L’exposé sur le cas de la Mauritanie lors de l’atelier plaidoyer pour la défense des victimes de l’esclavage
Bonjour à tous et toutes.
Je vous présente d’abord
(l’Association des Haratine de Mauritanie en Europe)
Elle a été créée : le 13 juillet 2001. C’est une Association
des droits de la personne à caractère non ethnique et non racial.
Objectifs :
– Abolition de l’esclavage en Mauritanie ,
– Eradication du phénomène dans toutes ses manifestations ,
– Dénoncer les esclavagistes et la complicité de l’Etat mauritanien ,
– Sensibiliser l’opinion européenne, africaine et internationale sur cette
question .
Notre
Finalité :
L’Emancipation et libération des Haratine (esclaves) de Mauritanie.
Bâtir un état de droit fondé sur l’égalité, la justice et le respect mutuel
entre les trois communautés que sont : les Maures, les Negro-mauritaniens et
les Haratine.
Définition des
pratiques esclavagistes en Mauritanie.
Les pratiques esclavagistes font partie des mœurs, coutumes et traditions de certains Mauritaniens dans toutes les couches sociales confondues. On hérite le statut d’esclave par ascendance, c'est-à-dire du père ou de la mère au fils ou fille. Chez les maures qu’on appelle communément les (arabo-berbères), l’esclave est un bien meuble, on peut le ventre, le prêter, le louer, le castrer, le tuer s’il le faut pour empêcher toute rébellion, il travaille à vie sans aucun revenu ni repos. Il n’aura le repos que le jour de sa mort.
On a tendance à
parler de l’esclavage moderne mais celui qui est pratiqué en Mauritanie et dans
beaucoup de pays arabo-musulmans, cette
pratique-là n’a jamais changé son
visage d’antiquité. Les pratiques esclavagistes sont jalousement gardées,
enseignées, transmises de génération à génération par les chefs tribaux,
religieux, la féodalité conservatrice avec la bénédiction des autorités
Mauritaniennes.
Beaucoup de
gens se demandent encore pourquoi le leader abolitionniste Biram Dah abeid
avait brulé certains livres codes
négriers en 2012 au risque de sa vie?
Parce que dans ces
livres qui étaient considérés comme « une charia religieuse locale » qui
enseignée depuis plusieurs générations disaient :
1-La femme esclave doit entretenir son maître par sa chair.
2- Elle ne doit pas couvrir son corps du regard de son maître.
3- L'enfer promis à l'esclave qui n'obéit pas à son maître
4-. Un maître peut vendre ou marier son esclave à qui il veut et à tout moment.
5- Le maître peut mettre fin au mariage de son esclave chaque fois qu'il le
souhaite.
6- interdiction pour un esclave ou descendant d'esclaves de diriger la prière
7- Un maître peut à tout moment entretenir des rapports sexuels avec son
esclave.
L’esclavage
traditionnel chez la communauté noire mauritanienne est différent de
celui pratiqué par les arabo-berbères. Celui qui a le statut d’esclave n’a pas
droit au chapitre de la gestion des affaires courantes de la ville ou du village
malgré qu’il bénéficie des fruits de son travail. Il ne peut pas être chef de
village, ni imam de la mosquée, il arrive même que les féodaux s’opposent à
leur nomination dans un gouvernement sous-prétexte qu’ils ne peuvent
représenter leurs communautés (Poular, Soninké et Wolof). L’esclavage se repose
essentiellement sur des liens traditionnels très ancestraux, sur des
préjugés, le plus souvent, l’esclave n’est pas propriétaire de la terre
qu’il cultive sauf si le village est constitué uniquement d’esclaves.
Le problème de
l’esclavage chez les Négro-mauritaniens est que les victimes ont honte de
dénoncer leur condition servile. Exemple: Dans tous les villages des
Soninké du Guidimakha, pratiquement on trouve des quartiers d’esclaves
(komo kanni), des mosquées d’esclaves (komo kanni missidé) et parfois des
cimetières d’esclaves à part.
Pourtant la règle de
vie communautaire dicte que la chefferie du village doit revenir à celui qui
est le plus âgé à l’exception des castés. Ils ne sont pas concernés ;
puisqu’ils sont considérés comme des sous-hommes relégués à assurer le
second rôle dans la société. Ils ne peuvent pas représenter la communauté en
quoi que ça soit, c'est-à-dire administrativement ni religieusement. Les castés
doivent respecter les traditions, ils travaillent pour les maîtres lors des
cérémonies de mariages, baptêmes et fêtes religieuses gratuitement. Ils auront
en récompense, une petite partie de la viande des bêtes qu’ils ont dépouillées
plus quelques cadeaux et un peu d’argent qu’on les offre et le reste de la
nourriture.
La situation des droits humains en Mauritanie
Les droits de l’homme
sont bafoués au quotidien en Mauritanie dans tous les domaines, les lois ne
sont pas appliquées. Elles sont faites pour la consommation de la communauté
internationale malgré que le pays continue à ratifier les traités et conventions
internationaux.
