Les Français
se rendront les 22, 23 Avril puis 07, 08 Mai 2017 aux urnes pour élire dans le
secret de l’isoloir, le prochain président de la Vème République. Moment
solennel et privilégié qui confère aux électeurs le pouvoir, tous les cinq ans,
de choisir, au-delà de la femme ou de l’homme en charge de présider aux
destinées de la France, le projet censé apporter le plus de réponses aux
questions que se posent les Français pour le devenir heureux de la France.
Des onze
candidats en lice, les favoris du second tour d’après les instituts de sondage
sont à quelques jours du scrutin, le candidat du mouvement « En Marche,
Emmanuel Macron, la nouvelle égérie du « Front National », Marine
Lepen, le candidat des « Républicains »
François Fillon et celui de la « France Insoumise », Jean Luc
Mélenchon.
Les Français sont-ils « tombés sur la tête » ?
Eux dont le sens critique est avéré et
l’esprit dialectique chevillé dans les mœurs, seraient-ils tentés en 2017 par
le vote des extrêmes ? Certainement. Entre la séduction coûteuse du projet
de « la France Insoumise » et l’adhésion à l’aventure sans lendemain
du nationalisme protectionniste du « Front National », les Français
en choisissant de manifester leur colère, leur « ras le bol » iront-ils
jusqu’au vote contestataire ? Probablement.
Saturés par
une campagne électorale 2017 ébranlée voire obscurcie par « les affaires »,
les Français auront-ils assez de recul pour faire le départ entre l’intérêt
supérieur de la France et la tentation de l’aventure née du ressentiment ?
Assurément.
Au final,
les Français auront à choisir entre les candidats qui ont fait entendre la voix
et les douleurs du peuple français : « les météores » ;
ceux qui auront ébloui la campagne d’idées nouvelles et constructives :
« les comètes » ; ceux enfin qui, prenant ancrage sur le terrain
ferme de la réalité et des contraintes, proposent aux électeurs « des solutions douloureuses
pour remettre en ordre la Maison France ».
Nous nous
refusons de procéder à l’inventaire des promesses contenues dans les programmes
des candidats. Nous n’entendons non plus émettre un quelconque jugement de
valeur. Nous nous contentons d’un point de vue intuitif, certainement
subjectif, mais guidé par le sentiment
que nous ont laissé à la fois la personnalité des candidats et la sincère applicabilité
de leur projet.
Il sera
difficile d’occulter « la chape de plomb » des affaires qui a pesé
sur la Campagne présidentielle 2017, au point de rendre illisibles les projets
des candidats et assuré au candidat du mouvement « En marche »,
Emmanuel Macron « un boulevard » pour accéder à l’Elysée. Coup de
ponce du destin ou « miroir aux alouettes » destiné à « piéger »
le vote des français à travers une offre
politique « ni gauche - ni droite » capitalisant l’indignation, la
colère et la défiance des Français vis-à-vis des politiques de gauche ; de
droite et propositions de leurs « extrêmes » ? Notre avis sur le
candidat favori des sondages est que la copie de son projet mérite sur bien des
points, un intérêt tout particulier.
Nous
partageons son point de vue sur « la criminalisation de la colonisation
française en Afrique », la révision de la coopération franco-africaine.
Mais cela reste à approfondir et à aplanir. Le sentiment qu’il nous inspire est
qu’il ouvre un chantier qui n’est qu’au stade de l’implantation et qu’à ce
titre, la Maison France « redessinée » n’est précisément pas encore
construite.
Sans
présumer du libre choix qu’effectueront les Français, nous avons la
faiblesse de penser qu’ils l’encourageront par leurs votes à mieux asseoir les
bases de son mouvement.
La candidate
du « Front National », présentée comme « une menace » est,
dans le fond, la cristallisation des inquiétudes, des espérances et des
rancœurs des Français. Son discours, contrairement à ce que les médias et les
cercles traditionnels du pouvoir allèguent, séduit l’électorat populaire.
