Interview : Biram Ould Dah Ould Abeid sur boolumbal.org
Si détermination et conviction avaient un visage, peut-être serait-ce celui de Biram Ould Dah Ould Abeid. Epris de justice et de paix, l’homme symbolise aujourd’hui, avec l’IRA, le renouveau de la lutte en faveur des droits de l’Homme en Mauritanie et de ceux des Haratins en particulier. Rencontre avec un humaniste habité et engagé. C’est à l’occasion d’assemblée générale d’ IRA France à paris que Boolumbal.org a eu le plaisir de rencontrer Monsieur Biram Ould Dah Ould Abeid.
Boolumbal.org : Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
b[Biram Ould Dah Oild Abeid (BDA) :]b Je suis Biram ould Dah ould ABEID, appartenant à la communauté que les groupes dominants en Mauritanie ont appelée depuis toujours, Hratin ou Abid, c'est-à-dire anciens esclaves et esclaves des Maures de Mauritanie. Je suis un militant universaliste et généraliste des droits de l’Homme et mon action s’inscrit dans un engagement radical et irréversible visant la déconstruction et la refonte des systèmes social et étatique en Mauritanie ; systèmes basés sur les racismes domestique et d’Etat, l’esclavage, le mode de vie et de pensées esclavagistes, la mauvaise gouvernance économique, politique et religieuse, etc.
2. Boolumbal.org : Quelle est ou quelles sont vos fonctions actuelles ?
BDA: Je suis le président d’IRA-Mauritanie ou Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste en Mauritanie, une organisation encore interdite, car privée d’existence légale par le pouvoir mauritanien. La création de IRA fut une réaction contre l’attitude de l’armée, de la classe politique et du clergé, bref de l’Etat et des groupes dominants arabo-berbères ; attitude qui a consisté à refuser ou à contourner par d’autres subterfuges, les résolutions et lois entérinées ou édictées sous le régime de transition de 2005-2007 ou sous le gouvernement issu des élections de 2O07 et qui étaient censés traiter, réprimer et réparer, les passifs et actifs lourds dus au racisme et à l’esclavage. C’est le refus de la vérité, la justice, la réparation et la mémoire sur les tueries, déportations, radiations et expropriations des noirs de Mauritanie et le blocage systématique de l’application de la loi criminalisant
l’esclavage et les pratiques esclavagistes, la légalisation de l’esclavage agricole frappant les masses paysannes Hratin et le renforcement de la politique de ghettoïsation de ces populations serviles, stigmatisées, pauvres et paupérisées ; un état des lieux constituant autant de signes clairs que la classe dominante, l’administration et la justice, demeurent réfractaires à toute notion d’équité, de sanction, et que le racisme et l’esclavage restent à la base des pratiques sociales, administratives et judiciaires. D’où l’insurrection morale et intellectuelle de groupes de jeunes qui créèrent IRA contre la duplicité et l’immobilisme de l’Etat mauritanien, l’aveuglement et l’arrogance des groupes dominants, l’essoufflement et parfois le déviationnisme des formations civiles et politiques qui avaient pris en charge de militer pour ces causes jusqu’à ce stade.
3. Boolumbal.org : On connaît votre engagement en faveur de la défense des Droits de l’Homme. Pouvez-vous nous expliquer comment vous en êtes venu à porter cette cause ?
BDA: C’est un long processus qui commence par mon vécu en tant que mauritanien issu de la communauté Hratin. Ce processus qui n’a pas encore atteint son achèvement, est loin aussi d’être indépendant de ma formation idéologique et intellectuelle et à l’éducation que mon père et ma mère (que la terre leurs soit légère) avaient tenu à me donner. En fin, je ne suis pas le seul parmi les Hratin en particulier, et les mauritaniens en général, qui ont opté pour cet engagement et, de surcroît, je ne suis pas le premier.
4. Boolumbal.org : Est-ce que votre histoire personnelle a joué un rôle dans cet engagement ?
BDA : Bien sur que ma naissance, ma filiation, mon milieu d’origine, les relations de ma famille, de mes semblables avec les autres communautés, avec les représentants de l’Etat ou l’Etat lui-même ; et plus tard ma vie de lycéen ou de jeune employé de la fonction publique, des tribunaux, bref mes démêlées personnelles avec le système de discrimination et de stigmatisation contre les Noirs et les Hratin, une ségrégation qui structure la société et l’Etat mauritaniens ; tout ceci a joué un rôle fondamental dans mon engagement; mais ce paramètre est bien sûr doublé d’autres, dont, l’éducation dans la fierté, le soutien quel que soit son prix aux plus humbles, et le goût modeste pour les biens et honneurs sur terres, certaines lignes d’une éducation que m’ont donnée mes parents, mes frères et sœurs.
