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jeudi 25 octobre 2012

Les Afriques: Interview avec Biram Dah Abeid «La lutte contre l’esclavage ne peut être que pacifique»



 
Sorti de prison pour la énième fois le 3 septembre dernier, Biram Dah Abeid mène un combat pacifique à la tête du Mouvement Abolitionniste en Mauritanie (IRA-Mauritanie), pour l’éradication de l’esclavage. Plus qu’une lutte contre l’injustice, c’est un combat contre un fléau qui entrave le développement d’un pays.

Les Afriques : Biram Dah Abeid, vous avez été arrêté le 28 avril 2012, pour avoir procédé à l'incinération d'ouvrages religieux du rite malékite. Relâché après quatre mois de prison, quel regard portez-vous sur votre acte et sur la peine qu’on vous a infligé? 

Biram Dah Abeid : Tout d’abord je voudrai faire cette mise au point importante, car je suis appelé à déconstruire toute la propagande, la diffamation et les mensonges que les forces officielles et officieuses des groupes dominants esclavagistes de Mauritanie ont eu la latitude de propager durant ma séquestration et ma mise au secret, sans que ces forces acceptent de m’accorder la possibilité et le droit de les contredire publiquement. Je n’ai pas incinéré des ouvrages islamiques. Je suis un musulman croyant et pratiquant et je n’ai absolument rien contre l’érudit Malick Ibnou Eness, à qui je voue un très grand respect pour sa piété, sa science et son penchant à la justice. En revanche, j’ai procédé à l’incinération symbolique des Codes d’Esclavages inventés et écrits, par des hommes, au 12e et 13e siècle. Ces Codes d’Esclavages sont en contradiction criante avec l’esprit de tolérance, d’humanisme et de fraternité contenu dans le Livre Saint, le Coran et la Sunna, actes, paroles et décisions du prophète Mohamed (Psl). Les ouvrages en question dont se sont servies les sociétés maghrébines et andalouses, au cours du Moyen Âge musulman, pour justifier l’esclavage c’est-à-dire la traite des Noirs, la vente des êtres humains, leur castration, leur viol… ce sont ces ouvrages qui sont toujours la référence, en Mauritanien, pour leurs érudits de théologie, les jurisconsultes en charge du statut personnel et des successions, les officiers de police judiciaire, presque tous descendants d’anciens maîtres et comptent encore des esclaves dans leurs familles, ce sont eux qui perpétuent, jusqu’à nos jours, ces pratiques esclavagistes, d’une manière massive et multiforme. Ils trouvent dans de tels ouvrages, l’encouragement et la force morale de reproduire le crime. Or, ceux qui souffrent de l’esclavage et de ses séquelles, sur plusieurs générations, ce sont des musulmans mauritaniens, en l’occurrence la communauté Hratin qui représente la majorité de la population de ce pays, ceux-là sont traités en bêtes de somme, distribués, partagés, déconsidérés, comme des choses, des biens meubles. Malgré l’adhésion formelle de la Mauritanie à la déclaration universelle des Droits de l’Homme, à d’autres conventions internationales et sous régionales de protection de la dignité humaine, l’Etat mauritanien viole ainsi les lois anti-esclavagistes votées par son Parlement. Toutes ces normes et conventions restent seulement destinées à la consommation internationale d’où l’impunité entretenue, par les magistrats et le personnel administratif, au profit des frères, cousins et alliés tribaux, auteurs d’actes d’esclavage, caractérisés mais jamais sanctionnés en droit. Le premier niveau de reproduction de l’esclavage réside dans la force des liens de solidarité tribale parmi l’ethnie des anciens maîtres, les Maures arabo-berbères, détenteurs, à 90% de l’hégémonie matérielle, symbolique, militaire et religieuse.
Je ne reconnais donc pas à ces livres, le caractère «islamique» à cause de leur contradiction claire et nette avec le message salvateur du prophète Mohamed (Psl) et les injonctions bénéfiques de Dieu dans le saint Coran. A propos de l’intégrité physique, morale et matérielle, les textes sacrés font incomber, aux musulmans, sociétés et Etats, la responsabilité de les garantir, non seulement les musulmans mais tous les êtres humains. Je récuse aussi vigoureusement l’appartenance de ces Codes d’Esclavage à l’héritage scientifique et islamique de l’imam Malick. Ce dernier n’a pas créé de rite .et refusé de considérer, comme sacrés, ses propres interprétations et avis sur l’Islam et les textes islamiques. Pour lui, un musulman peut accepter ou contester toute parole, sauf celle du prophète Mohamed Psl), donc, pourquoi nous n’avons pas le droit de refuser les interprétations de Cheikh Khalil, d’Ibnou Acher, ou Alakhdari, qui se réclament de Malick, si Malick lui même accepte d’être contredit ?

