FRONT DE LUTTE CONTRE L’ESCLAVAGE
LE RACISME ET L’EXCLUSION EN MAURITANIE
(FLERE - MAURITANIE)
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AU PAYS DE L’ESCLAVAGE
OU RADIOSCOPIE D’UN RACISME D’ETAT
Le contexte juridique :
La République Islamique de Mauritanie est un pays africain multinational, pluriculturel et biracial où vivent des nationalités Hratin, Peulh, Soninke, Wolof et Bambara d’origine négro africaine et des nationalités Arabes et Berbères.
Le principe, inscrit dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, selon lequel, « tous les hommes naissent libres et égaux » est vidé de toute sa substance, dans la traduction pratique, au quotidien, de la constitution de la République Islamique de Mauritanie du 20/07/1991 modifiée.
En effet, la République Islamique de Mauritanie est partie à tous les outils juridiques internationaux en matière de protection des Droits humains, notamment la Déclaration universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948, la Convention des Nations Unies contre toute forme de racisme et d’exclusion, la Convention africaine des Droits de l’Homme et des Peuples.
Ainsi, l’engagement de l’Etat mauritanien, à travers les textes juridiques nationaux et ceux le liant à la communauté internationale (Organisation des Nations Unies et Union Africaine) est formulé de façon claire et sans ambigüité.
La Mauritanie de l’esclavage, du racisme d’Etat et de l’exclusion :
En passant en revue la gestion des affaires publiques du pays, on se rend compte que l’essentiel des pouvoirs politique, économique, administratif, militaire et sécuritaire sont accaparés et contrôlées par la seule communauté arabo-berbère, minoritaire, au grand dam des communautés noires majoritaires (Hratin, Peulh, Soninke, Wolof et Bambara).
A la lecture de ce qui précède, on arrive, aisément, à la conclusion qu’un racisme d’Etat sévit en Mauritanie. Ce racisme, savamment tissé au sommet de l’Etat, a eu comme résultat : l’absence du partage du pouvoir et des richesses du pays, la poursuite de l’esclavage éhonté dans un pays islamique, le génocide et la déportation perpétrés sur les négro-africains de 1989 à 1992, l’expropriation des terres de culture au profit des arabo-berbères, une politique d’assimilation et d’aliénation sociolinguistique et culturelle, et leurs corollaires. Cet Etat qui devait sécuriser et garantir le droit du citoyen, s’est investi par contre, à faire des citoyens noirs de Mauritanie des citoyens de seconde zone, en entretenant la domination raciale qui s’appuie sur des groupes féodaux arabo-berbères. Ces groupes sont organisés en corporations de chefs religieux, d’hommes d’affaires, de chefs de tribus autour de l’appareil sécuritaire et de défense.
En effet, le racisme d’Etat et l’exclusion des communautés Noires se trouvent aggravés par la pratique de l’esclavage qui continue malgré la promulgation de la loi criminalisant cette pratique en Mauritanie. L’impunité dont continuent de bénéficier les auteurs de génocide et de cas d’esclavage avéré, la poursuite des expropriations de terres, les blocages faits par les pouvoirs publics à toute tentative de promouvoir et d’enseigner les langues et cultures des communautés Noires, la quasi fermeture des médias aux langues pulaar, soninke, wolof et bambara sont là des éléments qui montrent la ferme volonté de tous les régimes qui se sont succédés en Mauritanie de faire de notre pays ce que beaucoup se complaisent à appeler « trab’el beydhan » - UN PAYS DONT TOUS LES BIENS NE PROFITENT QU’AUX SEULS ARABO-BERBERES.
En effet, depuis l’accession de la Mauritanie à l’indépendance, les politiques racistes des gouvernants se sont évertuées à faire perpétuer la domination des arabo-berbères sur toutes les autres communautés et dans ceci, aucun secteur n’échappe à la logique d’accaparement :
- Toutes les banques primaires appartiennent à des groupes issus de la communauté arabo-berbère et malgré les nombreuses tentatives, aucun groupe d’hommes d’affaires noires n’a réussi, avec aucun des régimes qui se sont succédé, à obtenir une licence pour la création d’une banque.
- Un savant découpage électoral assure la beydanisation des deux chambres du Parlement national. Aux dernières élections législatives de 2007, s’il a fallu moins de 800 électeurs pour élire le Député de la Moughataa Bir Moghrein, il en a fallu plus de 26.000 pour le vote des trois Députés de Sélibaby (plus de 8.600 électeurs pour un Député). Ces statistiques établissent clairement la dure réalité qu’un électeur de la Moughataa de Bir Moghrein vaut plus de dix (10) fois un électeur de Sélibaby et est alors, d’autant plus mauritanien que celui-ci.
Alors, le ras le bol des victimes d’esclavage, de racisme, et d’exclusion a atteint, aujourd’hui, un niveau où la paix et la stabilité en Mauritanie sont menacées. Il s’y ajoute, l’entêtement et la persistance des dirigeants racistes dans leurs méthodes injustes de gouverner une nation plurielle : le refus du dialogue politique, l’état de siège, qui ne dit pas son nom, dans lequel la partie sud de la Mauritanie est placée, l’intimidation des défenseurs des droits humains notamment ceux qui luttent contre la pratique de l’esclavage, l’absence de volonté politique dans la restauration dans leurs droits des victimes ou ayant droits suite aux évènements des années 89 à 92, les expropriations de terres, les conditions inhumaines de rapatriement des mauritaniens déportés au Sénégal etc.
Quelques chiffres sur la représentation des communautés dans la vie publique en Mauritanie
Secteur | Total | Représentation des beydhans | Représentation des noirs (Hratin, Peulh, Soninke, Wolof et Bambara) | |||
Nombre | Pourcentage % | Nombre | Pourcentage % | |||
Gouvernement | 29 | 21 | 72 | 8 | 28 | |
Administration territoriale : Wali | 13 | 10 | 77 | 3 | 23 | |
Diplomatie (Ambassadeurs et Consuls) | 43 | 38 | 88 | 5 | 12 | |
Education Nationale : Directeurs Régionaux | 14 | 13 | 93 | 1 | 7 | |
Banques commerciales1 (privées) | 8 | 8 | 100 | 0 | 0 | |
Police Nationale | Directeurs régionaux de sûreté et Centraux | 21 | 21 | 100 | 0 | 0 |
Commissaires | 65 | 56 | 86 | 9 | 14 | |
Forces armées | Garde Nationale : · Commandants Groupements Régionaux · Officiers | 13 Plus de 100 | 12 Au moins 90 | 92 Au moins 90 | 1 10 | 8 Au plus 10 |
Gendarmerie Nationale | Pas d’informations fiables | |||||
Armée Nationale : Commandants Régions militaires | 7 | 7 | 100 | 0 | 0 |
1 La communauté du groupe porteur
La vidéo de la conférence :
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