5. Boolumbal.org : Quelles sont les problèmes auxquels vous avez été et continuez d’être confronté dans votre combat ?
BDA: Le plus grand problème auquel je suis confronté dans ce combat c’est l’ignorance qui caractérise certains de mes compatriotes ou plutôt ceux qui se targuent d’être instruits et avertis parmi nous ; cette race de personnes officiels et officieux à qui est dévolue la mission de nous porter la contradiction, ces gens sont censés pouvoir le faire, non sans dignité, mais, hélas, ils sont toujours enlisés dans le piège de leurs mobiles bas et mesquins, ils ne se comportent avec aucune marque de respectabilité, ni d’honneur dans le débat et versent dans la facilité du faux, de l’usage du faux et dans l’ignorance. De ce fait, pour nous contrer dans les médias, certains n’hésitent à nous vilipender pour avoir, selon eux, déroger à l’exemple de Nelson Mandela, qui (toujours selon eux) a mené jusqu’au bout une lutte non-violente contre le système de l’Apartheid. Mais bien que nous ne soyons pas adeptes de la violence -violence qui reste jusqu’à l’heure où je parle, l’apanage de l’Etat et les groupes dominants- nous voudrions leur rappeler ce qu’ils ignorent de l’Histoire récente et élémentaire : Nelson Mandela a justement passé un peu moins de trois décennies en prison parce qu’il a précisément refusé de renoncer à la violence pour combattre le racisme en Afrique du Sud. Ensuite, il est beaucoup plus utile et crédible pour nos détracteurs de savoir un fait indiscutable dans les relations internationales- c’est que les Etats-Unis et Israël ne sont pas signataires des statuts de Rome qui fondent la CPI(Cours Pénale Internationale) et qu’il est de notoriété publique que ces deux Etats sont les plus farouches détracteurs de la CPI, donc en aucun cas ils ne peuvent être à l’origine des poursuites contre Omar El Béchir, le dictateur soudanais ; et que le Nassériste Egyptien, Ahmed Faegh, qui bénéficie d’audience en Mauritanie, surtout au sein des milieux arabophones chauvins et Islamistes obscurantistes, est exactement l’artisan de ces poursuites lorsque Faegh a dirigé le groupe de travail du Haut Commissariat des Nations Unies au Darfour. Il y a aussi lieu de savoir que ces écrivains et prêcheurs qui prétendent défendre l’Islam contre un péril nommé IRA, notamment par leur ignorance des textes sacrés, préceptes et histoire de l’Islam, par exemple, la citation du khalif Omar : « pourquoi réduisez-vous les gens à l’esclavage alors que leurs mamans les ont mis au monde, libres ». Cette citation, pour quelqu’un qui connaît l’Histoire de l’Islam ne concerne pas les esclaves mais les hommes libres dans une société ou l’esclavage est encore une donne réelle et acceptée. Parce que précisément, le Khalif Omar radiya Allahou anhou, s’adressait par
ces propos à son gouverneur en Egypte, Amr Ibnou Al As, et Mohamed, le fils de ce dernier, deux hommes contre qui un égyptien autochtone s’est plein au Khalif au sujet d’une affaire d’abus de pouvoir dont il fut l’objet. C’est là un incident normalement bien connu par quiconque prétend avoir une culture en la matière. Donc, ici, le terme né libre, dans l’entendement du khalif, ne concerne pas les esclaves, qui existaient à l’époque dans cette société, mais concernait exclusivement les hommes libres, libres par opposition aux esclaves de l’époque. Je pourrai continuer à donner des exemples et preuves à l’appui sur les limites et les légèretés morales, intellectuelles et scientifiques des porte-parole officiels et officieux de ceux qui nous dirigent. Il y en a tellement, en fait. C’est exactement là l’image sur laquelle ils s’arc-boutent et qui m’écœure le plus dans nos polémiques avec eux. C’est absurde de n’avoir en face de soi qu’un concurrent déloyal. C’est aberrant d’être l’interlocuteur d’une élite n’obéissant à aucune règle de jeux morale ou intellectuelle, une élite qui s’éloigne à grands pas de tout principe. Elle n’accorde dans ses approches de contact aucune valeur d’honnêteté, de franchise, de désintéressement et de sacrifice. C’est une vraie peine. Car ces gens sont pour nous aussi pitoyables et aliénées que les victimes des phénomènes que nous dénonçons. Ce sont eux aussi des victimes du système.
6. Boolumbal.org : Quelles sont vos revendications personnelles et celles des structures dans lesquelles vous êtes engagé ?
BDA: Contrairement aux années qui ont suivi mon adolescence, je n’ai plus d’aspiration à occuper des charges ou fonctions dans les sphères de décision ou de gestion de l’Etat. Mon action et mon engagement se résumeraient en conséquence, à ma contribution, au grand jour et de manière frontale à la lutte contre le système qui opprime la majorité de mon peuple par l’esclavage, le racisme et la mal-gouvernance en tout genre. Ma vie publique s’arrêtera avec l’abolition et la capitulation, cette fois-ci réelles et totales, des structures, mécanismes, symboles et idéologies d’un système qui ne souscrit pas au postulat universel sur l’équivalence des vies, des sang et des cultures des composantes du peuple ; un système imperméable aux notions d’équité, de justice ou de transparence ; un système qui fonde sa pérennité sur la terreur, la corruption et le faux. Au-delà de ce but ultime de notre action publique, je ne pourrai me représenter une autre destinée ou vocation autre que l’enseignement et la recherche dans les domaines de l’Histoire et de l’anthropologie loin des feux des médias et des méandres de la scène politique. Quant à la seule structure au nom de laquelle je réponds, et qui s’appelle IRA, je ne peux que me répéter. IRA ne vise pas seulement à réformer le système car il est si inique que, pour s’en débarrasser et annihiler ses capacités de reproduction, il faut une rupture et non des réformes. Cette rupture pourrait se faire de deux manières, et il n’y a pas de troisième voie. La première serait une véritable victoire du bien contre le mal, une victoire de tous les camps, une victoire historique pour ce pays : c’est la souscription volontaire de l’élite des groupes dominant à renoncer à leurs privilèges indus, à leur mode de vie illicite accompagnée d’une action au sommet de l’Etat qui prend en charge
l’œuvre de refonte des différents corps civils et militaires sur des bases d’égalité et d’équité réelle, le recentrage et la redistribution des bénéfices matériels et moraux de la richesse et du pouvoir dans le pays ; et bien sur faire la lumière sur les pages sombres de l’histoire passée et présente de notre pays, avec le racisme, l’esclavage et délinquance économique à travers l’application de la justice et la réparation des tors, pour léguer une mémoire édifiante aux générations futures. C’est là la véritable voie de sortie. L’autre, je veux dire la deuxième alternative est inéluctable. A défaut de la première elle sera imparable. C’est la fatalité à laquelle n’ont jamais dérogé les sociétés humaines quand elles sont prises dans le tourbillon des contradictions et l’engrenage du blocage similaires. Cette option malheureuse est l’impasse sur laquelle débouche naturellement le désespoir issu
du mépris, de l’offense, de l’oppression des masses condamnées à supporter leur calvaire. Faute de solutions rapides et multidimensionnelles, et dans un stade de pourrissement très avancé de la situation la déception et le désespoir des masses. D’autant plus lorsque celles-ci se persuadent qu’elles n’avaient plus rien à perdre ici-bas hormis le calvaire terrestre et collectif multiséculaire. Lorsque les populations opprimées seraient arrivées à ce seuil plus rien ne les empêchera à braver les interdits, affronter les dangers et transgresser les symboles sur lesquels se fonde la légitimation de leurs malheurs. Et après c’est le déluge du chaos et de la violence indicible. C’est le cataclysme imparable.
