Comme l’écrivait l’éminent
journaliste Wely Cheikh Bouye dans sa contribution (L’impossible oubli
des harratines, le meilleur dans le soleil c’est l’ombre) : « S’il est une
composante sur laquelle repose aujourd’hui tout l’équilibre de la Mauritanie,
c’est sans aucun doute la composante des «harratines" sous l’ombre de
laquelle reposera enfin la réconciliation d’un peuple en mal de justice, d’harmonie,
de stabilité et, tout en proie aux terribles maux de la stratification et des
castes d’une époque bien révolue ».
Oui, tout en me souscrivant
entièrement à ces propos dont la véracité et la pertinence m’ont littéralement
foudroyé, j’y ajoute aussi que le meilleur
dans l’ombre c’est le repos manquant
cruellement à cette communauté laborieuse et travailleuse.
Sombrant dans les abîmes et les forces des ténèbres avec ses dockers,
maçons , charbonniers, charretiers , blanchisseurs, bouchers, miniers,
marchants ambulants, vendeuses de légumes, de tabac et brasseuses de couscous ; mais surtout avec ses
soldats et hommes de troupes , doigt sur
la gâchette œil rivé vers l’horizon
là-bas aux frontières veillant
jalousement sur l’intégrité et la souveraineté
du pays. Malgré sa situation de
calvaire, ceci ne la point poussé à l’excès, car pour elle s’est la Mauritanie d’abord,
puisqu’ une déflagration de celle-ci, dieu nous en préserve explosera cette
espèce de poudrière sur la quelle nous sommes assis; et dont les harratine par manque d’arrière-
territoire en seront les premiers perdants.
Bref, cette
Mauritanie, qui de par sa position géographique l’exposant à
des péjorations climatiques
récurrentes, se situe dans une zone
géopolitique de turbulence, où les
annonces des intentions d’expansion de
part et d’autre se font de plus en plus audibles. Elle est
devenue par conséquence un lieu de convergence et de divergence d’où sa
fragilité menaçante que, seule la
sagesse sauvegarde et garantie l’existence, surtout en ces moments ci où la
haine intercommunautaire est grandissante et où les communautés se
regardent en chien de faïence du fait
des tensions ethniques de plus en plus
perceptibles.
Pourvue que le détenteur du
pouvoir réel ayant le rapport de force de circonstance
favorable le comprenne et agit pour la détente, à l’image du parti
nationaliste sud africains composé de blancs afrikaners , qui dés 1989 avait
compris la gravité de la situation ;
engageant de surcroît des mesures révolutionnaires d’apaisements qui ont
abouti à l’élection de Nelson Mandela dit Madiba comme président et Frédéric
Declerk comme vice président.
En effet, la première entorse à la dignité des
harratines qui ont vécu plus 7 siècles
d’esclavage, est que dés l’indépendance le pouvoir d’alors constitué de
notabilités arabo berbères et négro-africaines s’empressait consciemment ou inconsciemment à poser les
jalons d’un système inégalitaire qui allait occulter du débat
public national la question des
esclaves et des anciens esclaves. Pire les fondateurs s’appuyèrent
sur des alliances suspectes et douteuses avec les chefferies
traditionnelles non abolitionnistes pour se faire accepter en contre partie ils
fermèrent les yeux sur l’esclavage
et l’exploitation harratine, bien que
le modèle républicain adopté depuis l’indépendance garantissait à tous les citoyens la
jouissance de leurs droits civiques.
Résultat, cette communauté ployant
depuis toujours et maintenue sous le poids d’un mépris social
multiséculaire, d’asservissement,
d’ignorance, et de pauvreté ;
elle est restée politiquement faible et désorganisée ; empêchée d’avoir un pouvoir politique inhérent à son
poids démographique que quiconque sait majoritaire. Une telle
atteinte à sa dignité ne la
guère amené à opter pour la
vindicte quant on sait souvent, que la réaction normale de l’opprimé
quand la charge hideuse de l’oppresseur l’écrase s’est la vengeance ; surtout si
l’abus remonte depuis l’aube des temps ; plutôt elle
s’est déployée avec âme et corps dans la
Chamame, Awker, Aftout et Avele ; dans les ports, sur les Quais, dans les
palmerais, les champs à servir loyalement le pays.