Nationaliste, protectionniste, anti-migratoire, souverainiste, il fait des émules,
partisans et autres adhérents. Ce discours a même le mérite ou l’inconvénient,
chacun conviendra selon son bord, de mettre au cœur du débat de la campagne
2017 « l’Europe ». La France doit-elle, oui ou non, sortir par voie
référendaire de l’Europe ? Le Frexit après le Brexit sert-il la
souveraineté de la France ? Nombreux sont les Français qui en sont
convaincus.
Marine Lepen
surfe sur « la marée haute des colères » tapies aux tréfonds de « la
France d’en bas » comme tremplin pour accéder à l’Elysée. Un bon nombre
d’Africains observent son niveau atteint dans les sondages comme « un
horizon possible pour que soit mis un terme au franc CFA, aux politiques
dépassées de la coopération franco-africaine, à l’hypocrisie de la diplomatie
étrangère de la France ». Quelque soit le vote que lui réservent les
Français au soir du premier tour, le 23 avril 2017, il est désormais
incontestable que le « Front National » fait figure d’acteur majeur
de la scène politique française.
Toutefois, nous estimons, toutes proportions gardées, que les
Français auront à cœur d’exprimer leurs ressentiments et colères en gardant le
sens de la mesure qui veut que « l’on sache jusqu’où il faut aller trop
loin ».
A l’opposé
de la candidate du « Front National », Jean Luc Melenchon de la « France
insoumise » est de tous les candidats, celui qui aura animé « tambours
battants » la campagne présidentielle 2017. Ses talents d’orateur, son
sens de la formule, sa truculence verbale doublée d’un génie suggestif de créateur de concepts
et d’images ont plus que son programme, éclairé, voire ébloui la campagne
lorsqu’ils n’ont pas subjugué la foule de ses partisans.
Liberté-égalité-fraternité-justice-équité-plein emploi-
écologie, la dignité par le travail ont été la lame de fond du projet de « la
France insoumise ». L’attelage souhaité avec le candidat du Parti
socialiste Benoît Hamon, et rendu impossible du fait de l’enjeu, de la
personnalité, des divergences contenues dans les programmes des candidats, sera
à n’en point douter, « le sujet à controverses » au soir du premier
tour. Car, s’il était difficilement concevable d’unir « la famille de
gauche » à partir du triumvirat : Macron-Hamon-Melenchon (ni droite-
ni gauche – gauche – extrême gauche) chacun des membres ayant choisi de faire
cavalier seul (En Marche – Ps- France insoumise), il demeure irréfutable qu’au
soir du 1er tour, résonnera l’assonance finale en « or » contenue
dans le patronyme porté par les candidats de la présidentielle française 2017
et, au final, le prochain Président de la France. Ce d’autant mieux que
François Fillon qui a la même assonance à son patronyme, est coutumier de la troisième
position des sondages pour la première, au sortir du scrutin.
Conspué,
vilipendé, invectivé, stigmatisé suite à « l’affaire » éponyme,
François Fillon est de tous les candidats celui qui a porté la croix des
privilèges que s’octroient les élus français. Poussé à l’abdication et
contraint à recourir au soutien « du peuple de droite » rassemblé au
Trocadéro, François Fillon a résisté contre vents et marées. La tempête
médiatique suscitée par sa mise en examen se sera à peine apaisée tout au long
de sa campagne, rendant inaudible la voix du candidat des « Républicains ».
Le regard que portent les Africains sur le candidat de « la droite
républicaine » est inséparable de son passage à Matignon en qualité de
premier Ministre sous la Présidence française de Nicolas Sarkozy.
Les Africains n’ont pas oublié son discours prononcé à
l’Assemblée Nationale Française, alors que sévissait la crise post-électorale
ivoirienne.
