Esclavage, discrimination et religion en Mauritanie :
Les dilemmes de la république
islamique, à l’épreuve du G5 Sahel
I. Un abus de plus, dans une dérive sans bruit
En catimini, les députés votaient, le vendredi 9 juin 2017, un projet de
loi portant pénalisation de la discrimination. Au paragraphe premier de
l’article 10, il est stipulé : « quiconque encourage un discours incendiaire
contre le rite officiel de la République islamique de Mauritanie est puni d’un
(1) an à cinq (5) ans d’emprisonnement ».
Au moment de présenter le texte aux élus, le Ministre de la Justice,
avocat dans une vie antérieure, rassurait : « la loi est générale
et impersonnelle et ne vise pas une personne ou une frange en particulier pas
plus qu’elle ne vise à faire taire une quelconque voix, ni punir quelqu’un, qui
s’exprime contre l’injustice mais, au contraire, essaie de protéger la société
et de préserver la cohésion au sein de ses composantes ». Quand un
juriste commence par s’excuser, il convient d’appréhender la suite.
Le fait, constant, est que le pays s’enfonce, depuis quelques années,
dans une régression intellectuelle sans précédent, sous l’influence d’une
nébuleuse salafiste, aux sources de financement dont l’opacité se drape de
dévotion. Les promoteurs les plus zélés de la théocratie par doses
homéopathiques se recrutent, aussi bien, parmi les notables acquis au pouvoir
que ceux ouvertement affiliés à l’Internationale islamiste. Leur émulation au
pire ne cesse de précipiter la Mauritanie,
naguère terre d’élection soufie, dans la littéralité aliénante du
wahhabisme. A force de dissimulation et de patience, confortées par la
résignation des élus et le populisme des dirigeants, une nouvelle Talibanie
s’enracine, sans coup férir, doucement. L’avenir
du jihadisme en Afrique de l’Ouest dépend de la constance avec laquelle la
dérive de l’extrémisme confortera son emprise sur les institutions et le
territoire poireux de la Mauritanie. Au moment où Nouakchott accueille le siège
de la coalition antiterroriste G5 Sahel, dispositif désormais sous caution des
Nations unies, les partenaires extérieurs se gardent bien d’évoquer la réalité
d’une radicalisation irréversible. Paresse, négligence et abus de complaisance contribuent
à accentuer l’évolution en cours vers l’émergence, graduelle, d’un modèle de
gouvernement à vocation jihadiste. Quasiment à ciel ouvert, la Mauritanie
abrite, aujourd’hui, le laboratoire le plus avancé, sur l’aire ouest-africaine,
dans la confection et la diffusion industrielles d’une idéologie de la haine et
du meurtre de masse, en comparaison de quoi le nazisme passerait bientôt pour
une attrapade de recréation. De sombres prédicateurs
appellent à l’homicide et excitent à la xénophobie confessionnelle, sans jamais
susciter la curiosité d’un juge. Ici, l’on peut désormais tuer son voisin après
l’avoir dépouillé et assassiner ses parents dès lors qu’un jurisconsulte les
excommunierait. Etes-vous tenté de régler un mécompte avec quelque
fâcheux ? Réputez-le ennemi de l’Islam, il sera occis par la foule avant
que d’avoir plaidé !!
Le dessein du tout-religieux vient couvrir, du voile de la piété et de
l’unicité de la Umma, un modèle de conservation sociale que marquent la
verticalité, la contrainte morale, la préséance de naissance, la mentalité du
racisme outrancier et l’attachement aux privilèges indus. Sous la dérive du fanatisme à l’œuvre en
Mauritanie, se profile la fuite éperdue vers le déni, parmi la communauté des
anciens maîtres d’esclaves ; devant le défi menaçant de la montée des
revendications de citoyenneté et d’équité, les tenants de la supériorité par le
gène n’ont plus que la religion pour refuge ; il s’en servent, à présent,
comme bouclier et arme de destruction massive.