Voilà la vraie sagesse que même les apôtres du non violence (Luther
King et Gandhi), auront des
difficultés d’incarner.
Oui, le pas vers la liberté est franchis, et il demeure
irréversible; car le désir insatiable de celle-ci est un fait providentiel, qui
se raffermit et se perfectionne par la volonté divine, qui finit toujours par s’imposer même aux injustices les plus
robustes.
Au terme de ces propos, j’en appelle aux hommes vertueux à l’unité
des cœurs ; de ne pas céder aux provocations légères, et passéistes du
type : « les harratines qui sont-ils, la question harratine
est dépassée, n’est esclave que celui qui le veut, l’esclavage n’existe
pas il n’ya que séquelles ou survivances, l’esclavage
certains en font un fonds de commerce et moyen de célébrité, des vendus de l’occident à la solde des juifs,
bref ; encore moins aux
arrestations, procès, emprisonnements et
répressions sélectives dont le regain de violence dépasse l’entendement
ces dernières années ; de continuer le combat ferme, juste et pacifique
qui unit , rassure et instaure la paix
des braves , car demain est riche de promesses ».
Et qu’il me soit permis de saluer la sagesse :
Des hommes illuminés
d’obédience marxiste-léniniste qui ont posé la question des inégalités
sociales en un moment crucial, où
porter la contradiction était chose difficile, ma pensée va aussi aux doyens de
lutte fondateurs du Mouvement Elhor ( Mohamed Yahye Ould Ciré, Bilal ould
Werzik, feu Sidi Ould Jaber, Amar Ould Ahmed Deyne, Achour Ould Dembe, Achour
Ould Sambe, Likheil Ould Mohimd Labd, Boubacar Ould Messaoud, Sidi Ould
Messaoud et d’autres dont certains ont rendu l’âme, sans oublier l’activiste
remarquée des années 70 Koumbëit Mint
Werzik (paix à son âme), sœur de Bilal ;
aux mouvements civiques et des droits de l’homme (Sos Esclaves, AHME, IRA avec son martyr le
doyen Abdalahi Ould Mbarek, le Manifeste
pour les droits politiques , économiques
et sociaux des Harratines et son défunt Président le père Mohamed Saïd Ould
Hemodi),
aux hommes éclairés
(l’érudit Mohimd’Elhacen Dedew et
sa Vatwa sans équivoque, le percutant
savant Mohamed Lemine Chah, Isselmou Ould Abdelkader, Mouhimd Elmokhtar Ould
Hmeyne Amar, Mohamed Vall Ould Sidi Moïle, Sidi Mohamed Ould Moustapha dit
Khames président du forum national de la société civile, Oumar Ould Beïbacar,
Weli Cheikh Bouye, Hanevi Dahah,
Elhoussein Ould Medou, Isselmou Ould Salihi, Aminetou Mint Elmoukhtar, feu
Habib Ould Mahfoudh, Mariém Derwich, Elmehdi Ould Mohimd’Elbechir, Didi Ould
salek, et bien d’autres.
En fin, je dirai que la Mauritanie ne sera que ce que nous ferons
d’elle, donc ne l’abîmons pas , et comme
disait le sage Félix Houphouët-Boigny : « le vrai bonheur on ne l’apprécie que
l’lorsqu’on le perde, faisons en sorte que nous l’ayons tous ensemble et à ne
jamais le perdre ; mais au
contraire à l’accroitre sans cesse par le travail dans la dignité, la légalité,
la justice, la discipline, la solidarité, la fraternité et le respect de
l’autre ».
Maham Youssouf
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