A Genève, au
siège des Nations Unies à « New-York », à Banjul devant la Commission Africaine des droits de l'homme et des peuples, les autorités Mauritaniennes campent sur leur position du non application
stricte des conventions et traités signés en disant qu’ils sont
non-conformes aux préceptes de la charia
en étant une république islamique. Dans ce cas, n’est-il pas légitime qu’on se
demande pourquoi signer des accords qu’on sait d’avance inapplicable en
sachant ils sont non conformes avec cette république islamique à la
charia au service des humours des maitres esclavagistes et racistes ? Ceci
traduit le manque sérieux de volonté politique de la part de nos dirigeants pour combattre les injustices.
En réalité, les traités sont signés dans la perspective de couvrir l’état, la
preuve est que à chaque fois les autorités sont acculées, les mêmes textes
qu’elles défendaient bec et ongle non conforme avec la charia sont exhibés au
grand jour avec tout un art de discours mensonger.
Depuis l’indépendance
de la Mauritanie à nos jours, aucun chef d’état n’a cherché à débarrasser le
pays de ces pratiques discriminatoires qui se reposent sur l’esclavage, le
racisme, le tribalisme et l’exclusion. Tous les dirigeants qui se sont succédé
à la tête de l’état dont le premier président considéré comme le père de la
nation Mauritanienne feu Moctar Ould Daddah ont tous défendus fermement
l’idée que les pratiques d’esclavagistes disparaitront d’elles-mêmes sans que
l’état ne s’y mêle. C’est dans ces
conditions très frustrantes, que deux jeunes cadres Haratine de l’école de la
diplomatie ont décidé de créer le premier mouvement de libération des esclaves
qu’ils ont appelé El-Hor qui veut dire noblesse
et libération. Ces deux cadres sont : Dr Mohamed Yah Ould Ciré, l’actuel
président de notre Association et Bilal Ould Werzeg, ils seront rejoints
par Messaoud Ould Boulkheir et d’autres.
Les Recommandations
-La reconnaissance de
la communauté HARATINE comme étant à part entière victime de l'esclavage
et du racisme dans la constitution de la république ;
-Criminaliser le
racisme et l'esclavage dans la constitution. Permettre aux associations
abolitionnistes de se porter partie civile. Renforcer la loi 2015-031
incriminant l’esclavage par des mesures d’accompagnements, création d’une
brigade mixte qui est chargée d’accompagner les abolitionnistes dans leurs
missions à l’intérieur pour libérer les esclaves sur l’ensemble du territoire
national ;
-La création des
structures d'accueil pour les victimes de l'esclavage en les
assurant d'une formation afin qu'elles puissent s'intégrer dans la société pour
le long terme. Construire des écoles et centres médicaux dans les villages Adwabas
des victimes ;
-L'indemnisation des
victimes de l'esclavage pour les permettre de s’intégrer dignement dans
la vie d’un citoyen libre. Des terres irrigables et habitables pour toutes les
victimes de l’esclavage et du racisme ;
-Une loi pour
la protection des minorités quelques soient leur race ou religion ;
-L'instauration d’un système
de quotas en faveur des HARATINE (esclaves-et-anciens esclaves) longtemps
exclus dans les institutions de la république islamique de Mauritanie ;
-Faire de la
Mauritanie un Etat laïc, juste, égalitaire et indivisible. Partage
du pouvoir et richesses entre toutes les composantes du pays sans
discrimination ;
-L’application de la
loi qui protège les enfants mineurs, rendre obligatoire la
scolarité des enfants et le service militaire dès l'âge de 18 ans
avec à la clef un métier pour l'avenir ;
-L'intégration dans
les manuels scolaires que le racisme et l'esclavage sont des
crimes contre l'humanité ;
-Une couverture sociale pour
l’ensemble des citoyens Mauritaniens, création des revenus minimum, une
assurance maladie qui couvre l’ensemble des citoyens du pays mais aussi les
étrangers qui y résident ;
-De prescrire comme délit dans le code pénal Mauritanien l’apologie de la
notion de supériorité basée sur l’appartenance sociale venant des cadres,
intellectuels et autres milieux (certains répondant au nom des chefferies
villageoises) au même titre que la loi incriminant l'esclavage, et
ce avec à la clef des amendes fortes, dissuasives afin de changer les
mentalités rétrogrades ;
-De punir par la loi les apologistes publics qui entretiennent à
travers des animations, des chants et des danses, les complexes de supériorité
ou d’infériorité par le biais des coutumes ancestrales :
(Niaxamala, Gawlo, Iguiw ou Griots etc.) au sein de nos sociétés, tribus
ou castes dont le seul but est d'humilier, de diminuer l’Homme, et de lui
soustraire des sous par un harcèlement verbal, moral ou de régler
des comptes avec certaines catégories de la société ; une situation
de faits qui incite à la haine, au mépris de l’autre, polluant ainsi l’ambiance
naturelle au point de menacer la sérénité, l’unité et la cohabitation
entre les citoyens ;
-De lever les tabous autour de la féodalité et ses corollaires ;
-De prendre des mesures fortes et dissuasives en cas de récidive :
condamnation à des peines de la prison ferme ;
-D’intégrer, par amendement, dans les lois, des actes concernant les
questions spécifiques liées aux discriminations féodales sur l'immatériel
et le matériel notamment sur le foncier régi sous un régime moyenâgeux dans
certaines contrées.
Je vous remercie
Diko Hanoune/ SG de l’Association
des Haratine de Mauritanie en Europe (A.H.M.E)
Paris le 05 juin 2022
Reportage de photos, cliquez sur l'image pour l'agrandir
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