7. Boolumbal.org : La question Hratin étant l’une des grandes raisons de votre engagement, pensez-vous qu’il y ait eu de grandes avancées à son propos ?
BDA : Malgré les efforts et sacrifices que la première génération de militants de la cause hratin a consentis, cette problématique est maintenant plus explosive que jamais. La situation commence présentement à développer des signes symptomatiques des grands orages qui emportent les sociétés et les Etats incapables de discernement dans certaines phases délicates de leurs vies. Nous concernant, cette réalité est due au manque cruel de lucidité d’un système pris en otage par une élite anesthésiée par des privilèges auxquels elle s’accroche cruellement. Les nombreux cas d’esclavages graves et o combien révoltants présentés, restent impunis au grand jour, et les coupables font l’objet de protection et d’égard de la par des tenants des pouvoirs temporel et spirituel. Hélas, tout dans le comportement de ces derniers incite à la rébellion et à la révolte, et pour ne citer que les exemples de l’esclavage domestique.
8. Boolumbal.org : Que pensez-vous de la réaction de certains cadres et intellectuels Haratins et Maures qui se positionnent clairement contre vous comme les directeurs Yarba ould Sghair et Abdel Kader ould Mohamed, le professeur d’université Hamahoulah ould Salem et récemment le président d’un parti du nom de Mahmoudi ould Saïbott, le journaliste Ould Beheite et l’ex officier de l’armée Ely ould Krembole ; L’interprétez-vous comme un désaveu ? Et pourquoi vos sorties sont réservées à d’autres personnes comme Isselmou ould AbdelKader, Maitre Ichidou ou encore les érudits Ould Dedew et Hamden ould Tah ?
BDA : Le désaveu ? Par les ennemis de mon combat juste et légal ? Par les suppôts du système, ses valets et thuriféraires, ces êtres qui survivent de leurs cornemuses au service des régimes ? Non ! Je ne peux pas être désavoué par une société, par des gens dont je récuse les valeurs et je remets en cause les critères et le référentiel. Les critères tout comme leurs mobiles de ceux que vous citez se limitent souvent à leurs aspirations terre à terre, la politique de la marmite, du ventre, du bien être matériel, ou dans les meilleurs des cas, à des positionnements ethniques et sectaires. Contrairement à beaucoup de progressiste qui se sont engagées dans une compétition ouverte avec les élites traditionalistes dominantes sur leur propre terrain de valeurs, un terrain qui s’est avéré glissant pour ceux qui étaient porteurs d’idées et de projets modernistes. Je ne cherche jamais à être accepté par ces gens ni par leur
société ni par logique écervelée. Sachez que moi, je m’inscris sur toute la ligne, sur un registre et une action de sape contre la société dans
ses fondements culturels et idéologiques, scandaleusement réfractaires aux droits inaliénables de la personne humaine et limitent les seuils de la pensée et de l’action auxquels a droit tout citoyen dans un Etat de droit.
Concernant ce sujet, il y a deux catégories de personnes. La première est celles relatives aux personnes que j’attaque habituellement. La seconde catégorie concerne ce à qui je n’accorde aucune importance. Il y en a dont vous avez cité les noms. Il y a beaucoup d’autres que vous avez omis. Tous ces derniers ne méritent pas de susciter mes réactions. Je ne leur ai jamais répondu et je ne le ferai guère. Cela pour des raisons simples : parce que leurs attaques, du fait d’être strictement personnelles, et dans le pur langage dévolu généralement à la race des aboyeurs dans chaque société, n’ont aucune valeur aux yeux de la partie que ces pitoyables personnes font semblant de défendre lorsqu’ils s’en prennent à nous. Ensuite, ces personnes sont en partie victimes du système que nous dénonçons ; et leurs écrits et propos ne pèsent d’aucun poids dans la confrontation des argumentaires, des idées et des valeurs entre le
camp des justes, d’une part, et celui des vrais porte paroles du système idéologique, social et de l’Etat en Mauritanie, d’autre part. Pour être précis on peut citer parmi les porte-parole et idéologues du système Ould Abdelkader, Ould Ichidou, Ould Dedew et Hamden Ould Tah, lesquels font partie des figures les
plus représentatives de ce courant. En un mot, mes réactions, s’il y a lieu de le faire, ce sera par rapport aux idées, mais pas par rapport aux personnes. Ceci étant, en Mauritanie, les groupes dominants arabo-berbères ne se sentent bien représentés que par les érudits et intellectuels de cette deuxième catégorie et leurs semblables, alors qu’ils considèrent les personnalités de la première catégorie, à la rigueur, des clowns.
