de qui que ce soit. « LaHartaniya » que je suis,
souhaite seulement souligner ces injustices qui s’sévissent et empêchent une
meilleure harmonisation de la nation. Je crois en un futur meilleur, je n’ai
pas perdu espoir ni pour mon pays ni pour mes frères et sœurs Haratine. Le
chemin est encore long mais nous y parviendrons avec l’aide d’Allah. Salam.
LaHartaniya
Rim
Source : http://adrar-info.net/?p=25792
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