Translate

vendredi 21 avril 2017

PRESIDENTIELLE FRANCAISE 2017 : ENTRE METEORES, COMETES ET PLANETES…




            Les Français se rendront les 22, 23 Avril puis 07, 08 Mai 2017 aux urnes pour élire dans le secret de l’isoloir, le prochain président de la Vème République. Moment solennel et privilégié qui confère aux électeurs le pouvoir, tous les cinq ans, de choisir, au-delà de la femme ou de l’homme en charge de présider aux destinées de la France, le projet censé apporter le plus de réponses aux questions que se posent les Français pour le devenir heureux de la France.
            Des onze candidats en lice, les favoris du second tour d’après les instituts de sondage sont à quelques jours du scrutin, le candidat du mouvement « En Marche, Emmanuel Macron, la nouvelle égérie du « Front National », Marine Lepen, le  candidat des « Républicains » François Fillon et celui de la « France Insoumise », Jean Luc Mélenchon.
            Les Français  sont-ils « tombés sur la tête » ? Eux dont le sens  critique est avéré et l’esprit dialectique chevillé dans les mœurs, seraient-ils tentés en 2017 par le vote des extrêmes ? Certainement. Entre la séduction coûteuse du projet de « la France Insoumise » et l’adhésion à l’aventure sans lendemain du nationalisme protectionniste du « Front National », les Français en choisissant de manifester leur colère, leur « ras le bol » iront-ils jusqu’au vote contestataire ? Probablement.
            Saturés par une campagne électorale 2017 ébranlée voire obscurcie par « les affaires », les Français auront-ils assez de recul pour faire le départ entre l’intérêt supérieur de la France et la tentation de l’aventure née du ressentiment ? Assurément.
            Au final, les Français auront à choisir entre les candidats qui ont fait entendre la voix et les douleurs du peuple français : « les météores » ; ceux qui auront ébloui la campagne d’idées nouvelles et constructives : « les comètes » ; ceux enfin qui, prenant ancrage sur le terrain ferme de la réalité et des contraintes, proposent aux  électeurs « des solutions douloureuses pour remettre en ordre la Maison France ».
            Nous nous refusons de procéder à l’inventaire des promesses contenues dans les programmes des candidats. Nous n’entendons non plus émettre un quelconque jugement de valeur. Nous nous contentons d’un point de vue intuitif, certainement subjectif, mais guidé par le  sentiment que nous ont laissé à la fois la personnalité des candidats et la sincère applicabilité de leur projet.
            Il sera difficile d’occulter « la chape de plomb » des affaires qui a pesé sur la Campagne présidentielle 2017, au point de rendre illisibles les projets des candidats et assuré au candidat du mouvement « En marche », Emmanuel Macron « un boulevard » pour accéder à l’Elysée. Coup de ponce du destin ou « miroir aux alouettes » destiné à « piéger » le vote  des français à travers une offre politique « ni gauche - ni droite » capitalisant l’indignation, la colère et la défiance des Français vis-à-vis des politiques de gauche ; de droite et propositions de leurs « extrêmes » ? Notre avis sur le candidat favori des sondages est que la copie de son projet mérite sur bien des points, un intérêt tout particulier.
            Nous partageons son point de vue sur « la criminalisation de la colonisation française en Afrique », la révision de la coopération franco-africaine. Mais cela reste à approfondir et à aplanir. Le sentiment qu’il nous inspire est qu’il ouvre un chantier qui n’est qu’au stade de l’implantation et qu’à ce titre, la Maison France « redessinée » n’est précisément pas encore construite.
            Sans présumer du libre  choix  qu’effectueront les Français, nous avons la faiblesse de penser qu’ils l’encourageront par leurs votes à mieux asseoir les bases de son mouvement.
            La candidate du « Front National », présentée comme « une menace » est, dans le fond, la cristallisation des inquiétudes, des espérances et des rancœurs des Français. Son discours, contrairement à ce que les médias et les cercles traditionnels du pouvoir allèguent, séduit l’électorat populaire. Nationaliste, protectionniste, anti-migratoire, souverainiste, il fait des émules, partisans et autres adhérents. Ce discours a même le mérite ou l’inconvénient, chacun conviendra selon son bord, de mettre au cœur du débat de la campagne 2017 « l’Europe ». La France doit-elle, oui ou non, sortir par voie référendaire de l’Europe ? Le Frexit après le Brexit sert-il la souveraineté de la France ? Nombreux sont les Français qui en sont convaincus.
            Marine Lepen surfe sur « la marée haute des colères » tapies aux tréfonds de « la France d’en bas » comme tremplin pour accéder à l’Elysée. Un bon nombre d’Africains observent son niveau atteint dans les sondages comme « un horizon possible pour que soit mis un terme au franc CFA, aux politiques dépassées de la coopération franco-africaine, à l’hypocrisie de la diplomatie étrangère de la France ». Quelque soit le vote que lui réservent les Français au soir du premier tour, le 23 avril 2017, il est désormais incontestable que le « Front National » fait figure d’acteur majeur de la scène politique française.
Toutefois, nous estimons, toutes proportions gardées, que les Français auront à cœur d’exprimer leurs ressentiments et colères en gardant le sens de la mesure qui veut que « l’on sache jusqu’où il faut aller trop loin ».
            A l’opposé de la candidate du « Front National », Jean Luc Melenchon de la « France insoumise » est de tous les candidats, celui qui aura animé « tambours battants » la campagne présidentielle 2017. Ses talents d’orateur, son sens de la formule, sa truculence verbale doublée  d’un génie suggestif de créateur de concepts et d’images ont plus que son programme, éclairé, voire ébloui la campagne lorsqu’ils n’ont pas subjugué la foule de ses partisans.