9. Boolumbal.org: Depuis quelques semaines, une polémique autour du rôle joué par une grande personnalité du mouvement Elhor et coordinateur de APP dans la région du Trarza, à propos de la dernière affaire d’esclavage que votre organisation a exposé à la presse, pouvez vous nous éclairer davantage sur cette affaire ?
BDA : Le récit d’Aichetou et l’épilogue de son calvaire avec ses enfants en tant qu’esclaves par ascendance, ont été largement diffusés par les médias nationaux et internationaux. Je pense qu’une fois de plus, IRA a eu le dessus, et par éclat, sur l’Etat mauritanien, ses pelletons de laudateurs et les professionnels du faux témoignage qui émargent au budget de cet’ État d’une manière directe ou indirecte. Je pourrai vous dire aussi que durant ce voyage en Europe, j’ai tenu à saisir et à prendre à témoins, les organisations et organismes internationaux sur le cas Aichetou, parmi d’autres.
Quand à l’affaire Sidi ould Messoud, c’est une affaire dans l’affaire, un sidi-gate. C’est un antécédent extrêmement grave, dangereux et lourd de conséquences au sein de la mouvance, des personnalités et des activistes qui ont opté depuis toujours pour le sacrifice et la lutte sans merci contre ce cancer dont les victimes martyres jalonnent l’histoire de la communauté hratin éplorée. Sidi est apparemment, non seulement le parent, mais aussi l’ami intime, le compagnon, le confident et le voisin, d’un homme qui a sa merci, des femmes et des enfants qu’il a hérités de ses ascendants, comme esclaves de naissance. Cet homme, Yedali ould Veyjeh, a une réputation de brute et de méchant maître dans sa localité et les localités environnantes. Lorsque Aichetou s’est dérobée, avec l’aide de sa sœur, des militants de IRA et de APP, et est venue chercher de l’aide chez IRA à Nouakchott, nous sommes, comme à l’accoutumée,
venus saisir le gouverneur de Rosso, ce qui a abouti à l’arrestation de Yedali et sa sœur, qui ont avoué aussitôt à la police et confirmé les allégations de Aichetou et sa sœur. Au cours de cette journée, Sidi ould Messoud fut irruption au commissariat et commence à rabrouer Aichetou et ses filles qu’il connaît comme sa main. Il nous dira tous ensemble, et en présence des victimes, que ces dernières sont considérées par Yedali comme ses filles. S’adressant à moi, Sidi dira que notre action est inhumaine parce que visant à mettre en prison des personnes de l’âge de Yedali et de sa sœur. Sidi tentera même, au téléphone, de convaincre Boubacar ould Messaoud (président de SOS.ESCLAVES) du bien fondé de ce qu’il soutien à propos de l’innocence de Yedali. Poussant davantage son plaidoyer, il tenta de faire la jonction entre les deux hommes au téléphone. Mais moins de 48 heures après, et cet activisme effréné pour le
compte des bourreaux de Aichetou et ses enfants, et se jouant de ses camarades de APP, et de l’opinion publique nationale (mais pas locale, car les gens de Rosso sont largement édifiés sur son attitude), Sidi ould Messoud sortira un communiqué, frappé du sigle et de l’entête du parti anti-esclavagiste, par excellence, dans lequel il revendique la paternité de l’assistance et de l’action en faveur de Aichetou, tout en insinuant l’irresponsabilité de IRA et une inimité que cette organisation vouerai au président Messoud ould Boulkheir et à APP. Une manipulation qui, avant lui, n’avait fait pareil esclavagiste. Ce coup de poignard dans le dos, cette stratégie du voleur qui crie au voleur (yasrag me a assaraga wi yeguess me a lgassassa), cette tentative pernicieuse de dresser les alliés d’un même combat, les uns contre les autres, au mépris de la cause, de la morale, de la vérité, pour couvrir une honte, sciemment réalisée,
faute d’avoir le
courage de pouvoir assumer sa position quand le bruit a grandi, cette attitude, ne pourra pas passer. Elle requiert ainsi de notre part, un matraquage de la vérité autant que toutes les autres affaires, elle même revêtant des aspects beaucoup plus ignobles et révulsants.
10. Boolumbal.org: Quelles sont les perspectives qui s’ouvrent devant IRA après la mise en place de ses structures en Europe?
BDA : La mise en place des structures de notre organisation en Europe en général et en France en particulier fait suite à la reconnaissance de IRA comme organisation légale en France et par conséquent dans tout l’espace de l’Union Européenne mais aussi de la part de tous les pays du monde libre. Donc IRA maintenant va bénéficier des subventions et partenariat comme toutes les autres associations françaises, elle disposera d’un espace qui lui est propre au sein de la maison des associations du 20ème arrondissement de Paris. Bref elle s’arrogera tous les droits que lui confère son nouveau statut. Elle peut donc maintenant mener ses activités en toutes légalité.
Cette situation est une preuve de plus pour les organismes et organisations internationales sur la mauvaise fois du gouvernement mauritanien qui ne se départi jamais de l’arbitraire pour museler ceux qui posent sérieusement les vrais problèmes du pays. Les libertés démocratiques dont se targuent les militaires putschistes de Mauritanie sont incapables d’assurer aux citoyens que nous sommes la liberté d’association. Mais la bataille pour la légalisation d’IRA en Mauritanie n’a pas encore commencé. Mais je vous assure que ce combat sera livré et gagné comme première phase du processus de la lutte qui mènera à l’abolition du système politique, économique, social et religieux inégalitaire, corrompu, obscurantiste et réfractaire au droits les plus élémentaires de la personnes humaines.
