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lundi 5 novembre 2012

Que sont devenus nos laudateurs.



 
Samedi dernier, la Mauritanie a tremblé sous une rumeur aussi folle que pernicieuse. Des officines du pouvoir ont fait circuler l’information faisant état d’un putsch "blanc" en préparation par le cercle des officiers supérieurs proches du Général Aziz. Tout le pays grouillait, inquiet de ce nouveau drame à la mauritanienne qui se préparait sous nos yeux.
Le téléphone arabe se connectait au réseau de "quelqu’un m’a dit" circulant de bouche à oreilles pour transmettre á la commutation que "tout est fini", "le communiqué officialisant tout cela sera diffusé incessamment" !! La mess était ainsi dite et le pays devait se préparer à vivre une nouvelle intrusion des militaires sur la scène publique.
Une situation d’autant plus réelle qu’un responsable politique de l’opposition dira, sur les ondes d’une radio privée, que c’est même un employé de la TVM qui l’alertera en lui recommandant de suivre la boîte à résonnance des "coups d’Etat", car il "y aura "quelque chose" sous peu". Heureusement pour la Mauritanie, ce " peu " est resté néant !
Pour autant la réalité des faits n’empêchera pas la Mauritanie de continuer de vaciller dans l’incertitude et des tiraillements feutrés, mais perceptibles par leur impact négatif sur le fonctionnement de l’Etat et par l’atmosphère délétère floue et diffuse que nous vivons par ces temps de vacance de la Présidence. La nature a certes peur du vide, mais les hommes aussi.
Notre grande peur et nos incertitudes ont été aiguisées par le silence assourdissant des partisans du président Ould abdel Aziz. Personne ne semble vouloir monter en première ligne pour ne pas être piégé par l’évolution des choses et plomber son statut politique, du reste la seule chose qui intéresse ici. Les laudateurs se sont tous terrés, épiant certainement le moindre signe pour réagir au profit de celui qui se mettra sur la scène.
Face à l’adversité ambiante, cloué dans un lit d’hôpital, Aziz n’a trouvé de ses soutiens zélés que le cercle des cousins tribaux. Ses ministres ont déserté le champ de l’action à un moment où ils devaient mettre du gaz pour atténuer les effets de l’absence de leur chef. La langue fourchue du gouvernement a été avalée. Les tonitruants ministres qui passaient tout leur temps à invectiver, à insulter l’opposition et ses leaders, à aligner des chiffres mirobolants et à vanter les kilomètres de goudron réalisés sont subitement envahis par l’amnésie. On dirait que quelque chose leur a dit que le jeu est fini. The Game is over. Maintenant, il faut passer à autre chose. Du mensonge virtuel, on bascule vers le silence coupable.
Les autres contingents des laudateurs, les anciens compagnons du PRDS, devenus élus de Adil avant de basculer, collectivement, comme un troupeau de panurge, dans l’escarcelle de l’UPR, gémissent de peur. Ils ne savent pas s’il faut continuer à chanter les louanges du régime en cette époque de fin de règne qui se dessine de plus en plus ou s’il faut déjà commencer à composer le nouvel hymne des futurs vainqueurs dont les visages restent à découvrir.
Le silence des corbeaux plane sur nos plaines moises, maquillées de mensonges politiques et d’hypocrisies patriotiques. Même si nos professionnels de la laudation sont des perroquets tout terrain ou des Remote control 4X4, capables de s’adapter à toutes les situations, ils sont à la peine !
Si cette période d’incertitudes devait avoir un seul avantage, ce serait celui d’avoir mis en congés (espérons définitifs) les zélés laudateurs politiques du pays. Ils ont eu le bec cloué, car ne sachant pas quelle est la direction du vent qui souffle, terriblement sur les cimes de notre République malade. Ils voient les nuages s’amonceler, mais ne savent pas leur direction et surtout, qui actionnera les premiers jets d’eau qu’ils jugeront forcément salvateurs. Si Aziz revient, ils chanteront, en chœur : "bienvenu Monsieur le Président ! Sans vous, la Mauritanie a failli sombrer. Vous êtes indispensable et personne ; ce serait le déluge si vous ne reviendrez pas. La Mauritanie disparaitrait en votre absence. Avec vous, nous continuerons la marche du progrès et du développement !. Vous avez entamé cette marche et seul vous, êtes capable de la mener à bout. "
Si c’est un nouveau Général qui prendrait les rennes du pouvoir, ils crieront :"vive l’armée ! Vive le Général ! Encore une fois, l’armée sauve la patrie !". Si c’est un civil, ils diront : "Enfin, le peuple a repris ses droits ! Vive la démocratie !"
Sacrés laudateurs, vous nous faites aimer le vide, car avec lui, vous resterez encore aphones pour longtemps !
Amar Ould Béjà.lauthentic.info

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