Liberté-égalité-fraternité-justice-équité-plein emploi- écologie, la dignité par le travail ont été la lame de fond du projet de « la France insoumise ». L’attelage souhaité avec le candidat du Parti socialiste Benoît Hamon, et rendu impossible du fait de l’enjeu, de la personnalité, des divergences contenues dans les programmes des candidats, sera à n’en point douter, « le sujet à controverses » au soir du premier tour. Car, s’il était difficilement concevable d’unir « la famille de gauche » à partir du triumvirat : Macron-Hamon-Melenchon (ni droite- ni gauche – gauche – extrême gauche) chacun des membres ayant choisi de faire cavalier seul (En Marche – Ps- France insoumise), il demeure irréfutable qu’au soir du 1er tour, résonnera l’assonance finale en « or » contenue dans le patronyme porté par les candidats de la présidentielle française 2017 et, au final, le prochain Président de la France. Ce d’autant mieux que François Fillon qui a la même assonance à son patronyme, est coutumier de la troisième position des sondages pour la première, au sortir du scrutin.
            Conspué, vilipendé, invectivé, stigmatisé suite à « l’affaire » éponyme, François Fillon est de tous les candidats celui qui a porté la croix des privilèges que s’octroient les élus français. Poussé à l’abdication et contraint à recourir au soutien « du peuple de droite » rassemblé au Trocadéro, François Fillon a résisté contre vents et marées. La tempête médiatique suscitée par sa mise en examen se sera à peine apaisée tout au long de sa campagne, rendant inaudible la voix du candidat des « Républicains ». Le regard que portent les Africains sur le candidat de « la droite républicaine » est inséparable de son passage à Matignon en qualité de premier Ministre sous la Présidence française de Nicolas Sarkozy.
Les Africains n’ont pas oublié son discours prononcé à l’Assemblée Nationale Française, alors que sévissait la crise post-électorale ivoirienne.
            Le soutien apporté à Alassane Dramane Ouatara, le cinglant désaveu infligé à la Cour constitutionnelle et au peuple ivoirien, la légitimation de la destitution humiliante de Laurent Gbagbo par l’armée française avaient profondément choqué, déplu, révolté les Africains de tous bords. De même la déclaration du candidat des Républicains au sujet des exactions de l’armée française pendant la tutelle française au Cameroun, a été mal reçue. Les Camerounais indignés apprenaient par la voix du Premier Ministre Français François Fillon, « qu’aucun génocide n’avait été perpétré par les troupes françaises au Cameroun ».
            Nous n’évoquons ces quelques faits que pour souligner le climat d’adversité qui a sous-tendu le ressenti des Africains pendant que François Fillon était Premier Ministre.
            Pourtant, nombreux sont les Africains qui ont vécu les démêlés du candidat des Républicains à la Présidentielle française 2017 comme « une injuste hypertrophie de l’image indigne d’un défenseur des intérêts de la France ». Ils estiment que pour avoir cristallisé tous les maux dont souffrent les Français » et incarné « l’échec des politiques de droite et de gauche » à travers « l’affaire fillon », François Fillon a payé un prix hautement disproportionné en comparaison des politiques et élus de même rang, auteurs d’actes autrement plus repréhensibles.
            Faire confiance à son cercle familial restreint et bénéficier de ses services un peu pour se prémunir des dérives et rentes de fonction que nous avons la pudeur de taire, tant ils constituent « l’ordinaire » de la collusion des politiques et des affaires, n’ont fait que convaincre les Africains de « la surenchère » et du « surdimensionnement » qui ont entouré et tissé la trame de fond de cette « affaire ».
            Notre sentiment peut paraître anecdotique en ce qu’il relève d’une réminiscence de lecture afférant aux mythes indo-européens. Il en ressort qu’un rituel séculaire d’intronisation consistait à flageller l’impétrant au trône royal avant qu’il ne paraisse sur la scène et aux yeux du peuple. Revêtu des atours royaux mais le corps meurtri, il affichait alors cet air grave et soucieux qui sont les marques du poids de la charge… Cette image destinée à conforter le peuple dans l’idée que le futur souverain a pris conscience de l’immense charge qui lui incombe, n’est pas éloignée au plan symbolique de « la bourrasque médiatique » et le « chorus » de contestations qui se sont abattus sur la personne de François Fillon et la candidature du parti
« Les Républicains ».
            Pour avoir été des onze candidats, celui qui a subi « l’épreuve du feu », l’a bravé courageusement, certains diront : « désespérément » ;est resté constant dans ses convictions, certains diront : « piteusement » ; a maintenu sa candidature par respect pour le choix des électeurs de droite, certains diront : « honteusement », notre intuition est qu’il représente, même dans la tourmente, la « figure hiératique du pouvoir au sein de laquelle la volonté s’unit au courage et à la force mentale » pour surmonter les obstacles, tous les obstacles.
            Le Programme du candidat « les Républicains » présente bien des similitudes avec « le sillon meuble » tracé par Emmanuel Macron, lequel est parvenu à réunir autour de son projet « En Marche » des hautes personnalités de droite, de gauche et du centre. Il va sans dire que l’enjeu des deux tours de l’élection présidentielle 2017 en France ne sera pas étranger à « la confrontation entre les planètes Macron et Fillon », en clair, entre l’aventure imprécise et fragile du renouvèlement de la classe politique française et la volonté de réforme de la politique intérieure de la France, adossée sur l’expérience et la flexibilité en mesure d’assurer un avenir et un devenir meilleurs à la Maison France.


                                                          Guy Samuel NYOUMSI
​                                            Président de Solidarité Africaine de France​
Vice-président du Conseil Représentatif des Associations Noires de France (CRAN),
Chargé des Relations avec l’Afrique et des Affaires Internationales

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire