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mercredi 11 novembre 2015

Les harratines, et le combat qui rassure, le meilleur dans l’ombre c’est le repos.



Comme l’écrivait  l’éminent journaliste Wely Cheikh Bouye  dans sa contribution (L’impossible oubli des harratines, le meilleur dans le soleil c’est l’ombre) : « S’il est une composante sur laquelle repose aujourd’hui tout l’équilibre de la Mauritanie, c’est sans aucun doute la composante des «harratines" sous l’ombre de laquelle reposera enfin la réconciliation d’un peuple en mal de justice, d’harmonie, de stabilité et, tout en proie aux terribles maux de la stratification et des castes d’une époque bien révolue ».

Oui, tout en me  souscrivant entièrement à ces propos dont la véracité et la pertinence m’ont littéralement foudroyé, j’y ajoute  aussi que le meilleur dans l’ombre c’est le repos manquant  cruellement à cette communauté laborieuse et travailleuse.  Sombrant dans les abîmes et les forces des ténèbres avec ses dockers, maçons , charbonniers, charretiers , blanchisseurs, bouchers, miniers, marchants ambulants, vendeuses de légumes, de tabac et brasseuses  de couscous  ; mais surtout avec ses soldats et hommes de troupes ,  doigt sur la gâchette œil rivé vers l’horizon   là-bas aux frontières   veillant jalousement sur l’intégrité et la souveraineté  du pays.  Malgré sa situation de calvaire, ceci  ne la point  poussé à l’excès, car  pour elle s’est la Mauritanie d’abord, puisqu’ une déflagration de celle-ci, dieu nous en préserve explosera cette espèce de poudrière sur la quelle nous sommes assis; et dont  les harratine par manque d’arrière- territoire en seront les premiers perdants.

  Bref, cette Mauritanie,  qui de  par sa position géographique l’exposant à des  péjorations climatiques récurrentes,  se situe dans une zone géopolitique de turbulence,  où les annonces  des intentions d’expansion de part et d’autre se font de plus en plus audibles. Elle  est  devenue par conséquence un lieu de convergence et de divergence d’où sa fragilité menaçante  que, seule la sagesse sauvegarde et garantie l’existence, surtout en ces moments ci où la haine intercommunautaire est grandissante et où les communautés se regardent  en chien de faïence du fait des tensions ethniques de plus en plus  perceptibles.

 Pourvue que le détenteur du pouvoir réel ayant  le  rapport de force de circonstance favorable   le comprenne et  agit pour la détente, à l’image du parti nationaliste sud africains composé de blancs afrikaners , qui dés 1989 avait compris la gravité de la situation ;  engageant de surcroît des mesures révolutionnaires d’apaisements qui ont abouti à l’élection de Nelson Mandela dit Madiba comme président et Frédéric Declerk comme vice président.

En  effet,  la première entorse à la dignité des harratines qui ont vécu plus 7 siècles  d’esclavage, est que dés l’indépendance le pouvoir d’alors constitué de notabilités arabo berbères et négro-africaines s’empressait  consciemment ou inconsciemment à poser les jalons d’un système inégalitaire qui allait occulter du  débat  public national  la question des esclaves et des anciens esclaves. Pire les fondateurs  s’appuyèrent  sur des alliances suspectes et douteuses avec les chefferies traditionnelles non abolitionnistes pour se faire accepter en contre partie ils fermèrent  les yeux sur l’esclavage et  l’exploitation harratine,  bien que  le modèle républicain adopté depuis l’indépendance  garantissait à tous les citoyens la jouissance de leurs droits civiques.