Merci Monsieur Biram Ould Dah Ould Abeid
Propos recueillis par Abdoulaye SARR dit Demba SARR
b[Biram Ould Dah Oild Abeid (BDA) :]b Je suis Biram ould Dah ould ABEID, appartenant à la communauté que les groupes dominants en Mauritanie ont appelée depuis toujours, Hratin ou Abid, c'est-à-dire anciens esclaves et esclaves des Maures de Mauritanie. Je suis un militant universaliste et généraliste des droits de l’Homme et mon action s’inscrit dans un engagement radical et irréversible visant la déconstruction et la refonte des systèmes social et étatique en Mauritanie ; systèmes basés sur les racismes domestique et d’Etat, l’esclavage, le mode de vie et de pensées esclavagistes, la mauvaise gouvernance économique, politique et religieuse, etc.
2. Boolumbal.org : Quelle est ou quelles sont vos fonctions actuelles ?
BDA: Je suis le président d’IRA-Mauritanie ou Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste en Mauritanie, une organisation encore interdite, car privée d’existence légale par le pouvoir mauritanien. La création de IRA fut une réaction contre l’attitude de l’armée, de la classe politique et du clergé, bref de l’Etat et des groupes dominants arabo-berbères ; attitude qui a consisté à refuser ou à contourner par d’autres subterfuges, les résolutions et lois entérinées ou édictées sous le régime de transition de 2005-2007 ou sous le gouvernement issu des élections de 2O07 et qui étaient censés traiter, réprimer et réparer, les passifs et actifs lourds dus au racisme et à l’esclavage. C’est le refus de la vérité, la justice, la réparation et la mémoire sur les tueries, déportations, radiations et expropriations des noirs de Mauritanie et le blocage systématique de l’application de la loi criminalisant
l’esclavage et les pratiques esclavagistes, la légalisation de l’esclavage agricole frappant les masses paysannes Hratin et le renforcement de la politique de ghettoïsation de ces populations serviles, stigmatisées, pauvres et paupérisées ; un état des lieux constituant autant de signes clairs que la classe dominante, l’administration et la justice, demeurent réfractaires à toute notion d’équité, de sanction, et que le racisme et l’esclavage restent à la base des pratiques sociales, administratives et judiciaires. D’où l’insurrection morale et intellectuelle de groupes de jeunes qui créèrent IRA contre la duplicité et l’immobilisme de l’Etat mauritanien, l’aveuglement et l’arrogance des groupes dominants, l’essoufflement et parfois le déviationnisme des formations civiles et politiques qui avaient pris en charge de militer pour ces causes jusqu’à ce stade.
3. Boolumbal.org : On connaît votre engagement en faveur de la défense des Droits de l’Homme. Pouvez-vous nous expliquer comment vous en êtes venu à porter cette cause ?
BDA: C’est un long processus qui commence par mon vécu en tant que mauritanien issu de la communauté Hratin. Ce processus qui n’a pas encore atteint son achèvement, est loin aussi d’être indépendant de ma formation idéologique et intellectuelle et à l’éducation que mon père et ma mère (que la terre leurs soit légère) avaient tenu à me donner. En fin, je ne suis pas le seul parmi les Hratin en particulier, et les mauritaniens en général, qui ont opté pour cet engagement et, de surcroît, je ne suis pas le premier.
4. Boolumbal.org : Est-ce que votre histoire personnelle a joué un rôle dans cet engagement ?
BDA : Bien sur que ma naissance, ma filiation, mon milieu d’origine, les relations de ma famille, de mes semblables avec les autres communautés, avec les représentants de l’Etat ou l’Etat lui-même ; et plus tard ma vie de lycéen ou de jeune employé de la fonction publique, des tribunaux, bref mes démêlées personnelles avec le système de discrimination et de stigmatisation contre les Noirs et les Hratin, une ségrégation qui structure la société et l’Etat mauritaniens ; tout ceci a joué un rôle fondamental dans mon engagement; mais ce paramètre est bien sûr doublé d’autres, dont, l’éducation dans la fierté, le soutien quel que soit son prix aux plus humbles, et le goût modeste pour les biens et honneurs sur terres, certaines lignes d’une éducation que m’ont donnée mes parents, mes frères et sœurs.