« Je n’ai pas incinéré des ouvrages islamiques. Je suis un musulman croyant et pratiquant et je n’ai absolument rien contre l’érudit Malick Ibnou Eness. »


LA : Quelle symbolique accordez vous à l’acte de brûler en public les ouvrages ?

B.D.A. : Concernant mon acte, il n’est nullement dirigé contre l’Islam, au contraire, il est destiné premièrement à laver l’islam du crime odieux, innommable, que lui prêtent, sur cette terre mauritanienne, les ouvrages en question et les groupes dominants esclavagistes. Ceux-là qui ont fondé leur mode de
vie sur l’exploitation de l’être humain, en qualité d’animal ou de chose. Non, mon acte aussi visait à sensibiliser l’opinion internationale musulmane sur le fait que la continuelle référence, par les autorités mauritaniennes, à de tels ouvrages, contribue à confiner, occulter, déréaliser, maintenir en zone de non droit, les crimes d’esclavage dont souffre ma communauté les Hratin. Il résulte de tels ouvrages, une banalisation de l’esclavage dans la société et un frein quasi automatique à la mise en œuvre des lois et conventions que la Mauritanie a votées et ratifiées. Mon acte a donc eu un effet libérateur parmi de nombreux groupes d’esclaves et d’anciens esclaves en Mauritanie. Ils se sont mobilisés pour la première fois au grand jour et d’une manière unie, ils se solidarisaient avec moi, réclamaient ma libération et défiaient, avec une force inédite, les groupes de maîtres d’esclaves, ceux-ci, en dépit de la mobilisation de leurs moyens médiatiques et financiers, y compris les radios et télévisions dont celles de l’Etat, n’ont pu opposer que des manifestations monocolores et télécommandés par les services de renseignements contre ma personne, l’entrain est vite retombé, au bout de quelques jours, tant que le combat de nos partisans, grandissait. D’avoir brûlé, en public, de la littérature esclavagiste a mis un terme à la résignation et à la soumission des populations Hratin. En effet, avant mon acte, l’esclavage en Mauritanie était érigé, à tort, comme un 6ème pilier de la religion musulmane, alors que le Prophète (Psl) n’en a prescrit que cinq !!! Avec mon geste d’insoumission, nous assistons et nous assisterons, en Mauritanie, à la libération, non seulement de plus de 50% de la population mauritanienne jusqu’ici traités en sous hommes, mais aussi à la libération de la vraie foi en Dieu ! Ici, les esclaves ne vénéraient que leurs maîtres. Quant aux peines qui m’ont été infligées et qui me seront infligées, sur le chemin de la libération de la foi des esclaves, ce n’est que le prix à payer de toute œuvre d’émancipation qui défie les prudences lâches, les résignations de paresse ou de crainte. Mon emprisonnement et un éventuel procès résultent de tout combat pour la justice et de la moindre inclination tendant à être juste et solidaire de l’Autre. En conséquence, j’accepterai humblement et religieusement ma part du fardeau mais sans me renier nullement, toute sanction qui me sera infligée par la communauté des bourreaux renforcera notre résolution à rompre, en Mauritanie, le lien intime entre religion et domination ethnique.

« Avant ma réaction, l’esclavage en Mauritanie était érigé, à tort, comme un 6ème pilier de la religion musulmane, alors que le Prophète (Psl) n’en a prescrit que cinq !!! »

LA : Vous étiez inculpé par la justice mauritanienne de «violation des valeurs islamiques du peuple mauritanien», le 27 juin dernier, si on vous dit de faire votre propre plaidoirie que répondez-vous ?

B.D.A. : Je suis accusé d’avoir levé le voile qui cachait les Droits de l’Homme dans la religion musulmane. Pourtant, il s’agit de droits inaliénables de la personne humaine, commandés par le Coran et la Sunna, des prescriptions occultées et dénaturées par des érudits qui interprètent et légifèrent à contre-courant des deux sources principales du droit religieux et ce, au profit des plus forts. J’affirme, ici, que les livres incinérés ne reflètent pas la substance de l’Islam sur les questions des droits des êtres humains. Ce sont des ouvrages écrits par des hommes, sujets à l’erreur comme nous tous, pire, ils sont allés en contradiction flagrante avec l’esprit et la lettre du Coran et de la Sunna. Cette prose réactionnaire et raciste a été produite à la demande de sociétés et de groupes dominants esclavagistes dans des Etats nord- Africains du 11è au 14è siècle après Jésus-Christ. Les livres qui justifient la castration des hommes, leur mutilation, le viol et la maltraitance physique, les razzias et la traite d’êtres humains et d’autres formes d’exploitation et des pratiques humiliantes et dégradantes. Ces livres continuent à être enseignés en Mauritanie, au programme des cycles de formation des imams, des érudits, des juges, des administrateurs civils, des officiers de police judiciaire, chargés aujourd’hui et peut être demain, de la gestion des mosquées, de l’administration, des tribunaux et de la force publique. Cette contradiction flagrante constitue un blocage à l’éradication de l’esclavage et de la discrimination mais aussi d’autre forme d’injustice criante en Mauritanie. Or, la Constitution stipule que la première et principale source des lois de la République c’est la Charia islamique, sous-entendus les livres en question. C’est pourquoi aux yeux des juges, des officiers de police judiciaires, des imams et des érudits, cette Charia «islamique» supprime, en cas de conflit ou de contradiction, toutes les autres lois, aucune application du droit positif moderne ou des conventions contre l’esclavage et crimes similaires n’a pu voir le jour, d’où la nécessité d’informer, par notre acte, l’ensemble de l’opinion, sur la pérennisation de l’esclavage, grâce à ces livres.