II. Quand un gouvernement légalise l’extrémisme religieux
En cette ère de duplicité où bien des Etats musulmans se débattent avec
l’extrémisme qui les fonde - au point de s’accuser mutuellement d’apologie du
terrorisme - quelques interrogations légitimes s’imposent : en légiférant
avec tant de maladresse, qui et quoi le gouvernement mauritanien cherche-t-il à
protéger ? La question prend un relief singulier si l’on garde à l’esprit
qu’il n’existe aucune solution religieuse à la violence éponyme ; l’ironie
du paradoxe réside dans ce que la plupart des pays producteurs et exportateurs
du projet de contrôle des consciences, de l’habillement et de l’intimité,
appliquent, dans leurs lois, l’essentiel de l’agenda d’uniformisation
consubstantiel au jihadisme. Un Etat qui partage à plus de 90% la doctrine et
le substrat moral des terroristes, est-il en mesure de la combattre ?
Voilà une question à quoi le législateur mauritanien vient d’apporter une
réponse non dénuée de cynisme, avec, cependant, une pointe d’humour dans la
volonté d’autodestruction.
Les promoteurs de la diversion arguent, par des canaux obliques, de leur
détermination à ériger un mur contre l’intolérance, que le pouvoir impute aux
Frères musulmans, présumés poulains du Qatar. Or, prenant fait
et cause pour l’Arabie Saoudite, dans une querelle entre des royautés aussi
exotiques qu’étrangères à son environnement, la Mauritanie ne mesure dans quel
piège risible elle s’enferre : quand Riad reproche à Doha, de soutenir le
terrorisme, la décence commande de sourire. Le 25 juin 2017, lors de la prière
de fin du Ramadan, l’autoproclamé Grand Mufti, et imam de la mosquée centrale
de Nouakchott, suggérait l’interdiction du Chiisme, à cause, expliquait-il, de
ses « fausses croyances » ;
quelques jours avant, il dénouait, dans une vidéo d’anthologie, les finesses
juridiques et la licéité du mariage entre humain et djinn. Il trouva même matière à interdire l’union d’une
musulmane avec un esprit mécréant sauf si ce dernier venait à se
convertir !!! Evidemment, en vertu du nouveau texte de loi, toute moquerie
à son égard relèverait du « …discours incendiaire…». Hormis le
comique des circonstances survolées ici, l’absurdité de loi du 9 juin 2017 se
vérifie ailleurs :
1. La notion de « rite officiel », en l’occurrence le
malékisme, pose problème ; nulle disposition de la Constitution ne précise
une telle qualité ni ne dit, a fortiori, un quelconque rapport de conformité,
de l’Etat, à l’obédience sunnite ; l’école malékite n’en est qu’une expression
parmi 4, au total. L’article 5, « l'islam
est la religion
du peuple
et de l'État »
consacre
l’unicité confessionnelle du pays mais sans en préciser le détail.
2. Tout aussi trouble s’avère le lien entre une norme supposée punir les
discriminations entre citoyens et la consécration d’une doctrine du lien à
Dieu. Un Etat moderne, dit « de droit », de surcroît régi par le
pluralisme, les élections et la limitation du mandat présidentiel, est-il fondé
à régir l’avenir post-mortem des citoyens ? Là, encore, la Mauritanie
innove et de belle façon : plus la misère, l’insalubrité, la maladie
débordent l’action publique, davantage le gouvernement s’investit pour réserver,
à ses administrés morts, les conditions optimales du séjour au Paradis. Le
déplacement de compétence, en réalité un judicieux transfert
d’irresponsabilité, comporte, pour ses bénéficiaires, l’assurance de l’impunité
ici-bas. Aucun trépassé ne reviendra réclamer la restitution des droits
bafoués. Et quant le Prince inique ne craint Dieu, il s’emploie, inversement, à
favoriser cette crainte parmi ses sujets. Le tour est joué !
III. Instrumentaliser la foi pour subjuguer
En Mauritanie, l’esclavage hérité reste encore répandu, aussi bien dans
ses illustrations concrètes qu’au travers des rapports psychologiques et
symboliques de domination. Si la pratique prévalait, naguère, dans toutes les communautés
ethniques, sa perpétuité, au
sein des populations arabo-berbères, reflète encore le modèle originel de la
servitude par ascendance ; dans ce schéma multiséculaire
d’exploitation de l’homme par l’homme, les Hratin (captifs et descendants) se
transmettent, d’une génération à la suivante, leur condition de parias,
corvéables, marginalisés et, cependant, indispensables à la cohérence
pyramidale de l’inégalité de naissance, pilier de l’équilibre social. Au fil des siècles, les Hratin ont été
entretenus dans l’illusion que « le paradis se trouve sous les pieds du
maître». L’efficacité du mécanisme de domestication mentale, prenait le relais
de la force brute et dressait ainsi les personnes asservies, aux réflexes d’une
docilité étirable à l’infini; les victimes grandissent dans l’acceptation,
pieuse, de leur sort, sous peine, sinon, de s’exposer à la colère divine.