5. Boolumbal.org : Quelles sont les problèmes auxquels vous avez été et continuez d’être confronté dans votre combat ?
BDA: Le plus grand problème auquel je suis confronté dans ce combat c’est l’ignorance qui caractérise certains de mes compatriotes ou plutôt ceux qui se targuent d’être instruits et avertis parmi nous ; cette race de personnes officiels et officieux à qui est dévolue la mission de nous porter la contradiction, ces gens sont censés pouvoir le faire, non sans dignité, mais, hélas, ils sont toujours enlisés dans le piège de leurs mobiles bas et mesquins, ils ne se comportent avec aucune marque de respectabilité, ni d’honneur dans le débat et versent dans la facilité du faux, de l’usage du faux et dans l’ignorance. De ce fait, pour nous contrer dans les médias, certains n’hésitent à nous vilipender pour avoir, selon eux, déroger à l’exemple de Nelson Mandela, qui (toujours selon eux) a mené jusqu’au bout une lutte non-violente contre le système de l’Apartheid. Mais bien que nous ne soyons pas adeptes de la violence -violence qui reste jusqu’à l’heure où je parle, l’apanage de l’Etat et les groupes dominants- nous voudrions leur rappeler ce qu’ils ignorent de l’Histoire récente et élémentaire : Nelson Mandela a justement passé un peu moins de trois décennies en prison parce qu’il a précisément refusé de renoncer à la violence pour combattre le racisme en Afrique du Sud. Ensuite, il est beaucoup plus utile et crédible pour nos détracteurs de savoir un fait indiscutable dans les relations internationales- c’est que les Etats-Unis et Israël ne sont pas signataires des statuts de Rome qui fondent la CPI(Cours Pénale Internationale) et qu’il est de notoriété publique que ces deux Etats sont les plus farouches détracteurs de la CPI, donc en aucun cas ils ne peuvent être à l’origine des poursuites contre Omar El Béchir, le dictateur soudanais ; et que le Nassériste Egyptien, Ahmed Faegh, qui bénéficie d’audience en Mauritanie, surtout au sein des milieux arabophones chauvins et Islamistes obscurantistes, est exactement l’artisan de ces poursuites lorsque Faegh a dirigé le groupe de travail du Haut Commissariat des Nations Unies au Darfour. Il y a aussi lieu de savoir que ces écrivains et prêcheurs qui prétendent défendre l’Islam contre un péril nommé IRA, notamment par leur ignorance des textes sacrés, préceptes et histoire de l’Islam, par exemple, la citation du khalif Omar : « pourquoi réduisez-vous les gens à l’esclavage alors que leurs mamans les ont mis au monde, libres ». Cette citation, pour quelqu’un qui connaît l’Histoire de l’Islam ne concerne pas les esclaves mais les hommes libres dans une société ou l’esclavage est encore une donne réelle et acceptée. Parce que précisément, le Khalif Omar radiya Allahou anhou, s’adressait par
ces propos à son gouverneur en Egypte, Amr Ibnou Al As, et Mohamed, le fils de ce dernier, deux hommes contre qui un égyptien autochtone s’est plein au Khalif au sujet d’une affaire d’abus de pouvoir dont il fut l’objet. C’est là un incident normalement bien connu par quiconque prétend avoir une culture en la matière. Donc, ici, le terme né libre, dans l’entendement du khalif, ne concerne pas les esclaves, qui existaient à l’époque dans cette société, mais concernait exclusivement les hommes libres, libres par opposition aux esclaves de l’époque. Je pourrai continuer à donner des exemples et preuves à l’appui sur les limites et les légèretés morales, intellectuelles et scientifiques des porte-parole officiels et officieux de ceux qui nous dirigent. Il y en a tellement, en fait. C’est exactement là l’image sur laquelle ils s’arc-boutent et qui m’écœure le plus dans nos polémiques avec eux. C’est absurde de n’avoir en face de soi qu’un concurrent déloyal. C’est aberrant d’être l’interlocuteur d’une élite n’obéissant à aucune règle de jeux morale ou intellectuelle, une élite qui s’éloigne à grands pas de tout principe. Elle n’accorde dans ses approches de contact aucune valeur d’honnêteté, de franchise, de désintéressement et de sacrifice. C’est une vraie peine. Car ces gens sont pour nous aussi pitoyables et aliénées que les victimes des phénomènes que nous dénonçons. Ce sont eux aussi des victimes du système.
6. Boolumbal.org : Quelles sont vos revendications personnelles et celles des structures dans lesquelles vous êtes engagé ?
BDA: Contrairement aux années qui ont suivi mon adolescence, je n’ai plus d’aspiration à occuper des charges ou fonctions dans les sphères de décision ou de gestion de l’Etat. Mon action et mon engagement se résumeraient en conséquence, à ma contribution, au grand jour et de manière frontale à la lutte contre le système qui opprime la majorité de mon peuple par l’esclavage, le racisme et la mal-gouvernance en tout genre. Ma vie publique s’arrêtera avec l’abolition et la capitulation, cette fois-ci réelles et totales, des structures, mécanismes, symboles et idéologies d’un système qui ne souscrit pas au postulat universel sur l’équivalence des vies, des sang et des cultures des composantes du peuple ; un système imperméable aux notions d’équité, de justice ou de transparence ; un système qui fonde sa pérennité sur la terreur, la corruption et le faux. Au-delà de ce but ultime de notre action publique, je ne pourrai me représenter une autre destinée ou vocation autre que l’enseignement et la recherche dans les domaines de l’Histoire et de l’anthropologie loin des feux des médias et des méandres de la scène politique. Quant à la seule structure au nom de laquelle je réponds, et qui s’appelle IRA, je ne peux que me répéter. IRA ne vise pas seulement à réformer le système car il est si inique que, pour s’en débarrasser et annihiler ses capacités de reproduction, il faut une rupture et non des réformes. Cette rupture pourrait se faire de deux manières, et il n’y a pas de troisième voie. La première serait une véritable victoire du bien contre le mal, une victoire de tous les camps, une victoire historique pour ce pays : c’est la souscription volontaire de l’élite des groupes dominant à renoncer à leurs privilèges indus, à leur mode de vie illicite accompagnée d’une action au sommet de l’Etat qui prend en charge
l’œuvre de refonte des différents corps civils et militaires sur des bases d’égalité et d’équité réelle, le recentrage et la redistribution des bénéfices matériels et moraux de la richesse et du pouvoir dans le pays ; et bien sur faire la lumière sur les pages sombres de l’histoire passée et présente de notre pays, avec le racisme, l’esclavage et délinquance économique à travers l’application de la justice et la réparation des tors, pour léguer une mémoire édifiante aux générations futures. C’est là la véritable voie de sortie. L’autre, je veux dire la deuxième alternative est inéluctable. A défaut de la première elle sera imparable. C’est la fatalité à laquelle n’ont jamais dérogé les sociétés humaines quand elles sont prises dans le tourbillon des contradictions et l’engrenage du blocage similaires. Cette option malheureuse est l’impasse sur laquelle débouche naturellement le désespoir issu
du mépris, de l’offense, de l’oppression des masses condamnées à supporter leur calvaire. Faute de solutions rapides et multidimensionnelles, et dans un stade de pourrissement très avancé de la situation la déception et le désespoir des masses. D’autant plus lorsque celles-ci se persuadent qu’elles n’avaient plus rien à perdre ici-bas hormis le calvaire terrestre et collectif multiséculaire. Lorsque les populations opprimées seraient arrivées à ce seuil plus rien ne les empêchera à braver les interdits, affronter les dangers et transgresser les symboles sur lesquels se fonde la légitimation de leurs malheurs. Et après c’est le déluge du chaos et de la violence indicible. C’est le cataclysme imparable.