LA : L’esclavage a été pourtant interdite depuis 1981. De plus l’Etat mauritanien a adopté, en 2007, une loi qui criminalise l’esclavage ?


B.D.A. : L’impunité reste de mise concernant les crimes de pratiques esclavagistes en Mauritanie, l’on peut citer le travail sans repos et sans salaire, le viol légalisé des femmes, filles et fillettes esclaves, la séquestration de personnes dont des mineurs, la captation d’héritage, la séparation des familles, le travail des enfants, la privation des droits à l’éducation, à la propriété, au mariage, au voyage … Toutes les pratiques qui constituent les caractéristiques de l’esclavage antique, traditionnel et par ascendance, toutes ces pratiques que nous venons de citer et d’autres encore très cruelles et barbares comme la castration, la mutilation et la mise à mort de l’esclave sont justifiées et banalisées par les livres de Cheikh Khalil, Dessoughi, Lakhdari et Ibnou Acher, auteurs visés par l’incinération symbolique du 27 avril dernier. L’une des principales sources d’impunité c’est que ces livres -un véritable Code Noir pour musulmans restent la principale référence de droit aux yeux de tant de gens qui sont appelés à conduire les enquêtes, à dire et à appliquer la loi : Imams, Erudits, Juges, Officiers de police judiciaire et Administrateurs civils. De tels écrits sont aussi élevés, par la perception du clergé mauritanien, au niveau de la sacralité d’où le statut de dogme de la religion musulmane. D’autre part, dans le code d’honneur des groupes dominants arabo-berbères de Mauritanie, le travail d’endurance, le travail manuel ou sous le soleil et mêmes, les travaux ménagers sont perçus comme dégradants. De telles occupations ne conviennent pas aux gens biens nés, c’est pourquoi, tant que de telles mentalités restent inchangées, il en découlera, toujours, la nécessité, pour ces groupes, de maintenir en esclavage leur main d’œuvre servile. Enfin, l’esclavage de chez nous procure une aisance physique, matérielle et économique certaine pour les classes supérieures, sans omettre un certain prestige. Donc, il y a plusieurs verrous qui contrarient l’éradication de l’esclavage et font le lit de l’impunité, le juridique constitutionnel, le religieux, l’idéologique- mental et l’économique, aucun de ces verrous n’a encore sauté. Notre acte du 27 avril dernier relève du souci de porter un coup capable de secouer le statu quo. C’est ce que nous appelons la «déconstruction subversive», notre modèle de lutte par l’émergence d’une contre-culture du sens nouveau et de la provocation non violente, au service de l’accomplissement terrestre, temporel de l’humain en Mauritanie.


« Les déportés, une autre face de cette situation »

« Notre modèle de lutte par l’émergence d’une contreculture
Du sens nouveau et de la provocation non violente, au service de l’accomplissement terrestre, temporel de l’humain en Mauritanie. »

LA : Pourquoi l’Etat persiste à nier l’existence d’un tel phénomène ?

B.D.A. : L’état Mauritanien campe dans le déni de l’esclavage qui est un crime et un phénomène massif et multiforme dont souffre directement 20% de la population Mauritanienne. Les esclaves domestiques, ultimes avatar de l’esclavage, ce phénomène social et culturel dans nos villes, empoisonne d’une manière indirecte la vie, la dignité et la quiétude d’à peu près 40% de la population, c'est-à-dire, les descendants d’esclaves ou esclaves affranchis, appelés Hratin : l’Etat mauritanien, au travers de sa ligne politique et diplomatique de déni, prouve que le pouvoir, dans notre pays, est confisqué par une faction d’individus et d’intérêts, une ethno classe qui tire ses dividendes de la persistance de l’esclavage, ce régime social protège les esclavagistes et cherche, en même temps, à asseoir et soigner une image d’une démocratie. Nier l’esclavage en Mauritanie est une pré-condition vitale à la continuité du système de domination.
Au moindre aveu, il s’écroule, sous le flot des énergies libérées, celles des opprimés.