Dépourvus d’éducation de nature à entretenir l’esprit critique et de moyens de
subsistance susceptibles de garantir l’autonomie alimentaire, la plupart se
croyaient esclaves par la volonté de Dieu.
Leur prise de conscience et volonté d’émancipations finissaient,
toujours, par se figer devant l’objection effrayante de l’impiété. Sous le coup
du chantage, ils courbaient l’échine ; ultime dissuasion, le risque de
rôtir en enfer aplanissait leur docilité.
Au cours du
dernier siècle, l’esclavage a été abrogé, en théorie, à trois reprises. Pour la
première fois, en 1905, un décret prévoit l’application, sur le territoire de
la Mauritanie, de la loi française de 1848, dite d’abolition, sur l’étendue des
colonies. L’interdiction par défaut viendra, ensuite, dans la première
Constitution (1961) qui se référait, en son préambule, aux principes de la
Déclaration universelle des droits de l’homme. Suite à l’indignation suscitée
par la vente, en 1980, sur la place du marché d’Atar, d’une esclave prénommée
M’barka, les autorités de l’époque décidèrent d’une nouvelle mesure;
ainsi, l’ordonnance no
081-234 du 9 novembre 1981 mettait un terme, du moins en titre, à une
oppression immémoriale.
Contre la
persistance du phénomène, l’Etat mauritanien a dû revenir à la charge, par deux
fois, au début du 21ème siècle. Aussi, fut votée, la loi 025/2003
portant répression de la traite des personnes qui incrimine l’enrôlement, le
transport et le transfert des humains, par la force ou sous la menace, à des
fins d’exploitation sexuelle ou économique ; suivront, le 3 septembre
2007, l’incrimination expresse de l’esclavage et la pénalisation des pratiques
associés.
En plus de
l’arsenal juridique interne, la Mauritanie est partie à la plupart des
instruments internationaux relatifs à la protection de la dignité
humaine ; ici, il nous faut citer un arsenal impressionnant : « Convention
internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale,
Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels,
Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains
et dégradants, Convention sur l’élimination de toutes les formes de
discrimination à l’égard des femmes, Convention relative aux droits de
l’enfant, Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant,
Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs
migrants et des membres de leur famille. Elle adhère également aux textes
internationaux, ci-après, qui interdisent – expressément - les pratiques
esclavagistes: Convention relative à l’esclavage de 1926 et Protocole amendant
la Convention relative à l’esclavage, Convention supplémentaire relative à
l’abolition de l’esclavage, de la traite des esclaves et des institutions et
pratiques analogues à l’esclavage de 1956, Protocole additionnel à la
Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée
visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier
des femmes et des enfants, la Convention no 138 de l’Organisation
internationale du travail (Oit) concernant l’âge minimum d’admission à
l’emploi, la Convention no 182 de l’Oit concernant l’interdiction
des pires formes de travail des enfants
et l’action immédiate en vue de leur élimination et, enfin, la Convention no
29 de l’Oit concernant le travail forcé ou obligatoire. »
IV. Du déni
au dédoublement
Malgré la
profusion de textes législatifs contre l’esclavage, l’usage, multiséculaire,
persiste et mue. Le camp des défenseurs de la domination ne se cache d’œuvrer à
maintenir des rapports sociaux de type inégalitaire ; le déni mécanique de l’esclavage que cultivent les élites dirigeantes, procède
des symptômes de cette cécité volontaire sur le cours de l’histoire ; il
referme, surtout, une incitation à se taire, adressée aux magistrats et
personnels de la sécurité publique; il en résulte l’immunité des auteurs
d’actes d’esclavage avérés, lesquels échappent, presque toujours, à la sanction.