7. Boolumbal.org : La question Hratin étant l’une des grandes raisons de votre engagement, pensez-vous qu’il y ait eu de grandes avancées à son propos ?
BDA : Malgré les efforts et sacrifices que la première génération de militants de la cause hratin a consentis, cette problématique est maintenant plus explosive que jamais. La situation commence présentement à développer des signes symptomatiques des grands orages qui emportent les sociétés et les Etats incapables de discernement dans certaines phases délicates de leurs vies. Nous concernant, cette réalité est due au manque cruel de lucidité d’un système pris en otage par une élite anesthésiée par des privilèges auxquels elle s’accroche cruellement. Les nombreux cas d’esclavages graves et o combien révoltants présentés, restent impunis au grand jour, et les coupables font l’objet de protection et d’égard de la par des tenants des pouvoirs temporel et spirituel. Hélas, tout dans le comportement de ces derniers incite à la rébellion et à la révolte, et pour ne citer que les exemples de l’esclavage domestique.
8. Boolumbal.org : Que pensez-vous de la réaction de certains cadres et intellectuels Haratins et Maures qui se positionnent clairement contre vous comme les directeurs Yarba ould Sghair et Abdel Kader ould Mohamed, le professeur d’université Hamahoulah ould Salem et récemment le président d’un parti du nom de Mahmoudi ould Saïbott, le journaliste Ould Beheite et l’ex officier de l’armée Ely ould Krembole ; L’interprétez-vous comme un désaveu ? Et pourquoi vos sorties sont réservées à d’autres personnes comme Isselmou ould AbdelKader, Maitre Ichidou ou encore les érudits Ould Dedew et Hamden ould Tah ?
BDA : Le désaveu ? Par les ennemis de mon combat juste et légal ? Par les suppôts du système, ses valets et thuriféraires, ces êtres qui survivent de leurs cornemuses au service des régimes ? Non ! Je ne peux pas être désavoué par une société, par des gens dont je récuse les valeurs et je remets en cause les critères et le référentiel. Les critères tout comme leurs mobiles de ceux que vous citez se limitent souvent à leurs aspirations terre à terre, la politique de la marmite, du ventre, du bien être matériel, ou dans les meilleurs des cas, à des positionnements ethniques et sectaires. Contrairement à beaucoup de progressiste qui se sont engagées dans une compétition ouverte avec les élites traditionalistes dominantes sur leur propre terrain de valeurs, un terrain qui s’est avéré glissant pour ceux qui étaient porteurs d’idées et de projets modernistes. Je ne cherche jamais à être accepté par ces gens ni par leur
société ni par logique écervelée. Sachez que moi, je m’inscris sur toute la ligne, sur un registre et une action de sape contre la société dans
ses fondements culturels et idéologiques, scandaleusement réfractaires aux droits inaliénables de la personne humaine et limitent les seuils de la pensée et de l’action auxquels a droit tout citoyen dans un Etat de droit.
Concernant ce sujet, il y a deux catégories de personnes. La première est celles relatives aux personnes que j’attaque habituellement. La seconde catégorie concerne ce à qui je n’accorde aucune importance. Il y en a dont vous avez cité les noms. Il y a beaucoup d’autres que vous avez omis. Tous ces derniers ne méritent pas de susciter mes réactions. Je ne leur ai jamais répondu et je ne le ferai guère. Cela pour des raisons simples : parce que leurs attaques, du fait d’être strictement personnelles, et dans le pur langage dévolu généralement à la race des aboyeurs dans chaque société, n’ont aucune valeur aux yeux de la partie que ces pitoyables personnes font semblant de défendre lorsqu’ils s’en prennent à nous. Ensuite, ces personnes sont en partie victimes du système que nous dénonçons ; et leurs écrits et propos ne pèsent d’aucun poids dans la confrontation des argumentaires, des idées et des valeurs entre le
camp des justes, d’une part, et celui des vrais porte paroles du système idéologique, social et de l’Etat en Mauritanie, d’autre part. Pour être précis on peut citer parmi les porte-parole et idéologues du système Ould Abdelkader, Ould Ichidou, Ould Dedew et Hamden Ould Tah, lesquels font partie des figures les
plus représentatives de ce courant. En un mot, mes réactions, s’il y a lieu de le faire, ce sera par rapport aux idées, mais pas par rapport aux personnes. Ceci étant, en Mauritanie, les groupes dominants arabo-berbères ne se sentent bien représentés que par les érudits et intellectuels de cette deuxième catégorie et leurs semblables, alors qu’ils considèrent les personnalités de la première catégorie, à la rigueur, des clowns.
9. Boolumbal.org: Depuis quelques semaines, une polémique autour du rôle joué par une grande personnalité du mouvement Elhor et coordinateur de APP dans la région du Trarza, à propos de la dernière affaire d’esclavage que votre organisation a exposé à la presse, pouvez vous nous éclairer davantage sur cette affaire ?
BDA : Le récit d’Aichetou et l’épilogue de son calvaire avec ses enfants en tant qu’esclaves par ascendance, ont été largement diffusés par les médias nationaux et internationaux. Je pense qu’une fois de plus, IRA a eu le dessus, et par éclat, sur l’Etat mauritanien, ses pelletons de laudateurs et les professionnels du faux témoignage qui émargent au budget de cet’ État d’une manière directe ou indirecte. Je pourrai vous dire aussi que durant ce voyage en Europe, j’ai tenu à saisir et à prendre à témoins, les organisations et organismes internationaux sur le cas Aichetou, parmi d’autres.