Résultat, cette communauté ployant  depuis toujours et maintenue sous le poids d’un mépris social multiséculaire, d’asservissement,  d’ignorance,  et de pauvreté ; elle est restée politiquement faible et désorganisée ; empêchée  d’avoir un pouvoir politique inhérent à son poids démographique que quiconque sait majoritaire.  Une telle  atteinte à sa dignité  ne la guère  amené à opter pour la vindicte  quant on sait  souvent, que la réaction normale de l’opprimé quand la charge hideuse de l’oppresseur  l’écrase s’est la vengeance ; surtout si l’abus  remonte  depuis l’aube des temps ; plutôt elle s’est  déployée avec âme et corps dans la Chamame, Awker, Aftout et Avele ; dans les ports, sur les Quais, dans les palmerais,  les champs  à servir loyalement le pays. 

Voilà la vraie sagesse que même les apôtres du non violence (Luther King et Gandhi), auront des  difficultés   d’incarner. 
Oui, le pas vers la liberté est franchis, et il demeure irréversible; car le désir insatiable de celle-ci est un fait providentiel, qui se raffermit et se perfectionne par la volonté divine,   qui finit toujours   par s’imposer même aux injustices les plus robustes. 

Au terme de ces propos, j’en appelle aux hommes vertueux à l’unité des cœurs ; de ne pas céder aux provocations légères, et passéistes du type : «  les harratines qui sont-ils, la question harratine est dépassée, n’est esclave que celui qui le veut, l’esclavage n’existe pas  il n’ya que  séquelles ou survivances, l’esclavage certains en font un fonds de commerce et moyen de célébrité,  des vendus de l’occident à la solde des juifs, bref ;   encore moins aux arrestations, procès, emprisonnements et  répressions sélectives dont le regain de violence dépasse l’entendement ces dernières années ; de continuer le combat ferme, juste et pacifique qui unit ,  rassure et instaure la paix des braves , car demain est riche de promesses ».

Et qu’il me soit permis de saluer la sagesse :
Des hommes illuminés  d’obédience marxiste-léniniste qui ont posé la question des inégalités sociales   en un moment crucial, où porter la contradiction était chose difficile, ma pensée va aussi aux doyens de lutte fondateurs du Mouvement Elhor ( Mohamed Yahye Ould Ciré, Bilal ould Werzik, feu Sidi Ould Jaber, Amar Ould Ahmed Deyne, Achour Ould Dembe, Achour Ould Sambe, Likheil Ould Mohimd Labd, Boubacar Ould Messaoud, Sidi Ould Messaoud et d’autres dont certains ont rendu l’âme, sans oublier l’activiste remarquée des années 70  Koumbëit Mint Werzik (paix à son âme), sœur de Bilal ;

aux mouvements civiques et des droits de l’homme  (Sos Esclaves, AHME, IRA avec son martyr le doyen Abdalahi Ould Mbarek,  le Manifeste pour les droits  politiques , économiques et sociaux des Harratines et son défunt Président le père Mohamed Saïd Ould Hemodi),

aux hommes éclairés   (l’érudit  Mohimd’Elhacen Dedew et sa Vatwa sans équivoque,  le percutant savant Mohamed Lemine Chah, Isselmou Ould Abdelkader, Mouhimd Elmokhtar Ould Hmeyne Amar, Mohamed Vall Ould Sidi Moïle, Sidi Mohamed Ould Moustapha dit Khames président du forum national de la société civile, Oumar Ould Beïbacar, Weli Cheikh Bouye,  Hanevi Dahah, Elhoussein Ould Medou, Isselmou Ould Salihi, Aminetou Mint Elmoukhtar, feu Habib Ould Mahfoudh, Mariém Derwich, Elmehdi Ould Mohimd’Elbechir, Didi Ould salek, et bien  d’autres.

En fin, je dirai que la Mauritanie ne sera que ce que nous ferons d’elle, donc ne l’abîmons pas , et  comme disait le sage Félix Houphouët-Boigny : « le vrai bonheur on ne l’apprécie que l’lorsqu’on le perde, faisons en sorte que nous l’ayons tous ensemble et à ne jamais  le perdre ; mais au contraire à l’accroitre sans cesse par le travail dans la dignité, la légalité, la justice, la discipline, la solidarité, la fraternité et le respect de l’autre ».     
            
Maham Youssouf

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