Le statuquo
perdure : en Mauritanie, il est toujours fait révérence et référence aux
prosateurs d’ouvrages de droit - conçus entre les 10e et 14e siècles
- juristes et exégètes malékites[1],
qui glosaient sur la traite des êtres humains, leurs castration, viol, vente,
acquisition et soumission à des usages humiliants et dégradants : dans ces
livres, les faits d’esclavage sont codifiées en contradiction flagrante avec l’esprit
de la Révélation et la geste du Prophète de l’Islam. Ainsi, les partisans de la
méthode douce objectaient-ils aux abolitionnistes : « malgré l’oppression
dont vous vous sentez victimes, vous et nous sommes quand même, tous musulmans ».
Les abolitionnistes leur répliquaient, non sans malice : « hier, à
la pire époque de l’esclavage, nous étions, vous et nous, tout aussi
musulmans ». Il résulte de cette contradiction point assumée par une
majorité de mauritaniens, une espèce de schizophrénie ontologique où l’on
convoque la religion pour légitimer a priori et justifier a posteriori. Si les islamistes locaux se
sont enfin rangés à la dénonciation de l’esclavage traditionnel, en des termes
qui n’autorisent plus d’ambiguïté, la plupart restent chevillés à un corpus dans
lequel la figure du serviteur, sujet humain sans personnalité propre, organise
la matrice même de l’épistémologie du droit.
Ces textes
et attitudes - que le projet de loi tend à préserver de la réfutation
– sont enseignés, en Mauritanie, dans le cursus des cycles de formation
des imams, des jurisconsultes, juges, administrateurs civils, officiers de
police judiciaire, personnels de gestion du culte, du statut personnel et des
successions, des tribunaux et des auxiliaires de justice. L’Etat mauritanien
subventionne l’apprentissage doctrinal de la discrimination et de la violence,
fondées sur la race et la croyance et ce, en infraction à ses engagements
internationaux. Pire, la quasi-totalité des écoles coraniques (Mahadhra)
professent ce modèle de suprématie et l’entourent ainsi de l’immunité, dans un
pays où le législateur punit, de mort, 5 crimes d’opinion, sans lien causal à l’homicide :
les infractions d’apostasie, de blasphème et de refus de prier se distinguent
par leur caractère immatériel. Désormais, l’article 10 précité élargit le champ
du soupçon, donc le potentiel d’incrimination de ces chefs aggravés. Demain, en
vertu de la nouvelle loi, n’importe quel juge un tantinet chatouilleux, dispose
de la faculté d’exposer un citoyen à la peine capitale. Il lui suffit de
constater l’atteinte au « rite officiel » avant d’extrapoler un délit
d’intention, telle la Zendagha, passible de l’élimination physique, à l’article
306, alinéa 4, du code pénal. Des voix s’élèvent,
régulièrement, dans certaines mosquées et sur les réseaux sociaux, pour
réclamer la liquidation des militants de la dignité humaine, notamment les
femmes ; certaines ont essuyé des menaces d’assassinat, agrémentées du
détail clinique de l’exécution, tels les sévices des yeux arrachés et la
crucifixion. Il n’y eut aucune poursuite.
Dans ce contexte et par défiance au bloc conservateur, l’organisation
interdite Ira – Mauritanie organisait, le 27 avril 2012, la prière hebdomadaire du
vendredi sur une place au centre de Riyad, un quartier populaire de Nouakchott ;
à l’issue du rituel, il fut procédé à l’incinération d’exemplaires des ouvrages
du code négrier, cités dessus. L’acte provoqua, envers les militants abolitionnistes,
une réaction disproportionnée en sa brutalité, de la part des autorités et d’une
partie de l’opinion ; celles-ci jouissaient alors d’une situation de
monopole éditorial ; il s’ensuivit, quelques semaines durant, un véritable
matraquage par les média d’Etat et la majorité de la presse libre ; la
mainmise ethno-tribale sur les moyens de communications trahissait, alors une
ampleur telle que la superstructure intellectuelle dévoilait sa vocation à
défendre et proroger la durée de vie du système d’hégémonie.
V. Propositions pour une avancée qualitative
Dans un élan
d’adéquation au temps présent, la situation des Droits humains en Mauritanie
requiert d’amplifier le souffle libérateur du lendemain des années de dictature
militaire. Depuis les 10ème aux 14ème siècles, l’humanité
a réalisé et partage d’importants progrès dont la dynamique se poursuivra, sans
discontinuer. La Mauritanie, si elle tient encore à survivre, ne saurait figer
son entendement, ses facultés et les élans de son espérance, dans l’imitation
de l’ancienne Arabie.