Le soutien
apporté à Alassane Dramane Ouatara, le cinglant désaveu infligé à la Cour
constitutionnelle et au peuple ivoirien, la légitimation de la destitution
humiliante de Laurent Gbagbo par l’armée française avaient profondément choqué,
déplu, révolté les Africains de tous bords. De même la déclaration du candidat
des Républicains au sujet des exactions de l’armée française pendant la tutelle
française au Cameroun, a été mal reçue. Les Camerounais indignés apprenaient
par la voix du Premier Ministre Français François Fillon, « qu’aucun
génocide n’avait été perpétré par les troupes françaises au Cameroun ».
Nous
n’évoquons ces quelques faits que pour souligner le climat d’adversité qui a
sous-tendu le ressenti des Africains pendant que François Fillon était Premier
Ministre.
Pourtant,
nombreux sont les Africains qui ont vécu les démêlés du candidat des
Républicains à la Présidentielle française 2017 comme « une injuste
hypertrophie de l’image indigne d’un défenseur des intérêts de la France ».
Ils estiment que pour avoir cristallisé tous les maux dont souffrent les
Français » et incarné « l’échec des politiques de droite et de
gauche » à travers « l’affaire fillon », François Fillon a payé
un prix hautement disproportionné en comparaison des politiques et élus de même
rang, auteurs d’actes autrement plus repréhensibles.
Faire
confiance à son cercle familial restreint et bénéficier de ses services un peu
pour se prémunir des dérives et rentes de fonction que nous avons la pudeur de
taire, tant ils constituent « l’ordinaire » de la collusion des
politiques et des affaires, n’ont fait que convaincre les Africains de « la
surenchère » et du « surdimensionnement » qui ont entouré et
tissé la trame de fond de cette « affaire ».
Notre
sentiment peut paraître anecdotique en ce qu’il relève d’une réminiscence de
lecture afférant aux mythes indo-européens. Il en ressort qu’un rituel
séculaire d’intronisation consistait à flageller l’impétrant au trône royal
avant qu’il ne paraisse sur la scène et aux yeux du peuple. Revêtu des atours
royaux mais le corps meurtri, il affichait alors cet air grave et soucieux qui
sont les marques du poids de la charge… Cette image destinée à conforter le
peuple dans l’idée que le futur souverain a pris conscience de l’immense charge
qui lui incombe, n’est pas éloignée au plan symbolique de « la bourrasque
médiatique » et le « chorus » de contestations qui se sont
abattus sur la personne de François Fillon et la candidature du parti
« Les Républicains ».
« Les Républicains ».
Pour avoir
été des onze candidats, celui qui a subi « l’épreuve du feu », l’a
bravé courageusement, certains diront : « désespérément » ;est
resté constant dans ses convictions, certains diront : « piteusement » ;
a maintenu sa candidature par respect pour le choix des électeurs de droite,
certains diront : « honteusement », notre intuition est qu’il
représente, même dans la tourmente, la « figure hiératique du pouvoir au
sein de laquelle la volonté s’unit au courage et à la force mentale » pour
surmonter les obstacles, tous les obstacles.
Le Programme
du candidat « les Républicains » présente bien des similitudes avec « le
sillon meuble » tracé par Emmanuel Macron, lequel est parvenu à réunir
autour de son projet « En Marche » des hautes personnalités de
droite, de gauche et du centre. Il va sans dire que l’enjeu des deux tours de
l’élection présidentielle 2017 en France ne sera pas étranger à « la
confrontation entre les planètes Macron et Fillon », en clair, entre
l’aventure imprécise et fragile du renouvèlement de la classe politique
française et la volonté de réforme de la politique intérieure de la France,
adossée sur l’expérience et la flexibilité en mesure d’assurer un avenir et un
devenir meilleurs à la Maison France.
Guy Samuel NYOUMSI
Président de Solidarité
Africaine de France
Vice-président du Conseil Représentatif des Associations
Noires de France (CRAN),
Chargé des Relations avec l’Afrique et des Affaires
Internationales
Contact : guysamuelnyoumsi@gmail.com
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