Quand à l’affaire Sidi ould Messoud, c’est une affaire dans l’affaire, un sidi-gate. C’est un antécédent extrêmement grave, dangereux et lourd de conséquences au sein de la mouvance, des personnalités et des activistes qui ont opté depuis toujours pour le sacrifice et la lutte sans merci contre ce cancer dont les victimes martyres jalonnent l’histoire de la communauté hratin éplorée. Sidi est apparemment, non seulement le parent, mais aussi l’ami intime, le compagnon, le confident et le voisin, d’un homme qui a sa merci, des femmes et des enfants qu’il a hérités de ses ascendants, comme esclaves de naissance. Cet homme, Yedali ould Veyjeh, a une réputation de brute et de méchant maître dans sa localité et les localités environnantes. Lorsque Aichetou s’est dérobée, avec l’aide de sa sœur, des militants de IRA et de APP, et est venue chercher de l’aide chez IRA à Nouakchott, nous sommes, comme à l’accoutumée,
venus saisir le gouverneur de Rosso, ce qui a abouti à l’arrestation de Yedali et sa sœur, qui ont avoué aussitôt à la police et confirmé les allégations de Aichetou et sa sœur. Au cours de cette journée, Sidi ould Messoud fut irruption au commissariat et commence à rabrouer Aichetou et ses filles qu’il connaît comme sa main. Il nous dira tous ensemble, et en présence des victimes, que ces dernières sont considérées par Yedali comme ses filles. S’adressant à moi, Sidi dira que notre action est inhumaine parce que visant à mettre en prison des personnes de l’âge de Yedali et de sa sœur. Sidi tentera même, au téléphone, de convaincre Boubacar ould Messaoud (président de SOS.ESCLAVES) du bien fondé de ce qu’il soutien à propos de l’innocence de Yedali. Poussant davantage son plaidoyer, il tenta de faire la jonction entre les deux hommes au téléphone. Mais moins de 48 heures après, et cet activisme effréné pour le
compte des bourreaux de Aichetou et ses enfants, et se jouant de ses camarades de APP, et de l’opinion publique nationale (mais pas locale, car les gens de Rosso sont largement édifiés sur son attitude), Sidi ould Messoud sortira un communiqué, frappé du sigle et de l’entête du parti anti-esclavagiste, par excellence, dans lequel il revendique la paternité de l’assistance et de l’action en faveur de Aichetou, tout en insinuant l’irresponsabilité de IRA et une inimité que cette organisation vouerai au président Messoud ould Boulkheir et à APP. Une manipulation qui, avant lui, n’avait fait pareil esclavagiste. Ce coup de poignard dans le dos, cette stratégie du voleur qui crie au voleur (yasrag me a assaraga wi yeguess me a lgassassa), cette tentative pernicieuse de dresser les alliés d’un même combat, les uns contre les autres, au mépris de la cause, de la morale, de la vérité, pour couvrir une honte, sciemment réalisée,
faute d’avoir le
courage de pouvoir assumer sa position quand le bruit a grandi, cette attitude, ne pourra pas passer. Elle requiert ainsi de notre part, un matraquage de la vérité autant que toutes les autres affaires, elle même revêtant des aspects beaucoup plus ignobles et révulsants.
10. Boolumbal.org: Quelles sont les perspectives qui s’ouvrent devant IRA après la mise en place de ses structures en Europe?
BDA : La mise en place des structures de notre organisation en Europe en général et en France en particulier fait suite à la reconnaissance de IRA comme organisation légale en France et par conséquent dans tout l’espace de l’Union Européenne mais aussi de la part de tous les pays du monde libre. Donc IRA maintenant va bénéficier des subventions et partenariat comme toutes les autres associations françaises, elle disposera d’un espace qui lui est propre au sein de la maison des associations du 20ème arrondissement de Paris. Bref elle s’arrogera tous les droits que lui confère son nouveau statut. Elle peut donc maintenant mener ses activités en toutes légalité.
Cette situation est une preuve de plus pour les organismes et organisations internationales sur la mauvaise fois du gouvernement mauritanien qui ne se départi jamais de l’arbitraire pour museler ceux qui posent sérieusement les vrais problèmes du pays. Les libertés démocratiques dont se targuent les militaires putschistes de Mauritanie sont incapables d’assurer aux citoyens que nous sommes la liberté d’association. Mais la bataille pour la légalisation d’IRA en Mauritanie n’a pas encore commencé. Mais je vous assure que ce combat sera livré et gagné comme première phase du processus de la lutte qui mènera à l’abolition du système politique, économique, social et religieux inégalitaire, corrompu, obscurantiste et réfractaire au droits les plus élémentaires de la personnes humaines.
Merci Monsieur Biram Ould Dah Ould Abeid
Propos recueillis par Abdoulaye SARR dit Demba SARR
Noble combat à soutenir, ça c'est un combat qu'on peut qualifier de Jihad !!!
RépondreSupprimerLa verité finit toujours par avoir raison du mensonge!! La Mauritanie nouvelle naîtra de là, de ce combat-là, incha ALLAH!
Biram! Je suis de tout coeur avec toi ave pour ton noble combat!
RépondreSupprimerDis toi que tous les noirs de la Mauritanie vivent cette même injustice.
Un jour justice sera faite je ne peux te donner mon nom mais je lis tous tes articles et je suis tes démarches et tes combats de près qu'Allah le Tout Puissant guide tes pas
CJN