En ce début de février 2017, deux localités de Guidimakha sont le théâtre de deux événements pleins de signification en matière d’esclavage et de ses séquelles abjects.
1- En effet, le vendredi 3 février 2017 dans la localité historique de Koumbandaw situé dans la commune de Khabou avant la prêche officielle de l’Imam de la Mosquée centrale, Mr Demba Diarra connu aussi pour sa profonde culture islamique commentant la Sourat Al-Hujraat verset 13 « O hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et Grand Connaisseur. »
Il fut interrompu avec violence et d’une arrogance indescriptibles par des jeunes de la famille du Marabout : Demba Fodié Cissé et Khalil dit Khallé Hanounou Cissé qui lui ont enjoint de se taire et que ses commentaires sont hors propos et qu’il doit se contenter de son vrai statut de « Komé » (esclave).
Les propos ont dégénéré à une véritable confrontation à l’intérieur de la mosquée empêchant la prière du vendredi. Et le village continue de vivre dans une tension inquiétante. Le chef du village a tenté en vain de ramener les marabouts à la raison.
2- Depuis quelques semaines, Daffor un des plus grand village de Guidimakha et chef lieu de commune dans le département de Ould Yengé, vit aussi sous tension suite à un litige foncier opposant Silima Bakary Diarra à la fratrie des Camara : Bakary Camara dit Yiba Sirakhé – Demba Ousmane Camara dit Chikhou Samba – Aly Diadié Camara et Bakary Seidy Boubou Camara. Cette délégation des Camara est venue intimer l’ordre à Silima Bakary Diarra de cesser l’exploitation d’un terrain d’environ 3 ha qu’il exploite depuis plus de 50 ans, il l’a bien clôturé, équipé de plusieurs puits artésiens et il le cultive comme champ de mil et de céréales pendant l’hivernage et de jardin maraicher et fruitier en saison sèche. Le chef du village de Daffor Abdou Fouleye Camara est venu en personne à son domicile lui dire « Un esclave n’est pas propriétaire terrien et qu’il doit déguerpir »
Cette injonction de nature typiquement traditionnelle vient s’inscrire en violation des dispositions du décret n° 2000-080 abrogeant et remplaçant le décret n°2000/089 du 17 juillet 2000 portant application de l’ordonnance 83 127 du 05 juin 1983 portant réorganisation foncière et domaniale en Mauritanie. Le dossier se trouve actuellement sur la table du Hakem de Ould Yengé et attend règlement.
Les dirigeants et militants de l’AMESS par la présente déclaration :
- S’élèvent vigoureusement et avec indignation contre la mentalité et les pratiques rétrogrades qui sou tendent ces comportements ;
- Prennent à témoins tous les démocrates et progressistes sans exception, en premier lieu ceux du Guidimakha pour se lever contre cette culture et ces comportements d’un autre âge ;
- Leur demandent de combattre avec nous cette mentalité et ces pratiques encore courantes dans notre belle contré, le Guidimakha, terre d’islam, d’hospitalité et de fraternité ;
- Exigent des autorités compétentes l’application ferme de la législation en vigueur et leur soutien à nos militants et militantes dans leurs efforts courageux de sensibilisation des populations aux dispositions des lois en matière d’éradication de l’esclavage, de ses séquelles et en matière de reforme foncière et domaniale en République Islamique de Mauritanie.
Nouakchott, le 12/02/2017
Le Bureau Exécutif
Source : AMEES
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