Aujourd’hui,
il convient de se mobiliser, pour déconstruire, ensemble, le processus
d’aliénation et de déculturation qui ensable le pays et l’étouffe, sous une
surenchère de ténèbres ; le fanatisme et l’outrance dans l’effusion de
sang sont la promesse, oui, la rançon prévisible d’un tel égarement. Sahel,
Nigéria, Cameroun, Somalie, littoral Swahili, Syrie, Irak, Yémen, Pakistan,
Afghanistan, Philippines, Maldives, monarchies du Golfe, Iran écrivent en
lettres d’hémoglobine, autant de pages ouvertes qui se donnent à lire et méditer
par des gens doués de discernement.
A rebours de
l’immersion irréversible du monde arabe dans la virulence de ses démons
déchaînés, il appartient, aux mauritaniens – qui sont des sahéliens - de
susciter un cadre d’échange et de réflexion afin de reformuler une perception
de leur devenir, dans ses dimensions, à la fois métaphysique et séculière ;
là, une stratégie nationale d’éradication du racisme et des discriminations
puiserait sa substance. La Mauritanie n’est pas une satrapie orientale ; à
le devenir, elle ne gagnerait que le règne de la peur, de l’hypocrisie et de la
misogynie ; pour l’instant, la société, angoissée par les sermons de la
culpabilité et du péché et culturellement désarticulée, abdique son identité ;
elle se noie dans le recours systématique à la Fatwa et se confectionne des
généalogies fantaisistes dans un rapport de plus en plus complexé à son
histoire. Les berbères deviennent des
Qoraïchites, les Hassan se prétendent de la famille du Prophète (Psl) à moins
de se découvrir une ascendance auprès de l’un des 5 premiers
Califes ; les braves Peuls du Macina
et du Futa en arrivent à convoiter un résidu de filiation périphérique, aux
confins de Médine, la ville des Ansar ; comment s’étonner que cette
Mauritanie de la réification et de la mésestime de soi, commence, un jour, à
produire une génération de jeunes, gavés au Jihad ? Aux yeux de la génération élevée dans la
honte de ses ancêtres, l’acmé de la vertu réside, dorénavant, dans le succès à
accomplir la forme la plus vicieuse du suicide : celui qui tue les autres.
L’arabisation du début des années 1980 mûrit ; après l’amertume du premier
fruit lors de la tentative d’épuration ethnique en 1986-1991, elle livre enfin,
sa moisson vénéneuse, le salafisme.
Envers et
contre la pente de l’anéantissement collectif, le gouvernement mauritanien
devrait se ressaisir et accepter l’organisation, avec la société civile, d’un
débat de franchise et d’audace, pour :
- Analyser,
hors de toute censure, l’histoire de l’esclavage dans le monde arabo-musulman,
faire ressortir le message juste, humaniste et libérateur de l’Islam mais aussi
s’inspirer de l’expérience profane en matière de promotion de l’universalisme,
de l’instruction libre et de la double sacralité du corps et de la vie ;
- Soumettre
à l’examen critique, certaines sources du rite malékite et mettre en évidence
leurs contradictions manifestes, avec la Constitution, le droit interne et les
engagements internationaux de la Mauritanie ; la levée des restrictions
légales à la recherche et à l’expression des idées requiert l’abrogation de
tous les délits intellectuels, à commencer par le
fameux article 10 susmentionné ;
- Harmoniser
la législation mauritanienne sur l’esclavage et les ségrégations, afin
d’abroger les défaillances, erreurs, contradictions, omissions et vides,
possibles alibis en faveur des contrevenants incriminés;
- Entretenir,
entre experts d’horizons différents, un débat sur des approches matérielles et
de formation, au profit – exclusif - des Hratin, pour l’éradication de
l’esclavage et de son legs mental.
03 Juillet
2017
Balla Touré,
consultant, agro environnementaliste, activiste des Droits humains/IRA –
Mauritanie.
Biram Dah
Abeid, juriste, historien, activiste des Droits humains/IRA – Mauritanie, Candidat
aux élections présidentielles en Mauritanie, prix des droits de l’Homme de
l’ONU, 2013, parmi les hundred Times les plus influents au monde en 2017.
Jemal Ould
Sid' Ahmed Yessa, universitaire, politiste, spécialiste du Jihad subsaharien.
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