« Le refus d’être parqué »

« La persistance de l’esclavage et des pratiques similaires maintiennent les Hratin au banc de la société et ralentissent ainsi le rythme du développement et surtout en atténuent la qualité. »

LA : N’est ce pas là un obstacle pour le développement de tout un pays?

B.D.A. : Oui bien sûr. La persistance de l’esclavage et des pratiques similaires maintiennent les Hratin au banc de la société et ralentissent ainsi le rythme du développement et surtout en atténuent la qualité.
Comme toute cette tranquillité n’est maintenue que par l’artifice de la force, la paix civile devient chaque jour encore de plus en plus menacée à cause de l’essor des aspirations à la liberté qu’expriment les Hratin …

LA : Pourquoi la communauté internationale n’intervient pas et préfère garder le silence au moment où des militants prétendent que plus de 40% de la population sont victimes de ce supplice d’esclavage?

B.D.A. : Je voudrai d’abord vous corriger, la communauté servile ou Hratin, c’est à dire les esclaves et les anciens esclaves font à peu près et à défaut de statistiques officielles, 50% de la population. Un part de
20% de ceux-ci sont des esclaves domestiques et par ascendance et ne bénéficient d’aucun droit, subissant l’exercice sur eux-mêmes et sur leurs enfants, de la propriété, l’autre 30% est constituée d’affranchis ou d’anciens esclaves qui subissent, de plein fouet, des discriminations économiques, sociales et administratives, ils sont les mieux lotis au sein de la population d’origine servile. La communauté internationale ne réagit qu’au nombre de morts. C’est la règle la plus constante dans la diplomatie dite de «prévention».

LA : Comment imaginez-vous la lutte contre ce phénomène, quels sont les armes à employer et à déployer pour l’éradiquer ?

B.D.A. : Dans un pays fragile comme la Mauritanie, pays multiethnique, appauvri par des décennies de dictature, de violence politique et raciale et traversée par de courants fanatiques, la lutte ne peut être que pacifique, non violente. Selon les standards de la légalité nationale et internationale. Nous avons commencé par délégitimer l’esclavage, non seulement du point de vue de droit mais aussi de la religion, nous pouvons aussi avancer des arguments intangibles sur la menace que la persistance de l’esclavage fait planer dangereusement sur la paix civile en Mauritanie, nous développons, également, le constat de l’impossibilité de tout développement économique ou social soutenable dans un contexte de patrimonialisation ethnique.

« Les relents d’une Mauritanie, pays multiethnique, appauvri par des dictatures »

« Si éviter la prison, la séquestration et la torture signifient l’abandon de l’engagement légitime, légal et pacifique en faveur des personnes humbles ou l’obligation de quitter le pays pour s’installer dans l’asile, je ne saurais m’y résoudre. »

LA : Vous étiez séquestré plusieurs fois. Comment comptez-vous éviter ce genre de violence, dans le futur, pour vous et pour d’autres militants ?

B.D.A. : Si éviter la prison, la séquestration et la torture signifient l’abandon de l’engagement légitime, légal et pacifique en faveur des personnes humbles ou l’obligation de quitter le pays pour s’installer dans l’asile, je ne saurais m’y résoudre.

LA : Dans un communiqué vous avez présenté des excuses pour «avoir porté atteinte à l'amour propre des musulmans et aux préceptes sacrés de l'islam», est-ce qu’on doit comprendre que si vous devez refaire votre «acte de protestation» vous n’allez pas le répéter ?

B.D.A. : Vous n’avez pas reçu les informations exactes concernant la mise au point que j’ai faite de l’intérieur de la prison car je n’ai pas porté atteinte à l’amour-propre des musulmans ni aux préceptes sacrés de l’Islam, au contraire, mon acte visait à blanchir l’Islam de pratiques barbares en contradiction avec le message du prophète Mohamed. Ma lettre était destinée aux musulmans de bonnes fois, abusés par la propagande mensongère de l’Etat Mauritanien, notamment les segments esclavagistes qui le dirigent. Je vous renvoie à relire ma lettre dans laquelle je reconnais la controverse que peut susciter la méthode d’incinération donc la forme, mais, sur la question de fond. Je suis et je reste égal à moi même, c’est à dire que ces livres contiennent un code d’esclavage, un code noir inhumain, en total décalage avec l’esprit d’humanisme de tolérance et de justice dont regorgent le Coran et la Sunna. Je suis un musulman critique, comme tant de devanciers -philosophes, scientifiques, artistes, voyageurs, chroniqueurs et jurisconsultes qui ont su concilier la religion avec l’exigence universelle d’équité.

« Ces livres contiennent un code d’esclavage, un code noir inhumain, en total décalage avec l’esprit d’humanisme de tolérance et de justice dont regorgent le Coran et la Sunna. »

Propos recueillis par
Sanae Taleb






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